EN GUISE D'INTRODUCTION

PASSÉ, PRÉSENT, ET AVENIR…
P. Roland Jeanrenaud



P. Roland JEANRENAUD, de Genève. Après 40 ans de mission en Zambie,
il est retraité à Fribourg, mais il reste missionnaire au secrétariat de la Province.
Il est l'auteur de plusieurs livres où son humour brode avec les richesses de l'Évangile

Témoignage ! Témoignage ! Mais qui donc peut nous apporter un témoignage ?
C'est celui qui, bien présent parmi nous, sait parler d'un passé dans lequel il a vécu lui-même.
C'est tout simple en apparence. Mais cela est bien plus complexe qu'on veut l'admettre.
Pourquoi ? Parce que cela soulève des poussières dans la mémoire, ranime des nostalgies de vies épuisées, et surtout met en avant des choses dont on voudrait que Dieu seul en connaisse le positif et le négatif.

En demandant à six de mes confrères de me dire brièvement ce qu'a été leur vie missionnaire, j'ai tout d'abord rencontré des silences tout remplis de pudeur. Les yeux un peu perdus dans le vague, ils murmuraient :
- Comment voulez-vous que je vous parle de mon passé…On ne décrit pas sa propre vie en une vingtaine de lignes. C'est impossible !
Et pourtant, ils s'y sont mis, parfois péniblement, mais surtout avec beaucoup de simplicité.
V
ous pouvez lire ces témoignages dans les pages qui suivent. Vous y trouverez peut-être, des sourires mélancoliques, mais surtout un long regard optimiste vers l'avenir. Des mots qui reviennent comme une mélopée : J'ai fait ce que j'ai pu, mais j'ai foi dans l'avenir.
Et il est où cet avenir ?

Je voudrais que vous le trouviez dans le témoignage de ce jeune Père Blanc, né aux Philippines, mais qui est bien connu en Suisse. Lui, au Burundi où il travaille, il est quotidiennement plongé dans ce grand malheur universel qui s'appelle SIDA…Il en a vu de nombreuses victimes, et il s'efforce avec d'autres de lutter contre cette malédiction envahissante, il a foi en l'avenir, même quand celui-ci s'annonce dans un vent de tempête.

Non, les Pères Blancs ne sont pas " finis ", comme on le dit parfois en Europe, en raison de l'âge qui les frappe presque tous. Ils continuent leur mission grâce aux nouvelles générations montantes, nées sur d'autres continents. La mission d'Afrique est loin d'être terminée. L'œuvre de ceux qui témoignent ici même de leur passé, se poursuit sans relâche, car l'appel du Christ ne cesse de retentir dans le monde.


TÉMOIGNAGE

RÊVES D'AVENTURES…DEVOIRS D'ECRITURE !

Père Josef BRUNNER



Le P. Josef BRUNNER est originaire du canton d'Argovie. Journaliste de renom, il sait tenir informés les journaux et revues de Suisse alémanique et d'ailleurs. Les rédactions apprécient son style et ses analyses.

C'est à l'âge de cinq ans que je vis, avec éblouissement, mon premier Père Blanc.
C'était mon grand-oncle, le Père Burkard Huwiler. En 1926, il venait dans notre famille et je me souviens qu'il nous parlait des trente années qu'il avait passées en Afrique. Que de rêves d'aventures il a mis en moi ! Mais aussi et surtout, quelle graine de vocation il a semée dans mon cœur !

Seulement voilà…Une vocation a rarement toutes les belles couleurs auxquelles on rêve ! Et après l'achèvement de mes études à Fribourg, en Algérie et en Tunisie, je me suis retrouvé professeur dans notre maison de formation à St Maurice, puis à la recherche de vocations et de bienfaiteurs en Suisse. C'est la période de ma vie, où j'ai appris qu'il y a toujours des urgences imprévisibles, du temporaire qui dure et des zigzags bourrés de surprises dans la volonté de Dieu !..

