MESSAGE DU SAINT-PÈRE POUR LA
57ème JOURNÉE MONDIALE DE PRIÈRE
POUR LES VOCATIONS

03 mai 2020 – IVeme DIMANCHE DE PÂQUES

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Statistiques Etudiants - Prieres pour les vocations missionnaires

Photo du webmaster à l'angelus fevrier 2009

Message du pape François

Les paroles de la vocation

Chers frères et sœurs!

Le 4 août de l’année dernière, lors du 160ème anniversaire de la mort du saint Curé d’Ars, j’ai voulu offrir une lettre aux prêtres qui, chaque jour consacrent leur vie à l’appel que le Seigneur leur a adressé, au service du peuple de Dieu.

A cette occasion, j’avais choisi quatre paroles-clés – souffrance – gratitude – courage et louange – pour remercier les prêtres et soutenir leur ministère. J’estime qu’aujourd’hui, en cette 57ème Journée Mondiale de Prière pour les Vocations, ces paroles peuvent être reprises et adressées à tout le Peuple de Dieu, sur le fond d’un passage évangélique qui nous raconte la singulière expérience survenue à Jésus et Pierre, durant une nuit de tempête sur le lac de Tibériade (cf. Mt 14, 22-33).

Après la multiplication des pains, qui avait enthousiasmé la foule, Jésus ordonna à ses disciples de monter dans la barque et de le précéder sur l’autre rive, pendant qu’il renverrait les foules. L’image de cette traversée sur le lac évoque, en quelque manière, le voyage de notre existence. La barque de notre vie, en effet, avance lentement, toujours agitée parce qu’à la recherche d’un lieu d’accostage favorable, prête à affronter les risques et les opportunités de la mer, mais aussi désireuse de recevoir du timonier un virage qui conduise finalement vers la bonne direction. Mais parfois, il peut arriver qu’elle s’égare, qu’elle se laisse aveugler par les illusions, au lieu de suivre le phare lumineux qui la conduit à bon port, ou d’être défiée par les vents contraires des difficultés, des doutes et des peurs.

Il en est de même aussi dans le cœur des disciples, lesquels, appelés à suivre le Maître de Nazareth, doivent se décider à passer sur l’autre rive, en choisissant avec courage d’abandonner leurs sécurités et de se mettre à la suite du Seigneur. Cette aventure n’est pas tranquille : la nuit arrive, le vent contraire souffle, la barque est ballotée par les vagues, et la peur de ne pas y arriver et de pas être à la hauteur de l’appel risque de les dominer.

L’Evangile nous dit, cependant, que dans l’aventure de ce voyage difficile, nous ne sommes pas seuls. Le Seigneur, presqu’en forçant l’aurore au cœur de la nuit, marche sur les eaux agitées et rejoint les disciples, il invite Pierre à venir à sa rencontre sur les vagues, il le sauve quand il le voit s’enfoncer, et enfin, il monte dans la barque et fait cesser le vent.

La première parole de la vocation, alors, est gratitude. Naviguer vers le juste cap n’est pas une tâche qui relève de nos seuls efforts, et ne dépend pas seulement des parcours que nous choisissons de faire. La réalisation de nous-mêmes et de nos projets de vie n’est pas le résultat mathématique de ce que nous décidons dans un "moi" isolé ; au contraire, elle est avant tout la réponse à un appel qui vient d’En-Haut. C’est le Seigneur qui nous indique le rivage vers lequel aller et qui, bien avant, nous donne le courage de monter sur la barque ; alors qu’il nous appelle, c’est lui qui se fait aussi notre timonier pour nous accompagner, nous montrer la direction, nous empêcher de nous échouer dans les écueils de l’indécision et nous rendre même capables de marcher sur les eaux agitées.

Toute vocation naît de ce regard aimant par lequel le Seigneur est venu à notre rencontre, peut-être alors même que notre barque était en proie à la tempête. « Plus qu’un choix de notre part, la vocation est la réponse à un appel gratuit du Seigneur » (Lettre aux prêtres, 4 août 2019) ; c’est pourquoi, nous réussirons à la découvrir et à l’embrasser, quand notre cœur s’ouvrira à la gratitude et saura saisir le passage de Dieu dans notre vie.

Quand les disciples voient Jésus s’approcher en marchant sur les eaux, ils pensent d’abord qu’il s’agit d’un fantôme et ils ont peur. Mais aussitôt Jésus les rassure par une parole qui doit toujours accompagner notre vie et notre chemin vocationnel : « Courage, c’est moi, n’ayez pas peur ! » (v.27). Justement c’est la seconde parole que je voudrais vous confier : courage.

