Voix d'Afrique N°109.


Un lion pas comme les autres :

Prêtre-Lion ou Lion-Prêtre

De Monsieur Gérard Dechaudat
Extrait de la revue en français des Lions de France et des pays francophones, revue n°678 de mai 2015.
Âgé de 89 ans, membre du club Paris Port-aux-Lions 2 et membre à vie du Lions Clubs International, le Père Hubert Barbier, des Missionnaires d’Afrique, Pères Blancs, a aujourd’hui quelque peu tourné la page d’un long service au profit d’autrui.
Mais qui est donc ce missionnaire d’Afrique qui mena parallèlement une vie de Lion tout aussi riche et tout autant exemplaire, démontrant ainsi qu’être membre du Lions Clubs International n’est absolument pas incompatible avec la vocation de religieux, quelle que soit sa confession. Il y aurait même complémentarité.
Missionnaire depuis l’âge de 26 ans, le Père Barbier nous emmène aussi au cœur même du vrai Lionisme, un monde fait de désintéressement, de droiture, de courage et de sens du devoir tant dans les situations extrêmes que dans la grisaille de la vie quotidienne.
À méditer par chacun d’entre nous! Un exemple à suivre.

Du Père Hubert Barbier :
C’est en 1959 que je suis arrivé à Bamako, capitale du Mali. Devenu un peu plus tard chargé des finances et des projets de développement pour le diocèse, j’étais en relation avec un certain nombre de personnalités maliennes et expatriées. Un ami me fit alors connaître le Lions Club de Bamako… et me demanda si je ne voulais pas devenir membre de ce Lions Club. Je consultai alors Mgr Luc Sangaré qui répondit à mes amis « Si vous pensez que le Père Hubert Barbier peut vous apporter quelque chose, je ne vois pas d’inconvénients à ce que le Père Hubert soit membre du Lions Club de Bamako ». Ce qui fut fait en 1964, il y a cinquante et un an.

Il faut dire qu’en 1920, l’Eglise catholique avait interdit aux prêtres de participer au Rotary Club et au Lions Club, soupçonnés de franc-maçonnerie… Mais dans les années 1950, l’Église avait réexaminé sa position et même plusieurs présidents internationaux ont été reçus en audience privée par le Pape Paul VI et le Pape Jean-Paul II

Devenir membre du Lions Club peut revenir assez cher. Il a été très clair que c’était le Club de Bamako qui prendrait en charge tous les frais de mon inscription et de mes cotisations annuelles. De mon côté, j’ai dit que j’essaierais de compenser par le « don de soi ».

Un peu d’histoire : « On ne va pas bien loin si l'on ne fait pas quelque chose pour quelqu'un d'autre. ». Cette idée simple a été le point de départ du « Lionisme ». En 1917 aux Etats-Unis, Melvin Jones, un directeur de compagnie d’assurances à Chicago rassembla des représentants de plusieurs Cercles d’affaires œuvrant chacun de leur côté et leur proposa de travailler ensemble pour se mettre au service des plus démunis de façon bénévole. Il fonde ainsi le Lions Club International dont l’emblème sera le lion, symbole de force et de courage. Le Lionisme va devenir une manière d'être, de se comporter généreusement et d’avoir une ouverture d'esprit au bénéfice de l'Homme quelle que soit sa nationalité, sa religion ou sa philosophie.

Au 31 janvier 2014, le Lions Clubs International comptait 1.350.000 membres dans le monde, 660 millions d’euros collectés dans le monde, 76 millions d’heures de bénévolat. Le Lions Club International est reconnu par les plus grandes instances internationales, l'ONU, la Commission des Droits de l’Homme, l'Unicef, l'Unesco, l'OMS, le Conseil de l’Europe etc.

J’ai pu apprécier les valeurs et les richesses du Lionisme qui offre un service bénévole. Cela passe par le respect des convictions des autres, et le don de soi pour mieux contribuer à leur bien être social et moral. Un atout est l’amitié. Son
motto: « We serve ». « Nous servons ».

Je termine avec quatre bons souvenirs, parmi beaucoup d’autres :
La création d’un village de réhabilitation sociale pour lépreux. Vingt cases en banco stabilisé couvertes en tôles, un dispensaire, un centre d’artisanat et l’aménagement des terrains de cultures où les lépreux pourraient réapprendre à travailler avec des charrues et des bœufs. Le village fut inauguré en 1970 par le Premier ministre du Mali accompagné du ministre de la Santé et des Affaires sociales.

En 1982-1983, la mobilisation pour venir en aide aux Polonais (environ quatre cent cinquante camions de vingt-cinq à trente tonnes). J’accompagnai trois de ces camions à destination des Pères Blancs de Lublin. (À l’occasion de cette opération, une délégation des membres du Lions Clubs de France fut reçue par le pape Jean-Paul II).

La campagne internationale “Sight First” lancée en 1989 par les Lions, et Paris-Bastille qui m’impliqua dans l’élaboration d’un projet ambitieux qui aboutira à la création d’un “Centre du glaucome - Fondation du Lions Clubs International” au cœur du centre hospitalier national d’ophtalmologie des Quinze-Vingts à Paris.

Le courrier du Président International, en 1973, Georges Friedrichs, qui commençait sa lettre en ces termes: “Révérend Père et cher ami Lion”.



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