NOTICES BIOGRAPHIQUES

Père Jos Planken

1929 - - 2008

Jos est né le 20 janvier 1929 à La Haye, aux Pays-Bas. Pour devenir missionnaire, il est formé dans les séminaires St-Charles de Sterksel, près de Boxtel, de ‘s Heerenberg aux Pays-Bas, et de Monteviot en Écosse. Il fait son Serment le 2 juillet 1957 et est ordonné prêtre le 12 juillet 1958.

Ses formateurs notent que Jos a un jugement sûr et pratique. Il sait se débrouiller. Il est un homme de principes, méthodique, persévérant et déterminé. Il est toujours prêt à rendre service. Pendant ses années de théologie, il dirige la chorale et préside le cercle de missiologie.

Après son ordination, Jos est d’abord professeur d’histoire et de mathématiques à notre petit séminaire de Santpoort. Des années après, il écrira qu’il ne regrettait pas ces années en ajoutant : « J’ai un certain talent pour essuyer le tableau noir. »
En avril 1960, il est heureux de partir en Zambie, au diocèse de Kasama. Pour apprendre la langue et les coutumes, il est nommé aux missions de Kapatu et de Kalabwe. Il y devient directeur des écoles. Dans plusieurs succursales, il fonde des sections du mouvement Xaveri. Au début de 1962, il est envoyé à Malole, une des plus anciennes missions. Quatre confrères y travaillent avec une communauté de frères enseignants américains. Jos devient le responsable de trois coopérants étrangers venus bâtir la nouvelle école des frères.

Mais à l’été de 1962, l’évêque lui demande d’aller au petit séminaire de Katensha, encore pour y enseigner l’histoire et les mathématiques. Il y retrouve Fons Cox et Louis Degenhart. Son supérieur régional note alors : « Missionnaire excellent. Il réussissait bien dans le travail de paroisse. Maintenant, au séminaire, les étudiants apprécient ses classes. Il communique bien avec eux. Il trouve encore du temps pour visiter les villages des environs et pour donner des cours dans une école secondaire, à 12 km de sa résidence. Jos à cette époque s’intéresse aussi à la liturgie, à la musique, et essaye de promouvoir l’inculturation. »
En décembre 1963, Jos est envoyé à la paroisse de Lwena. Un jour qu’il visite des succursales, il est pris d’une faiblesse soudaine et tombe de sa moto. Ce n’est que plus tard qu’on se rendra compte qu’il s’agissait d’une attaque cardiaque. En septembre 1964, il rentre en Hollande pour des traitements médicaux. Et c’est ainsi qu’il quitte définitivement l’Afrique…

De décembre 1964 à août 1965, il fait du ministère à la paroisse St-Jacques de La Haye. Puis il est encore une fois nommé professeur d’histoire et de mathématiques au petit séminaire de Sterksel. Quand on ferme cette institution, Jos devient secrétaire provincial. Il continue toujours à faire du ministère en paroisse pendant les week-ends à Geldrop et puis à la paroisse Ste-Marie de Boxtel où il est nommé vicaire en octobre 1969.

À cette période, les prêtres ont commencé à faire beaucoup de réunions. Jos devient le secrétaire du doyenné. Il enseigne aussi dans une école d’infirmières et visite les malades.

En janvier 1971, Jos est nommé aumônier de l’hôpital Lidwina et de la clinique Lindenlust de Boxtel. Jos prend soin tant des malades que du personnel. Au-delà des techniques médicales des professionnels de la santé, Jos croit que sa mission est de leur donner un esprit de dévouement et de travail en commun.

En juillet 1977, Jos accepte de travailler deux jours par semaine comme curé de la paroisse St-Thérèse de Boxtel. À l’occasion de son installation comme curé, le personnel de la clinique lui fait la fête. Jos cumule aussi les fonctions d’aumônier de la Coopérative des fermiers, de l’Union des femmes catholiques, et de la branche féminine du scoutisme, les Guides. Avec l’aide d’un médecin, il fonde un « Social café », un lieu de rencontre pour les assistés sociaux. Jos devient leur délégué auprès du comité social de la ville. La ville lui demande alors de présider le comité d’accueil des réfugiés vietnamiens, les « boat people ».

En 1981, l’évêque lui propose de renoncer à l’aumônerie des hôpitaux et il le nomme doyen d’une zone rurale. Comme la nomination a été suggérée par les prêtres du doyenné, tous diocésains, Jos en est très fier.

En juin 1983, il devient aussi curé de Esch et y travaille quelques jours par semaine. « Comme doyen, une de mes priorités est de maintenir un bon niveau de vie spirituelle chez les prêtres. » Il souhaite être « humain » pour ses confrères et leur faire sentir qu’ils vivent « dans une famille ». À Esch, on apprécie ses sermons, la messe des familles, sa présence lors des ma­ladies et des deuils. Il met de l’ordre dans les archives de la paroisse.

En mai 1987, Jos est nommé curé de Beuningen, près de Nimègue. En novembre de la même année, il redevient doyen de 19 paroisses. Avec un pasteur, il travaille à l’accueil des réfugiés.
Quelques semaines avant son 65e anniversaire, Jos abandonne ses fonctions et va vivre à 's Hertogenbosch. Après quelques mois de repos, il recommence à faire du ministère lors de mariages ou de funérailles. Quelques fois par mois, il donne un coup de main dans des résidences pour malades.

C’est en rendant ce service, le jeudi saint 1998, que Jos est de nouveau victime d’une crise cardiaque. Il a de plus en plus de peine à marcher et doit se servir d’un fauteuil roulant quand la distance est trop longue pour ses forces.

Paul Donders s’occupera bien de lui en poussant le fauteuil de Jos pendant de longues promenades et aussi, lors de son dernier séjour à l’hôpital, en le veillant pendant la nuit. Mentionnons également une infirmière qui prit grand soin de Jos, de même que des religieuses. À tous Jos savait montrer sa reconnaissance et sa gentillesse.

Jos est décédé le 30 avril 2008. Ses parents et amis se joignirent aux confrères pour les funérailles à Heythuysen, le 5 mai 2008. Notre Provincial, Jan Mol, souligna les grandes qualités de Jos, son esprit d’initiative et son souci des autres. Jos était au service de tous, malades et bien portants, néerlan­dais ou étrangers, surtout les migrants et les réfugiés. Jos fut un homme fidèle.

Marien van den Eijnden





Père Pierre (Piet) VanderBeken

1917 - - 2008

Ce 11 avril, entouré de quelques confrères dans sa chambre de la maison de repos Notre-Dame d’Anvers, Pierre a encore pu célébrer l’Eucharistie pour remercier le Seigneur pour ses soixante-cinq ans de vie sacerdotale. Un mois plus tard, le 12 mai, il y est décédé.

Pierre est né le 23 septembre 1917, à Anvers, dans une famille nombreuse. Son père était un médecin spécialiste bien connu et président de l’association des médecins de la ville et de la province d’Anvers. À l’occasion de son jubilé d’or en 1993, Pierre nous a confié que c’est très tôt qu’il s’est senti appelé par le Seigneur : « Ma vocation, je l’ai entendue au moment de la consécration, le jour de Pâques 1924, le jour de ma première communion. Toute ma vie j’ai voulu rester fidèle à ce oui que j’avais donné, avec confiance et enthousiasme, comme petit gamin de six ans et de­mi. Cela a été possible grâce à l’appui que j’ai reçu de mes parents et de mes frères et sœurs ».

Après avoir accompli avec succès ses études secondaires au collège Notre-Dame des Pères Jésuites à Anvers, Pierre se présente à notre séminaire de Boechout. Son frère Antoine (Tony) l’y avait précédé d’un an. Au lieu des deux années habituelles d’études de philo, il y reste trois ans, ayant dû doubler sa première année. Probablement qu’il lui a fallu un peu de temps avant de faire la distinction entre la matière première et la forme substantielle, intégrer les problèmes ‘hylémorphiques’, et y voir clair dans les obscurités de l’histoire de l’Église. Il commence son noviciat à Varsenare en septembre 1938 et l’année suivante nous le trouvons au scolasticat d’Heverlee. Quand la guerre éclate, en mai 1940, les scolastiques s’enfuient et rejoignent notre maison de formation à Carthage. C’est là que Pierre fait son Serment missionnaire, le 28 juin 1942. Il y est ordonné prêtre par Mgr Gounot le 11 avril 1943. Il fait un peu de ministère à Tunis avant de pouvoir s’embarquer au mois de novembre, via Lisbonne, vers l’Afrique Centrale. Il est nommé au Burundi tout comme son frère Antoine.

Il vit et travaille pendant 25 ans dans le diocèse de Ngozi. Il commence à Gitongo où il est vicaire et apprend la langue. Puis il fait toute une série de postes, dont certains deux fois : Musigati, Musenyi, Merehe, Busiga, Ruganza, Nyamu­renza, Gatara, Rugari, Gisanze, Gitaramuka, Mukenke, Giteranyi, Gihanga. À une exception près (Rugari), il est toujours vicaire. Au sujet de son travail au Burundi, il nous confiait lors de son jubilé d’or : « Pendant vingt-cinq ans, j’en ai fait du ministère : instructions aux catéchumènes, adultes et jeunes, direction d’écoles primaires… Ce dont je me souviens surtout, c’est de l’administration des sacrements : plus d’un demi-million de confessions, des millions de communions, des milliers de baptêmes, des centaines de confirmations le même jour… J’ai béni des mariages et administré les derniers sacrements en nombre incalculable. Je me souviens des instructions, des sermons, des visites aux malades, aux prisonniers… »

En 1950, il prend son premier congé en Belgique et il fait la grande retraite à Mours en avril-mai 1951, avant de s’envoler vers le Burundi. La dernière année (1968-1969), il est chancelier et secrétaire privé de Mgr Kaburungu, l’évêque de Ngozi. En février 1969, Pierre doit définitivement quitter le Burundi pour des raisons de santé. Son frère Tony était décédé en 1964 au Burundi, à Gitega, à l’âge de 48 ans.

Comme il dit « ne pas se sentir mûr » pour rester en Belgique, Piet est nommé provisoirement à la maison généralice à Rome pour donner un coup de main au père Jacques Casier dans le travail administratif. Mais ce provisoire durera presque quinze ans. Il y fait du travail de secrétariat s’occupant de traductions, de statistiques, de l’imprimerie, etc. Il ap­prend la langue italienne de sorte qu’il peut assurer un peu de travail pastoral. De cette période de sa vie, Pierre parle volontiers et non sans fierté. Mais finalement les médecins jugent que le soleil de Rome est trop fort pour sa santé et il rentre en Belgique.

Après la session et la retraite à Jérusalem en 1979, Pierre est encore actif dans la province pendant une dizaine d’années. D’abord il est nommé officiellement à Bruxelles pour la pastorale flamande dans le doyenné de Saint-Gilles chez notre confrère Willy Delbeke. Il est également pendant quelques années aumônier dans une maison pour aveugles près de la Porte de Hal. À partir de février 1985, Pierre assure l’accueil à la rue de Linthout, tout en continuant son travail auprès des aveugles. Deux ans plus tard, en janvier 1987, il part se reposer à Namur, sur les bords de la Meuse, où il aime bien se promener.

C’est en févier 1989 qu’il reçoit sa dernière destination : la maison de repos Notre-Dame d’Anvers, pas loin de notre procure. Ainsi les confrères peuvent lui rendre régulièrement une petite visite. Même là, les premières années, il assure encore un peu de pastorale surtout auprès des jeunes comme aumônier des scouts.

