NOTICES BIOGRAPHIQUES

Père Jean Leloup

1925 - - 2005

Jean, né le 3 avril 1925, fut baptisé le 12 avril suivant à Solesmes, dans le département du Nord et le diocèse de Cambrai, France, mais sa famille s'étant installée à Arras, c'est à ce dernier diocèse que toute sa vie il se sentira attaché. Un de ses frères est prêtre de la Mission de France. Après ses études secondaires à Saint-Joseph d'Arras, Jean fit trois ans de philosophie à Kerlois de 1945 à 1948, puis son noviciat à Maison-Carrée en 1948-1949. Envoyé pour la théologie à Eastview, au Canada, il y fit son serment le 26 juin 1952 et y fut ordonné prêtre le 25 janvier suivant. C'était un garçon enthousiaste et généreux, un peu lent pour les études, mais très appliqué, pieux et surnaturel : on voyait en lui un excellent missionnaire en germe.

Nommé dès juin 1953 pour la Tanzanie et le diocèse de Kigoma, il apprit et domina rapidement le kiha, puis se mit au kiswahili quand on le nomma à Kigoma, centre extra-coutumier. Ce qui frappe dans les premières années de sa présence, ce sont ses fréquents changements de poste. Chaque année, on lui demande de refaire ses cantines pour s'installer ailleurs: ce dut lui être assez pénible, d'autant que, partout on appréciait son zèle, sa rigueur dans l'économat, mais, il est vrai qu'exigeant pour lui-même, il était quelque peu déçu quand il croyait déceler un peu de médiocrité dans telle ou telle communauté. Lui se voulait homme de Dieu, homme de prière et de labeur. Même lors de ses congés, il prêtera spontanément son concours à la procure de Lille, montrant un grand souci pour l'éveil des vocations, servi en cela par un bon sens des relations.

Après avoir été durant quelques mois vicaire à Kigoma, il passa le 5 février 1954 à Mabamba, puis le 17 janvier 1955 à Uyavyumba pour revenir le 1er février 1956 à Mabamba et quitter de nouveau ce poste le 22 janvier 1957 pour Kigoma. Là tout de même, il fit un séjour plus prolongé, jusqu'au 8 septembre 1961 où on le retrouve à Makere. Suit une période de plus grande stabilité qui lui permit de donner toute sa mesure. Le 1er juin 1964, en effet, il est nommé supérieur à Marumba et y demeure jusqu'en décembre 1972, date à laquelle il est vicaire à Muhinda; il devient supérieur du poste en mai de l'année suivante, puis va occuper la même fonction à Kigoma le 30 juin 1974 et à Nyaronga en février 1975. Le premier janvier 1978, il retrouve le poste de Makere. Il y restera jusqu'au 25 avril 1985.

Entre-temps, il connut ses premiers problèmes de santé : fin 1977, une grande fatigue et des vertiges exigent son retour en France; on lui conseille alors d'en profiter pour un recyclage, une année sabbatique, mais, se jugeant trop las pour cela, il s'abstient. De retour à Makere, en 1978, soulagé de n'être plus supérieur, il se dit très heureux, malgré l'opération en urgence d'une hernie et ses craintes devant les menées d'Ibi Amin Dada, le dangereux voisin ougandais. En 1984, un bilan médical fait mention de symptômes de la maladie du sommeil: il en fut atteint, mais la maladie fut soignée à temps. Cependant, le traitement est pénible et une nuit, se sentant très faible, Jean demanda et reçut le sacrement des malades. Le lendemain, il se sentit mieux.

En 1980, on l'avait pressenti pour l'animation missionnaire: attaché à l'Afrique, comme 'tout Père Blanc ayant la tripe missionnaire', il se fit tirer l'oreille, se jugeant inapte, parce que tanzanien par la peau, le cœur, la philosophie, la manière de faire et de penser; de plus, ses vertiges persistaient. On eut beau faire miroiter devant lui l'intérêt d'un recyclage combiné d'un suivi médical, il se défendait de son mieux, parfois avec humour: le Père Lanio étant aussi nommé en France, il soupçonne le provincial de vouloir réaliser la prophétie d'Isaïe en faisant brouter ensemble, dans sa province, 'l'agneau et le loup' (Is 65, 25).

Il assura tout de même l'intérim à Lille en attendant la constitution d'une nouvelle communauté, tout en se refaisant une santé; et, sa nature optimiste aidant, il rentra à Makere content de cette expérience d'animation missionnaire, après s'être bien ressourcé lors de la session-retraite de Jérusalem, fin 1985.
Retrouvant la Tanzanie, il y reprit son labeur, toujours heureux et enthousiaste, bien que réaliste ; sa grande souffrance était de voir la défection de tel confrère, de tel abbé,et sa peine transparaît alors dans ses lettres.

C'est en 1993 que, se trouvant en France, il connut l'alerte sérieuse qui allait l'obliger à renoncer à l'Afrique: une visite au cardiologue révéla un disfonctionnement grave qui nécessita la bagatelle de six pontages: après tout, écrivait-il, philosophe, le Kilimandjaro atteint presque les 6000 mètres. Compte tenu de cet accident cardiaque, - le médecin le décrivait hypertendu, goutteux, avec des antécédents de paludisme et de trypanosomiase - il fut décidé qu'il passerait un temps en Tanzanie, pour y faire tranquillement ses adieux avant de tourner la page, après 40 ans d'un fécond apostolat, et reviendrait définitivement en France.

En France, attaché comme il l'était à son diocèse d'Arras, où il entretenait bien des liens au niveau familial et diocésain, il s'implanta à Gouy-en-Artois. Il réclamera souvent qu'on lui adjoigne un confrère, mais la pénurie de personnel ne le permettant pas, il se fit une raison. Mon vœu, écrit-il à l'époque : être heureux, faire du ministère, rayonner l'esprit missionnaire Père Blanc. J'irai tous les quinze jours à Lille. Il fit dans sa paroisse un travail excellent. Lors de son départ, un article de la revue Regard en marche, de novembre 1997, en témoigne: Nous garderons le souvenir d'un prêtre heureux, rayonnant, du bon père Leloup, qui se voulait 'missionnaire avant tout'. Son départ, fort regretté des paroissiens, le fut aussi de son évêque et du vicaire épiscopal; ce dernier se disait prêt à recevoir d'autres Pères Leloup, car disait-il: Nos campagnes sont terre de mission.

Jean conclut cette tranche de sa vie par une nouvelle session-retraite à Jérusalem qui l'enchanta: Keep smiling, La vie est belle avec le Seigneur, écrivait-il au provincial à son retour, en décembre 1997. Il rejoignit alors l'équipe de Lille, tout en assurant chaque fin de semaine un ministère à Arras. Le 8 août, c'est dans la gare d'Arras que cet infatigable serviteur a été terrassé, la ceinture aux reins, les sandales aux pieds, comme il l'aura sûrement souhaité: transporté à Cambrai, en réanimation, il ne devait pas sortir du coma et le Père l'a rappelé à lui le 14 août 2005. Il avait 80 ans et 52 ans de vie missionnaire.

Ses obsèques présidées par le Père Jean-Claude Baratte et le Père Bernard Leloup, furent célébrées le 19 août en l'église Notre-Dame des Ardents: c'est à cette Vierge, vénérée des Artésiens,que Jean avait toujours attribué sa guérison, lors de ses graves opérations. Il est maintenant près du Seigneur, nous en sommes sûrs dit le Père Baratte dans son homélie. Jean n'a pas recherché les ambitions purement humaines. Comme Jésus lui-même, il a voulu être au plus proche des gens du milieu dans lequel il a vécu. Dans la prière quotidienne, il maintenait le lien avec sa source: la contemplation de Dieu.


Armand Duval






Père Fernand Bouin

1921 - - 2005

Fernand vit le jour à Montreuil-sur-Ille, près de Rennes, France, dans une famille nombreuse et chrétienne: sa sœur aînée fut religieuse, comme une de ses tantes, dans la congrégation diocésaine de Rillé. Après ses études secondaires au petit séminaire de Châteaugiron et sa philosophie au grand séminaire de Rennes, il entra au noviciat en 1941, mais, mobilisé le 9 novembre 1942, à peine arrivé à Thibar, il fit, dans le génie, les campagnes de France, d'Allemagne et d'Autriche, qu'il termina avec le grade de sergent.
Suivirent ses trois premières années de théologie à Thibar, d'octobre 1945 jusqu'à son Serment missionnaire, le 29 juin 1948. Comme il parlait bien l'anglais, il fut alors envoyé à 's Heerenberg, aux Pays-Bas, et y fut ordonné prêtre le 11 juin 1949.

Les appréciations de ses formateurs sont très élogieuses: c'était le scolastique modèle, qui alliait à une bonne intelligence les qualités requises pour être un vaillant missionnaire : pieux, doué pour les travaux manuels, il dirigeait le chœur de chant, était un boutiquier avisé et, pince-sans-rire, animait joyeusement la communauté.

Sa première nomination fut pour Kerlois comme économe, professeur d'anglais et d'histoire de l'Église ; il y resta quatre ans, jusqu'à son départ pour ce qu'on appelait encore la Rhodésie du Nord, l'actuelle Zambie. Affecté au diocèse de Fort Jameson (Chipata), il travailla d'abord à Notre-Dame des Victoires de Lumezi, le 11 février 1954, puis, le 6 mai de la même année, fonda, d'abord comme second, ensuite comme supérieur, le poste de Kanyanga. Le 16 février 1957, il se vit confier la direction de l'École presbytérale, le St-Mary's Seminary: il dominait bien le citumbuka et se débrouillait aussi en cinyanga.

Son évêque l'appréciait, aussi lui demanda-t-il, lors de son congé en France en janvier 1961, de s'inscrire au cours de catéchèse de Lumen Vitæ. Il y étudia jusqu'au 22 juillet 1962 et, après sa grande retraite à Rome, retrouvant la Zambie, il prit en charge, le 31 octobre, l'école des catéchistes de Chikungu, mais le 7 juillet 1964, on le nomma supérieur de la communauté Sainte-Anne à Chipata: ces années requirent de lui beaucoup de patience, avec un curé difficile qui ne collaborait guère. Le 26 octobre 1968, après un nouveau congé, on le retrouve au poste de Minga, mais dès le 9 mai suivant, il reprend la direction de l'école de Chikungu où les futurs catéchistes passaient deux ans avec leur famille.

Il y travaillera une bonne dizaine d'années encore. Il s'efforçait aussi de soulager la misère des gens : on le sent préoccupé quand les pluies se font attendre et, dévoué au dispensaire, il avait trouvé une 'poudre miracle' qui guérissait les plaies et qu'une fois revenu en France, il enverra encore régulièrement là-bas.
La confiance de ses confrères apparaît dans son élection comme conseiller régional suppléant en février 1969.

Sa correspondance durant ces années, et, à vrai dire, celle de toute sa vie, est imprégnée de spiritualité: il demande constamment qu'on prie pour son œuvre, conscient que c'est la grâce de Dieu qui fait tout.

Dès cette époque aussi commencèrent pour lui les ennuis de santé: en 1974, il fut rapatrié sanitaire pour subir à Paris une opération. Il put revenir à Chipata le lundi saint 1975. En 1979, ce fut la malaria et des furoncles douloureux. Il souffrait aussi périodiquement d'un ulcère à l'estomac. Tout ceci ne l'empêcha pas d'accepter d'accompagner les religieuses Missionnaires de l'Immaculée Conception, canadiennes, philippines, chinoises et japonaises, pour un ressourcement de quatre mois, de janvier à avril 1980, à Joliette, au Canada. Bien que son enseignement fût assez traditionnel, ses retraites et conférences étaient très appréciées des religieuses.

