Voix d'Afrique N°77.....


Paul Gallen, originaire de Belle Ile en Mer, est missionnaire en Zambie.

Il nous partage son parcours

Un coup de poing, un ami

Un devin était passé dans un village de brousse, au fin fond de la Zambie. Paul Gallen était intervenu : " Tu n'es pas autorisé à faire des séances de divination en public, mais seulement en privé ! retourne chez toi ! " Cela n'avait pas plu à un villageois, un homme très costaud et plein d'audace. En colère, il va trouver le père Paul et lui donne un violent coup de poing sur la figure. La langue est fendue, le sang coule, le missionnaire met un mouchoir sur sa bouche et revient chez lui. Peu après, l'homme demande à la voir : " Père, donne moi une bible ! " et au lieu de montrer quelque rancune, il trouve un nouveau testament sur son bureau et le lui donne avec une dédicace amicale. C'est ainsi que se lie une amitié. Après cet événement, l'ami de Paul ne manque pas de lui apporter le plus gros poisson qu'il a pu trouver.

Près du lac Bangweolo, en Afrique centrale

Ceci s'est passé sur une petite île au milieu du lac Bangweolo, à l'Ouest de la Zambie. C'est non loin de là que Livingstone, le fameux explorateur du XIXème siècle, a rendu son dernier soupir après un immense périple en Afrique Centrale. C'est là que Paul Gallen a été envoyé comme missionnaire. Il aime ce lac et sa population. N'a-t-il pas vu le jour sur une autre île, la Belle Île sur l'Atlantique, au large de Lorient ?

Pour Jésus, le Christ


Ndola-Kasamba : L'équipe de construction de l'extension de l'orphelinat

L'idée de devenir missionnaire lui est venue lentement, comme naturellement. Né en 1948, il a hérité de sa famille une foi profonde. Il n'a pas vingt ans, en 1968, lorsqu'il demande à entrer chez les Pères Blancs (appelés aujourd'hui les "Missionnaires d'Afrique "). Il va étudier la philosophie à Strasbourg avant de suivre l'année spirituelle. C'est là qu'il découvre Jésus Christ, dans les Evangiles. Il n'est plus pour lui un prophète d'il y a deux mille ans, mais une personne toujours vivante, qui parle, enseigne, guérit ; c'est un ami dont la parole est toujours présente.

Chez les Wabemba

à Nkwazi : Mon gentil copain Joël qui vous salue par un formidable sourireIl a demandé à partir pour la Zambie, et c'est là qu'il est envoyé après son ordination en 1971. Comme tous les missionnaires, il a dû d'abord se mettre à l'étude de la langue et de la culture de la population locale, les Wabemba. C'est la rencontre d'une véritable culture. Les Wabemba sont naturellement religieux ; ils connaissent Dieu et s'adressent à Lui, comme au créateur et maître de l'Univers. Evangéliser, c'est guider les hommes à s'adresser à Dieu comme à un Père. Et c'est une véritable révolution !


Devins ou sorciers

A Ndola: vive la vie !De plus, les Wabemba entretiennent une relation bien spécifique entre eux et avec la nature. En Occident, loin de l'Afrique, on s'imagine volontiers que la vie des Africains en général est guidée par des "?sorciers ", affublés de masques, de casques et de peaux de bêtes, maniant toutes sortes de gris-gris pour jeter des sorts. Mais une telle image folklorique est fausse. La réalité, c'est le devin, celui à qui on va parler, exposer ses problèmes, pour discerner le bon chemin afin d'en sortir. Le devin est celui qui délivre de la peur de l'autre. " Pour un Bemba, tout prochain est un ennemi potentiel ". On est loin de l'Evangile : " Aime ton prochain comme toi-même " ! C'est là le message du Christ. C'est là la manière du Christ d'être délivré du démon.


Emilio se repose comme il peut.
Je l'avais photographié sans le reconnaître. Lui, le lendemain, m'a appelé par mon nom. Nous nous étions connus à Chilubi. Nous ne nous étions pas vus depuis douze ans.

Des communautés chrétiennes…

C'est à cela que Paul est initié avant d'être envoyé dans un poste de mission. Il y trouve des communautés chrétiennes très nombreuses, des foules qui remplissent les églises, qui prient et qui chantent avec ferveur. Il insiste à temps et à contretemps pour faire évoluer la relation à un Dieu abstrait vers une relation au Christ, celui de l'Evangile, celui qui nous enseigne l'Amour.

… qui se prennent en main

Il trouve des communautés chrétiennes sans doute ferventes, mais encore trop passives dans leur vie chrétienne. Il y a bien quelques groupes de prière, mais un peu trop refermés sur eux-mêmes au goût de Paul. C'est le moment où les évêques lancent l'organisation de " petites communautés chrétiennes ", un peu sur le modèle de l'Eglise d'Amérique Latine. Il appelle les chrétiens à prendre en main leur destinée, leur vocation. Jusqu'à présent, c'étaient les Pères qui organisaient les communautés chrétiennes ; aujourd'hui, elles s'organisent elles mêmes. Le prêtre est là pour partager la Parole et le Pain, pour les aider à discerner là où se trouve en vérité le Royaume de Dieu.

" Il s'assoit avec nous "

Si tu te sens un peu triste....   regarde....PaôlLe missionnaire s'assoit avec les gens. Il n'est pas rare, lorsqu'il arrive dans un village, d'entendre un groupe de gamins appeler " Honda ! honda ! " : seul le missionnaire conduit une motocyclette de la marque "Honda". L'un d'eux court avec une chaise sur la tête, aussi vite qu'il peut pour que Paul trouve de quoi s'asseoir lorsqu'il arrivera. Dans la langue locale on aime dire : " Il s'assoit avec nous ".

Aujourd'hui Paul est à Paris. Il a dû être rapatrié après un grave accident de voiture. Après avoir passé des semaines dans un plâtre, du talon à la hanche, il est venu achever ses soins. Mais il ne rêve que d'une chose, aller s'asseoir de nouveau avec ses amis près du lac Bangweolo, pour partager avec eux et parler du Semeur et de la moisson.

Voix d'Afrique



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