Dans le petit bulletin de la province belge, Pierre a écrit son témoignage d’un ancien, intitulé Hymne à la vieillesse. Il y énumère tous les maux physiques dont il a souffert et dont il souffre, mais il conclut : « Comme vous savez, j’ai un caractère joyeux et je termine cette liste par le refrain d’une vieille chanson de ma jeunesse : Mais à part ça, Madame la Marquise, tout va très bien, tout va très bien ! ». Il y recommande de faire, à son exemple, des mots croisés pour garder l’esprit vif. Et il conclut : « Je suis heureux et bien content de pouvoir dire la messe presque tous les jours. Je fais chaque fois un bouquet spirituel de toutes les intentions qui m’ont été confiées et je remercie le Seigneur pour les vingt-cinq ans au Burundi et aussi pour les quinze ans passés à Rome et dont je garde un fantastique souvenir. Je pense beaucoup aux confrères qui nous ont précédés, comment ils aimaient Jésus. Je me sens fort uni à eux dans ma prière ». Et il termine une lettre très récente à un confrère avec son humour habituel : « Au ciel, papa et maman, avec douze frères et sœurs qui sont déjà là, m’attendent pour faire un barbecue, un peu comme à la pêche miraculeuse sur une de mes icônes ».

Le 17 mai nous nous sommes rassemblés dans la belle église St-Jacques à Anvers pour concélébrer l’Eucharistie d’adieu et remercier le Seigneur d’avoir choisi et envoyé Pierre, car il s’est donné lui-même et il a ainsi transmis le Seigneur à tant d’autres. L’inhumation a eu lieu dans notre cimetière à Varsenare

Dans la chambre de Pierre se trouvait au mur un texte joliment encadré avec les sept béatitudes des vieux jours :
Heureux ceux qui comprennent que mes mains tremblent, et que ma marche est difficile.
Heureux ceux qui parlent un peu plus fort et m’aident ainsi à mieux entendre.
Heureux ceux qui montrent patiemment leur intérêt pour mes souvenirs de jadis.
Heureux ceux qui ne remarquent pas que j’ai difficile à manger convenablement.
Heureux ceux qui écoutent quand je raconte pour la troisième fois la même histoire.
Heureux ceux qui m’offrent leur sourire et se montrent patients et disponibles.
Heureux ceux qui enlèvent les petits cailloux et les épines sur ma route vers le Père.
Quand j’aurai passé le seuil de l’éternité, je me souviendrai de tous auprès de Dieu.

Dries Fransen




Père Roger Luyten

1930 - - 2008

Roger est né en Belgique le 19 août 1930. Il est fils cadet d’une famille nombreuse très chrétienne de Borgerhout, une commune du grand Anvers. Dès sa jeunesse, Roger pense déjà à devenir missionnaire. Il fait ses études secondaires au Collège St- François Xavier à Borgerhout de 1942 à 1949. En 1950, il entre au séminaire de philosophie des Pères Blancs à Bouchout. Comme la plupart des Belges de cette époque, il fait son noviciat à Varsenare près de Bruges où il reçoit l’habit en 1952. Le noviciat terminé, il part pour Thibar en Tunisie pour y commencer sa théologie. Il la terminera à Carthage. Il est ordonné prêtre le jour de Pâques 1957, à l’âge de 27 ans.

Ses formateurs disent de lui, à cette époque, que « son intelligence n’est pas très forte mais qu’il travaille avec acharnement et qu’ainsi, il arrive à acquérir une science bien suffisante pour le ministère sacerdotal ». Son jugement est droit mais son bon cœur et sa sensibilité peuvent facilement l’influencer. Il aurait tendance à se laisser exploiter par les jeunes Tunisiens, croyant facilement tout ce qu’ils lui racontent. Il apprend vite l’arabe dialectal. Ses supérieurs disent de lui qu’« il est très attaché à la mission musulmane et qu’il profite de toutes les occasions pour entrer en contact avec les auto­chtones qui se présentent ». Roger accepte bien les remarques qui lui sont faites et il tient compte des avis qui lui sont donnés. Il est docile et se fait contrôler. Il a un excellent caractère, plein de bonne volonté et de dévouement. Assez timide, il est très généreux et obéissant.

Après son ordination sacerdotale, Roger fait une année d’arabe littéraire à la Manouba, en 1957-1958.
Il a un don pour les relations avec les jeunes et les gens simples avec qui il se sent très à l’aise. En 1959, il est nommé à Touggourt, en Algérie, où il étudie à fond l’arabe dialectal tout en étant vicaire pour les quel­ques chrétiens qui se trouvent dans cette région.

Suivent alors une série de nominations comme vicaire et professeur, une année à Djelfa, une autre à El Bayadh, deux ans à Béchar, puis, en 64, on le retrouve à Tamanrasset comme enseignant et directeur d’école. Enfin, en 66, il est sous-directeur au Centre de formation professionnelle à El Harrach (autrefois Maison-Carrée).

De 1968 à 1972, il étudie à l’Université d’Alger ainsi qu’à l’École supérieure d’interprétariat. Il y obtient un diplôme d’interprétariat d’anglais, ainsi qu’une licence en anglais. En 1979, il va faire une maîtrise en anglais à l’Université d’Aix-en-Provence.

C’est alors que Roger commence à sentir de véritables ennuis de santé. Sa santé avait toujours été fragile, mais à présent il souffre de graves dérangements intestinaux, d’arthrose dans le dos et les bras. La vésicule biliaire ainsi que la vessie lui causent également des ennuis. Petit à petit, son état le pousse à se renfermer sur lui-même. Ses souffrances et ses traitements deviennent trop souvent l’objet principal de ses conversations. Il souffre beaucoup de devoir réduire ses activités. Il n’a pas de résistance et a besoin de beaucoup de sommeil et de périodes de repos assez fréquentes. Le 18 mai 1982, Roger est obligé de revenir définitivement en Belgique à cause de l’aggravation de sa santé.

Durant deux ans, il collabore à El Kalima, le centre de dialogue islamo-chrétien à Bruxelles. Une des employées d’El Kalima a écrit après l’annonce du décès de Roger : « Le Père y a laissé un excellent souvenir. Non seulement, il était fort compétent dans le domaine des relations islamo-chrétiennes, mais il était aussi un homme solide (malgré sa santé fragile) sur qui on pouvait compter. Il y fut très apprécié par tous. »

En 1984, nous retrouvons Roger à Schaerbeek (dans le grand Bruxelles), pas le Schaerbeek chic situé au-delà du Boulevard Lam­bermont, mais le Schaerbeek populaire, le Schaerbeek pauvre, celui du quart-monde, des immigrés et de quelques quartiers chauds. Son appartement se situe au milieu de Turcs et de Marocains. Rappelons que plusieurs écoles de cette commune de Schaerbeek ont une population faite à 100 % d’immigrés ! Roger vit et travaille parmi les musulmans. C’est le diocèse de Malines-Bruxelles qui l’a nommé responsable des relations islamo-chrétiennes dans le doyenné de Schaerbeek-Nord. Il n’est pas seul dans son travail . Sur le même territoire, on trouve une communauté de Missionnaires de Scheut ainsi qu’une communauté de Jésuites très engagés sur le plan social. Le rôle de Roger est d’ouvrir la communauté chrétienne aux musulmans qui vivent dans ces quartiers très pau­vres. Il travaille également pour la commission Justice et paix ainsi que pour l’aide aux Palestiniens avec l’organisme Najdeh.

Roger avoue que le plus difficile pour lui dans son ministère est de devoir nager à contre-courant. Il vit entouré de préjugés, de fermeture, d’incompréhension, d’indifférence, tant sur place que dans le clergé. Il faut dire que les gens sont guidés et influencés par les mass media qui sont souvent très orientés. Dès lors, ils jugent d’après ce qu’ils ont entendu ou vu à la télé, à la radio ou dans la presse. On ne réfléchit pas, mais on se laisse porter et emporter et c’est très décourageant pour les ouvriers sur le terrain !
Par contre, Roger voit des signes d’encouragement dans les partages des joies et des peines de ces immigrés. Par ce biais, des liens en profondeur se nouent. Il ajoute qu’en rejoignant ces gens dans leur humanité concrète et réelle, il sent aussi le Royaume de Dieu en marche. On sent, dit-il, la proximité du Christ dans tout ce monde qui ne semble guère Le connaître.

En 1994, Roger reçoit une proposition de l’évêque de Liège : il est nommé curé à Saint-Jean-Sart et de là, peut prendre contact avec le monde des migrants du diocèse de Liège. Il devient aussi le responsable pour les mariages entre chrétiens et musulmans. Lors de la cérémonie organisée par les paroissiens de St Jean-Sart pour ses 70 ans, le président du conseil de fabrique, au nom du conseil paroissial, remercie chaleureusement le père curé pour son dévouement, pour tout le travail spirituel qu’il accomplit à la paroisse et surtout pour l’attention qu’il a pour les malades.

Mais, après 10 années passées dans cette paroisse, la santé de Roger se dégrade sérieusement. Il doit se résigner à rejoindre la maison de repos La Kan, à Aubel. Mais comme il lui est difficile de s’arrêter tout à fait, Roger continue à revenir tous les lundis et vendredis à Saint-Jean-Sart pour y célébrer une Eucharistie. Son dévouement est inépuisable. Les paroissiens sont unanimes à dire que ses célébrations sont préparées avec soin et remplies d’une grande profondeur religieuse. Il prend tellement son sacerdoce à cœur que les gens ont osé dire : « Si quelqu’un ne va pas bien à la maison de repos de La Kan ou à Saint-Jean-Sart, le Père Roger ne va pas bien non plus ».

Le 13 mai 2008, Roger ne s’est pas senti bien. Sur le conseil d’une religieuse de La Kan, il alla au cabinet médical pour se faire ausculter. Il entra dans le bureau, s’assit face au médecin et, sans faire de bruit, rendit son âme à Dieu. Il vécut dans la modestie et mourut de même.

Jean Boulanger




Père François Dornier

1913 - - 2008

Assurément, François Dornier a été une personnalité peu ordinaire parmi ses frères et un personnage singulier pour tous ceux qui l’ont connu de près ou de loin. C’était vrai au physique, une grande taille plutôt longiligne, mais c’était plus vrai encore de son tempérament vigoureux aux fortes convictions. Pas étonnant, pourrait-on dire, car il est originaire de Franche-Comté, de la haute région de Montbéliard, réputée pour le caractère trempé de ses habitants, autant que par la qualité de son élevage comme des produits de son terroir. François Dornier s’inscrit dans la lignée des Bisontins célèbres dans la Société : le P. Voillard, le P. Perruche et le P. Georges Jeanney, notre plus que centenaire.

François est né le 28 août 1913 à Montlebon, près de Morteau, dans le département du Doubs où sa famille ira s’installer. Son père était menuisier-charpentier. François avait ses racines dans la ruralité de sa terre natale. Sa famille très chrétienne a donné à l’Église, à chaque génération, un prêtre ou une religieuse.

À 13 ans, il entre au petit séminaire de Consolation, dans une vallée encaissée du Jura. À la même époque son frère Louis faisait, de son côté, des études qui le conduisirent à être, durant trente ans, rédacteur en chef du journal L’Est Républicain. Une certaine affinité peut-être, qui se manifestera aussi, par la suite, chez François.

En 1932, il entre au grand séminaire de Besançon. La vocation sacerdotale qui mûrissait en lui, trouve alors son orientation missionnaire à la suite d’une causerie faite par un Père Blanc de passage.

En 1934, il entre au noviciat de Maison-Carrée en Algérie ; puis, après avoir fait son service militaire à Tunis, il étudie la théologie en Tunisie, au scolasticat de Thibar qui s’est ouvert depuis peu, à proximité de l’exploitation agricole créée pour subvenir aux besoins financiers de la Société.