À partir de 1981, aumônier de l'école Sainte-Monica, tenue par les Sœurs de la Charité d'Ottawa (Sœurs Grises) à Chipata, il répondit volontiers aux appels des divers noviciats. Assurant de surcroît l'économat au centre diocésain de Sainte-Anne et remplaçant à l'occasion le secrétaire de l'évêché, il ne boudait certes pas le travail. Pourtant les ennuis de santé se multipliaient. Des problèmes urinaires l'obligèrent à se faire opérer à Rennes en 1988. La malaria le tourmentait aussi de temps à autre et sa surdité augmentait. En 1992, il connut même une grosse alerte au cours d'une l'eucharistie: on crut à une crise cardiaque, mais il s'agissait d'une chute de tension, due à la chaleur et à la fatigue. Lui considérait ces misères comme négligeables, comparées aux 1000 décès par semaine que causait le sida, multipliant les orphelins.

En 1995 et 1997, il dut se faire opérer de la cataracte. Là encore, cela lui semblait minime face aux misères du clergé et des gens, à l'afflux massif des réfugiés du Zaïre et du Rwanda. Mais devant ces preuves d'usure de la 'machine', alors qu'il allait fêter ses 50 ans de sacerdoce, il laissa les supérieurs décider si le moment était venu de rentrer au pays.

Le 1er juillet 1999, il retrouva donc définitivement la France, assumant pendant quatre ans, bien que fort handicapé par sa surdité, mais avec ponctualité et une bonne dose d'humour, le service d'accueil, rue Friant. En rejoignant Billère, le 1er juillet 2001, il ne pensait pas être rattrapé si vite par la maladie: elle ne lui permit plus d'être tout à fait lui-même. Il n'en perdait pas pour autant son humour made in England:

Hier j'ai pu faire envie, aujourd'hui je fais pitié… J'ai souvent fait ce que j'ai pu, et pas toujours ce que j'aurais dû! Que le Seigneur me pardonne! , ou bien: Il m'est arrivé de me croire indispensable et, très vite, je me suis rendu compte que les cimetières étaient remplis de gens comme moi! Le Seigneur est amour et miséricorde.

Ceux qui l'ont côtoyé en ces années-là gardent l'image d'un homme de conviction et de prière, un homme droit et sans détour! On chanta lors de ses obsèques: 'Chercher dans ma vie ta présence… Tenir une lampe allumée…', et c'est bien, dit le Père Souyris dans son homélie, ce que Fernand s'efforça de faire toute sa vie. Enraciné dans la foi au Christ et la fidélité à l'Église, il parcourut un long chemin avant de rejoindre la maison du Père.

À 84 ans, dont 56 ans de vie missionnaire, le 19 août au petit matin, prit fin pour lui l'attente de la venue du Seigneur, élément essentiel de notre foi, une attente qui ne pouvait le surprendre, lui qui disait en chaque eucharistie: Nous proclamons ta mort, Seigneur Jésus, nous célébrons ta résurrection, nous attendons ta venue dans la gloire.

Mgr George Cosmas Lungu, évêque de Chipata, lui a rendu ce bel hommage à l'annonce de sa mort: J'apprends avec tristesse la mort du cher Père Bouin, notre frère, notre prêtre. Nous l'appelions parfois maman pour la qualité de son hospitalité en la communauté de la cathédrale. C'était un homme de foi profonde. Sa présence faisait beaucoup de bien à nos jeunes prêtres. Père Bouin, par les catéchistes que vous avez formés la parole de Dieu continue de toucher beaucoup de gens. Merci d'avoir fait grandir l'Église. Nous aurions aimé vous voir reposer au milieu de nos prêtres en notre terre natale. Vous allez nous manquer beaucoup.Oui, heureux qui suit jusqu'au bout le chemin que Tu lui traces, Seigneur !

Armand Duval






Père Conrad Marcoux

1915 - - 2005

Le Père Conrad Marcoux est né le 6 octobre 1915 à St-Fortunat, diocèse de Sherbrooke, Canada. Conrad n'avait que trois ans lorsque toute la famille déménage à La Sarre, Abitibi, dans le nord-ouest québécois. Il est le huitième de 11 enfants. Il écrit au sujet de sa famille: Mon père était meunier et cultivateur. Mon père et mes frères jouaient du violon et deux de mes sœurs de la guitare. Ainsi les voisins aimaient se rassembler chez nous pour faire la fête.

Après son école primaire, Conrad va au petit séminaire de Joliette tenu par les Clercs de St-Viateur pour cinq ans d'études secondaires et deux ans de philosophie. Le séminaire est très loin de chez lui et il ne rentre pas à la maison pendant les vacances de Noël, par souci d'économie. Il ne se plaint pas car il aime l'étude et le cadre de vie du séminaire. Quand vient le temps où il doit quitter le petit séminaire, son supérieur écrit: Conrad est un excellent jeune homme. Il est plein d'initiatives et promet beaucoup.

À la fin d'une retraite de décision en 1936, il écrit au Père supérieur d'Éverell pour lui demander d'être admis chez les Pères Blancs: Nous sommes sept étudiants du séminaire de Joliette qui avons décidé d'entrer chez les Pères Blancs. Si jamais un Père vient à passer près de Joliette, pouvez-vous lui dire de s'arrêter au séminaire et de nous demander au parloir. Nous avons beaucoup de questions à lui poser.

Après le postulat et la première année de théologie, les responsables le considèrent bien doué pour les études, robuste, bon dessinateur, débrouillard et aimé de ses confrères. Il commence le noviciat le 20 septembre 1937 à St-Martin, un peu en retard, étant donné que la construction de la maison vient tout juste d'être terminée. Conrad fait partie des premiers Canadiens à ne pas aller faire le noviciat à Maison-Carrée.

Il fait ses trois dernières années de théologie à Eastview, près d'Ottawa. Il fait son Serment le 22 juin 1940. Il est ordonné prêtre le 7 juin 1941. Ses professeurs soulignent ses qualités pour les études, le dessin, la musique et les travaux pratiques de tout genre. On lui conseille de s'appliquer à l'essentiel plutôt qu'à l'accessoire car il aime parfois s'adonner à des activités jugées moins importantes...

À cause de la guerre en Europe, Conrad ne peut pas partir tout de suite pour l'Afrique. On le nomme pour trois mois à notre maison de Montréal pour apprendre une langue africaine, le luganda, car il est destiné à l'Ouganda. Puis, pendant quelques mois, il réside dans deux paroisses du diocèse de Pembroke en Ontario afin de se familiariser avec le ministère pastoral en milieu anglophone. En octobre 1942, il va à Toronto pour une année d'études pédagogiques.

Enfin le grand jour arrive pour notre confrère. Le 7 juillet 1943, il entreprend un long et périlleux voyage en bateau. Il n'est plus nommé en Ouganda, mais en Tanzanie. En octobre 1944, il arrive au diocèse de Kigoma où il exercera son ministère tout le temps qu'il sera en Afrique. Il commence comme vicaire à Nyaronga, puis à Nyavymbu. Il sera ensuite, pendant quelques mois, curé à Marumba.

Juillet 1946 marque le début de sa longue carrière dans les écoles du diocèse de Kigoma: six ans comme professeur à l'école normale de Kabanga, six ans comme secrétaire à l'éducation à Kabanga, et environ 12 ans comme directeur diocésain de la catéchèse, avec résidence à Kasulu. En juillet 1977, en raison de problèmes de santé, il revient définitivement au Canada. De 1952 à 1955, après trois mois à l'hôpital de Kabanga, il était déjà venu se reposer et soigner son système nerveux au Canada tout en rendant service dans l'animation missionnaire.

Comment le Père Marcoux a-t-il vécu en Afrique ? Avec beaucoup de tensions, de déceptions, mais aussi avec de grands moments de joie. Conrad aimait rappeler qu'il avait été un sacrifié ! Il avait choisi les Pères Blancs un peu par réaction contre les Clercs de St-Viateur qui le voulaient dans leur Congrégation pour être professeur dans leurs écoles. Il avait plutôt désiré le travail 'en brousse' pour être plus près des gens. En plus Conrad avait souvent l'impression de ne pas être véritablement apprécié. Par exemple, en 1966, alors qu'on fête ses 25 ans d'ordination sacerdotale, il dit avoir été surpris: On m'a fêté royalement, et je me suis demandé: si on m'apprécie tellement, pourquoi ne l'ai-je pas ressenti auparavant ?

Cependant le Père Marcoux a aussi trouvé en Afrique des moments de détente et de joie. Il était très habile en mécanique, en électricité et en horlogerie. Il aimait aussi aller à la chasse pour procurer de la viande à ses confrères. Heureux de rendre service, il le faisait parfois au détriment de son travail dans l'enseignement.

De retour au Canada en 1977, on lui propose d'aller travailler à Toronto, un milieu qu'il connaît déjà. À part un séjour d'une année et demi dans notre maison de St-Hubert pour le service de l'audio-visuel, Conrad reste environ 20 ans à Toronto. Voici comment le Père Jean Lavoie, qui a prononcé l'homélie des funérailles, résume ses activités durant cette période: Je retrouve Conrad à Toronto en 1977 à notre maison de Thornhill où il fait de l'apostolat missionnaire, aide au ministère paroissial et publie un feuillet de promotion père blanc.

L'expérience biblique des trois mois à Jérusalem en 1984 l'a marqué. À son retour à Toronto il découvre le mouvement des Cursillos qui devient son milieu d'apostolat préféré. Il s'y donne et en reçoit beaucoup. Il y découvre une source d'affection, de soutien spirituel et humain. Il deviendra ensuite leur aumônier diocésain, puis l'aumônier national adjoint pour le secteur anglophone.
Depuis 1993, le Père Marcoux réside dans un presbytère à Richmond Hill, Toronto. Au début de 1999, il écrit au Provincial: J'ai hâte de revenir 'en famille', bien que la séparation de mes amis de plus de 20 ans me sera assez pénible.

À la maison provinciale, boulevard de l'Acadie, Conrad connaît des années paisibles tout en continuant son travail d'accompagnement des personnes qui le consultent. Mais on remarque que ses forces diminuent progressivement. À la fin de 2004, le médecin découvre qu'il souffre d'anémie et qu'il n'y a pas espoir de guérison. En mars 2005, il est hospitalisé à la Résidence Lasalle, à Ste-Dorothée. En juin, avec l'aide d'un confrère, il écrit à ses amis: Il ne me reste pas beaucoup de temps, mais je viens vous redire mon estime et mon affection, et vous dire 'adieu', jusqu'à ce que nous nous retrouvions dans notre vraie et permanente demeure.

Le Père Conrad Marcoux est décédé dans cette résidence, le 21 août 2005, à l'âge de 89 ans. La messe de funérailles eut lieu dans la chapelle de la maison provinciale, suivie de l'inhumation au cimetière de St-Martin, à Laval, dans la partie réservée aux Missionnaires d'Afrique.

Terminons par un autre extrait de l'homélie du Père Lavoie: Conrad se posait des questions fondamentales autant pour lui-même que pour ceux et celles qui échangeaient avec lui, de vive voix ou par correspondance et courriel. Il avait connu la dépression, cette maladie qui coupe les ailes, qui réduit la vision et restreint le courage. Mais son espérance restait bien ancrée dans les promesses du Seigneur. II savait en parler, en discuter avec ardeur, avec émotion souvent.

 




Père Patrick Boyd

1919 - - 2005

Né le 28 décembre 1919, Pat était l'un des seize enfants de la famille de Thomas et Isabella Boyd. Il était le treizième. Les superstitieux verront là une façon d'expliquer pourquoi tout au long de sa vie Pat fut victime de la maladie et d'évènements imprévus ! Mais Pat lui-même ne s'en faisait pas et prenait la vie comme elle venait, avec naturel et bonne humeur.

