Voix d'Afrique N°81.....

SERMENT MISSIONNAIRE
Les trois pierres

PierreIl y a longtemps que pareille cérémonie n’avait pas eu lieu en France, chez nous, Mission-naires d’Afrique. Dieu nous a donné, cette année, un nouveau Frère, Pierre Petitfour. Il a 41 ans, et il a fait son serment définitif le 27 juillet à Châtenois, dans les Vosges, près de son village natal Gironcourt. Mgr Jean-Paul Mathieu, évêque de St Dié, a présidé la cérémonie, et le Responsable d’Europe, le P. Detlef Bartsch, a reçu son Serment. D’autres confrères étaient présents : le P. Georges Jacques, Assistant Général, le P. Wellens Ivo, Supérieur Délégué du Secteur Ituri, et le P. Guy Vuillemin, Provincial de France.

Pierre Petitfour nous parle de ses trois pierres.

Les trois pierres de Pierre

Un ami me citait une maxime de Jean Marais qui lui semblait convenir à l’histoire de ma vie : « Les débuts sont toujours les moments les plus merveilleux dans la vie. Alors il faut toujours débuter quelque chose de nouveau ».Comme je vois qu’il avait raison! Car ma vie se construit avec des pierres d’une grande diversité, des pierres toujours nouvelles.

La première pierre est lorraine, une pierre de calcaire de la plaine des Vosges. C’est là que je suis né à Vittel de parents
agriculteurs en 1967, que j’y ai plongé mes racines culturelles entre les mirabelliers, les vaches laitières, le pâté lorrain,
les eaux thermales, Saint Nicolas, Sainte Jeanne d’Arc et Notre-Dame de Sion.

Lors de ma formation d’ingénieur agronome à l’INA P-G (Institut National Agronomique Paris-Grignon actuellement
devenu AgroParisTech), j’ai ramassé pendant mes stages en exploitation agricole et en industrie agroalimentaire une pierre de granite rose des Côtes d’Armor et une brique cuite picarde.

Puis je suis allé chercher des matériaux africains : une première pierre de latérite ngambay dans le diocèse de Moundou au Tchad et ensuite de l’argile lourde et collante des plaines inondables massas dans la zone de Bongor du diocèse de Pala (Tchad).

Offrandes Une assemblée multiculturelleLatérite et argile : tout ce qu’il faut pour faire de bonnes fondations : c’est en effet à Moundou que j’ai connu et apprécié les Missionnaires d’Afrique et les Soeurs Blanches (j’étais envoyé par la DCC – Délégation Catholique pour la Coopération) et à Pala que j’ai découvert le travail missionnaire d’évangélisation et de développement (j’étais envoyé par le Cefode – Centre de formation pour le développement).

Je suis revenu ramasser un bloc de granite du Velay comme enseignant au lycée agricole d’Yssingeaux avant de repartir au Tchad ramasser une deuxième pierre de latérite tachée par le pétrole de Doba et encore de l’argile massa de Bongor.
À Doba, je travaillais pour l’AFDI (Agriculteurs Français et Développement International = Paysans sans frontières) de Poitou-Charentes comme conseiller d’un projet d’appui aux organisations paysannes (groupements céréaliers, groupements de matériel agricole, groupement de forgerons). À Bongor, j’ai retrouvé la vie missionnaire en aidant à la mise en place de deux collèges communautaires agricoles.


Pierre (à l’extrême gauche) avec un groupe de confrères travaillant
ou ayant travaillé ou originaire de la République Démocratique du Congo.

Tous ces matériaux semblaient épars mais c’est ensuite au Burkina Faso que j’ai pu trouver un sens à ma construction
et réaliser surtout que le vrai bâtisseur, eh bien, c’était - et c’est - Dieu!

Avec le sable poussiéreux de Ouagadougou où j’ai étudié deux années de philosophie et la terre ferrugineuse de Bobo Dioulasso où j’ai fait mon noviciat, j’ai donné à Dieu de quoi pouvoir rassembler les morceaux.
Ceci m’a conduit à mon premier serment temporaire de trois ans, souhaitant désormais définitivement me mettre au service de l’évangélisation du monde africain au sein des Missionnaires d’Afrique comme frère.

La famille de PierreLa pierre suivante que Dieu m’a trouvée fut congolaise : une pierre de granite traversée d’aloès dans le diocèse de Mahagi en Ituri. J’y ai surtout fait de l’enseignement secondaire et des visites aux malades pendant trois ans.

La nouvelle pierre qui m’attend maintenant, je sais qu’elle sera ivoirienne. C’est un nouveau défi parce que je vais étudier la théologie à Abidjan tout en faisant partie de l’équipe des formateurs. Dieu le bâtisseur saura de toute façon comment faire… Alors, j’ai confiance !

Frère Pierre Petitfour.
P.S. : vous aurez sans doute remarqué que je ne suis pas constructeur…

Texte et photos tiré du Lien 249

Voir aussi

Jour du Serment (plus de photos)

Son 1er serment le 23 Juillet 2005 à Bobo-Dioulasso


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