Durant cette période de formation, il se fait remarquer déjà par un ensemble de belles qualités : nature forte, dynamique, acharné au travail, chef de chantier, belle intelligence, plus analytique que spéculative, soucieux d’utiliser tout son temps et de lui faire produire le plus possible, parfois un peu tranchant, bel exemple de régularité. Bref, un sujet auquel on pourra faire confiance. Tout cela se retrouvera dans toute sa vie active et jusqu’à ses dernières années.

En 1939-1940, la guerre l’oblige à interrompre ses études. Il est ordonné prêtre par anticipation à Car­thage, le 15 septembre 1939, avant de rejoindre l’armée. Il est démobilisé en 1940 et revient l’année suivante au scolasticat pour terminer sa théologie.
Il est ensuite nommé à la maison de l’IBLA à Tunis, pour deux années d’étude de l’arabe. Il avait déjà commencé à apprendre la langue, ayant manifesté son désir d’œuvrer dans la région du Maghreb. C’est la période incertaine de la guerre. Est-il rappelé sous les drapeaux ? Toujours est-il qu’il est amené à faire du ministère durant deux années dans les paroisses de Sbeitla, Kairouan et environs. Il s’y est fait de nombreux amis dont certains lui sont toujours restés attachés.
De 1945 à 1946, on lui demande de faire un stage de formation agricole à Mirabeau, en Algérie où les Pères Blancs ont la gestion d’une petite exploitation.

Au terme de cette brève formation pratique, il est immédiatement promu responsable du domaine agricole de Thibar qui s’étend sur plus de mille hectares, dans les plaines et les collines environnantes. Il est en même temps supérieur de la communauté. Celle-ci comprend quelques Pères âgés desservant des paroisses voisines et une dizaine de Frères ayant chacun sa compétence dans les divers services de la ferme, dont une cave réputée pour ses crus. Durant 21 ans, avec l’étroite collaboration des Frères, il va considérablement développer la culture et l’élevage, valoriser les rendements, en y investissant lui-même tous ses talents personnels. Oliveraies, vignes, labours, pluriculture, reboisement par retenues collinaires selon les programmes officiels, sélections de bétail : moutons noirs, bovins croisés de zébus, etc. Mais il a aussi conscience que sa responsabilité ne se limite pas à ce côté matériel. Il a en même temps souci des aspects sociaux et humains que doit comporter une telle entreprise. Il construit et assure le fonctionnement d’une école primaire de garçons, soutient et développe l’école et l’ouvroir du village, tenus par les Sœurs Blanches, crée un centre de formation technique pour les jeunes gens, construit des logements sociaux pour les familles des ouvriers de la ferme. Il va souvent visiter ces familles, avec l’un ou l’autre des Frères, dans les villages ou les douars environnants pour leur témoigner intérêt, s’enquérir de leurs conditions de vie, et notamment de l’avenir des jeunes. Sa connaissance de la langue parlée donne à ces rapports un caractère plus familier. Il est en contact également avec les autorités et les fermiers du secteur. Finalement, il acquiert une compétence reconnue jusqu’au plus haut niveau de l’administration.


Vue arérienne du domaine de Thibar (Photothèque MG, Juan José Oses)

En même temps, et c’est à noter, il garde la fibre pastorale ; il va volontiers, les dimanches, assurer du ministère dans les paroisses d’alentour. Il anime aussi divers groupes chrétiens. Nombre de prêtres ou de laïcs aiment se réunir à la ferme dont ils apprécient l’accueil et le cadre.

Sa communauté n’est pas pour autant négligée. Il est d’une régularité remarquée aux exercices communs (et il le restera jusqu’à ses derniers jours). Il regrettera toutefois de ne s’être pas davantage soucié de soutenir les Frères, ses collaborateurs, qu’il avait en grande estime, et qui le lui rendaient bien.

Le nom du Père François Dornier reste attaché à cette région de Tunisie, dont les anciens habitants gardent encore un souvenir admiratif et ému. Le hameau de Thibar est devenu aujourd’hui un centre administratif doté de bonnes routes, de structures d’accueil et d’un lycée. Un modèle de développement rural dans une zone relativement démunie. Dès cette période, il avait rédigé un cahier, Politesse tunisienne, qui sera réédité en 1998.

En 1967, un successeur est trouvé pour diriger l’exploitation. Le Père Dornier va poursuivre son activité ailleurs. Il est nommé à la communauté de Bordj-Mira, en Algérie, dans les gorges de Kherrata, non loin de Sétif, en Petite Kabylie. C’est encore le lieu d’une exploitation agricole, mais de bien moindre importance. En fait, le P. Louis Juguet, son prédécesseur, y avait installé et lancé un centre de formation professionnelle agricole pour les jeunes adultes de la région. Avec le même allant et le même enthousiasme, mais surtout avec sa compétence confirmée, François Dornier retrouve une responsabilité de formation professionnelle au bénéfice de jeunes futurs techniciens agricoles de l’Est algérien. Durant 9 années, aidé en particulier par le Frère Gérard, et avec la collaboration de jeunes français de la D.C.C (Direction catholique de la coopération), il y coule des jours heureux. Il aime en particulier assurer aux jeunes les cours de formation humaine. Il noue de nombreux contacts avec la population environnante et les responsables des services agricoles. Seule, vint assombrir cette période, la noyade accidentelle de son confrère le P. Maurice Cuchet en 1972, lors d’une sortie sur la côte, avec le groupe des stagiaires.

En 1976, l’Algérie nationalise tous les établissements privés, les écoles, les centres de formation professionnelle ou d’action sociale. La maison va fermer. La communauté se disperse en diverses directions. François Dornier retourne alors dans sa Tunisie et rejoint la communauté de La Marsa, tout heureuse de le retrouver. Il aura œuvré 30 années pour le développement rural.
Là encore, il est amené à s’investir dans la formation professionnelle des jeunes. Il renoue avec tout un réseau de connaissances et d’amis qui l’apprécient, et pas seulement pour ses compétences. En même temps, il est chargé de représenter auprès du gouvernement tunisien une ONG néerlandaise pour le développement rural dans le Nord-Ouest de la Tunisie.

Mais, à cette étape, on doit souligner un aspect inattendu de sa personnalité, ce que ses proches ont appelé le miracle Dornier. Cet homme de plus de 80 ans, toujours actif et en mouvement, consacre une bonne partie de son temps à des recherches historiques et archéologiques. Il devient un lecteur assidu de la bibliothèque du musée de Carthage. Il se plaît à faire visiter les sites romains et à commenter les anciens vestiges chrétiens de l’endroit. En 1997, à la demande de l’évêque du lieu, il rédige un livre de quelque 650 pages, Les catho­liques en Tunisie au fil des jours, relatant l’histoire des diverses paroisses et communautés catholiques du diocèse, depuis la fin du 19e siècle. Il sera édité à Tunis en 2000 par l’Im­primerie Finzi. Travail fouillé de documentation qui a nécessité plus de trois ans de nombreuses et minutieuses recherches.

Auparavant, en 1991, dans un cahier ronéoté de 160 pages, il avait relaté, avec quelques notes archéologiques sur la localité de Thibar l’Histoire des Pères Blancs et des Sœurs Blanches en cette région de Tunisie, de 1895 à 1975.
Durant cette même période, en 1999, il rassemble dans un fascicule toutes les informations qu’il a pu recueillir sur l’origine, l’extension et la disparition du christianisme au Maghreb. Il le présente en ces termes qui expriment bien l’intention de son travail, non moins que son souci permanent d’investigation et d’archivage : « Ces pages n’ont rien d’original, rien de personnel. Leur ambition, si elles en ont une, est d’être un complément du livre Les Catholiques en Tunisie au fil des jours. Ce travail est… à l’image des mosaïques, si nombreuses dans les basiliques, dont les morceaux sont agencés par un artiste. La différence réside en ce fait que l’agencement des morceaux n’est pas le fait d’un artiste, que ce soit en mosaïque ou en toute autre chose ». Un artiste, peut-être pas, mais un talent d’archiviste certainement.

En 2002, il a 89 ans, la fatigue l’oblige à regagner la Province de France. Il est nommé à la maison de retraite de Bry-sur-Marne.
Il y apporte ce qui lui reste d’énergie, d’entrain et de bonne humeur. Il commence à s’investir dans l’entretien du parc, plus particulièrement des arbres et des diverses plantations. Il va arracher à la pioche une haie d’énormes thuyas, il nettoie, sarcle, ébranche. Jusqu’à la limite de ses forces, on le voit en tenue de jardinage, piochant encore pour planter une haie de lauriers qui clôture la maison.

Mais, en même temps, comme en Tunisie, on le retrouve étonnamment animé par le même souci de recherche documentaire. Il s’applique en chambre à rassembler les informations consignées dans les diaires de plusieurs communautés de Kabylie. Cela va lui demander plusieurs années de recherches assidues . Il va passer des semaines à Rome, pour consulter les archives de la maison généralice. Il tape lui-même sur ordinateur les documents, avec l’aide de son neveu Michel qui fait la mise en pages. Cela prend la forme d’un cahier de 272 pages : Au fil des jours, sur les pas des Pères Blancs en Kabylie (pro-manuscripto).
Enfin, on lui doit également une présentation de la personnalité et de la pensée du Père Henri Marchal concernant la rencontre islamo-chrétienne, à partir de ses écrits et, en particulier, du fascicule Sagesse et Apostolat, rédigé par le Père André Demeerseman.

Volontiers prolixe en paroles, y compris dans ses homélies où il abonde en anecdotes et souvenirs personnels, François Dornier s’ingénie également à taquiner ou à provoquer ses confrères dans le souci évident d’entretenir la bonne humeur. De fait, les répliques plaisantes lui font écho, laissant percevoir comme sa signature, dans quelques intonations invétérées de son terroir natal.
Il est aussi d’une grande fidélité aux moments de prière communautaire auxquels il participe avec une piété profonde exprimée avec beaucoup de conviction.

À travers les visites qu’il reçoit on découvre la fidélité de ses nom­breux amis et l’attachement des membres de sa famille. Il a été particulièrement heureux des visites de sa nièce Bernadette qui réside dans la région parisienne. Aussi longtemps qu’il en a eu la force, il a fait d’assez fréquents séjours chez les uns comme chez les autres, en divers coins du nord et du sud de la France.
Les derniers mois, ses forces diminuent plus nettement. Il a beaucoup maigri , s’est affaibli et ne se nourrit plus guère. Finalement, son état d’épuisement est tel qu’il doit être transféré à l’hôpital Saint Camille où des confrères le visitent et l’assistent. Au bout de quelques jours, le 22 mai 2008, il s’y éteint d’épuisement, dans sa 95° année. Il a été inhumé dans le caveau de la Société, au cimetière de Bry-sur-Marne.

Dans l’homélie de la messe, fut intégré le message du P. Raphaël Deillon, assistant du P. Supérieur général. Il y décrit en quelques traits sa riche personnalité : « Un homme au grand cœur, de grande stature physique et spirituelle, imposant mais conciliant, acharné au travail manuel et intellectuel, toujours prêt à partager le reste de son temps avec ses confrères. Un homme aux doigts verts, (son activité agricole) à la matière grise très vive et à la plume alerte. Fouineur et chercheur, archéologue et historien ».

Étonnante et attachante personnalité, en vérité ! « Un géant de travail et de gentillesse », dira la notice de présentation. En tout cas, une belle figure de missionnaire, au sens le plus complet et le plus moderne du terme. Un de ses proches confrères l’a encore défini : « C’était un ardent, parfois un peu mordant, mais avec un cœur très grand, et j’ai envie d’ajouter : un cœur profond, comme le bleu de ses yeux ».