Des seize enfants, onze vécurent en santé jusqu'à un âge respectable, en Écosse, en Australie et en Amérique, sans oublier la Zambie où Pat travailla de nombreuses années. À ses funérailles, son frère George, chanoine du diocèse de Motherwell, présida la cérémonie. Andrew, le seul autre frère encore vivant était présent. Une seule de leurs sœurs vit toujours en Australie. De nombreux neveux et nièces étaient présents pour honorer la mémoire d'un oncle qui leur était très proche et qu'ils avaient soutenu dans les dernières années de sa vie et les derniers jours de sa maladie.

C'est peut-être parce qu'il venait d'une famille nombreuse que Pat fut attiré par la vie en communauté. Après deux ans au séminaire diocésain en Écosse, il demanda à entrer dans la Société. Toute sa vie, Pat fut tout autant attentif à sa communauté MAfr qu'à sa famille. On l'admirait tant en Zambie qu'en Écosse pour son esprit de famille.

Quand il rejoint les Pères Blancs, le monde est en guerre et Pat ne peut aller faire son noviciat en Afrique du Nord. Il s'initie à la vie spirituelle et missionnaire à Sutton Coldfield. Il commence ses études de théologie au grand séminaire de Birmingham. Il les complète à Monteviot, en Écosse. De retour en Angleterre, en 1947, il fait son Serment missionnaire à Rossington Hall. L'année suivante, il est ordonné en même temps que son frère George dans la toute nouvelle cathédrale de Motherwell, son diocèse d'origine.

La première nomination de Pat n'est pas pour l'Afrique, mais pour enseigner au petit séminaire de St. Boswells. Il y demeure huit ans comme professeur et économe. Populaire avec les étudiants et toujours désireux de faire de son mieux, Pat n'était pourtant pas doué pour l'enseignement et cette première nomination fut difficile à accepter.

Ses élèves, dont Mgr Michael Fitzgerald et Peter Smith, l'actuel Provincial de Grande-Bretagne, se rappellent cependant de lui comme d'un homme qui prenait à cœur l'intérêt des étudiants. Il leur donna toujours le plus bel exemple de piété.

Déjà à cette époque, Pat commence à avoir des problèmes de santé. Quand il part finalement pour la Zambie en 1956, il est sourd d'une oreille. Il reste en Zambie jusqu'en 1969, travaillant en paroisse : Chalabesa, Kayambi et Mulilansolo. Il est apprécié pour sa vie de prière, son zèle au travail et sa participation à la vie de communauté. Il n'est pas doué pour la langue bemba et s'y applique pourtant avec persévérance.

Malheureusement, sa santé continue à décliner. Il revient donc rendre service en Grande-Bretagne de 1969 à 1973. Il est alors supérieur du petit séminaire MAfr en Écosse. Il n'aimait pas être responsable des étudiants et perdait parfois pied dans ce travail. Il devient plus joyeux quand on lui demande d'aller faire de l'animation missionnaire à partir de Rutherglen. Cela lui va mieux car Pat a le don des contacts personnels lors des quêtes en paroisse et des visites dans les écoles. Il est très actif et sait parler avec enthousiasme de son travail en Zambie.

En 1973, il y retourne pour quinze ans et ne revient au pays natal qu'en 1988. On peut résumer cette période zambienne de sa vie en citant ce que nous a écrit un de ses supérieurs en apprenant sa mort : La vie n'a pas toujours été facile pour Pat. Mais j'admire son dévouement au travail. Il a été un bon missionnaire au milieu des confrères de Zambie. Un autre confrère écrit pour rappeler comment il travaillait bien en pastorale et apportait beaucoup à la vie de la communauté MAfr.

À son retour en Province, Pat devient supérieur de la communauté des confrères retraités à Glasgow. C'est un poste qu'il accepte parce que les confrères eux-mêmes l'avaient demandé. Au milieu d'hommes de son âge, Pat est à l'aise et rend de grands services pendant six ans.

À travers ses contacts il continue à rayonner l'esprit missionnaire, toujours prêt à aider les paroisses, spécialement celle de son frère où les paroissiens le connaissent et l'aiment beaucoup. Pat contribue beaucoup à la fondation d'un réseau d'anciens élèves de la Société. Le regroupement choisit pour nom The Pelicans (Cf. leur site internet www.thepelicans.co.uk).

Pat rêve de voir ces hommes dépasser les retours sur leurs souvenirs de vétérans du séminaire père blanc. Il veut susciter chez-eux un engagement à soutenir la mission de la Société. Pat réussit et c'est en Zambie qu'on a surtout bénéficié de l'aide des Pelicans. On ne s'en étonne pas sachant d'où venait l'inspiration. Aux rencontres annuelles de l'association, Pat était toujours le centre d'intérêt et on lui manifestait beaucoup d'amitié.

Quand il quitte son poste de supérieur pour devenir un retraité comme les autres confrères de la communauté, Pat sait le faire avec 'grace and dignity'. Il dit alors que c'est dans l'intérêt commun qu'il renonce à son poste. En effet, sa pauvre santé, qui l'avait handicapé toute sa vie, devient de plus en plus mauvaise. Il passe à travers ces divers dépouillements sans se plaindre et même avec humour. Quand on lui demande : À quel hôpital allez-vous aujourd'hui ?, il répond avec un sourire en coin : Aucune idée ! Demandez à l'économe.

De tous ses maux, le plus embêtant est la surdité. Pat se sent coupé de la communauté. Mais dans des entretiens en tête-à-tête, il peut encore longuement parler de sa famille et de la Zambie. Grâce à Dieu, sa vue est bonne et il continue à lire. Heureux d'offrir de petits services aux autres, il aime s'occuper de la sacristie et de la liturgie. Il est minutieux et n'apprécie pas qu'un confrère oublie de mentionner le saint du jour, surtout s'il est écossais !

Pendant ses dernières années, Pat se rapproche encore plus des membres de sa famille et apporte son secours moral quand la maladie ou des épreuves les frappent. En retour, on dirait que cela le fortifie et leurs visites lui donnent plus de courage.

Pat finit ses jours à l'hôpital voisin. Son cœur s'affaiblit de plus en plus. Hospitalisé, il continue à être un pasteur. Le personnel de l'hôpital témoigne combien Pat s'intéressait à eux. Il leur donne un témoignage de foi et de résignation dans la souffrance. Il sait qu'il avance vers la mort, mais sans peur, en priant Dieu de l'accueillir quand le moment viendra. Dieu lui donne la paix jusqu'à la fin. Le 27 septembre 2005, il s'éteint tranquillement après avoir reçu l'onction des malades de la main de son frère George.

À la messe des funérailles, le Père Provincial rappela les paroles de Mère Theresa de Calcutta : Dieu ne nous demande pas d'avoir du succès. Il nous demande d'être fidèles. Pat fut en effet un homme de fidélité dans la prière et le service. Repose en paix, fidèle serviteur !

 




Père Georges-Marie Loire

1926 - - 2005

Né le 26 septembre 1926, à Pouancé, en Anjou, France, où sa famille avait une entreprise de tannerie, Georges-Marie après ses études secondaires fit sa première année de philosophie à Blois, puis, de 1945 à 1947, termina le cycle à Kerlois, l'entrecoupant de dix mois de service militaire. Après le noviciat à Maison-Carrée, il étudia la théologie à Thibar et à Carthage où il fut ordonné prêtre le 27 juin 1951.

On le jugeait intelligent, sensible, serviable, mais peu orienté vers le pratique. Il pensait partir en mission, quand il fut atteint de tuberculose aux deux poumons. Soumis à de pénibles soins intensifs à Pau, de 1951 à 1955, il mit à profit ce séjour forcé pour étudier l'arabe et parfaire ses connaissances doctrinales. De ces années datent aussi des 'Méditations d'un prêtre souffrant'. Dûment guéri, il assura l'accueil à la maison provinciale de Paris en 1956, tout en étant aumônier scout.

Nommé en Ouganda, en 1957, il rejoignit le diocèse de Mbarara après un stage d'anglais à Dorking. Il apprit le rukiga et exerça son ministère à Makiro, de 1958 à 1965, tout en prenant en charge, dès 1963, l'école des catéchistes qu'il fonda à Ibanda. Il fit éditer en ces années-là le rituel, les collectes et les épîtres de chaque dimanche, un compendium de vocabulaire religieux, un court résumé de l'Ancien Testament, un missel latin-runyankole et un catéchisme.

Il revint en congé le 18 septembre 1965 et, après sa grande retraite à la Villa Cavaletti, près de Rome, étudia deux ans à l'Institut de pastorale catéchétique de Paris, tout en donnant des cours de religion à l'Institut Notre-Dame de France 'pour payer, disait-il, la psychanalyse' à laquelle il avait souhaité se soumettre. De retour en Ouganda, il enseigna au petit séminaire de Mushanga avant d'y fonder, en 1969, un centre de pastorale et de prendre en charge, en 1973, à Nyamitanga, la coordination pastorale du diocèse de Mbarara. En ces années-là, la liturgie, l'œcuménisme et les traductions prenaient tout son temps.

S'avouant un peu las des 'papiers', comme il disait, après 15 ans en Ouganda, il sentit le besoin d'une pause, qu'exigeait d'autre part un ulcère à l'estomac. Suivit donc une période d'animation missionnaire en France, de 1973 à 1976, après un mois de prière intense dans le cadre de la Fraternité sacerdotale Jésus-Caritas. Il désirait une vie spirituelle solide et une vie au plus près des gens.

Il s'installa donc en HLM, faisant sa cuisine lui-même, et passa ainsi 'une année de Nazareth', en collaborant à l'accueil des migrants. Père Blanc jusqu'à la moelle, à la veille du chapitre de 1974, où il fit office de traducteur, il envoya un long rapport sur ses vues personnelles concernant la Société. Vers la fin de son mandat d'animateur, il fut question de le nommer à Sydney ou à Nairobi. Finalement, ce fut la Tanzanie. À partir d'avril 1976 il s'initia au kiswahili au Cela de Kipalapala et fut ensuite nommé vicaire à Bugando (diocèse de Mwanza) en août 1977. En novembre 1980, on le retrouve à Rome, où il assura encore la tâche de traducteur au Chapitre.

En janvier 1981, on lui confia l'Apostolat de la mer, Stella Maris, à Dar es Salaam. Ce n'était pas de tout repos: la mission, menée en union avec un anglican et un luthérien, proposait un bar-restaurant, une boutique-coopérative et diverses distractions sportives. Georges-Marie, montait à bord des bateaux où l'on ne parlait pas l'anglais, y célébrant si on le lui demandait. 40.000 marins au long cours, issus du monde entier, passaient chaque année à la mission.

Il s'efforçait aussi d'atteindre les dockers du port, sans négliger les petits pêcheurs tanzaniens, beaucoup plus démunis, auxquels il assurait une première évangélisation. Il s'occupait aussi des familles des victimes de la mer. En 1982, il fit la session et grande retraite de Jérusalem. En 1987, une opération du col du fémur lui offrit l'occasion d'une année sabbatique. Il fréquenta alors le Carmel, les Focolari (Marie ajouté à son prénom Georges était son nom de Focolari) et ATD Quart-monde. Il commença à rédiger son livre: Gens de la mer à Dar es Salaam qui paraîtrait chez Karthala en 1993 et serait traduit en anglais.