Cependant, à 39 ans, j'ai enfin pu partir pour l'Ouganda pour y accomplir à plein temps, un travail missionnaire proprement dit. Là, j'ai également appris qu'il y a du durable qui s'émousse bien rapidement ! En effet, à peine familiarisé avec la langue et les coutumes locales, je suis rappelé en Suisse (une urgence !) pour ce qu'on nomme l'animation missionnaire. Puis ce fut le tour de l'Autriche ( une tâche provisoire, bien sûr, mais qui va durer 10 ans !), avec, en appendice, la possibilité inattendue mais formidable, de passer, parfois, en Yougoslavie communiste pour donner des conférences sur les missions dans tous les collèges catholiques et dans les séminaires. Et même, une fois, j'ai pu accomplir ce même travail en Pologne encore sous la botte de Staline.

A quoi tout cela a servi ? Bonne question !…C'est au Bon Dieu qu'il faut demander la réponse. Moi j'ai fait du mieux que j'ai pu. Mais je ne me souviens pas d'avoir vu dormir ou entendu ronfler un seul de mes auditeurs. Sur tous mes parcours, je n'ai rencontré qu'intérêt et générosité. Partout j'ai fait flotter une petite brise africaine et j'ai toujours espéré qu'elle répandrait un souffle missionnaire sur les jeunes têtes autour de moi.

Le P. BRUNNER n'aime guère l'oisiveté. Chaque moment de liberté est utilisé pour le tri des timbres usagés que ses correspondants lui envoient. Leur vente apporte une aide non négligeable au travail des missions.

Et puis, ma longue expérience m'a rapidement enseigné que les paroles ne suffisaient pas. Il fallait aussi écrire. Il était nécessaire de passer par la Presse pour mieux toucher et pour intéresser davantage. Et je me suis donc lancé dans un long travail d'information pour les journaux quotidiens ou les revues spécialisées. Les événements qui touchaient l'Église, l'évolution des situations souvent dramatiques qui frappaient l'Afrique, le labeur des missionnaires si souvent oublié, tout cela, il fallait que je le mette par écrit pour réveiller la conscience du monde. Et cela m'a donné de travailler en collaboration étroite avec de multiples agences de Presse et de la Radio. Je crois m'y avoir fait un nom et avoir un peu éclairé les lecteurs ou les auditeurs sur le rôle de l'Église en Afrique.

Maintenant, l'âge et les problèmes de santé mettent un frein à mes activités, mais seulement un frein. Car je fais encore beaucoup de travail pastoral autour de Lucerne où je vis, je ne cesse pas de m'informer et d'informer les autres par des articles paraissant non seulement en Suisse, mais en Allemagne, Autriche et même en Italie.

Penché journellement sur mon bureau, je poursuis mes rêves d'aventures et je ne regrette rien du passé, laissant ma plume poursuivre avec entêtement son chemin sur le papier selon le souhait du Seigneur.

TÉMOIGNAGE

RIEN…AVEC QUELQUE CHOSE DEDANS !

Père Walter GEHR

Le P. Walter GEHR est originaire du canton de St Gall. Il est actuellement en retraite missionnaire dans notre maison de Lucerne, très actif dans les tâches que lui permettent sa santé. Il a beaucoup travaillé en Tanzanie pour le développement de l'agriculture et pour la formation des futurs prêtres.

Rien de rien ! Absolument rien ! …Il était même interdit, un temps, d'y mettre quelque chose !…Les premiers colonisateurs avaient dit : " Cela fera une bonne réserve naturelle ! " Les premiers missionnaires se sont demandé : " Quel évêque est ici responsable ? " C'était un fait : Au début, dans ce coin de la Tanzanie, il n'y avait rien !…A part l'herbe, l'eau et quelques arbres, il n'y avait rien…sauf des hommes, des femmes et des enfants…

Quand, en 1949, on m'a envoyé là-bas, je suis tombé au milieu de rien. Mais, à cause des gens qui y vivaient, j'y suis resté 50 ans !
On a dit : " Laissez donc ces gens en paix. Ils n'ont pas besoin de vous pour être heureux ! " Oui, c'est ce qu'on dit. Mais ces gens dont on parle, qu'est-ce qu'ils nous disaient, eux ? Vous leur avez demandé ?… Eh bien, ce qu'ils disaient, c'est : " Donnez-nous des écoles, soignez nos malades, on veut à manger et du travail ! " Peut-on laisser ces êtres humains " en paix " comme vous dites ? Ou faut-il faire quelque chose pour eux ?…