Jean Fisset

 




Père Rodolphe Roy

1913 - - 2008

Le Père Rodolphe Roy est né le 26 avril 1913 à L’Acadie, dans le diocèse Saint-Jean-Longueuil, au Québec. Il est l’aîné d’une famille de 14 enfants. Une famille de cultivateurs, pauvre, mais remarquablement unie, et profondément chrétienne. Une de ses sœurs deviendra Sœur Blanche d’Afrique. Il fait ses études secondaires au Collège de Montréal, chez les Sulpiciens. À la fin de ses deux années de philosophie, il demande son admission au postulat des Pères Blancs à Éverell, près de Québec. Cette année au postulat lui servira aussi de première année de théologie. Il a dit devoir l’éclosion de sa vocation missionnaire aux bonnes animations des Pères Blancs dans son collège, entre autres les longs exposés du Père Bissonnette qui leur parlait de l’Afrique et des Pères Blancs avec une grande ferveur. La perspective de la vie communautaire chez les Pères Blancs l’a particulièrement attiré, avec le désir de travailler en Afrique.

Le Père Roy commence son noviciat en septembre 1934 à Maison-Carrée en Algérie. Suivent une année de scolasticat à Thibar en Tunisie et deux ans à Carthage. C’est là qu’il prononce son Serment missionnaire, le 27 juin 1937, et qu’il est ordonné prêtre le 11 juin 1938. Ses professeurs le classent parmi « les bons sujets ». Il réussit bien dans ses études, sans fournir un travail extraordinaire. On lui reproche ce­pendant une tendance à surestimer ses propres idées et à manquer de mesure dans les discussions.

En juillet 1938, il célèbre sa première grand-messe au Canada, dans sa paroisse de L’Acadie. Pendant ce congé, il reçoit sa nomination pour l’Afrique. D’abord on pensait l’envoyer en Ouganda, ou bien pour des études à Rome. Mais comme on ouvre le scolasticat d’Eastview, près d’Ottawa, au mois de septembre suivant, et qu’on manque de personnel, on lui demande d’y aller comme professeur. Cette nomination qui devait être temporaire se prolonge pendant 10 ans. C’est qu’il réussit bien dans l’enseignement et qu’il est apprécié comme directeur spirituel. Mais sa tendance à tenir à ses idées lui cause parfois des problèmes, surtout avec les autres professeurs.

À l’été 1948, Rodolphe reçoit sa nomination pour le Nyassa-Nord, le Malawi actuel, chez le Père Marcel St-Denis, alors préfet apostolique. Il est nommé à la paroisse de Katete et il en est heureux. Voici ce qu’il écrit : « Enfin j’allais connaître la vie de brousse… La joie de travailler directement dans les villages, avec les gens dont j’avais parlé bien des fois à nos scolastiques, ces Africains que j’aimais mais que je ne connaissais toujours pas. » Il vit à Katete une vie de bonheur. Sa nomination comme professeur au grand séminaire de Kachebere en octobre 1949 lui cause une déception : « J’avais cru que j’en avais fini avec les maisons de formation et qu’on me laisserait dans la brousse… » Et pourtant son stage à Kachebere dure jusqu’en septembre 1957. En plus d’être professeur, il assure l’économat du séminaire pendant quelques années. Il s’acquitte de ces fonctions avec zèle. Il est actif, débrouillard, et consciencieux. Mais son caractère bouillant lui cause souvent des problèmes. Son esprit surnaturel l’aide à se reprendre et à s’améliorer. Il mentionne dans ses lettres qu’il ressent de plus en plus la fatigue et qu’il aspire à retourner dans la brousse.

En septembre 1957, le Père Roy part en congé au Canada. Son repos va se prolonger pendant 2 ans. Il retourne alors dans le diocèse de Mzuzu. La première année, il est économe diocésain. Il fait bien ce travail car il a le sens des affaires. Mais sa rigidité et son intransigeance ne le font pas aimer de tout le monde. En 1960, il est bien content de devenir curé de Lunyangwa, puis de Nkhamenya, et de Mzimba jusqu’en 1970. Il écrit à ce sujet : « La période la plus heureuse de ma vie missionnaire fut certainement celle où j’étais en charge d’une paroisse. Le contact réel, souvent intime avec les Africains, l’effort que nous faisions pour mieux les connaître et les aider à régler leurs problèmes, la découverte de leurs grandes valeurs humaines et religieuses, furent pour moi toute une série d’expériences que j’ai aimé à vivre. C’était la vraie vie et j’étais heureux. » Comme il est indépendant dans ses méthodes d’apostolat, il a souvent des difficultés à travailler avec ses confrères. C’est un gros travailleur et un bon organisateur qui s’épuise facilement, parce qu’il est porté à tout faire lui-même.

En 1970, Mgr Jobidon lui demande de s’engager plus particulièrement pour le développement dans son diocèse. Rodolphe devient son coordinateur du développement dans le diocèse de Mzuzu, à partir de Mzambazi, Mzuzu et Mzimba. Il commence d’abord par les Cercles de fermiers (Farmers Club) pour aider les gens à produire plus, en s’associant par groupe de 5 fermiers, et passer de la culture manuelle à la culture attelée. Puis il lance les Caisses populaires (Credit unions) pour amener les petites gens à économiser et à prévoir les moments difficiles. En 1978, Rodolphe a reçu une décoration de l’African Coope­rative Savings and Credit Associa­tion qui lui fut remise à Nairobi à titre de pionnier dans la fondation des Caisses populaires au Malawi. En plus de ces services, le P. Roy a été en charge ad intérim du tribunal diocésain, puis s’est dévoué comme aumônier d’une école technique et, plus tard, d’un hôpital. Les dernières années de son travail dans les Caisses, il rencontre des oppositions. On lui reproche de s’occuper de choses qui ne sont pas de son domaine. Et puis avec le temps, sa santé diminue de plus en plus. En 1994, les raisons s’accumulant, il prend la décision de rester au Canada.

Après deux ans comme assistant à la procure de la rue St-Hubert, le Père Roy est nommé à Lennoxville. Il y prend sa retraite et offre une autre forme de collaboration à la mission.

Ces dernières années, sa santé s’était bien détériorée. Il se déplaçait en chaise roulante et avait de la difficulté à communiquer. Il est décédé à Sherbrooke le 31 mai 2008. La veillée funèbre a eu lieu à notre maison de Lennoxville et les funérailles y ont été célébrées le 3 juin. Par la suite il a été incinéré et le 7 juin une messe a été célébrée dans sa paroisse pour ses parents et ses amis. Les cendres ont été déposées dans le lot familial à L’Acadie.

Le P. Richard Dandenault a prononcé l’homélie des funérailles. En voici quelques extraits : « Cette célébration est une action de grâce et une reconnaissance. Reconnaissance à Dieu, certes. Reconnaissance des communautés de l’Église du Ma­lawi, marquées par son action et sa présence. Reconnaissance également du P. Roy à l’Église du Mala­wi car il a souvent mentionné à quel point cette Église et ses communautés lui avaient apporté par ses richesses culturelles, ses valeurs humaines et son soutien affectif… Merci, Père?Roy, de tout ce que tu nous lègues par ton témoignage humain, chrétien et missionnaire. Que le Seigneur te garde et te le rende… »




Père Louis (Ludwig) Jost

1916 - - 2008

Ludwig est né le 3 octobre 1916 à Honsfeld, à l’époque petit village de la Prusse Rhénane. Il est donc né allemand et devint belge en 1919 lorsque, au Traité de Versailles, sa région natale fut donnée à la Belgique. Il est le deuxième d’un premier mariage. Il a quatre ans lorsqu’il perd sa maman. Un second mariage ajoutera trois enfants. Sur les huit, quatre se consacreront au Seigneur. Quand Louis a 17 ans, son père, travailleur aux chemins de fer, meurt noyé dans un petit lac près de chez lui, par temps d’orage.
Après une scolarité en allemand, Louis poursuit ses études secondaires au petit séminaire de Saint-Trond, où il a dû se mettre simultanément au français et au néerlandais. Et Dieu sait s’il s’en est bien tiré. Entré à Boechout en 1935, on note déjà qu’il est un Belge parfaitement trilingue. Il fait son noviciat à Varsenare et entame ensuite les études de théologie à Heverlee, en septembre 1938.

En mai 1940, la guerre oblige les scolastiques à s’enfuir à travers la France, en direction de l’Algérie, où se trouve encore à cette époque la maison mère de la Société. Il s’agit pour Louis de fuir, car il redevenait allemand : le Grand Reich reprenait ce qu’il avait dû céder en 1919. Louis nous a laissé un récit détaillé de cet exode qu’il partage avec quelques confrères : routes encombrées par des colonnes de soldats belges ou britanniques ou d’ailleurs, colonnes de civils cherchant refuge en France et souvent sous les bombes. Ce qui est certain c’est que Louis rejoint Carthage et y continue ses études jusqu’à l’ordination sa­cerdotale, le 4 avril 1942. Il est destiné à la mission au Burundi mais il n’y arrivera que le 31 décembre 1943 ! En attendant, il s’occupe à diverses tâches avec une eucharistie quotidienne chez les Sœurs Blanches… Un jour, il est désigné pour tenir compagnie à un confrère resté seul dans une bourgade du Sud, Sbeitla. « Comme je me sentais heureux ! Occasion unique d’aller vivre en mission, rêve de tout missionnaire… »

Mais les événements vont se précipiter. Avec le débarquement allié en novembre 1942 à Alger et celui des Allemands à Tunis Louis vit une fois de plus des heures tragiques. Son esprit pratique lui fait prendre des initiatives heureuses. Des Allemands, il obtiendra ainsi un transport de blessés à Kairouan et des Américains, le transport d’un garçon blessé à Tebessa. Et tous s’en tirent au mieux, à la grande joie des familles. Pour tout ce beau travail, patriotique, humain et missionnaire, Louis, reconnu comme faisant partie du personnel de la défense passive de Sbeitla, a reçu la Médaille commémorative de la guerre 39-45 avec barrette « Défense Passive ».

En août 1943, il dit adieu à Sbeitla et à ses habitants. La nouvelle vient de Carthage : tous les jeunes prêtres belges doivent quitter le poste qu’ils occupent pour rejoindre Carthage. Sous la houlette du Père Albert Garin, ils doivent essayer de rejoindre le Congo Belge. C’est une fameuse odyssée de près de 5 mois avec escale à Tunis, Alger et Casa­blanca. Les paquebots portugais en route vers l’Angola naviquent en haute mer ! Deux liberty-ships rentrant au Portugal les amènent à Lisbonne et en novembre 1943, au départ de Porto, ils mettent le cap sur l’Angola. À partir de Matadi, c’est alors la traversée du pays, en train, sur le fleuve, par transport routier. Louis fête Noël à Albertville et le 31 décembre 1943, il arrive enfin au Burundi !

Louis est nommé à Muramba en janvier 1944 et six mois plus tard à Kiganda. En août 1945, alors qu’il vient d’être désigné comme professeur et surtout économe au petit séminaire de Mugera, il reçoit une nomination pour le Mozambique. Le Père Garin n’était sans doute pas pour rien dans ce choix. Ils ont dû s’apprécier depuis longtemps. Mais quand un évêque tient à son monde ! Mgr Grauls, son évêque, intervint : « Parmi tous les jeunes confrères que nous avons reçus, c’est certainement le père Jost qui s’est le plus attaché à l’Urundi, qu’il a demandé, étant encore à Carthage. Son départ serait une très grosse perte pour le Vicariat d’autant plus qu’il est maintenant complètement lancé, qu’il a très bien appris le kirundi, auquel il s’était déjà bien appliqué en Afrique du Nord. Il n’est pas plus qualifié qu’un autre et ne sait pas un mot de portugais ! » Avec de tels arguments, la nomination en resta là. Louis poursuit à Mugera jusqu’en décembre 1946. Pendant un an, il assure avec satisfaction un intérim à l’économat général de Bujumbura.