De retour en Tanzanie en 1989,on lui confie l'aumônerie de l'hôpital à Muhimbili. En 1992, il fonda, à la demande de son évêque, le Centre pastoral diocésain du sida (Pasada), à Dar es Salaam où l'on estimait à 200 ou 300.000 les séropositifs: 10 % des habitants. Pour se tenir au courant, il assista en 1994 à la réunion internationale sur le sida à Osaka.

En 1997, il céda la responsabilité de Pasada à un prêtre missionnaire américain, se réservant la charge, comme 'prêtre-éducateur', du Youth Alive Club, le 'Club Jeunesse vivante'. À partir de 1999, il intensifie ses efforts pour la prévention contre le sida. Il fonde Youth Alive, 'Jeunesse vivante'. Son enseignement, se voulant préventif, visait à préserver du sida par les valeurs chrétiennes, tirant les jeunes vers le haut, ce qui valut à Georges-Marie d'être accusé d'élitisme.

Il entendait prêcher un idéal, former la personne, tandis que d'autres, devant l'urgence, préconisaient des solutions plus immédiates. Les nombreux témoignages de jeunes qui fréquentaient les centres de Chang'ombe et Kariakoo montrent l'indéniable impact du mouvement Youth Alive. Toutes ces années de labeur désintéressé valurent à Georges-Marie la croix de chevalier de la Légion d'Honneur, le 1er janvier 2000.

Il avait fait, fin 1997, la session à Rome pour apprendre 'à bien vieillir'. Il subit des pontages cardiaques à Angers le 2 mai 2000 et regagna tout de même la Tanzanie le 18 septembre suivant mais l'heure du retour définitif sonna en avril 2002, avec une relève bien assurée par un jeune missionnaire allemand.

Nommé à Mours, à sa demande, il entreprit de diffuser le mouvement Jeunesse vivante en d'autres pays d'Afrique, voyageant en Afrique du Sud, en Côte-d'Ivoire, au Burkina Faso, au Tchad et au Gabon...
Mais, victime d'une tumeur au cerveau, ce vaillant serviteur est parti vers le Seigneur, le 7 septembre 2005, après 54 ans d'un apostolat particulièrement fécond.

Lors de la messe d'obsèques en la chapelle de Bry-sur-Marne, le vendredi 9 septembre 2005, on rendit hommage à l'apôtre zélé, au novateur, soucieux d'un engagement très exigeant vis-à-vis des exclus, des marins, des sidéens, de la jeunesse exposée; à l'homme de prière aussi, dont les intercesseurs étaient Charles de Foucauld, Thérèse de Lisieux et Élisabeth de la Trinité. Élaborant un programme de session d'éducation pour la vie, il terminait ainsi : 'Dieu notre Créateur. aide-nous, tous les jeunes de ce pays, afin que nous travaillions et nous aidions mutuellement à promouvoir une conduite saine et une bonne vie familiale, conforme à ta volonté'.

Georges-Marie, écrit le Père Général, Gérard Chabanon, qui le connut en Tanzanie, avait une extraordinaire capacité à réunir des gens autour de lui et de ses projets, surtout les jeunes. Il savait partager ses convictions et faire naître des vocations. Il commençait petit. et continuait sans bruit.

Toujours au travail, il ne s'arrêtait que pour prier. Avec deux ou trois bureaux dans Dar es Salaam, il était en même temps un confrère fraternel qui savait de temps en temps oublier son travail et s'asseoir pour partager simplement avec ses confrères. Qu'il repose en paix!

Armand Duval




Père Camille Ranzini

1927 - - 2005

Camille naquit le 12 juillet 1927 à Bizerte, Tunisie. Après ses études secondaires au petit séminaire de La Marsa, il demanda à entrer chez les Pères Blancs. Il était issu d'une famille modeste et sa maman avouait avoir dû vendre bijoux et autres objets pour payer la pension de son fils à La Marsa. On envoya Camille étudier la philosophie à Thibar; c'était en 1945. Après quoi, il prit l'habit à Maison-Carrée en 1947, fit son service militaire à partir de novembre 1948 et suivit le cours normal de théologie à Thibar de 1949 à 1952, puis à Carthage où il fut ordonné prêtre le 5 avril 1953.

Durant ses études, on apprécie son intelligence, son esprit clair et réfléchi et son humeur aimable, malgré une grande sensibilité, un tempérament nerveux et une certaine réserve due à la timidité. Il s'acquittait avec compétence de la fonction d'infirmier et faisait à tous la meilleure impression. Aussi fut-il le seul étonné lorsqu'on l'envoya à Rome se spécialiser en droit canonique.

Le directeur des études à Rome se félicitait de ses excellents résultats. Les études terminées, Camille, qui rêvait pourtant de la mission en terre arabe, signale qu'il ne serait pas opportun de le nommer à Thibar où, à l'époque, il risquait d'être rappelé sous les drapeaux. Ce fut donc Koupéla, en Haute-Volta.

Il en fut enchanté et en 1960, il est supérieur à Goungen. Nullement écrivassier, il ne prend la plume que pour signaler ses arrivées en congé ou ses retours en mission. Nommé en France en 1962, il va à Vals comme professeur de morale et de droit canon. Bien que ses cours fussent appréciés des scolastiques, il réclame très vite son retour au Burkina. En 1965, il devient secrétaire de l'épiscopat et official. En 1967, il est élu comme membre du Chapitre Général.

En 1969, après sa grande retraite à Rome, sa vie prend un tour nouveau avec l'ouverture du Centre de langue de Guilongou. Il donnera désormais tout son temps à la linguistique, y acquérant une compétence reconnue de tous. Son enseignement sera surtout oral, avec l'aide d'un collaborateur précieux, le catéchiste Joachim, car il disait manquer de temps pour mettre par écrit, ou sur support sonore, ses découvertes et connaissances. On le sent soucieux d'explorer et d'améliorer les outils existants, notamment le dictionnaire du P. Alexandre, issu des travaux du P. Thueux. Mais, travaillant dur, tard dans la nuit, il s'épuisait déjà nerveusement. Un contrôle médical signale, dès 1974, une 'asthénie nécessitant un repos prolongé'..

Ses lettres sont surtout des lettres d'affaires, où il réclame tel fascicule sur les coutumes locales, les cahiers du P. Thueux, des notes prises par l'un ou l'autre et restées inexploitées... Le Régional de l'époque décrit parfaitement ce gros travailleur: Camille a découvert que le moore est une langue à tons, et que la grammaire en était tributaire; il s'emploie à réviser le dictionnaire existant, a déjà publié une quinzaine de livrets sur les coutumes et la mentalité du Moogo: 'une opération de sauvetage indispensable', de l'avis de Mgr Yougbaré.

Membre de la commission nationale du moore, ses travaux de recherche y sont appréciés, mais il sert dans l'humilité, la discrétion. Homme de Dieu, soucieux de l'évangélisation, il rédige, avec l'abbé Robert Ouédraogo, un rituel du baptême des adultes qui révolutionnera la manière de les catéchiser. D'autres rituels auraient pu paraître, mais il ne trouva pas en liturgie la même collaboration que sur le plan linguistique. Malgré ce labeur acharné, il faisait bon vivre avec lui et les stagiaires appréciaient, car Camille s'entendait aussi en mécanique, électricité, jardinage et élevage, et l'on était bien soigné au Cela.

En congé en 1979, après une crise de paludisme et une atteinte du typhus, il demande à se rendre à Madrid, à Darek-Nyumba, pour étudier les méthodes d'initiation à la langue utilisées par le Père Galindo, et à Dublin, dans un but analogue. Perfectionniste, il veut toujours s'améliorer, ce qui d'ailleurs retarde la sortie de publications qu'il ne juge jamais au point. À partir de 1982, ses lettres d'affaires cèdent le pas aux bulletins de santé. Il revient en France 'complètement à plat' sur le plan nerveux, écrivant avec peine.

On lui propose alors une année sabbatique qui lui permettrait de peaufiner ses notes et de rencontrer des compétences dans son domaine, en Sorbonne ou ailleurs, mais en décembre, il repart pour Guilongou. Ses malaises sont les premières atteintes, déjà, de la maladie de Parkinson. Malgré le traitement et sa gentillesse naturelle, il est vite énervé car il tient à ses idées.

En 1992, une lettre le montre toujours en recherche de documents anciens et de fascicules destinés à l'insertion des immigrés maghrébins ou africains dans le contexte de la vie moderne (démarches administratives, usage du téléphone, etc.). L'érudit qu'il est se plaint qu'en certaines maisons pères blancs, on brade des livres anciens sur l'Afrique qui seraient bien utiles dans un centre de langue: n'a-t-il pas retrouvé dans une poubelle un ouvrage de Livingstone? Il déplore que les œuvres de Louis Tauxier, entre autres, moisissent, oubliées, dans nos bibliothèques.

Il profite de ce congé pour subir une opération des hémorroïdes qui révèle des cellules cancéreuses et exige deux mois de radiothérapie. Désormais, les problèmes de santé ne le lâcheront plus. Les retours en province se font de plus en plus rapprochés, en 1993 et 1994. On a beau lui demander de ne revenir que bien rétabli, il obtient les certificats voulus et rentre au Burkina pour en repartir deux mois après...

Force est donc de lui proposer un retour définitif, après un dernier séjour pour mettre en ordre ses affaires et trier ce qu'il juge nécessaire d'emporter pour continuer en France 'un travail qui, dit-il lui-même, sera de toute façon inachevé'. C'est donc avec en poche un billet aller-retour qu'il arriva une dernière fois à Guilongou, en février 1995, pour un travail de tri qui s'avéra long et épuisant.
Puisqu'il lui faut rentrer en France, il choisit la maison de repos de Tassy, 'où il pourra stocker ses documents et les utiliser éventuellement, sans trop peser sur ceux qui seront obligés de vivre avec lui'. En juillet, il partit donc, laissant un Joachim inconsolable et, en suspens, des travaux qu'ils n'auraient pu mener à bien qu'ensemble. Dès 1996, il fit un séjour à l'hôpital de Nice, puis ce fut le silence; aucune lettre de lui n'évoque le calvaire de ses dix dernières années, jusqu'à son décès, le 16 septembre 2005.

Dans l'homélie de ses obsèques, le P. Joseph Billot rappela avec émotion comment il le rencontra un jour au marché de Ouagadougou, où Camille venait tous les jeudis: Il était impossible de distinguer la parole de Camille de celle des Mossi qui l'entouraient...

Né dans un milieu polyculturel, bien formé pour étudier les coutumes du peuple mossi, il leva maint 'pourquoi' sans réponse aux questions que posait la mission et la pastorale au Burkina. Un événement marqua sa vie: un jour, des chrétiens vinrent le chercher car une maman venait de mourir en mettant au monde une petite fille.

Selon la coutume de l'époque, l'enfant était vouée à mourir, abandonnée sur une termitière. Camille l'emporta chez lui pour la confier aux Sœurs... Et Lily est devenue une brillante universitaire et une mère de famille. Quant à lui, grand sportif, adepte assidu du yoga, il dut accepter avec courage sa déchéance physique. Que de souffrances cachées mais dont le voici libéré!

Armand Duval


 




Père Xavier Plissart

1943 - - 2005

L'évangile de la célébration de l'à-Dieu à Xavier était celui des recommandations de Jésus à ses apôtres lors de leur envoi en mission, " Ne craignez pas, ne vous tracassez pas.". Personne ne peut détruire la vraie vie donnée par Dieu. Ce qui importe, c'est de prendre concrètement parti pour le Christ Serviteur. Comme Jésus, Xavier a lui aussi osé déplacer le point de gravité de la religion : l'essentiel pour lui n'était pas le culte du temple mais le service de l'humanité blessée.

Xavier est né le 17 mai 1943 à Ixelles, Belgique. Après avoir demandé son admission chez les Pères Blancs, il fait sa philosophie à Thy-le-Château et entre au noviciat de Varsenare le premier septembre 1963.