J'ai donc relevé mes manches, pris des pierres, du sable, de l'eau, du bois et de la paille, et j'ai construit une école, avec une maison pou l'instituteur venu d'ailleurs. Puis une 2ème et une 3ème école avec d'autres maîtres de classe. Ensuite ce fut le dispensaire avec une infirmière. Enfin pour permettre à chacun de circuler, de chercher du travail, de vendre les produits de son champ, il a fallu façonner vaille que vaille des routes et des ponts. A ce moment-là, j'aurais pu m'asseoir et contempler mon œuvre. Oui, mais, ce n'était qu'un début ! Car les enfants des écoles sont très remuants et ils grandissent vite. Alors ? Il a fallu songer aux écoles secondaires, aux livres introuvables, aux professeurs qualifiés, aux soins hospitaliers, aux docteurs, à l'agriculture, aux pépinières, aux forêts, bref, à tout !…Je suis donc devenu professeur de mathématiques, pépiniériste qualifié, ingénieur civil, conseiller en matières médicales. J'ai mené de front bien des batailles, et aujourd'hui, il m'arrive de rencontrer de mes anciens élèves devenus sénateurs, politiciens, juristes, docteurs ou hauts fonctionnaires d'état, et cela me fait chaud au cœur ! Remarquez, je parle à la 1ère personne, mais en tant que Père Blanc, je travaillais toujours avec mes confrères et c'est ensemble que nous avons accompli tout cela.
Mes concitoyens de Suisse, quand nous parlons de nos vies, me demandent toujours : " Mais vous êtes prêtres. Et le Bon Dieu, dans toutes vos activités, il est où ? "


Une vraie photo souvenir datant de 1969, où le P. GEHR se retrouve avec les élèves du petit séminaire d'Ujiji

Je vais vous dire un secret : Votre question est exactement celle que nous ont posée les Tanzaniens qui nous voyaient vivre au milieu d'eux, sans famille humaine et sans profit visible. Et c'est que la Parole du Christ a fait son passage, de notre foi à leur vie quotidienne. Cela n'a pas été facile, mais peu à peu les notions de notre religion ont trouvé le chemin des cœurs. Travail manuel, progrès social ou développement durable, selon les mots que l'on emploie, tout cela a été, si je puis m'exprimer ainsi, " le bras gauche de Dieu ". Nos paroissiens sont devenus dans le même temps adultes en foi et en humanité. Et l'Église y a trouvé sa force et sa stabilité, dans le nombre de ses enfants, de ses prêtres et de ses religieuses.

Oh ! Attention, la tâche n'est pas finie, loin de là ! Les dangers ne sont pas tous écartés, mais la semence a été mise en terre. J'y ai mis la bonne volonté de mon cœur et la sueur de mes bras. Maintenant que Dieu y mette la vie.


TÉMOIGNAGE

DE CE CÔTÉ-CI DE L'AFRIQUE… !

Sœur Annamarie Himmelrich

Sœur Annamarie Himmerlich est originaire de Emmenbrücke (LU).Religieuse énergique et pleine de ressources, elle a été toujours disponible pour des postes de responsabilités chez les Sœurs Blanches. Encore maintenant, ses activités autour des besoins de l'Afrique sont précieuses pour tous ceux qui s'y dévouent.

Vous me direz : Voilà un bien curieux titre, pour le témoignage d'une religieuse qui vient de fêter ses 50 ans d'appartenance à une Congrégation de Sœurs Missionnaires d'Afrique ! Vous avez raison, et il faut que je vous explique :