Il est supérieur de la mission de Rutovu depuis un an lorsque, roulant en moto, il est renversé par un camion de 3 tonnes dont deux roues arrière lui passent sur le corps. Nous sommes le premier janvier 1949 et les choses ne pourront pas s’arranger sur place. À cette occasion, il revoit une Europe qu’il a quittée en mai 1940 et pourra par la même occasion célébrer à Honsfeld sa messe de prémices ! À son arrivée à Anvers, il présente une perte pratiquement complète de l’usage de la jambe gauche… Après une intervention pratiquée le 5 mai 1949, sa démarche reste fortement claudicante mais non douloureuse. On constate un raccourcissement de 4 cm de la jambe gauche et une notable hypotrophie des muscles… Sa situation est considérée comme définitive.

De retour au Burundi, Louis reçoit sa nomination de supérieur de la mission de Bukeye. Il a certes le souci de faire marcher sa mission, mais se montre trop autoritaire… L’expérience aidant, il pourra s’améliorer. Il souffre alors d’un rétrécissement de l’œsophage qui l’oblige à retourner en Belgique pour quelques mois. L’opération n’a pas lieu et il devra vivre avec ce nouveau problème qui ressurgira pour compliquer le bon fonctionnement de l’appareil digestif dans ses vieux jours.

Le Burundi connaît alors des jours de plus en plus agités. 1952 est l’année où le pouvoir colonial réorganise l’administration indigène pour que les masses sans pouvoir soient mieux représentées. Des réformes essaient de se mettre en place. L’indépendance se prépare avec l’éclosion, dans une certaine anarchie, de nombreux partis politiques (25 à la fin de 1961). Durant cette période, Louis retrouve plusieurs fois le petit séminaire de Mugera et devient professeur d’anglais dans une école pédagogique. Pendant plus de trois ans, il est à la tête de l’imprimerie Lavigerie à Bujumbura où il peut exercer ses dons d’organisateur et ses compétences financières.

Il se voit confier la fondation de Bugenyuzi en 1963 et celle de Murayi en 1969. Comme toujours, il s’y met avec enthousiasme. Son tempérament de chef s’y révèle à fond. Ce qui compte surtout pour lui, c’est l’œuvre à réaliser et les personnes n’ont qu’à marcher…

Malgré les séquelles de l’accident, il est capable de se déplacer et ne s’en prive pas quand il peut profiter d’une partie de chasse. Il a bien sûr une voiture et aime sortir. Le 20 juin 1969, il revient avec le P.Vekemans de Butwe où ils ont assisté à la bénédiction de la nouvelle église. Ils sont bloqués et assaillis par quatre bandits qui brisent les phares et les laissent meurtris près du véhicule après leur avoir enlevé montres et argent. Un camion arrive heureusement peu après qui les transporte à l’hôpital de Gitega. C’est Louis qui est le plus touché : fortement blessé à la tête, ayant perdu beaucoup de sang. Le moral est cependant intact ! Ayant aménagé un ensemble de bâtiments très simples et très fonctionnels à Murayi (ancienne succursale de Giheta), il y séjourne souvent, avant de se voir confier un travail semblable à Mushasha (succursale de Gitega). Il faut dire qu’il a quelques difficultés à partager le travail d’une équipe et que ses prothèses lui causent pas mal de soucis.

À partir de janvier 1978, Louis passe quatre années à Heusy : longue convalescence où il apprend à remettre tout seul les os qui se déboîtent, à prendre sa place dans la communauté, à renouer avec le beau pays de ses ancêtres. Il n’a pas oublié le Burundi qu’il retrouve en 1982 jusqu’à son expulsion (partagée par tant de confrères) en 1984. Il y revient encore en 1989, après la chute de Bagaza pour le quitter définitivement en 1993, ne pouvant supporter les massacres consécutifs à l’assassinat du nouveau chef de l’État, Melchior Ndadaye.

En novembre 1993, Louis revient donc définitivement en Belgique et résida à Heusy. En avril 2007, Louis rejoint la maison de repos et de soins Saint Joseph à Liège. C’est pour lui une nouvelle épreuve. Il avait souhaité finir ses jours dans son pays natal. Pour nous, à Liège, ce fut l’occasion privilégiée d’apprécier sa force de caractère et sa foi inébranlable. Il s’est éteint le 29 janvier 2008.

Le curé doyen de Büllingen qui prononça l’homélie en allemand lors des funérailles nous rappela d’heureux souvenirs : « Père Louis avait quitté l’Eifel, sa région natale, et avait trouvé dans sa société missionnaire, et surtout au Burundi, une nouvelle famille et une nouvelle patrie. Il est toujours resté un prêtre et un apôtre au grand cœur, un homme aux contacts faciles, fidèle à la prière, mais aussi un homme « modeste » de l’Eifel, avec une bonne dose de sens commun et pratique. Revenu au pays, il nous visitait régulièrement dans notre Eifel, séjournait volontiers à Honsfeld, visitant connaissances et famille. Il faisait des remplacements dans les paroisses, fréquentait les pensionnés, participait aux réunions amicales des prêtres, allait aux fêtes et funérailles aussi longtemps qu’il le pût physiquement. Nous sommes reconnaissants de l’avoir connu si longtemps. Cher Père Louis, merci pour ta fidélité et ton amitié, pour ta franchise et ta fermeté courageuse. Que Dieu apaise la nostalgie profonde qui habitait ton âme assoiffée du Dieu vivant ! »

Les funérailles eurent lieu à Honsfeld. Le clergé de l’endroit y tenait. Et c’est à Honsfeld aussi qu’il repose, à sa demande, au milieu du cimetière, aux côtés de son ami, l’abbé Joseph Mostert, dernier curé de l’endroit.
« Ton serviteur, Seigneur, s’en est allé en paix ! »

Paul Devigne



PROFILES

Father Jos Planken

1929 - - 2008


J Jos was born on the 20th of January 1929 in The Hague, Netherlands. In view of be­co­ming a missionary, he received his Formation in Sterksel, St. Char­les, Boxtel, ´s Heerenberg, and Mon­teviot, Scotland. He took the Oath on the 2nd of July 1957 and was ordained on the 12th of July 1958.

Jos had a sound, practical judgment and was quite handy. He was a man of principle, methodical, persevering and resolute. He was ever ready to render a service. During his theological studies, he was a choirmaster and chairman of a Mission group. He started off as teacher of History and Mathematics in our minor seminary in Santpoort. Later, he wrote that he was not sorry about that; ‘I do have some traits of a ‘chalk-pit donkey’! In April 1960, he was happy to leave for the Archdiocese of Kasama, Zambia. To learn the language and customs, he was sent to Kapatu, and later on to Kalabwe, where he was put in charge of the schools. In several church villages, he started sections of the Xaveri youth movement. In early 1962, he was sent to Malole, one of the oldest parishes with four priests and a secondary school run by American Brothers. Jos looked after the three volunteers (‘Kajotters’) who were building a new school for the Brothers. After some months, in June 1962, the Archbishop asked him to go to Katensha minor seminary, again for History and Mathematics. There he was together with Fons Cox and Louis Degenhart.

His Regional Superior described him as ‘An excellent missionary. He liked parish work and did it well. Now in the seminary he is teaching well, is appreciated by the students, and associates with them. He still finds the time to go and visit the villages in the neighbourhood, and to teach in a secondary school 12 km away.’ Jos was interested in the inculturation of the liturgy.

In December 1963, Jos was sent to Lwena parish. On one of his safari’s to the church villages, Jos was overcome by a weakness and fell from his bike; only later was it discovered that it had been due to heart problems. In September 1964, he went to Holland for further treatment. It became a permanent good-bye to Africa. From December 1964 to August 1965, he did supply work in the St. James parish of The Hague; he was then sent to our minor seminary in Sterksel, again for History and Mathematics, with weekend supplies in Geldrop. When Formation was discontinued there, Jos became the Provincial Secretary with supplies in the St. Mary Regina parish in Boxtel. From October 1969, he became the full-time third pastor there. It was the time of discussion groups and Jos had to attend; for the deanery meetings, they needed a secretary; he taught in a nurses’ training school and visited the sick.

In January 1971, Jos was appointed for pastoral care to Lidwina Hospital and to Lindenlust nursing home in Boxtel, both for patients and personnel. For the latter, he saw it as his task to inspire them, beyond mere skills, to work together and to be wholeheartedly dedicated. From July 1977, Jos was asked to give two-fifths of his time as pastor of the St. Theresa parish in Boxtel. On the occasion of his installation there, the personnel of the nursing home arranged a huge bower of gladiolas. In addition to regular pastoral work, he became chaplain of the farmers’ cooperative, the Union of Catholic Women, and the Girl Guides. Together with a general practitioner, he started a ‘social café’, a meeting place for people depending on welfare, and as their representative, he became a member of the Social Committee of the local authority. This authority asked him to become the chairman of a Committee for the refugee centre of the Vietnamese boat people. In the second half of 1981, the Archbishop discharged him from pastoral care in the hospital and the nursing home and appointed him Rural Dean on the advice of the pastors, all diocesan priests. Rightly so, Jos was quite proud of that. In June 1983, he also became pastor in Esch for two-thirds of his time. ‘As Dean, I see it as one of my priority tasks to maintain a good spirit among the priests.’ A few lines before that, he used in this context the terms ‘humane’, and ‘homely’. In Esch, he was appreciated for his sermons, the family Eucharist, his presence in times of sickness and mourning, putting in order the parish archives, and his wide interest in all that was going on in Esch.

In May 1987, Jos was appointed pastor in Beuningen, close to Nijmegen; and in November that year, again Rural Dean of the 19 surrounding parishes. Together with a Presbyterian pastor, he devoted himself to asylum seekers.

In January 1994, some weeks before his 65th birthday, Jos received an honourable discharge and went to live in ’s Hertogenbosch. After some months of rest, he started accepting supplies, funerals and weddings; later on were added two nursing homes twice a month, and later again two more nursing homes. During such a service on Maundy Thursday 1998, Jos suffered a heart attack; walking became difficult, and for longer distances, he became dependent on a wheelchair. Paul Donders showed him many kindnesses, from going for walks with him in his wheelchair to sitting up with him during nights in hospital.

For many years, Nurse Wouters took good care of him, for which Jos was very grateful. In later years, Sisters came to live in the same block of flats and started helping her. A confrere characterised Jos in that period as a gentle person.

Already for some time his health had been going up and down. Jos died on the 30th April 2008. His relatives and friends joined his confreres for his burial in Heythuysen on the 5th May. Jan Mol, our Provincial, emphasised Jos’ creative initiatives, showing concern for others, particularly those in difficult circumstances. As a genuine Missionary of Africa, Jos was at the service of the healthy and the sick, his compatriots and migrants or asylum seekers. He was faithful to himself and to the people around him.

The kingdom of heaven is like leaven which a woman took and hid in 3 measures of meal, till it was all leavened. Matthew 13: 33

Marien van den Eijnden





Father Pierre (Piet) VanderBeken

1917 - - 2008

On the 11th April this year, encircled by confreres in his bedroom at Our Lady of Antwerp rest home, Pierre was still able to celebrate the Eucharist to thank the Lord for his 65 years of priesthood. A month later, he passed away there on the 12th May.
Pierre was born on the 23rd September 1917 at Antwerp into a large family. His father was a well known medical specialist and chairman of the association of the doctors of the town and of Antwerp Pro­vince. At his Golden Jubilee in 1993, Pierre confided to us that he felt called by the Lord very early on. ‘I heard my calling at the consecration on Easter Day 1924, the day of my First Communion. I have desired to remain faithful throughout my life to this ‘yes’ I gave with trust and eagerness as a little child of six and a half. This has been possible thanks to the support I received from my parents, brothers and sisters.’