Il est envoyé à Totteridge pour la théologie. Le 25 juin 1967, il s'engage par le Serment missionnaire. Ses formateurs sont unanimes à reconnaître en lui une intelligence au dessus de la moyenne, claire, originale et personnelle, même s'il donne parfois l'impression de s'orienter trop loin dans une direction et en conséquence d'avoir des affirmations assez tranchantes. Mais il y avait en lui un tel enthousiasme et une telle dose d'humour que cela contribue à l'animation de la vie communautaire et surtout à faire réfléchir. Il est habité par un feu dévorant. Il invite à l'audace pour vivre l'Évangile.
Ordonné prêtre le 30 juin 1968, on lui demande d'étudier la philosophie à Londres, au Heythrop College. Puis pendant 29 ans, il travaille en Afrique, au Ghana, en Tanzanie, et enfin au Congo.

Au Ghana, il est vicaire à la paroisse de Walewale, diocèse de Navrongo. Il se préoccupe immédiatement de l'étude de la langue et de la culture locale et rassemble un grand nombre de proverbes dans lesquels s'expriment toute cette sagesse populaire que le Christ est venu porter à son épanouissement. Cela lui sert pour une licence en science sociales et en anthropologie à l'université de Birmingham. Il écrit une thèse remarquée sur les proverbes récoltés. En 1975, Xavier repart au Ghana où il est nommé professeur de philosophie au grand séminaire de Tamale.

Au séminaire il connaît chacun en particulier. Exigeant, il veut que le séminaire forme des 'prêtres' et non des fonctionnaires du religieux. II ne voudrait pas que tous soient mis dans un moule unique mais que chacun devienne pleinement lui-même. Cela exige une liberté et une vie spirituelle profonde. Il attend des étudiants un travail sérieux et rigoureux. Il invite chacun à prendre sa place pour construire une communauté.

Il présente cet idéal avec une énergie qui n'est pas toujours du goût de ses confrères plus modérés et parfois un peu paternalistes. Peut-être que Xavier manque quelquefois de tact quand il défend ses opinions. S'il s'agit de principes, il n'admet aucun compromis. Cela est parfois cause de tensions dans l'équipe de formation du séminaire.

Après deux ans au séminaire, il retourne six mois à Walewale comme vicaire. Il en profite pour continuer ses recherches en philosophie et anthropologie. En 1977, il fait un séjour à Birmingham pour rédiger et présenter sa thèse de doctorat En septembre de cette année, il est de retour au grand séminaire de Tamale où il continue à enseigner la philosophie jusqu'en 1980.

De 1980 à 1986, il travaille comme vicaire dans deux paroisses du nord du Ghana, Garu et Bunkpurugu. À la suite du Christ et cheminant avec les hommes, Xavier, bien inséré dans la culture, vit une grande proximité avec les gens. Il connaît leur vie, leurs joies et leurs peines.

En 1986, il fait la retraite-session de Jérusalem. En conclusion de sa retraite, il écrit : Je suis heureux de continuer au Ghana aussi longtemps que je pourrai être utile à l'établissement du Royaume de Dieu et je serai heureux d'y rester pour le restant de mes jours. Cependant, si quelqu'un était nécessaire pour un nouveau projet, qui demanderait un style de vie simple et même la pauvreté matérielle, un projet communautaire de première évangélisation, de proclamation et d'adaptation de la Bonne nouvelle dans un nouvel environnement, je serai vraiment heureux de répondre à cet appel. Après Jérusalem, il retourne cependant au Ghana comme membre de l'équipe de formation continue basée à Bolgatanga dans le diocèse de Navrongo.

En 1988, il est nommé comme professeur à Kahangala en Tanzanie. En 1991, il en devient le recteur. En 1994, il va faire une année sabbatique en théologie à l'université de Berkeley. En 1995, il est nommé au séminaire de N.-D. d'Afrique à Bukavu, RDC. Il y est préfet des études jusqu'en 1998, année de son retour définitif en Belgique.

En juillet 1999, il est engagé à l'Institut international de catéchèse et de pastorale Lumen Vitae comme responsable de la section anglophone de l'Institut. En plus de son engagement à l'Institut, il accepte la responsabilité de la paroisse Saint-Job à Bruxelles.

Il reste à Lumen Vitae jusqu'à sa mort. Durant son séjour aux soins palliatifs, il se préoccupe encore de l'organisation des cours et de la passation des responsabilités à son successeur. On aurait pensé que dans son état, il aurait dû se modérer un petit peu. Il disait à ses amis de Saint-Job : Pour pouvoir vivre, il faut oser. Si on n'ose pas, on ne vit pas. C'est là en nous le travail de l'Esprit Saint.

Habité par ce feu dévorant, poussé à l'audace pour vivre les exigences du Royaume dans les bouleversements actuels, il lui est arrivé de se cogner à la structure cléricale ou institutionnelle.

Soucieux de proximité avec Dieu et avec les gens, refusant la peur, audacieux dans la recherche d'une vie de foi au cœur du quotidien, il écrivait peu avant sa mort : La tendresse de Dieu nous séduit et renouvelle notre façon de penser avec une puissance telle celle d'un feu dévorant. Elle nous rend capable de lui offrir une vie qui lui plaise. Ce feu nous permet de surmonter les obstacles tels que la souffrance et la mort. Marchant à la suite de Jésus en renonçant à nous-mêmes, nous devenons ferments d'une nouvelle humanité. Notre engagement dévoile le divin au cœur de l'humain. Cette vision, proposée par Jésus, est incontournable si nous voulons que notre avenir soit porteur de vie, empreint de. joie et de paix.

Xavier voulait vivre. Il a souffert et lutté contre la maladie avec une force incroyable. Voici un témoignage lu lors de la célébration de l'à-Dieu, qui nous dit comment la communauté de voisinage avec laquelle il vivait voyait sa lutte finale : Ta maladie t'a confronté à ta fragilité et à ta faiblesse. Tu as dû apprendre à lâcher prise. Merci, Xavier, de ne pas nous avoir caché tes larmes. Tu es resté vivant jusqu'à la dernière goutte de vie.

Xavier était malade depuis longtemps mais en même temps il y avait en lui une très grande force pour continuer à vivre. Cette force a été admirée par tous les confrères qui lui rendaient visite. Mais il arrive un moment où la maladie est la plus forte. Le Seigneur alors nous appelle à Lui. Il a appelé Xavier le 22 septembre 2005. Il avait 62 ans.


PROFILES

Father Jean Leloup

1925 - - 2005


Jean was born on the 3rd April 1925 and baptised on the 12th at Solesmes, Cambrai Archdiocese, in the north of France. However, his family went to live in Arras and he would always feel more attached to that diocese. One of his brothers is a priest in the Mission de France. After his secondary schooling at Saint Joseph d'Arras, Jean did philosophy from 1945 till 1948 at Kerlois, followed by his novitiate at Maison-Carrée in 1948-1949. He was sent for theology to Eastview, Canada, and took his Oath on the 26th June 1952. He was ordained a priest there on the 25th January following. Jean was a keen and generous lad, a bit slow in studies but very diligent, pious and supernatural. He was regarded as an excellent budding missionary.

Appointed in June 1953 to Kigoma Diocese in Tanzania, he quickly learned and mastered Kiha, then set himself to learn Kiswahili when he was sent to Kigoma, the urban centre. What is striking in these early years is that he frequently changed missions. Every year he was asked to pack his boxes and settle in somewhere else. It must have been quite hard for him, as he was otherwise appreciated everywhere for his zeal and his strictness in the duty of bursar. However, demanding on himself, he was a bit disappointed when he thought he detected a bit of mediocrity in one or other community. He himself intended to be a man a God, prayer and hard work. Even on home leave, he volunteered to give a hand at the Lille procuration office, demonstrating great concern for vocation promotion, for which he was well-equipped by his ease in contacts.

After some months as curate at Kigoma, he went onto Mabamba on the 5th February 1954, and then on the 17th January 1955 he went to Uyavyumba, only to return on the 1st February 1956 to Mabamba, leaving this post again on the 22nd January 1957 for Kigoma. There, by contrast, he stayed until the 8th September 1961, when he went to Makere. Then came a long period of stability when he could get his stretch. On the 1st June 1964, in fact, he was appointed Superior at Marumba and stayed there until December 1972, when he became a curate at Muhinda. He became Superior of the post in May the following year, and then went to do the same job at Kigoma on the 30th June 1974 and at Nyaronga in February 1975. On the 1st January 1978, he came back to Makere. He remained there until the 25th April 1985.

In between times, he began to experience his first health problems. At the end of 1977, enormous fatigue and dizziness obliged him to return to France. He was then advised to take advantage of it and take a sabbatical refresher course. However, he was too worn out for that and declined. Back in Makere in 1978, relieved not to be Superior, he said to himself he was very happy in spite of an emergency operation for a hernia and his fears concerning the intrigues of Idi Amin, the dangerous Ugandan neighbour.

In 1984, a medical report mentioned symptoms of sleeping sickness. He was indeed infected, but the condition was arrested in time. Nevertheless, the treatment can be harrowing and one night, feeling very weak, Jean asked and received the Sacraments of the Sick. He felt better the next day.

In 1980, he was approached for missionary promotion. Attached to Africa, like 'every White Father with mission in his blood', he took a lot of persuading. He believed himself inept, as he was Tanzanian in his fibre, his heart, his philosophy, and his way of thinking and doing. In addition, his dizziness persisted. It was pointless to dangle in front of his eyes the benefits of a refresher course combined with a medical programme. He defended himself valiantly, sometimes with humour. Father Lanio was also appointed to France and he suspected the Provincial of wanting to make true the prophecy of Isaiah 65:25, "The wolf and the young lamb will feed together." [A pun on their surnames, Ed.]

Nonetheless he covered the interim at Lille while waiting for the setting up of a new community and restoring his health. True to his innate optimism, he returned to Makere contented with his missionary promotion experience after a very good refresher course on the Jerusalem Session-Retreat at the end of 1985.

Back in Tanzania, he took up his hard work again, always happy and enthusiastic although realistic. His greatest pain was to see the defection of confrere so-and-so or diocesan Father so-and-so and it showed in his letters. While in France in 1993, he received the first sign of serious trouble that would oblige him to give up the idea of living in Africa. Cardiology revealed a serious dysfunction requiring a mere sextuple bypass. Philosophically, he wrote, "After all, Kilimanjaro is almost 6,000 metres." In view of this cardiac mishap, he decided to spend some time in Tanzania to make his farewells before closing the chapter on 40 years of fruitful apostolate and return to France. The doctor also diagnosed hypertension, gout, antecedents of malaria and trypanosomiasis.

In France, attached to his home diocese of Arras, where he had good relations with his family and the diocese, he settled in Gouy-en-Artois. He often appealed for a confrere to join him there, but lack of personnel did not allow for it and he learned to live with it. At the time he wrote, "My wish is to be happy, do ministry, and spread the White Father missionary spirit. I will go every fortnight to Lille." He did great work in his parish. After he was gone, an article in the review Regard en Marche, November 1997, showed it was so. "In dear Father Leloup we cherish the memory of a happy, joyful priest, who sought to be 'missionary above all'. His departure was much regretted by the parishioners, as by his Bishop and the Vicar Episcopal, who said that he was ready to receive other Fathers Leloup, adding, "Our rural areas have become mission territories."

Jean concluded this slice of his life with a second Jerusalem Session-Retreat, which he found enchanting. "Keep smiling; life with the Lord is good," he wrote to the Provincial on his return in December 1997. He then joined the team in Lille, returning to Arras every weekend for ministry. It was in Arras station on the 8th August that our unstinting servant collapsed, 'a belt around his waist and sandals on his feet', as he surely would have liked. He was taken to Cambrai for intensive care, but he was not to awaken from the coma.