Ce qui souvent nous empêche de marcher, de grandir, de choisir la voie que le Seigneur trace pour nous, ce sont les fantômes qui s’agitent dans notre cœur. Quand nous sommes appelés à laisser notre rivage de sûreté et à embrasser un état de vie – comme le mariage, le sacerdoce ordonné, la vie consacrée –, la première réaction est souvent représentée par le "fantôme de l’incrédulité" : ce n’est pas possible que cette vocation soit pour moi ; s’agit-il vraiment du juste chemin ? le Seigneur me demande-t-il vraiment cela ?

Et, peu à peu, croissent en nous toutes ces considérations, ces justifications et ces calculs qui nous font perdre l’élan, qui nous troublent et nous paralysent sur le rivage de départ : nous pensons avoir fait fausse route, ne pas être à la hauteur, avoir simplement vu un fantôme à chasser.

Le Seigneur sait qu’un choix fondamental de vie – comme celui de se marier ou de se consacrer de façon spéciale à son service – nécessite du courage. Il connaît les interrogations, les doutes et les difficultés qui agitent la barque de notre cœur, et c’est pourquoi il nous rassure : "N’aie pas peur, je suis avec toi !". La foi en sa présence, qui vient à notre rencontre et nous accompagne, même quand la mer est en tempête, nous libère de cette acédie que j’ai déjà eu l’occasion de définir comme une « douce tristesse » (Lettre aux prêtres, 4 août 2019), c’est-à-dire ce découragement intérieur qui nous bloque et ne nous permet pas de goûter la beauté de la vocation.

Dans la Lettre aux prêtres, j’ai parlé aussi de la souffrance, mais ici je voudrais traduire autrement ce mot et me référer à la fatigue. Toute vocation comporte un engagement. Le Seigneur nous appelle parce qu’il veut nous rendre comme Pierre, capables de "marcher sur les eaux", c’est-à-dire de prendre en main notre vie pour la mettre au service de l’Evangile, dans les modes concrets et quotidiens qu’il nous indique, et spécialement dans les diverses formes de vocation laïque, presbytérale et de vie consacrée. Mais nous ressemblons à l’Apôtre : nous avons le désir et l’élan, cependant, au même moment, nous sommes marqués par des faiblesses et des craintes.

Si nous nous laissons emporter par la pensée des responsabilités qui nous attendent – dans la vie matrimoniale ou dans le ministère sacerdotal – ou par les épreuves qui se présenteront, alors nous détournerons vite notre regard de Jésus et, comme Pierre, nous risquerons de couler. Au contraire, même dans nos fragilités et nos pauvretés, la foi nous permet de marcher à la rencontre du Seigneur Ressuscité et de vaincre même les tempêtes. En effet, il nous tend la main quand, par fatigue ou par peur, nous risquons de couler, et il nous donne l’élan nécessaire pour vivre notre vocation avec joie et enthousiasme.

Enfin, quand Jésus monte sur la barque, le vent cesse et les vagues s’apaisent. C’est une belle image de ce que le Seigneur opère dans notre vie et dans les tumultes de l’histoire, spécialement quand nous sommes dans la tempête : Il commande aux vents contraires de se calmer, et les forces du mal, de la peur, de la résignation n’ont plus pouvoir sur nous.

Dans la vocation spécifique que nous sommes appelés à vivre, ces vents peuvent nous épuiser. Je pense à ceux qui assument d’importantes charges dans la société civile, aux époux que, non pas par hasard, j’aime définir comme "les courageux", et spécialement à ceux qui embrassent la vie consacrée et le sacerdoce. Je connais votre fatigue, les solitudes qui parfois alourdissent le cœur, le risque de l’habitude qui petit à petit éteint le feu ardent de l’appel, le fardeau de l’incertitude et de la précarité de notre temps, la peur de l’avenir. Courage, n’ayez pas peur ! Jésus est à côté de nous et, si nous le reconnaissons comme l’unique Seigneur de notre vie, il nous tend la main et nous saisit pour nous sauver.

Et alors, même au milieu des vagues, notre vie s’ouvre à la louange. C’est elle la dernière parole de la vocation, et elle veut être aussi l’invitation à cultiver le comportement intérieur de la sainte Vierge Marie : reconnaissante pour le regard de Dieu qui s’est posé sur elle, confiant dans la foi ses peurs et ses troubles, embrassant avec courage l’appel, elle a fait de sa vie un éternel chant de louange au Seigneur.