After successfully completing his secondary school studies at Notre Dame College, run by the Jesuits at Antwerp, Pierre applied to our seminary at Boechout. His brother Antoine (Tony) had preceded him there the year before. Instead of two years of philosophy, he remained for three, as he had to repeat his first year. Perhaps he needed more time to see more clearly into the distinction between prime matter and substantial form, all those hylomorphism problems, not forgetting the dark periods in Church History. He began his novitiate at Varsenare in September 1938 and in the following year, he was at the Heverlee Scholasticate. When the war broke out in May 1940, the scholastics fled the country to reach our Formation House at Carthage, Tunisia. He took his Missionary Oath there on the 28th June 1942 and was ordained a priest there by Bishop Gounot on the 11th April 1943. He did some ministry at Tunis before embarking in November for Lisbon and then central Africa, as he was appointed to Burundi, as also his brother Antoine. He lived and worked for 25 years in the diocese of Ngozi. He began as a curate at Gitongo to learn the language. Then he was in a string of posts, some of them twice over: Musigati, Musenyi, Merehe, Busiga, Ruganza, Nyamurenza, Gatara, Ru­gari, Gisanze, Gitaramuka, Muke­nke, Giteranyi and Gihanga. With one exception (Rugari) he was always a curate. Concerning his work in Burundi, he told us during this Golden Jubilee, ‘In twenty-five years, I saw quite a few parishes: adult and youth catechumenate, primary schools to run. What I especially recall is administering the sacraments: hundreds of Confirmations, over half a million Confessions, millions of Commu­nions, thousands of Baptisms. I blessed a few hundred marriages, performed hundreds of ‘Last Rites’, as well as instructions, sermons, visits to the sick and prisoners aid.’

His first home leave in Belgium was in 1950, when he made his Long Retreat at Mours in April-May 1951, before flying back to Burundi. In the final year, (1968-1969) he was chancellor of the diocese and private secretary to Bishop Kaburungu of Ngozi. In February 1969, Pierre had to leave Burundi for good, due to poor health. His brother Tony had died in Gitega, Burundi, in 1964, aged 48.

As he claimed to be ‘not yet mature’ to settle in Belgium, he was temporarily appointed to the Generalate in Rome, to give a hand to Fr Jacques Casier in the General Office. However, this temporary appointment would last fifteen years. He worked at the secretariat on translations, statistics, printing, etc. He learned Italian to provide a little pastoral ministry. Pierre willingly shared about this time of his life and not without pride. However, ultimately, the doctors found that the Roman sun was too strong for his health and he returned to Belgium.
After the Jerusalem Session Retreat in 1979, Pierre continued to be active in the Province for ten years or more. Initially, he was officially appointed to Brussels for pastoral work in Flemish in the St Gilles Deanery, with our confrere Willy Delbeke. For several years also, he was chaplain to a house for blind people near the Porte de Hal. From February 1985, Pierre was in charge of hospitality at the Rue de Linthout, while continuing his work with blind people. Two years later, in January 1987, he left for retirement at Namur, on the banks of the Meuse, where he so liked to stroll.

In February 1989, he received his final destination: the rest home of Our Lady of Antwerp, not far from the Antwerp Procure, from where confreres could come on regular short visits to him. Even there, in the first years, he still provided a small amount of pastoral work, especially for youth, as a chaplain to Scouts.

In the small periodical of the Belgian Province, Pierre wrote his ‘testimony of an elder’ which he entitled, ‘Hymn to old age.’ He listed all the physical trials he suffered and continued to suffer, but he concluded, ‘As you know, I have a cheerful temperament and I complete this list by a refrain from an old song of my youth: ‘Apart from that, Your Highness, everything’s fine!’ He recommended crosswords to keep the mind alive, as he did. In addition, he concluded, ‘I am happy and very content to be able to celebrate Mass almost every day. Each time, I make a spiritual bouquet of all the intentions entrusted to me and I thank the Lord every day for my twenty-five years in Burundi, as well as the fifteen years spent in Rome, from which I have only the best of memories. I think often of confreres who have preceded us and how they loved Jesus. I feel very close to them in prayer.’

Moreover, he signed a very recent letter to a confrere with his usual humour. ‘In heaven, mum and dad, with twelve brothers and sisters already there, are waiting on me to do the barbecue, a little like the miraculous draught of fishes, on one of my icons.’
On the 17th May, we gathered in the beautiful church of St James at Antwerp to concelebrate the farewell Eucharist and thank the Lord for having chosen and sent Pierre, because he gave himself and thus transmitted the Lord to so many others. The burial took place in our cemetery at Varsenare.

In Pierre’s bedroom there was a pretty framed text on the wall with the seven beatitudes of old age:
Blessed are those who understand that my hands tremble and I walk with difficulty.
Blessed are those who speak up a little and thus help me to hear better.
Blessed are those who patiently show interest in my memories of yesteryear.
Blessed are those who do not notice that I have trouble eating properly.
Blessed are those who listen when I tell the same story three times.
Blessed are those who smile and show me patience and willingness.
Blessed are those who remove the stones and thorns on my way to the Father.
When I pass over the threshold of eternity, I will remember them all in the presence of God.

Dries Fransen





Father Roger Luyten

1930 - - 2008

Roger was born in Belgium on the 19th August 1930. He was the youngest son of a large, very good Catholic family of Borgerhout, a district of greater Antwerp. From his youth, Roger had always thought of becoming a Missionary. He did his secondary schooling at St Francis Xavier College at Borgerhout from 1942 till 1949. In 1950, he entered the Missionaries of Africa philosophy seminary at Bouchout. Like most Belgians at that time, he did his Novitiate at Varsenare near Brugge, where he received the habit in 1952. Once the Novitiate was over, he left for Thibar, Tunisia, to begin his theology. He finished it at Carthage, where he was ordained a priest on Easter Day 1957, at the age of 27.

At that time, his formators said of him, ‘His intellect is not very strong, but he works with determination; thus, he will manage to acquire very adequate knowledge for priestly ministry.’ He had good judgement, but his good heart and sensitivity could easily affect him. He had a tendency to let himself be exploited by young Tunisians, naively believing all they told him. He learned colloquial Arabic quickly. His superiors said of him, ‘He is very attached to the Muslim mission and he should take every opportunity to enter into contact with the local inhabitants who come.’ Roger readily accepted the comments made to him and he took good account of the opinions he was given. He was very teachable and amenable. He had an excellent character and was full of good will and devotion to duty. Rather shy, he was very generous and obedient.

After his priestly ordination, Roger did a year of classical Arabic at the Manouba, from 1957 till 1958. He was very gifted for relations among youth and humble people, with whom he felt very much at ease. In 1959, he was appointed to Touggourt, Algeria, where he studied colloquial Arabic in depth, while acting as curate for the few Christians in the region. There then came a series of appointments as curate and teacher, a year at Djelfa, another at El Bayadh, two years at Béchar, then in 1954, he was at Tamanrasset as professor and headmaster of the school. Finally, in 1966, he was Assistant Director of the Professional Training Centre at El Harrach.

From 1968 till 1972, he studied at Algiers University as well as the Advanced School of Interpreting. He obtained an English Interpreting Diploma and a Degree in English. In 1979, he went to do a Masters in English at the University of Aix-en-Provence.
Then his health problems began outright. His health had always been delicate, but then he suffered serious intestinal upsets, osteoarthritis in the back and arms. His gall bladder, as well as his bladder, also gave him trouble. Gradually, his condition compelled him to withdraw into himself. His suffering and treatments became too often the main topic of his conversations. He suffered a lot because he had to reduce his activities, he had no resistance and needed lots of sleep and quite frequent rest periods. On the 18th May 1982, Roger was obliged to return to Belgium for good due to his aggravated state of health.

Without delay, and for two years, he collaborated at El Kalima, the Islam-Christian Centre for Dialogue in Brussels. On hearing of Roger’s death, one of the employees of this Centre wrote, ‘The Father left us with an excellent impression. Not only was he very competent in the area of Islam-Christian relations, he was also a man of substance (despite his delicate health) on whom we could count. He was much appreciated by everyone.’

In 1984, Roger was at Schaerbeek (in greater Brussels), not the chic Schaerbeek situated beyond the Boulevard Lambermont, but the populist, poor Schaerbeek of Fourth World, of immigrants and of some trouble-spot neighbourhoods. His flat was among Turks and Moroccans. We recall that several schools in the District of Schaerbeek have a 100% immigrant attendance!
Roger lived and worked among Muslims. The diocese of Mechelen-Brussels appointed him priest-in-charge of Islam-Christian relations for the deanery of Schaerbeek-Nord. He was not alone in this task. A community of Scheutist Missionaries and a Jesuit community also lived on the same territory and were very socially committed. The role of Fr Roger was to open the Christian community to Muslims living in the very poor neighbourhoods. He also worked on the Justice and Peace Commission as well as on As­sistance to Palestinians, called Naj­deh.
Roger admitted that the most difficult thing for him in his ministry was having to swim against the tide. He lived surrounded by prejudice, closed minds, lack of understanding, and indifference as much on the ground as among the clergy. It has to be said that people are led and influenced by the often very biased mass media. Therefore, they make judgements according to what they have seen and heard on the telly, radio or the press. People do not think, but get carried away. This is very discouraging to people working on the spot!

By contrast, our Father recognised signs of encouragement in sharing joys and sorrows among the immigrants. Close bonds were thus created. He added that in joining these people in their concrete everyday reality, he also felt the coming of the Kingdom of God. One could feel, he said, the nearness of Christ among all these people, who seemed hardly to know Him.
In 1994, Fr Roger received a proposal from the Bishop of Liège. He was appointed parish priest of St John Sart and from there could reach the world of migrants of Liège Diocese. He also became the priest-in-charge for mixed Christian-Muslim marriages.

During the ceremony organised by the parishioners of St John Sart for his 70th birthday, the Chairman of the Fabric Committee warmly thanked our Father Parish Priest on behalf of the Parish Council, for his devotedness, for the spiritual work he had accomplished in the Parish and above all for the particular attentiveness he showed to the sick.

However, after ten years spent in this parish, Roger’s health gradually and seriously deteriorated. He had to resign himself to enter a rest home named La Kan at Aubel. Never­theless, it was difficult for him to make a clean break. Roger continued to return every Monday and Friday to St John Sart to celebrate the Eucharist. His devotedness was inexhaustible. Parishioners are unanimous in saying that his way of celebrating was well-prepared and full of religious meaning. He took his priesthood so much to heart that the people even said, ‘If someone is not well at the rest home of La Kan or at St John Sart, then Father Roger is not well either.’

On the 13th May 2008, our Father did not feel well. On the advice of a Sister at La Kan, he went to the consulting room for a medical examination. On entering the doctor’s surgery, he sat facing the doctor and without a murmur, gave up his soul to God. He lived in modesty and died equally modestly. May he rest in the peace of Christ he always deserved.

Jean Boulanger




Father François Dornier

1913 - - 2008

F rançois Dornier was most certainly far from ordinary among his brothers and an exceptional personality for all who knew him up close and at a distance.
It was true in relation to his physique, as he was tall and rather long-limbed, but it was even more so in his forceful temperament and strong opinions. It could be said that this was not surprising, as he was from Franche Comté, in the upland region of Montbéliard, reputed for the stern character of its inhabitants, as well as the quality of its livestock and farmland produce. François Dornier was in the illustrious line of those who hailed from Besançon in the Society: the late Fathers Voillard and Perruche and our centenarian, Fr. Georges Jeanney.
François was born on the 28th August 1913 at Montlebon, near Morteau, in the department of the Doubs, where his family chose to settle. His father was a joiner-carpenter. François had his roots in the rural character of his home region. Each generation of his very devout family gave a priest or a Sister to the Church.