Quand on a fait son noviciat et suivi tout une formation spécifiquement dirigée pour un apostolat africain, où espère-t-on aller, sinon en Afrique ? C'était là mon souhait le plus cher. Mais j'avais sous les yeux, une phrase-clé de nos constitutions : " Toute obédience est envoi et tout service, mission pour l'Afrique. "…Et mon premier envoi a été pour…Fribourg en Suisse…et pour 10 ans ! Certes, on m'a offert un très beau voyage à travers le Burkina Faso, le Mali et la Guinée, histoire d'enrichir mes connaissances et dans le but de me préparer à d'autres fonctions ! D'abord en Afrique ? Non, à Rome, à la maison centrale des Sœurs Blanches,…Pour cinq ans !…Et puis à Toulouse en France pour six ans !…Là, je le confesse, j'ai beaucoup appris, car il me fallait accueillir nos Sœurs âgées qui s'étaient usées au service de l'Afrique et qui rentraient en Europe, malades, complètement perdues dans un environnement qu'elles ne reconnaissaient pas, et surtout la tête et le cœur bourrés de leur existence africaine, ce qui leur donnait de voir la vie en rose jusqu'au bout.

Sœur Annamarie a su apporter courage et sérénité à ses aînées dans les maisons de repos, ainsi les " anciennes " d'Afrique continuent leur apostolat missionnaire malgré leurs handicaps.

Enfin, au moment où je pensais qu'un peu d'apostolat direct en Afrique ne me ferait pas du tout de mal, je reçois une nouvelle obédience pour…Paris ( ou plus précisément Maisons-Alfort) où je vais faire partie du groupe chargé de coordonner les activités de mes consœurs vivant et travaillant en France et en Suisse. Un temps d'écoute et de partage.

Après cela, eh bien, oui ! la porte de l'Afrique s'est ouverte pour moi ! Je suis envoyée au Zaïre, ou, si vous préférez, à la République Démocratique du Congo, et, plus précisément, à Bukavu pour y apprendre la langue. En vue de l'apostolat direct? Ai-je besoin de vous révéler mon âge pour vous confier qu'après mes multiples changements d'adresses en Europe, je n'ai plus 20 ans ? Et que, par conséquent, les cavalcades en vélo, moto et autres véhicules pétaradants ne sont plus guère, si vous m'autorisez de le dire ainsi, de mon ressort . Je serai donc envoyée à Katana où nous avons une communauté au service d'un hôpital, et me voici maîtresse de maison avec, à ma charge, les employés, la lingerie, les pauvres des environs et les résidences du corps médical. C'était tout simplement formidable, car je me sentais directement concernée par quelque chose qui pouvait donner à l'Afrique un nouvel élan dans son développement.

Et puis…deux ans plus tard…Urgence !… " On a besoin de toi…en Europe ! "
Le gros sacrifice ! Et la farandole recommence :D'abord à Fribourg, puis à Rome, puis à Paris, enfin à Toulouse !…Il est vrai que les temps changeaient et qu'il fallait revoir la situation de notre Congrégation, en abandonnant par exemple nos maisons trop vastes et en simplifiant notre système d'administration. Il fallait aussi remodeler notre accueil des sœurs âgées…

Vous pouvez maintenant comprendre pourquoi j'ai dit " De ce côté-ci de l'Afrique ". Il y a 5o ans que je suis Sœur Missionnaire de Notre-Dame D'Afrique, mais la volonté de Dieu ne m'a fait goûter que durant deux ans l'ardeur de son soleil…Heureusement, il y a les 48 autres années où il m'a fait goûter les joies inusables de son service.

P.S. : Vous pensez que j'ai fini mes voyages de place en place, à mon âge ? On m'attend à Rome. Il y a donc une page de ma vie qui n'est pas encore tournée…


TÉMOIGNAGE

TOUT CE QUE JE TE DIRAI, TU LE DIRAS !

Père Gabriel Bapst

Le P. Gabriel BAPST est originaire de La Roche (FR). Après de belles années d'apostolat direct en Ouganda, il fut rappelé en Suisse pour prendre en charge les finances de la Province, tâche éminemment délicate puisque la Suisse était alors considérée comme une plaque tournant pour l'aide destinée à toute l'Afrique. Actuellement, il exerce la fonction de responsable de communauté à Fribourg.