Chers frères et sœurs, spécialement en cette Journée, mais aussi dans l’action pastorale ordinaire de nos communautés, je désire que l’Eglise parcoure ce chemin au service des vocations, en ouvrant des brèches dans le cœur de chaque fidèle, pour que chacun puisse découvrir avec gratitude l’appel que Dieu lui adresse, trouver le courage de dire "oui", vaincre la fatigue dans la foi au Christ et, enfin, offrir sa vie comme un cantique de louange pour Dieu, pour les frères et pour le monde entier. Que la Vierge Marie nous accompagne et intercède pour nous.

Rome, Saint Jean de Latran,

François


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Quelques chiffres France

En 2008
15 008 prêtres diocésains
4 632 prêtres religieux

Les ordinations
96 ordinations de prêtres diocésains en 2012 (150 avec Religieux)
89 ordinations de prêtres diocésains en 2009
98 ordinations de prêtres diocésains en 2008
101 ordinations de prêtres diocésains en 2007
32 ordinations presbytérales de religieux en 2007

2 250 diacres permanents en service
94 ordinations de diacres permanents en 2008
121 ordinations de diacres permanents en 2007
101 ordinations de diacres permanents en 2006

Les instituts religieux masculins (1er janvier 2009)
7 504 religieux résidant en France (7 033 français) :
1 185 moines (dont 77 étrangers)

Des jeunes se préparent à :
–> devenir prêtres diocésains (2009-2010)
125 entrées en 1ère année de formation au ministère de prêtre diocésain
(au 15 novembre 2009)
756 séminaristes en formation en 2009 (non compris les propédeutiques)
–> devenir religieux (2008-2009)
79 novices français dont 35 moines

(source : SNV)

 

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Prière


Christ Jésus,
serviteur de l’amour du Père,
Tu es venu parmi nous,
Pour nous appeler à vivre
Avec Toi et comme Toi
Pour un monde plus juste
et plus fraternel,
Tu appelles toutes tes créatures
À participer à ta mission
Suscite en ton Église,
Des disciples ardents,
Conduits par le souffle de l’Esprit
Loué sois-tu Seigneur
Pour les consacrés et les prêtres
Serviteurs de ton peuple
Que ton Esprit guide
Les jeunes que tu appelles
A être signes de ta charité et de ton espérance
Qu’à travers toutes les vocations
Se révèle ton visage
De lumière et de paix
Amen




MESSAGE OF HIS HOLINESS POPE FRANCIS
FOR THE 57th WORLD DAY OF PRAYER FOR VOCATIONS

See the Formation of the Missionaries of Africa
Statistics Students - Prayer of the Missionaries of Africa for Vocations

03 may 2020 - FOURTH SUNDAY OF EASTER

Photo du webmaster à l'angelus fevrier 2009

Words of Vocation

Dear Brothers and Sisters,

On 4 August last year, the 160th anniversary of the death of the Curé of Ars, I chose to write a letter to all those priests who daily devote their lives to the service of God’s people in response to the Lord’s call.

On that occasion, I chose four key words – pain, gratitude, encouragement and praise – as a way of thanking priests and supporting their ministry. I believe that today, on this 57th World Day of Prayer for Vocations, those words can be addressed to the whole people of God, against the backdrop of the Gospel passage that recounts for us the remarkable experience of Jesus and Peter during a stormy night on the Sea of Galilee (cf. Mt 14:22-33).

After the multiplication of the loaves, which had astonished the crowds, Jesus told his disciples to get into the boat and precede him to the other shore, while he took leave of the people. The image of the disciples crossing the lake can evoke our own life’s journey. Indeed, the boat of our lives slowly advances, restlessly looking for a safe haven and prepared to face the perils and promises of the sea, yet at the same time trusting that the helmsman will ultimately keep us on the right course. At times, though, the boat can drift off course, misled by mirages, not the lighthouse that leads it home, and be tossed by the tempests of difficulty, doubt and fear.

Something similar takes place in the hearts of those who, called to follow the Teacher of Nazareth, have to undertake a crossing and abandon their own security to become the Lord’s disciples. The risk involved is real: the night falls, the headwinds howl, the boat is tossed by the waves, and fear of failure, of not being up to the call, can threaten to overwhelm them.

The Gospel, however, tells us that in the midst of this challenging journey we are not alone. Like the first ray of dawn in the heart of the night, the Lord comes walking on the troubled waters to join the disciples; he invites Peter to come to him on the waves, saves him when he sees him sinking and, once in the boat, makes the winds die down.