Aged 13, he joined the junior seminary of Consolation, in a valley enclosed by the Jura. At the same time, Louis, his brother, for his part, was doing studies that would lead him to become editor-in-chief of the L’Est Républicain newspaper for thirty years. There was perhaps a certain affinity there that would also eventually come to the surface in François.
In 1932, he entered the major seminary of Besançon. The priestly vocation maturing in him would then find its missionary direction as the result of a talk given by a visiting White Father.

In 1934, he entered the Maison Carrée novitiate in Algeria. After his military service at Tunis, he studied theology at the recently opened Thibar Scholasticate in Tunisia, close to a farm plantation created to support the financial needs of the Society.
During this period of his formation, he was already noticed for a number of fine qualities. He had a strong temperament. A dynamic, relentless worker and head of the task force, he had a first-rate intellect, more analytic than speculative and concerned to make the most of his time. On occasion a bit forthright, he was a superb example of regularity. In short, he was someone to trust. All this would be apparent throughout his life and into his final years.

In 1939-40, the war obliged him to interrupt his studies. In advance, he was ordained a priest at Carthage on the 15th September 1939, before re-enlisting in the Army. He was demobbed in 1940 and returned the following year to the Scholasticate to complete his theology. He was then appointed to the IBLA house at Tunis, for two years study of Arabic. He had already begun to learn the language, having made known his desire to work in the Maghreb region. It was the uncertain time of the war. Was he to be called up? In any case, he was led to do some pastoral work for two years in the parishes of Sbeitla, Kairouan and the surrounding area. He made many friends, some of whom remained attached to him for many years.
From 1945 till 1946, he was asked to follow a training course in agriculture at Mirabeau in Algeria, where the White Fathers ran a small farm.

At the end of this short practical training, he was immediately promoted to take charge of the agricultural domain of Thibar, extending to over a thousand hectares, into the surrounding plains and hills. At the same time, he was superior of the community. This was composed of older Fathers serving neighbouring parishes and about ten Brothers, each of whom was skilled in the various services of the farm, including a cellar renowned for its vintage wines. For 21 years, with the close collaboration of the Brothers, he would develop cultivation and livestock, capitalising on the yield by pouring all his personal talents into it. He was involved in olive groves, vineyards, ploughing, diversifying cultivation, reforestation by ground cover to retain hillsides following official programmes, selecting livestock: black sheep, crossing cattle with zebus, etc. However, he was also aware that his responsibilities were not limited to the material side of things. He was equally concerned for the social and relational aspects that such an enterprise would need. He built and provided for the running of a boys’ primary school, supporting and developing the school and village workroom run by the White Sisters. He created a technical training centre for youth and built collective accommodation for the families of farm workers. He would regularly visit these families, going with one or other Brother to the villages or the surrounding tented dwellings, to show his interest in them, enquiring about their conditions of life and notably the future of the young people. His knowledge of the local language gave these contacts a more familiar character. He was also in contact with the authorities and the farmers of the sector. Ultimately, he acquired a competence that was acknowledged at the highest level of government.


View of the Domain of Thibar (Generalate Photo Archive, Juan José Oses)

At the same time, it has to be said, he retained his pastoral inclination. On Sundays, he was keen to provide services in the surrounding parishes. He also led several groups of parishioners. Many priests and laypeople liked to meet up at the farm, where they appreciated the welcome and the atmosphere.

Neither was his community neglected. He was noted for his regularity at community services, (just as he would remain till the end of his days.) Nevertheless, he would regret not having been more concerned for the support of the Brothers, his co-workers for whom he had great esteem, which they reciprocated.

The name of Father François Dornier remains attached to this region of Tunisia, whose older inhabitants cherish appreciative and fond memories of him. The hamlet of Thibar today has become an administrative centre (sub-district) with main roads, reception facilities and a secondary school. It is a model of rural development in a relatively disadvantaged zone.
During this time, he produced a periodical entitled Politesse tunisienne, that was re-edited in 1998.

In 1967, a successor was found to direct the farm. Father Dornier would pursue his activities elsewhere. He was appointed to the community of Bordj-Mira, Algeria, in the Kherrata Gorges, not far from Sétif in lower Kabylia. It was still an area of farming, but of much less importance. In fact, Father Louis Juguet, his predecessor, had set up and opened a professional agricultural training centre for young adults of the region. With the same drive and enthusiasm, but above all with his reinforced competence, François Dornier found himself again with a responsibility in professional training for the benefit of future young farmers of East Algeria. He spent many happy hours there for 9 years, assisted in particular by Br Gérard, along with the collaboration of young French people from the DCC (Direction Catholique de la Coo­pération). He bonded with the local people and those in charge of farming services. The only blight on the horizon at this time was the accidental drowning of his confrere Fr Maurice Cuchet in 1972, during an outing to the coast, with the group of trainees.

In 1976, Algeria nationalised all its private institutions, schools, professional training or social action centres. The house would have to close. The community split up in various directions. François Dornier returned to Tunisia and rejoined the community of La Marsa, whose members were happy to meet up with him again. He would then have completed 30 years in rural development. Once again, he was led to throw himself into the professional training of youth; he re-established links with a whole network of acquaintances and friends, who thought highly of him, not only for his skills. At the same time, he acted as representative for a Dutch NGO to the Tunisian government, for rural development in Northwest Tunisia.

However, at this stage, an unexpected aspect of his personality should be emphasised, what those near to him call the Dornier miracle. Over 80, still active and on the go, he devoted a good part of his time to historical and archaeological research. He became a tireless reader at the Carthage museum library. He took pleasure in guiding visits to Roman sites and commenting on the ancient Christian vestiges of the location. In 1997, at the local bishop’s request, he produced a book of some 650 pages, Les Catholiques en Tunisie au fil des jours, relating the history of the various parishes and Catholic communities of the diocese from the end of the 19th century. Imprimerie Finzi published it in Tunis in 2000. It was a scrupulous documentation research requiring over three years of numerous procedures and painstaking scrutiny.
Before this, in 1991, in a duplicated booklet of 160 pages, with some archaeological notes on Thibar, he told the history of the White Fathers and White Sisters in this region of Tunisia from 1895-1975. (Histoire des Pères Blancs et des Sœurs Blan­ches)
In the same period, in 1999, he gathered all the information he could find on the origin, expansion and disappearance of Christianity in the Maghreb into one booklet. He presented it in the following terms that aptly express the purpose of his work, not least his enduring care for investigation and archiving. ‘These pages are nothing original, nothing personal. Their aim, if they have one, is to be a supplement to the book Les Catholiques en Tunisie au fil des jours. This work is after the manner of the mosaics that are so plentiful in the basilicas; their pieces are laid out by an artist. The difference resides in the fact that the laying out of the pieces is not done by an artist, either in mosaics or anything else.’ Perhaps he was not an artist, but undoubtedly a talented archivist.

In 2002, at the age of 89, fatigue obliged him to return to the Province of France. He was appointed to the retirement community of Bry-sur-Marne.

He brought to it what remained of his energy, his spirit and his good humour. He began to devote himself to maintaining the grounds, more particularly the trees in the various plantations. He uprooted an enormous thuja (cedar) hedge with a pick­axe; he cleaned, hoed and pruned with all his strength. He could be seen in gardening gear working the soil to plant a laurel hedge surrounding the house.
However, at the same time, as in Tunisia, he was once again astonishingly fired by the same concern for documentary research. In his room, he applied himself to gathering information recorded in the diaries of several communities of Kabylia. This would require several years of meticulous research. He spent weeks in Rome consulting the archives of the Generalate. He himself typed the documents out on the computer with the help of his nephew Michel, who did the layout. It took the form of a volume of some 272 pages, entitled, Au fil des jours, sur les pas des Pères Blancs en Kabylie (pro-manuscripto).

Finally, it was due to him that we have the presentation of the personality and thoughts of Father Henri Marchal concerning Islam-Christian encounter, based on his writings and in particular his booklet Sagesse et Apostolat, edited by Father André Demeerseman.
Readily longwinded, as well as in his homilies, where he abounded in anecdotes and personal reminiscences, François Dornier also did his utmost to tease or cajole his confreres in the clear desire to maintain a climate of good humour. In fact, he did receive a few agreeable echoes, letting it be seen as his signature, in some deep-rooted intimations of his home region.
He was also very faithful to times of community prayer, at which he participated with deep piety expressed with much conviction.
From the visits he received, the loyalty of his many friends and the attachment of his family members was made clear. He was particularly pleased to receive the visit of his niece Bernadette, who lives in the Paris region. As long as he was able, he made quite frequent stopovers to one or other in various corners of the north or south of France. In the latter months, his strength diminished more markedly and he thinned considerably. He became weak and hardly ate. Finally, his exhausted condition was such that he had to be transferred to the Saint Camille Hospital, where confreres visited him and attended to him. After a few days, on the 22nd May 2008, he quietly passed away, worn out, in his 95th year. He was buried in the Society’s vault at Bry-sur-Marne cemetery.

The homily at Mass included the message of Fr. Raphaël Deillon, Assistant to the Superior General. He described his rich personality in a few strokes. ‘A man with a great heart, of great physical and spiritual stature, imposing yet conciliatory, passionate in manual and intellectual work, always ready to share the rest of his time with his confreres. He had green fingers, very lively grey matter and fluent penmanship. He was an inquisitive researcher, archaeologist and historian.’

He was an amazingly attractive personality indeed! ‘A giant for work and kindness’, said the presentation notice. In any case, he was a fine figure of a missionary, in the fullest and most up-to-date sense of the term.
One of his closest confreres went on to define him, ‘He was keen, sometimes caustic, but with a very big heart and I would add, ‘his heart had depth, like the blue of his eyes.’

Jean Fisset




Father Rodolphe Roy

1913 - - 2008

Father Rodolphe Roy was born on the 26th April 1913 at L’Acadie, in the Diocese of Saint-Jean-Longueuil, Quebec. He was the eldest of a family of 14 children. It was a poor farming family, but remarkably united and deeply Christian. One of his sisters became a White Sister. He did his secondary schooling at the Collège de Montréal, with the Sulpicians. At the end of his two years of philosophy, he applied to enter the postulancy of the White Father at Everell, near Quebec. This year of postulancy would also serve as his first year of theology.

He said he owed the awakening of his vocation to the good promotion techniques of the White Fathers in his College. Amongst other things were the long descriptions of Father Boissonnette, who spoke to them with great enthusiasm about Africa and the White Fathers. The prospect of community life with the White Father particularly attracted him, along with the desire to work in Africa.

Fr Roy began his White Father novitiate in September 1934 at Maison Carrée, Algeria. There then followed a year of Scholasticate at Thibar, Tunisia and two years at Carthage. He took his Missionary Oath there on the 27th June 1937 and was ordained a priest on the 11th June 1938. His professors classed him among the good students. He succeeded well in his studies without brilliance. Nevertheless, he was reproached for a tendency to overestimate his own ideas and on occasion to lack moderation in discussion.

In July 1938, he celebrated his first High Mass in his parish at L’Acadie. He received his appointment during these holidays. At the outset, he was considered for Uganda, or perhaps for studies in Rome. However, as the Eastview Scholasticate near Ottawa was due to open in the September and personnel was needed, he was asked to go there as a lecturer. This appointment, supposed to be temporary, lasted for ten years. He had succeeded well in his work and he was appreciated as Spiritual Director. Never­theless, his tendency to cling to his own ideas sometimes caused minor problems, especially with the other lecturers.