The Father called him to Himself on the 14th August 2005. He was 80, 52 as a missionary.
The funeral, led by Father Jean-Claude Baratte and Father Bernard Leloup took place on the 19th August in the church dedicated to Notre-Dame des Ardents, venerated by the people of Artois and to whom Jean always attributed his healing after his serious operations.

Father Baratte said during his homily, "He is now with the Lord, of this we can be sure. Jean did not seek purely human ambitions. Like Jesus himself, he sought to be as close as possible to the people with whom he lived. In his daily prayer, he maintained that link with the source: contemplation of God."

Armand Duval






Father
Fernand Bouin

1921 - - 2005

Fernand first saw the light of day at Montreuil-sur-Ille, near Rennes, France. The family was large and devout; his older sister became a nun in the Diocesan Congregation of Rillé, as had one of his aunts. He joined the novitiate in 1941, after his secondary schooling at Châteaugiron Junior Seminary and philosophy at Rennes Major Seminary. However, after only just arriving in Thibar, Tunisia, he was called up on the 9th November 1942. He did the French, German and Austrian campaigns and came out with the rank of Sergeant in the Engineers.

Three years of theology then followed at Thibar, from October 1945 till his Missionary Oath on the 29th June 1948. As he spoke English well, he was then sent to 's Heerenberg, Netherlands, and was ordained a priest there on the 11th June 1949.

The assessments of his formators were full of praise. He was a model scholastic, combining fine intelligence with the qualities required to become an intrepid missionary. He was pious, gifted for manual work, conducted the choir, and was a good shopkeeper; he kept a straight face in humour, thereby entertaining the community.

His first appointment was to Kerlois as bursar, teaching English and Church History. He stayed there for four years until his departure for present-day Zambia. Sent to Fort Jameson (Chipata) Diocese, on the 11th February 1954, he worked firstly at Our Lady of Victories, Lumezi, then on the 6th May the same year co-founded Kanyanga mission, initially as curate and later as Superior.

On the 16th February 1957, he was given the direction of the school for priests, St. Mary's Seminary. He had mastered Chitumbuka and knew Chinyanja well. His bishop appreciated him and therefore asked him when he went on home leave to France on the 24th January 1961, to enrol in a catechetical course at Lumen Vitæ. He studied there until the 22nd July 1962, when he returned to Zambia via the Long Retreat at Rome. On the 31st October, he took charge of the Chikungu catechetical school.

However, on the 7th July 1964, he was appointed Superior of the Sainte-Anne community at Chipata. After a further home leave on the 26th October 1968, he went to Minga. However, on the 9th May following, he took over the direction of Chikungu school again, where future catechists spent two years with their families. He worked there for a further ten years or so. He also set himself to relieve the misery of the people. He was visibly concerned when the rains were late. Devoted to the dispensary, he came across a 'magic powder', which healed sores. Once back in France, he would continue to send out regular supplies of it.

The confidence of his confreres in him was demonstrated by his election as Regional Councillor substitute in February 1969. His correspondence for this period and indeed throughout his life was imbued with spirituality. He constantly asked for prayers for his work, aware that the grace of God accomplished all. Also at this time, his health problems began to surface. In 1974, he was urgently repatriated for an emergency operation in Paris.

He was able to return to Chipata on the Monday of Holy Week 1975. In 1979, he had malaria and painful furuncles. He also suffered periodically from a stomach ulcer. In 1980, this prevented him from accompanying Canadian, Philippine, Chinese and Japanese Missionary Sisters of the Immaculate Conception on a fourth-month spiritual refresher course in Joliette, Canada. Although his teaching was rather traditional, Sisters very much appreciated his retreats and talks.

From 1981, he was chaplain to St. Monica's School, run by the Ottawa Sisters of Charity (Grey Nuns) at Chipata. He willingly accepted requests from various novitiates. In addition, he looked after the bursar's office of the St. Anne diocesan centre and occasionally substituted for the Bishop's secretary. He never turned down a job. However, health problems multiplied. In 1987, urinary tract problems obliged him to have an operation in Rennes the following year. Malaria occasionally bothered him and his deafness increased.

In 1992, he had a close call during the Eucharist: it was thought he had had a heart attack, but it was due to a rapid drop in blood pressure due to the heat and fatigue. He considered his troubles negligible compared to the thousands of deaths per week from AIDS, multiplying the number of orphans. In 1995 and 1997, he had to have a cataract operation. There again, it was minimal bother for him compared to the burden of the clergy and the people, with the massive influx of refugees from Zaïre and Rwanda. However, faced with the wear and tear of the machine, just when he was about to celebrate his 50 years anniversary of priesthood, he left it to his Superiors to decide if the moment had come for him to return home.

He therefore returned to France for good on the 1st July 1999. Although severely handicapped by deafness, for four years he looked after the reception at the Rue Friant with good humour and punctuality.

On arriving in Billère on the 1st July 2003, he did not think his illness would overtake him so quickly. It did not allow him to be quite himself. However, he did not lose his made in Englandhumour. 'Yesterday I was envied today I am pitied. I often did what I could and not always what I should. God forgive me!' Or else, 'I thought I was indispensable, and very soon I realised that cemeteries are full of people like me. The Lord is full of love and mercy.'

Those who were with him during those years conserve the image of a man of conviction and prayer, just and unswerving. During the funeral they sang, "Find your presence in my life, keep a torch lit." Father Souyris in his homily said that this is indeed what Fernand tried to do his whole life. Rooted in faith in Christ and fidelity to the Church, he travelled a long road to reach the Father's house. At dawn on the 19th August at the age of 84, 56 of them as a missionary, his 'waiting for the Lord' ended. As an essential of our faith, this waiting did not take him unawares, as in every Eucharist he said, ".We proclaim your death Lord Jesus until you come in glory."

Bishop George Cosmas Lungu of Chipata paid this fitting tribute on hearing of his death, "I learned with sadness of the death of our dear Father Bouin, our brother and priest. We sometimes called him Mum because of the quality of his hospitality in the cathedral community. He was a man of deep faith. His presence did a lot of good for our young priests. Father Bouin, by the catechists you trained, the Word of God continues to reach many people.

Thank you for giving growth to the Church. We would have liked you to take your rest in the midst of our priests in our homeland. We are going to miss you a lot. Indeed, happy the one who follows your way to the end, Lord."

Armand Duval






Father Conrad Marcoux

1915 - - 2005

Father Conrad Marcoux was born on the 6th October 1915 at St-Fortunat, Sherbrooke Diocese, Canada. Conrad was only three when the whole family moved to La Sarre, Abitibi, in northwest Quebec. He was eighth in a family of 11 children. About his family he wrote, "My father was a miller and farmer. My father and brothers played the violin and two of my sisters the guitar. The neighbours therefore liked to gather in our home for celebrations."

After primary school, Conrad went to the junior seminary in Joliette run by the Clercs de St-Viateur for five years of secondary schooling and two years of philosophy. The seminary was very far away and due to travel costs, he only came back home for Christmas. He did not complain, as he liked studying and seminary life. When the time came to leave the junior seminary, the Superior wrote, "Conrad is an excellent young man.He is full of initiatives and very promising.

" At the end of a discernment retreat in 1936, he wrote to the Father Superior of Éverell, applying to the White Fathers. "There are seven of us in the seminary at Joliette who have decided to join the White Fathers. If ever a Father were passing near Joliette, could you advise him to call in at the seminary and ask to speak to us in the parlour? We have lots of questions to ask him."

After the postulancy and the first year of theology, those in charge considered he was gifted for studies, robust, good at drawing, resourceful and well liked by his confreres. He began his novitiate on the 20th September 1937 at St-Martin, a little late, as the building had only just been completed. Conrad was one of the first Canadians not to do his novitiate at Maison-Carrée.

He did the last three years of theology at Eastview near Ottawa. He took his Oath on the 22nd June 1940 and was ordained a priest on the 7th June 1941. His professors emphasised his qualities in study, drawing, music and every kind of practical work. He was advised to keep to the essentials rather than incidentals, as he sometimes liked to concentrate on activities considered less important.

Due to the war in Europe, Conrad could not leave for Africa immediately. He was appointed for three months to our house in Montreal to learn Luganda, as he was due to go to Uganda. Afterwards, he stayed for some months in two parishes of Pembroke Diocese in Ontario to familiarise himself with pastoral ministry in an English-speaking environment. In October 1942, he went for a year of educational theory to Toronto.

Finally the great day dawned for our confrere. On the 7th July 1943, he undertook the long and perilous sea voyage. He was no longer appointed to Uganda, but Tanzania. In October 1944, he arrived in Kigoma Diocese, where he would carry out his ministry for all the time he was in Africa. He started as curate at Nyaronga, then at Nyavumbu. Later on, he would be parish priest at Marumba for some months. July 1946 marked the beginning of a long career in the schools of Kigoma Diocese.

He was six years lecturer at the Teacher Training College of Kabanga, six years as Education Secretary at Kabanga and around 12 years as diocesan director of catechesis, residing at Kasulu. Due to health problems, he retired to Canada in July 1977. From 1952 till 1955, after three months hospitalisation in Kabanga, he had already returned to Canada for rest and treatment for a nervous condition. During this time he helped out in missionary promotion.

How had Father Marcoux lived in Africa? There were many stresses and disappointments, but also many moments of joy. Conrad liked to recall that he had been a sacrificial victim! He had chosen the White Fathers somewhat in reaction to the Clercs de St-Viateur who wanted him in their Congregation as a teacher in their schools.

He would rather have been in the rural areas to be closer to the people. In addition, Conrad often had the impression of not really being appreciated. For instance, at the 1966 celebration of his 25 years of priestly ordination, he said he was surprised. "People were singing my praises to the heights and I asked myself why I had not felt it before if I really were so much appreciated?"

Nevertheless Father Marcoux also found times of relaxation and pleasure in Africa. He was very skilled in mechanics, electrics and watch-making. He also liked to hunt, providing meat for his confreres. He was happy to be of service and sometimes did so to the detriment of his teaching duties. Back in Canada in 1977, he was offered work in Toronto in a milieu he already knew. Apart from a year and a half in our house in St-Hubert for audio-visual services, Conrad stayed about 20 years in Toronto.

Father Jean Lavoie, in his funeral homily, summarised his activities during that time. "In Toronto in 1977, I again met Conrad at our house in Thornhill, where he was doing missionary apostolate, helping in parish ministry and publishing a White Father promotion leaflet. The 3-month Biblical experience in Jerusalem in 1984 had marked him. On his return to Toronto, he discovered the Cursillo movement that became his favourite apostolate. He was devoted to it and received a lot in return. He discovered in it a source of affection including human and spiritual support. He then became their diocesan chaplain and later assistant national chaplain for the English-speaking sector."

From 1993, Father Marcoux stayed in a presbytery at Richmond Hill, Toronto. At the beginning of 1999, he wrote a request to the Provincial, "I am anxious to come back to the 'family', although separation from my friends of more than 20 years will be a wrench for me."

At the Boulevard de l'Acadie Provincial House, Conrad spent some years of peace, while continuing supportive guidance for people who consulted him. However, it was noticeable that his powers were diminishing. At the end of 2004, his doctor discovered he was suffering from terminal anaemia. In March 2005, he was hospitalised at the Résidence Lasalle, at Ste-Dorothée. In June, helped by a confrere, he wrote to his friends, "I don't have much time left, but I just wanted to restate my esteem and affection for you and say 'Adieu', until we meet again in our true and permanent home." Father Conrad Marcoux passed away in the Résidence on the 21st August 2005 at the age of 89. The Funeral Mass took place in the chapel of the Provincial House, following by interment at St-Martin's cemetery in Laval, in the part reserved for Missionaries of Africa.