The first word of vocation, then, is gratitude. Taking the right course is not something we do on our own, nor does it depend solely on the road we choose to travel. How we find fulfilment in life is more than a decision we make as isolated individuals; above all else, it is a response to a call from on high. The Lord points out our destination on the opposite shore and he grants us the courage to board the boat. In calling us, he becomes our helmsman; he accompanies and guides us; he prevents us from running aground on the shoals of indecision and even enables us to walk on surging waters.

Every vocation is born of that gaze of love with which the Lord came to meet us, perhaps even at a time when our boat was being battered by the storm. “Vocation, more than our own choice, is a response to the Lord’s unmerited call” (Letter to Priests, 4 August 2019). We will succeed in discovering and embracing our vocation once we open our hearts in gratitude and perceive the passage of God in our lives.

When the disciples see Jesus walking towards them on the sea, they first think that he is a ghost and are filled with fear. Jesus immediately reassures them with words that should constantly accompany our lives and our vocational journey: “Take heart, it is I; have no fear” (Mt 14:27). This, then, is the second word I wish to offer you: encouragement.

What frequently hinders our journey, our growth, our choosing the road the Lord is marking out for us, are certain “ghosts” that trouble our hearts. When we are called to leave safe shores and embrace a state of life – like marriage, ministerial priesthood, consecrated life – our first reaction is often from the “ghost of disbelief”. Surely, this vocation is not for me! Can this really be the right path? Is the Lord really asking me to do this?

Those thoughts can keep growing – justifications and calculations that sap our determination and leave us hesitant and powerless on the shore where we started. We think we might be wrong, not up to the challenge, or simply glimpsing a ghost to be exorcized.

The Lord knows that a fundamental life choice – like marriage or special consecration to his service – calls for courage. He knows the questions, doubts and difficulties that toss the boat of our heart, and so he reassures us: “Take heart, it is I; have no fear!” We know in faith that he is present and comes to meet us, that he is ever at our side even amid stormy seas. This knowledge sets us free from that lethargy which I have called “sweet sorrow” (Letter to Priests, 4 August 2019), the interior discouragement that hold us back from experiencing the beauty of our vocation.

In the Letter to Priests, I also spoke about pain, but here I would like to translate the word differently, as fatigue. Every vocation brings with it a responsibility. The Lord calls us because he wants to enable us, like Peter, to “walk on water”, in other words, to take charge of our lives and place them at the service of the Gospel, in the concrete and everyday ways that he shows us, and specifically in the different forms of lay, priestly and consecrated vocation. Yet, like Saint Peter, our desire and enthusiasm coexist with our failings and fears.

If we let ourselves be daunted by the responsibilities that await us – whether in married life or priestly ministry – or by the hardships in store for us, then we will soon turn away from the gaze of Jesus and, like Peter, we will begin to sink. On the other hand, despite our frailty and poverty, faith enables us to walk towards the Risen Lord and to weather every storm. Whenever fatigue or fear make us start to sink, Jesus holds out his hand to us. He gives us the enthusiasm we need to live our vocation with joy and fervour.

When Jesus at last boards the boat, the winds die down and the waves are calmed. Here we have a beautiful image of what the Lord can do at times of turbulence and tempest in our lives. He stills those winds, so that the forces of evil, fear and resignation no longer have power over us.

As we live out our specific vocation, those headwinds can wear us down. Here I think of all those who have important responsibilities in civil society, spouses whom I like to refer to – not without reason – as “courageous”, and in a particular way those who have embraced the consecrated life or the priesthood. I am conscious of your hard work, the sense of isolation that can at times weigh upon your hearts, the risk of falling into a rut that can gradually make the ardent flame of our vocation die down, the burden of the uncertainty and insecurity of the times, and worry about the future. Take heart, do not be afraid! Jesus is at our side, and if we acknowledge him as the one Lord of our lives, he will stretch out his hand, take hold of us and save us.

Even amid the storm-tossed waters, then, our lives become open to praise. This is the last of our vocation words, and it is an invitation to cultivate the interior disposition of the Blessed Virgin Mary. Grateful that Lord gazed upon her, faithful amid fear and turmoil, she courageously embraced her vocation and made of her life an eternal song of praise to the Lord.

Dear friends, on this day in particular, but also in the ordinary pastoral life of our communities, I ask the Church to continue to promote vocations. May she touch the hearts of the faithful and enable each of them to discover with gratitude God’s call in their lives, to find courage to say “yes” to God, to overcome all weariness through faith in Christ, and to make of their lives a song of praise for God, for their brothers and sisters, and for the whole world. May the Virgin Mary accompany us and intercede for us.

Rome, Saint John Lateran, 8 March 2020, the Second Sunday of Lent


Franciscus