In the summer of 1948, Rodolphe received his appointment for Northern Nyassaland, present-day Malawi, with Prefect Apostolic Fa­ther Marcel St-Denis, who assigned him to the parish of Katete. He was content. This is what he wrote: ‘At last I would know life in the rural areas. It was a joy to work directly in the villages with the people I had so often spoken of to our scholastics, those people that I loved, but did not yet know.’ He lived happily at Katete. Consequently, he looked on his appointment as professor at Kachebere Major Seminary in October 1949 with dismay. ‘I had thought I had finished with formation houses and that I would be left in the rural areas.’ Nevertheless, his time at Kachebere lasted until September 1957. In addition to being a lecturer, he was bursar of the seminary for some years. He fulfilled these duties with zeal. He was active and resourceful, as well as conscientious. However, his ‘volatile’ character often caused problems. His supernatural sense helped him to restrain and improve himself. He mentioned that he felt increasing fatigue and that he hoped to return to the rural areas.

In September 1957, Fr Roy left for home leave in Canada. His rest period would last for two years. He then returned to the diocese of Mzuzu, where for two years he was Diocesan Treasurer. He did this task well as he had a flair for business, but his strictness and inflexibility did not endear him to everyone. In 1960, he was more than happy to become parish priest of Lunyangwa, then Mzimba until 1970. On this subject, he wrote, ‘The happiest time of my missionary life was without doubt when I was in charge of a parish. Genuine, often close, contact with Africans, the efforts we made to know them better and help them resolve their problems, the discovery of their great community and religious values. It was a string of experiences that was good to have. It was life to the full and I was happy.’ As he was self-determining in his apostolic methods, he often had problems working with his confreres. He was an indefatigable worker and a good organiser, who was easily exhausted, as he tended to do everything himself.

In 1970, Bishop Jobidon asked him for something more specific for the development of his diocese. Rodolphe would then become the development coordinator of Mzuzu Diocese. He would do so based at, in turn, Mzambazi, Mzuzu and Mzimba. He began with ‘Farmers Clubs’ to help the people produce more by associating in groups of five farmers, to move from manual cultivation to harnessed. Then he proceeded to Credit Unions to bring them to save and plan for difficult times. In 1978, Rodolphe was awarded the decoration of the African Cooperative Savings and Credit Association, at Nairobi, in appreciation of his pioneering work in the founding of Credit Unions in Malawi. In addition to these occupations, he was temporarily in charge of the diocesan tribunal, chaplain to a technical school and later to a hospital. During the final years of his work in the Credit Unions, he came up against opposition. He was criticised for becoming involved in affairs that were not his concern. Moreover, with time, his health was increasingly failing. In 1994, for all sorts of reasons, he decided to remain in Canada.

After two years of helping out at the Rue St. Hubert Procure, Fr Roy was appointed to Lennoxville for his retirement and another sort of collaboration. In his latter years, his health had really gone down. He got around in a wheelchair and had problems communicating. He passed away at Sherbrooke on the 31st May 2008. He was laid in state at our house in Lennoxville, with the funeral taking place on the 3rd June at the same place. His body was then cremated and on the 7th June, Mass was celebrated in his parish for his relatives and friends. His ashes were laid in the family plot at L’Acadie.

Fr Richard Dandenault gave the funeral homily. Here are some extracts: ‘This service is one of thanksgiving and gratitude. Gratitude to God, naturally. Gratitude from the Church communities in Malawi, marked by his action and presence. Gratitude in return from Fr Rodolphe to the Church in Malawi. He often mentioned the extent to which this Church and these communities had brought him, in terms of their cultural riches, community values and emotional support… On behalf of your religious family, Rodolphe, we thank you for your presence among us, for all you brought us and left us as your personal, Christian and missionary testimony. May the Lord keep you and reward you for it.’




Father Louis (Ludwig) Jost

1916 - - 2008

Father Ludwig was born on the 3rd October 1916 at Honsfeld, a small village in then Prussian Rhineland. He was therefore born German, but became Belgian in 1919, when his home region was accorded to Belgium in the Treaty of Versailles. He was the second child of his father’s first marriage. His mother passed away when he was four. A second marriage would add three children. Out of the eight, four would enter Religious Life. When Louis was 17, his father, who worked on the railways, drowned in a small lake near their home during a storm.

After schooling in German, Louis continued his secondary studies at Saint Trond junior seminary, where he had to apply himself simultaneously to French and Flemish. How well he succeeded in it! On entry to Boechout in 1935, it was even then noted that he was already a perfectly trilingual Bel­gian. He did his novitiate at Varse­nare and then began his theology at Heverlee in September 1938.
In May 1940, the war obliged the scholastics to flee through France in the direction of Algeria, where the ‘Mother House’ of the Society was then located. Louis had to take to his heels, as he became German once again: the Greater Reich repossessed what it had had to surrender in 1919. Louis left us a detailed account of this exodus that he shared with some other confreres: roads were crowded with columns of Belgian, British or other troops and columns of civilians seeking refuge in France; they were often under bombardment. What is sure is that Louis reached Carthage and continued his studies there until his priestly ordination on the 4th April 1942.
He was destined for the Burundi mission, but would only reach there on the 31st December 1943!
In the meantime, he became involved in various tasks like daily Eucharist at the White Sisters.

One day, he was appointed to keep a lone confrere company in Sbeitla, a small town to the South. It was a unique opportunity to live ‘on the mission’, the dream of every missionary.
However, events would overtake him. The Allied Landings in November 1942 at Algiers and the one of the Germans at Tunis would once again put him through some tragic episodes. His practical outlook enabled him to take some well-chosen initiatives. From the Germans, therefore, he secured transport for taking wounded civilians to Kairouan; from the Americans, transportation for an injured boy to Tebessa. Everyone came out of it well, to the great joy of the families.

For this fine patriotic, humane and missionary work, Louis, registered as forming part of the Passive Defence Personnel of Sbeitla, received the 1939-1945 Commemorative War Medal with ‘Défense Passive’ ribbon.

In August 1943, he took his leave of Sbeitla and its inhabitants. News came to Carthage: all young Belgian priests must leave the posts they were occupying to go to Carthage. Under the leadership of Father Albert Garin, they would try to reach the Belgian Congo. It became a famous odyssey of almost five months through Tunis, Algiers and Casablanca. The Portuguese steamers to Angola were on the high seas! Two ‘Liberty ships’ returning to Portugal brought them to Lisbon and in November 1943, they left from Porto in the direction of Angola. From Matadi, they had to cross the country by train, riverboat and lorry. On Christmas Eve, Louis arrived at Albertville and on the 31st December 1943, he was at last in Burundi!

Louis was appointed to Muramba in January 1944 and to Kiganda six months later. In August 1945, whereas he had just been earmarked to teach and above all become bursar at Mugera Junior Seminary, he received his appointment for Mozam­bique. No doubt Father Garin was somewhere behind this choice. They had liked one another for some time, but when a bishop holds on to his personnel, the outcome can be uncertain. Bishop Grauls intervened. He wrote, ‘Among all the young confreres we have received, Fr Jost is without doubt the one most attached to Urundi, which he had requested while still at Carthage. His departure would be a great loss for the Vicariate, all the more that he is now fully fledged, having learned Kirundi very well, which he diligently undertook even in North Africa. He is not more qualified than anyone else and does not know a word of Portuguese!’ With such arguments, the appointment was suspended. He continued at Mugera until December 1946. At Buju­mbura, he was a satisfactory interim Treasurer General for a year.

He had been superior of Rutovu mission for twelve months when he was knocked off his motorbike by a 3-ton lorry, the rear wheels passing over his body. It was New Year’s Day 1949 and nothing could be done on the spot. On that occasion, he saw the Europe he had left in May 1940 again, and at the same time celebrated his First Mass at Honsfeld! On arrival at Antwerp, his left leg was almost completely useless. After an operation on the 5th May 1949, he could walk with a limp, but without pain. He had lost 4cm from his left leg and the muscles had atrophied. His condition was considered permanent.

Back in Burundi, Louis received his appointment as superior of Bukeye mission. Naturally, he was concerned to run his mission, but was too authoritarian. He improved with experience. He then suffered from a narrowing of the gullet that obliged him to return to Belgium for a few months. The operation did not take place and he would have to live with this new problem that would surface occasionally and would complicate the proper functioning of a digestive appliance in his old age.

Burundi began to go through a period of increasing agitation. In 1952, the colonial powers reorganised the native administration so that the power-less masses could be better represented. Efforts were made to set up the reforms. With a degree of anarchy, independence was being prepared with the burgeoning of numerous political parties, (25 at the end of 1961).
During this period, Louis went back several times to the junior seminary at Mugera; he taught English in a teacher training school. He was head of the Lavigerie printing press at Bujumbura for three years. There, he could deploy his talents as an organiser and his competences in finance.

He was entrusted with the foundation of Bugenyuzi in 1963 and of Murayi in 1969. As always, he applied himself with enthusiasm. His leadership qualities came to the fore. What counted for him above all was to accomplish the work; people just had to comply.
Despite the consequences of the accident, he was able to walk and never passed up a chance to go on a hunting party. Naturally, he had a car and liked to go out. On the 20th June 1969, he was returning with Fr Vekemans from Butwe, where they had attended the blessing of the new church. They were held up and assaulted by four bandits who broke the headlights and left them lying injured by their vehicle, after robbing them of their watches and cash. Fortunately, a lorry arrived soon afterwards and took them to Gitega Hospital. Louis was the most affected: he was badly injured about the head and had lost a lot of blood, but he was in good spirits. Having fitted out a series of very simple and functional buildings at Murayi, (Kiheta central mission), he stayed there often, before being entrusted with a similar task at Mushasha (an outstation of Gitega). It has to be said that he had some problems sharing in teamwork and that his leg braces bothered him quite a lot.
From January 1978, Louis went to spend four years at Heusy: a long convalescence, where he learned to reset his dislocating bones on his own, to take his place in community and to renew links with the beautiful countryside of his ancestors. He did not forget Burundi, to which he returned in 1982 until his expulsion (in company with so many other confreres) in 1984. He went back in 1989 after the fall of Bagaza to leave for good in 1993, unable to bear the waves of massacres after the assassination of the new head of state, Melchior Ndadaye.

In November 1993, Louis returned to Belgium for good and took up residence at Heusy.
In April 2007, Louis went from Heusy to St Joseph’s Home in Liège for rest and care, as his condition had become critical.
This was a new trial for him: he had hoped and planned to end his days in his home region. For us, it was a privileged opportunity to appreciate his strength of character, as well as his unshakeable faith. He thus passed away on the 29th January 2008.

The Dean of Büllingen, who gave the homily in German at the funeral, reminded us of some happy memories. Father Louis had left his home region of Eifel and found in his missionary Society, but especially in Burundi, a new family and a new homeland. He always remained a big-hearted priest and apostle, a man at ease in contacting others, faithful to prayer, but also the modest man of Eifel, with a good dose of common sense. Once back in the country, he visited us regularly in Eifel, and willingly stopped over at Honsfeld, visiting family and friends. He did supplies in the parishes, visited the pensioners, took part in clergy social meetings and attended celebrations and funerals as long as he was physically able. We are grateful to have known him so long. Dear Father Louis, thank you for your fidelity and your friendship, for your frankness and brave determination. May God soothe the deep yearning that inhabited your soul, thirsting for the living God!’

The funeral took place at Honsfeld, as the local clergy had insisted. He is at rest at Honsfeld, at his request, in the middle of the cemetery, in the place reserved for him, beside his friend Father Joseph Mostert, the last parish priest of the locality. Your servant, Lord, has gone in peace.

Paul Devigne