Voix d'Afrique N°109.


La poupée de Noël

Dans une grande surface, quand j'ai vu tout le monde qu'il y avait, je me suis mise à maugréer. "Je vais passer un temps interminable ici et j'ai encore tant de choses à faire". Noël commence vraiment à devenir une corvée. Ce serait tellement bien de me coucher et de me réveiller seulement après. Mais je me suis fait un chemin jusqu'au stand des jouets et là, j'ai commencé à maugréer contre le prix des jouets en me demandant si les enfants joueraient vraiment avec.

Du coin de l’œil, j'ai remarqué un petit bonhomme d’origine africaine d'environ 6 ans qui tenait une jolie petite poupée blanche contre lui. Il n'arrêtait pas de caresser les cheveux blonds et de la serrer doucement contre lui. Je me demandais comment un petit garçon pouvait choisir une poupée pour jouet. Puis, le petit garçon se retourna vers la dame près de lui : "Tantine, es-tu certaine que je n'ai pas assez de sous ? " Elle lui répondit avec un peu d'impatience : "Tu sais que tu n'avais pas assez avec les sous que tu as pris de ta tirelire pour l'acheter". Puis sa tante lui demanda "Reste-là, je reviens de suite. " Puis elle partit rapidement.

Le petit garçon tenait toujours la poupée dans ses mains. Finalement, je me suis dirigée vers lui. "Tu t’appelles comment ? " lui demandais-je. "Je m’appelle Bonaventure." "Pourquoi veux-tu une poupée ? " "Mais, c'est la poupée que ma petite sœur Sandrine désirait plus que tout pour Noël. Elle était sûre que le Père Noël la lui apporterait". Je lui dis alors qu'il allait peut-être la lui apporter. Il me répondit tristement : "Non, le Père Noël ne peut pas aller là où ma petite sœur se trouve maintenant. Il faut que je donne la poupée à ma maman pour qu'elle lui apporte". Il avait les yeux tellement tristes en disant cela. "Elle est partie rejoindre Jésus, m’a-t-on dit. Papa dit que maman va aller retrouver Jésus bientôt elle aussi. Alors j'ai pensé qu'elle pourrait prendre la poupée avec elle et la donner à ma petite sœur".

Mon cœur s'est presque arrêté de battre. Le petit garçon a levé les yeux vers moi et m'a dit : "J'ai dit à papa de dire à maman de ne pas partir tout de suite. Je lui ai demandé d'attendre que je revienne du magasin". Puis il m'a montré une photo de lui prise dans le magasin il y a quelque temps sur laquelle il tenait la poupée qui lui plaisait et qu’il désirait avoir, en me disant : "Je veux que maman apporte aussi cette photo avec elle, comme ça, elle ne m'oubliera pas. J'aime ma maman et j'aimerais qu'elle ne me quitte pas, mais papa dit qu'il faut qu'elle aille avec ma petite sœur". Puis il baissa la tête et resta silencieux.
Je fouillai dans mon sac à mains, en cherchant mes pièces d’euros et demandai au petit garçon : "Et si on recomptait tes sous une denière fois pour être sûrs ?" "Ok" dit-il. "Il faut que j'en aie assez". Je glissai mon argent avec le sien et nous avons commencé à compter. Il y en avait amplement pour la poupée et un peu plus.

Doucement, le petit garçon murmura : "Merci Jésus pour m'avoir donné assez de sous". Puis il me regarda et dit : "J'avais demandé à Jésus de s'arranger pour que j'aie assez de sous dans ma tirelire pour acheter cette poupée afin que ma maman puisse l'apporter à ma sœur. Il a entendu ma prière. Je voulais aussi avoir encore assez de sous pour acheter aussi une belle fleur à ma maman, mais je n'osais pas lui demander. Mais il m'a donné assez de sous pour acheter et la poupée et une belle fleur. Vous savez, ma maman aime tellement les fleurs."

Quelques minutes plus tard, sa tante revint et je m'éloignai en poussant mon caddie. Je terminai mon marché dans un état d'esprit complètement différent de celui dans lequel je l'avais commencé.

P. Pierre Féderlé M.Afr.

 

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