La Roche ? C'est un village qui s'étire le long de la route qui va de Fribourg à Bulle, en suivant la rive droite de la Sarine. Mon enfance s'y est écoulée dans un environnement de forêts, de ruisseaux et de collines. Bercée tour à tour par la bise et les vents du sud, frileuse sous le manteau de neige et dans les galoches rudimentaires, elle me souriait dans le va-et-vient des vaches, des bœufs et des charrettes à foin. Une enfance simple, frugale, pieuse et innocente, dans un respect des lois des hommes et de Dieu, dans un cadre traditionnel qui ne cherchait pas le changement inutile. Je peux le dire maintenant, mon enfance fut remplie de sérénité.

Un jour, un prêtre de passage me dit : " Ne voudrais-tu pas devenir prêtre ? " Je me souviens avoir répondu : " Je suis trop timide. Je ne sais pas parler ". Mais aussitôt une autre réplique se fit entendre au fond de moi: " Tu iras, et tout ce que je t'ordonnerai de dire, tu le diras. "

Le détail des événements qui suivirent, est encore flou dans ma tête aujourd'hui. Mais en 1955, je fus ordonné prêtre en Tunisie, alors que j'étais entré dans la grande famille des Pères Blancs Missionnaires d'Afrique depuis 6 ans… Non seulement je devenais prêtre, mais j'étais missionnaire, moi qui me plaignais d'être timide et de ne savoir pas parler ! Mon esprit avait été ouvert à la diversité du monde, à la différence des cultures , et à la multiplicité des langues et des coutumes.

Et, en m'embarquant pour l'Afrique, je me plongeais entièrement dans un univers varié et plein d'inconnues, non pas en explorateur, mais en homme de Dieu prêt à dire ce qu'il me dira.


Le P. Bapst dans son bureau à Fribourg. La multiplicité des objets qui couvrent son bureau, sont le signe parfait de la multiplicité de ses fonctions qui, malgré son âge, le tiraillent de tous côtés et prolongent sa vie réelle de missionnaire.

La vigne dans laquelle le Seigneur me demandait de travailler, se trouvait en Ouganda, sous la ligne de l'équateur. A cette époque, il fallait suivre un long et rude chemin pour y parvenir. Et puis, pour y être efficace ou simplement utile, il était nécessaire d'apprendre des langues…L'anglais d'abord, puis le rounyankole, le routooro et le runyoro. Timide tel que j'étais alors, ce n'était pas là une sinécure ! Mais comment faire, sans une connaissance suffisante de ces dialectes ? Les paroles de l'Évangile ont besoin du langage des hommes pour toucher leurs cœurs.

Rien vite, trop vite peut-être, on m'a mis en charge d'une paroisse de 50'000 âmes. Rapidement, il m'a fallu comprendre que la Mission, c'était, bien sûr, la proclamation de l'amour de Dieu, mais que cela comprenait aussi une multitude d'activités diverses et de projets à réaliser : Chapelles, écoles à construire puis à organiser, menuiserie, briqueterie, mécanique sur tracteurs et camions, labours, transports sur chemins et routes aux ornières décourageantes…En pensant à tout cela, je me demande, aujourd'hui encore, comment j'aurais pu accomplir ces tâches sans l'appui de mes amis de Suisse…Parce que des sous, il en faut !

Et, à force d'en bien user, je me suis retrouvé le gestionnaire financier de tout le Diocèse de Hoima ! Un peu en retrait de l'apostolat direct ? Oui, certes, mais dans la possibilité de faire matériellement davantage pour un pays qui avait encore grand besoin de soutien pour progresser.

Et puis, après ?…On m'a demandé de revenir en Suisse pour devenir l'économe de la Province, une fonction qui va me tenir en alerte pendant dix ans, mais qui n'a pas réussi à me faire oublier mon Ouganda, tant les attaches qui m'unissaient à ces contrées étaient fortes. Je m'en console un peu en exerçant un ministère sacerdotal auprès de mes confrères et des paroisses environnantes. Quand je fais face maintenant aux chrétiens de mon propre pays, parfois je retrouve ma timidité naturelle, mais j'entends encore la voix intérieure qui m'a tant poussé en avant au cours de ma vie : " Tout ce que je te dirai, tu le diras ! " Et cela me rend tout mon courage.

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