We conclude with another extract from the homily of Father Lavoie. "Conrad asked searching questions as much for himself as for the men and women who corresponded with him by word of mouth, letter or email. He had known depression, an affliction that clips the wings of flight, shrinks perspectives and dries up courage. Nevertheless, his hope was well anchored to the Lord's promises. He knew how to speak of it and discuss it passionately, seldom without emotion."





Father Patrick Boyd

1919 - - 2005

 

Born on 28th December 1919, Pat was one of sixteen children born to Thomas and Isabella Boyd. He was in fact the thirteenth child and those who are superstitious might say this accounted for the fact that during his lifetime Pat was the victim of many unforeseen circumstances and illnesses! It was something that Pat took even naturedly and with good humour.

Of those sixteen children, eleven lived long and healthy lives in various parts of the globe, Australia, America and Scotland, not to mention the many years Pat himself spent in Zambia. At his funeral his brother George, Canon of Motherwell Diocese, was the main celebrant and Andrew their only surviving brother was present in church, while their sole surviving sister was present in spirit at her home in Australia. Also in Church were a large gathering of nephews and nieces and their children, to whom Pat was very close and all of whom gave Pat great support and strength in his years of retirement and in the days of his final illness.

Coming from a large family was perhaps one of the things that attracted Pat to a life in community and after two years in the diocesan seminary in Scotland he chose to follow his vocation in the Society. That commitment to community life and family spirit were to remain hallmarks of Pat's days in Zambia and Scotland and were a quality for which he was admired and respected.

In those days, due to wartime restrictions, British students remained at home and Pat found himself, one of the few to make his Spiritual Year at Sutton Coldfield and to begin his studies at the nearby seminary of Birmingham Archdiocese. Further studies continued at Monteviot in Scotland, but back again in England in 1947, he took his Missionary Oath at Rossington Hall. The following year, he was ordained together with his brother George in the newly consecrated Motherwell Cathedral of his home diocese.

Pat's first appointment was not to Africa as he had hoped, but to teach at the junior seminary in St Boswells. He was to remain there as teacher and Bursar for eight years. Although popular with the students and always anxious to do his best for them, Pat was not a naturally talented teacher and struggled with this first appointment. His students, among them the present Provincial Peter Smith and Archbishop Michael Fitzgerald, however, remember him as always having the interests of his students at heart and a man who gave them a good example in prayer and piety. Pat's health problems were already beginning and by the time he left for Zambia in 1956 he had lost the hearing in one ear.

From then until 1969, Pat remained in Zambia serving in a number of parishes; among them Chalabesa, Kayambi and Mulilansolo where he was appreciated for his piety, his dedication to his work and his contribution to community life. Languages did not come easily to Pat and he struggled to learn Bemba, but showed great perseverance. Unfortunately his health continued to decline.

A time of home service from 1969 to 1973 saw Pat first appointed as Superior of the Scottish junior seminary and later on to promotion work in Rutherglen. He found the responsibilities of being Superior too much and was somewhat out of his depth with young students. Promotion work suited him better and with his personal contacts he was often busy with missionary appeals and visits to schools where he spoke enthusiastically about his work in Zambia.

A further period of fifteen years was then spent in pastoral work in Zambia before Pat returned home for good in 1988. Those long years in Zambia are best summed up by one of his Superiors who wrote as Pat left: "Pat did not always have an easy time, but one cannot but admire his hard work and dedication…we are very grateful for his missionary presence in our midst." Others remember "a pastoral and community man".

On his return to the Province, Pat accepted to become the Superior of the retirement community in Glasgow after being chosen by the community itself. Now dealing with men of his own age, Pat came more into his own and rendered faithful service to the community for the next six years. Through his contacts he continued to promote a missionary spirit and was always ready to help the local church and was especially fond of giving a hand in his brother's parish where parishioners became very fond of him.

At this time, Pat was instrumental in founding a network of former pupils of the Society that took the name The Pelicans (Cf. their website www.thepelicans.co.uk). It was his dream that they would not only spend time remembering past glories as seminarians, but also actively support the present work of the Society. Thanks to Pat's encouragement, this they did and continue to do for some of our confreres in Zambia. After all, where else would Pat direct their efforts? It was a pleasure to see Pat at their annual reunions, where he was treated with great respect and affection.

When he handed over his responsibilities and became a retired resident of the community, Pat did this with dignity and grace, confiding to friends that his stepping down was in the best interests of the community. The poor health that had dogged him throughout his life became worse and yet he accepted all this uncomplainingly and even with a sense of humour. The question, "Which hospital are you going to today, Pat?" was always met with a smile and sometimes the simple answer: "I don't know, ask the bursar!" Of all his ailments, that which caused Pat the most anxiety was his now serious hearing impediment, making conversation in community very difficult for him and causing him to feel alienated from the community.

However, on a one-to-one basis he became quite different and spoke interestingly and at length about his family and Zambia. Thankfully, his eyesight remained relatively good and he was able to enjoy his reading. He was happy to offer small services to the community, such as looking after the sacristy and the liturgy. This he did very meticulously and woe betide anyone who forgot a particular Saint's Day - especially a Scottish one! During these years Pat became closer than ever to his family and offered much support to them in their sicknesses and bereavements and derived great strength from them and their visits.

His final days were spent in the local hospital where his heart gradually gave out. Even here, Pat continued to be a pastoral man and many of the staff were impressed by his interest in them, his faith, and his acceptance of his suffering. Such was his faith that death held no fear for him and he prayed for God to take him to Himself. This God did gently and quietly, after his brother had anointed Pat, on September 27th 2005.

In his funeral oration the Provincial reminded us of the words of Mother Theresa:
God doesn't ask us to be successful, but He does ask us to be faithful." Devotion to prayer and faithful service were the hallmarks of Pat's missionary life. May he rest in peace.

 




Father Georges-Marie Loire

1926 - - 2005

Georges-Marie was born on the 26th September 1926 in at Pouancé, Anjou, France, where his family had a leather tanning business. After his secondary school, he did his first year of philosophy in Blois then from 1945-1947 completed the process at Kerlois, interspersed with ten months of military service. After novitiate at Maison-Carrée, he studied theology at Thibar and Carthage, where he was ordained a priest on the 27th June 1951.

He was seen as intelligent, sensitive, eager to be of service, but not inclined to be practical. He was on the point of leaving for the missions when he was found to have TB in both lungs. He underwent painful intensive care at Pau from 1951-1955. He took advantage of this enforced leisure to learn Arabic and perfect his knowledge of doctrine. 'Méditations d'un prêtre souffrant' dates from this period. Duly cured, he went to look after the reception at the Paris Provincial House in 1956, while also scout chaplain.

Appointed to Uganda in 1957, he joined Mbarara Archdiocese after an English course at Dorking. He learned Rukiga and performed his ministry at Makiro from 1958-1965. In 1963, he also took over the catechists' school he founded in Ibanda. During those years he had the Ritual, Collects and Epistles for each Sunday, a compendium of religious language, a short summary of the Old Testament, a Latin-Runyankole missal and a catechism published.

He returned for home leave on the 18th September 1965 and after his Long Retreat at Villa Cavaletti, near Rome, studied for two years at the Paris Catechetical Institute. He also gave courses in religion at the Notre-Dame de France Institute 'to pay for the psychoanalysis' he sought to undergo. Back in Uganda, he taught at Mushanga junior seminary before founding a pastoral centre there in 1969. In 1973, based in Nyamitanga, he took over pastoral coordination for Mbarara Archdiocese. During those years, liturgy, ecumenism and translation took up all his time.

After 15 years in Uganda, admitting he was a little weary of 'paperwork' as he put it, he felt the need for a rest, which his stomach ulcer also required. A period of missionary promotion work in France from 1973-1976 came next, after a month of intensive prayer in the surroundings of the priestly fraternity of 'Jésus-Caritas.' He was looking for a solid spiritual life and to live closer to the people.

He therefore set himself up in a council flat, did his own cooking, and thus spent a 'Nazareth year' collaborating in welcoming migrants. A White Father to the core, he sent a long report on his personal views concerning the Society on the eve of the 1974 Chapter where he was translator. Towards the end of his appointment as coordinator, there was question of sending him to Sydney or Nairobi. Ultimately he was sent to Tanzania. In April 1976 he began to learn Kiswahili at Kipalapala Language Centre and was appointed curate in Bugando (Mwanza Archdiocese) in August 1977. In November 1980 he was once again in Rome as translator for the Chapter.

In January 1981, he was entrusted with the Stella Maris, Apostleship of the Sea in Dar es Salaam. It was no sinecure. The Mission was run jointly with an Anglican and a Lutheran and offered a bar-restaurant, a cooperative shop and various sporting facilities. Georges-Marie boarded ships where English was not spoken and celebrated Mass if requested. 40,000 deep-sea mariners from all over the world passed through the Mission every year. He also tried to reach out to the dockers in port, without neglecting the much worse-off local small-fishermen among whom he practised primary evangelisation.

He also dealt with the families of victims of sea tragedies. In 1982 he did the Jerusalem Session-Retreat. In 1987 a hip-replacement operation afforded him the opportunity for a sabbatical year. He then went regularly to the Carmelites, the Focolari (he added Marie to his first name as his Focolari name), and ATD Fourth World. He started to write "The Sea People of Dar es Salaam", published by Karthala in 1993 in French and later translated.

Back in Tanzania in 1989, he was given the chaplaincy of Muhimbili hospital. In 1992 at the request of Archbishop Cardinal Rugambwa he founded PASADA (Pastoral Assistance and Services to those suffering from Aids, Dar es Salaam Archdiocese), where there are an estimated 200-300,000 seropositive cases - up to 10% of the inhabitants.

In 1994 he attended an international meeting on AIDS in Osaka to keep himself informed. In 1997, he handed over responsibility for PASADA to Father Rick Bauer of the Maryknoll Fathers. He reserved for himself the role of 'priest-educator' to the 'Youth Alive' club. From 1999, he intensified his efforts in AIDS prevention. He founded a branch of 'Youth Alive'. His teaching was aimed at AIDS prevention through Christian values, drawing youth upwards, which warranted Georges-Marie the jibe of 'elitist.' He sought to preach an ideal, forming the person, whereas others faced with the urgency of the situation proposed more immediate solutions. The many tributes from young people who attended the Chang'ombe and Kariakoo centres showed the undeniable impact of the Youth Alive movement. All his years of disinterested service merited Georges-Marie the Legion of Honour in January 2000.

At the end of 1997 he did the Rome session to learn how to 'age well.' He underwent a bypass operation at Angers on the 2nd May 2000 and nonetheless returned to Tanzania on the 18th September. However, the bell was tolling for the final return in April 2002, after guaranteeing the handover to Father Frank Rossmann, a young German confrere. Appointed to Mours, at his request, he undertook the publicising of Uganda-founded Youth Alive in other countries of Africa, travelling to South Africa, Côte-d'Ivoire, Chad and Gabon.

However, victim to a brain tumour, this valiant servant returned to the Lord on the 7th September 2005, after 54 years of particularly fruitful apostolate. During the funeral Mass in the chapel at Bry-sur-Marne, on Friday the 9th September, homage was paid to a zealous apostle, an innovator concerned for a very demanding commitment towards society's outcasts, seamen, AIDS sufferers and vulnerable youth. He was also praised as a man of prayer, whose intercessors were Charles de Foucauld, Thérèse de Lisieux and Elisabeth of the Trinity. When elaborating a programme of sessions for education for life, he concluded, "God our Creator, help all us young people of this country to work together and support one another in promoting healthy behaviour and a good family life in conformity with your will."

Father Gérard Chabanon, Superior General, who knew him in Tanzania wrote, "Georges-Marie had an extraordinary ability to attract people to himself and his projects, especially youth. He knew how to communicate his strongly held beliefs and engender vocations. He began with a low profile and continued in that style. He was always busy, pausing only to pray. With two or three offices in Dar es Salaam, he was at the same time a friendly confrere who was able to put aside his work from time to time to sit and share with his confreres in all simplicity. May he rest in peace!"

Armand Duval




Father Camille Ranzini

1927 - - 2005

Camille was born on the 12th July at Bizerte, Tunisia. After his secondary schooling at the junior seminary of La Marsa, he applied to the White Fathers. He came from a modest income family and his mother admitted to having to sell her jewellery and other articles to pay the fees for him at La Marsa. Camille was sent to study philosophy at Thibar in 1945. Afterwards he took the habit at Maison-Carrée in 1947 and did his military service from November 1948. He followed the usual course of theology at Thibar from 1949 till 1952, then at Cartilage, where he was ordained a priest on the 5th April 1952.

During his studies he was appreciated for his intelligence, his bright mental attitude and his humour, in spite of heightened sensitivity and a certain reserve due to shyness. He acquitted himself well in infirmary services and made a very good impression all round. In addition, he was the only one surprised when he was sent to Rome to specialise in Canon Law.

The director of studies in Rome congratulated him on excellent results. Once his studies were over, Camille, who dreamt of being on mission in Arabic-speaking territories made it known it would not be timely to appoint him to Thibar, as at the time he risked being called up. He was therefore sent instead to Koupéla in Upper Volta. He was delighted and in 1960 became Superior at Goungen.

Not in any sense a writer, he only put pen to paper to indicate his arrivals on home leave and his return to Africa. Appointed to France in 1962 as professor of Moral Theology and Canon Law at Vals, and although his courses were appreciated by his students, he clamoured very early on for his return to Burkina. In 1965, he became secretary to the episcopate and an ecclesiastical judge. In 1967 he was elected to the General Chapter.

In 1969, after his Long Retreat in Rome, his life took a new turning with the opening of a language centre in Guilongou. He would henceforward devote all his time to linguistics, acquiring a competence recognised by all. Teaching was mainly oral with the help of a valuable collaborator, Joachim the catechist, as Camille said he lacked time to write down or record on tapes his discoveries and knowledge. He was clearly concerned to explore and improve existing instruments in particular the dictionary of Fr. Alexandre, stemming from the works of Fr. Thueux. However, working hard at it late into the night he ended up nervously exhausted. A medical check-up in 1974 indicated asthenia, requiring prolonged rest.

His letters are essentially business correspondence where he is asking for one or other volume on local customs, the workbooks of Fr. Thueux, or notes taken by someone and left unexamined… The Regional of the time described this great worker perfectly. "Camille discovered that Moore is a tonal language and that the grammar was dependent on it; he set himself to revise the existing dictionary and had already published about fifteen booklets on the customs and mentality of the people: 'an indispensable rescue operation', according to Bishop Yougbaré.

He was a member of the National Commission on Moore; his researches were much appreciated there, but he served with humility and discretion. He was a man of God, concerned for evangelisation, writing with diocesan Father Robert Ouédraogo an Adult Baptism Ritual, revolutionising the manner of catechising them. Other rituals could also have appeared but he did not find in liturgy the same collaboration as in linguistics. In spite of this unremitting programme, he was good to live with and those on courses appreciated it, as Camille was also competent in mechanics, electricity, gardening and animal husbandry. In addition, all were well looked after at the Language Centre."

During leave in 1979, after a crisis of malaria and suspected typhus, he asked to go to Darek-Nyumba, Madrid, to study methods of language initiation used by Father Galindo, or to Dublin with a similar objective. As a perfectionist, he sought always to improve, something that moreover delayed his publications, as he was never satisfied they were complete. From 1982 his business letters gave way to health bulletins. He came back to France totally burnt out, writing only with difficulty.

He was offered a sabbatical to polish up his notes and meet with learned peers in his own domain, at the Sorbonne or elsewhere. However, in December he set off again for Guilongou. His afflictions were the first early signs of Parkinson's disease. In spite his natural kindness, he quickly became irritated as he held to his ideas. In 1992, a letter revealed him still looking for old papers and books intended to place North African or Sub-Saharan African immigrants in the context of modern life. The scholar in him complained that in some White Father houses, old books on Africa were being sold off whereas they could be of use in a language centre. Had he not found a work by Livingstone in a dustbin? He deplored the fact that the works of Louis Tauxier, amongst others, were mouldering forgotten in our libraries. He took advantage of a home leave to undergo an operation for piles, revealing cancerous cells and requiring two months of radiotherapy.

From then on, he would be dogged by health problems. His returns to the Province became more frequent in 1993 and 1994. It was pointless to ask him to go back only if he were well recovered, as he would obtain the required certificates and go back to Burkina only to leave again two months later. There was no choice then but to propose a return home for good to him after a last trip to put his affairs in order and select what he thought necessary to bring and continue in France a work that he himself said would in any case be incomplete. Therefore, in February 1995 he arrived for the last time in Guilongou to make the selection that proved to be long.

Obliged to return to France, he chose Tassy retirement community where he could store his documents and use them over time without burdening too much those who would be obliged to live with him. In July he therefore took his leave, leaving Joachim inconsolable. In addition, work they could only accomplish together was also put on hold. In 1996 he was admitted to hospital in Nice. No letter from him mentioned the Calvary of his last ten years until his death in Tassy on the 16th September 2005.

In his funeral homily, Fr Joseph Billot recalled with emotion how he met him one day at the market in Ouagadougou, where Camille would come every Thursday. "It was impossible to distinguish Camille's way of speaking from that of the Mossi around him. Born into a multicultural milieu, well-educated to study the customs of the Mossi people, he raised countless 'whys' about the pastoral strategy in Burkina.

One event marked his life: one day parishioners came looking for him, as a mother had died giving birth to a baby girl. According to the customs of the period, the child was destined to die, abandoned on a termite mound. Camille entrusted her to the Sisters. Lily became a brilliant academic and mother of a family. As for him, a great sport, tireless adept of yoga, he had to accept courageously his physical degeneration. So many hidden sufferings but from which he is now free!"

Armand Duval




Father Xavier Plissart

1943 - - 2005

The Gospel passage chosen for Xavier's final farewell was Jesus sending his apostles out on mission: 'Do not let your hearts be troubled or afraid.' (Jn 14.27) None can wipe out a truly God-given life. What matters is to stand up and be counted for Christ the Servant. Like Jesus, Xavier also took the risk of shifting religion's centre of gravity. For him, the meaning was not temple worship but serving suffering humanity.

Xavier was born on the 17th May 1943 at Ixelles in Belgium. After applying to the White Fathers, he did his philosophy at Thy-le-Château and began novitiate at Varsenare on the 1st September 1963. He was sent to Totteridge for theology. On the 25th June 1967, he took his Missionary Oath. His formators were unanimous in recognising his above-average, clear, original and personalised intelligence. He sometimes gave the impression of going to extremes and thus making quite dogmatic assertions.

However, he did so with such enthusiasm and good humour that it contributed positively to community life and above all to reflection. A devouring fire burned within him. He urged others to live out the Gospel with boldness.

Ordained a priest on the 30th June 1968, he was asked to study philosophy at Heythrop College in London. For 29 years afterwards his work in Africa was in Ghana, Tanzania and latterly, Congo.
In Ghana, he was curate at Walewale parish in Navrongo Diocese. His first concern was learning the language and local culture. He collected a great number of local proverbs that summarised all the popular wisdom that Christ came to bring to fulfilment. He used this to obtain a degree in social sciences and anthropology at Birmingham University. He published a thesis noted for its compilation of proverbs. In 1975, Xavier left for Ghana again and was appointed professor of philosophy at Tamale Major Seminary.

In the seminary, he knew each individual personally. He was demanding and sought to train future priests and not ecclesiastical civil servants. He did not want them all to be made from the one mould, but become who they truly were by the challenges of freedom and a spiritual life. He expected reliable and exacting work from them. He invited everyone to find his role in community building. He laid this ideal out with an energy that was not always appreciated by his more moderate and perhaps slightly patronising confreres. It is possible Xavier sometimes lacked tact in defending his opinions. He was uncompromising in matters of principle. This sometimes provoked tension in the seminary formation team.

After two years there, he returned to Walewale as curate for six months. He used the time to pursue his research in philosophy and anthropology. In 1977, he stayed briefly at Birmingham to write and defend his doctoral thesis. In September the same year, he returned to Tamale Major Seminary and continued lecturing in philosophy until 1980. From 1980 till 1986, he was a curate in Garu and Bunkpurugu, parishes in the north of Ghana.

In the footsteps of Christ working among men and women, Xavier lived a well inculturated life very close to the people: he knew their lives, their joys and sorrows. In 1986, he did the Jerusalem Session-Retreat. At the end of the retreat he wrote, "I am happy to continue in Ghana as long as I can be useful in setting up of the Kingdom of God and I would be happy to stay there for the rest of my days.

However, if someone were needed for a new project requiring a simple lifestyle and even material poverty, a first evangelisation community project preaching and adapting the Good News in a new environment, I would be truly happy to respond to that call." After Jerusalem, he returned to Ghana as an ongoing formation team member based in Bolgatanga in Navrongo Diocese. In 1988, he was appointed professor at Kahangala in Tanzania. In 1991, he became Rector of this First Phase Formation house. In 1994, he went to Berkeley in the USA for a sabbatical year in theology.

In 1995, he was appointed to the seminary of ND d'Afrique at Bukavu, DRC. He was Dean of Studies until 1998 when he went back to Belgium for good. In July 1999, he was taken on as head of the English section at Lumen Vitae International Institute of Catechesis and Pastoral Activity. He stayed there until his death. During his time in palliative care, he still worried about the organisation of courses and passing on his responsibilities to his successor.

In addition to his commitment at Lumen Vitae Institute, he also accepted being in charge of Saint Job's Parish in Brussels. In his condition, one would think he could ease up a little. He would say to his friends at Saint Job, "We need to take risks in order to feel alive. If we don't take risks, we're not living. That is the work of the Holy Spirit in us."

Inflamed by this devouring fire and compelled to take risks in order to live the constraints of the Kingdom amid present-day upheavals, he sometimes came up against clerical and institutional authority.
Concerned for closeness to God and people, ignoring fear and unflinching in his longing for integrating faith in daily life, shortly before his death he wrote, "The tenderness of God seduces us and renews our way of thinking with a power like a devouring fire. It makes us able to offer him a life pleasing to him.

This fire enables us to surmount obstacles such as suffering and death. Denying ourselves following in the footsteps of Jesus, we become leaven in a new humanity. Our commitment reveals the divine at the core of what is human. This vision, proposed by Jesus, is not open to question if we wish our future to be life-bearing, imbued with peace and joy."

Xavier loved life. He suffered and struggled against his illness with incredible strength. Here is a tribute read during the final farewell, which shows how the nearby community in which he had lived saw his final struggle. "Your illness confronted you with your fragility and weakness. You had to learn to let go.

Thank you, Xavier, for not hiding your tears from us. You lived your life to the very last drop."
Xavier had been ill for some years, but at the same time he had an overriding will to live. This power was admired by all the confreres who visited him. Nonetheless, the time comes when illness takes over and the Lord then called him to Himself. He bade Xavier come on the 22nd September 2005. He was 62.