NOTICES BIOGRAPHIQUES
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Père Roger Merceron

1930 - - 2019

..Roger est né le 13 février 1930 en Vendée, à St Pierre-le chemin. Il était l'aîné de 11 enfants. Ses parents, cultivateurs exploitaient une modeste ferme où le travail ne manquait pas, mais, écrit Roger, la joie était de règle dans cette nombreuse fratrie. Roger est toujours resté très attaché à sa famille. Il était lui-même aimé de tous, et les nombreux frères et sœurs, neveux et petit neveux venus à son enterrement, prouvent la place qu'il tenait dans la famille.

Famille profondément chrétienne, Roger avait un oncle prêtre et une tante religieuse. C'est vers 11 ans qu'il a pensé devenir prêtre. Un jour, à la sortie du catéchisme, le curé lui demanda : dis donc, Roger, ne voudrais-tu pas devenir prêtre ? Sa réponse fut nette et brève : Oui. Il n'a jamais remis cette réponse en question.

Il a donc suivi la filière des séminaires diocésains où il se fit de très bons amis. Un jour, il apprend que le frère d'un de ses bons amis avait été tué à Monte Cassino ; or, il était en philosophie chez les pères blancs ; Roger pensa : celui-là, il faut que quelqu'un le remplace ! Pourquoi pas moi ? La décision était prise : il sera Père blanc. Avant d'être autorisé par le diocèse à quitter le séminaire, il dut faire une année de service comme surveillant et enseignant au collège.

C'est ainsi qu'il arriva au noviciat de Maison-Carrée en 1952. Il y apprécia la vie de communauté et fut très heureux. Il écrit : " Je n'en ai cependant à peu près gardé comme souvenir que le jour où le père maître me dit devant toute la communauté que j'étais comme un canard sous les plumes de qui l'eau ne pénètre pas ".

Après un an à Carthage et un an à Thibar, il est ordonné prêtre à Carthage le 10 avril 1955 des mains de Mgr Montaigne, ancien vicaire apostolique de Pékin. Puis ce furent des années d'étude à Rome : un an à la Grégorienne pour la licence en théologie dogmatique et deux années magnifiques dit-il, à l'institut biblique des pères jésuites pour la licence en sciences bibliques.

En 1958, nomination au noviciat de Gap : il enseigne les Evangiles .
1964 : grand séminaire de Murhesa au Congo. Il est seul pour enseigner la dogmatique et la Bible dans toutes les années. Il est aussi en charge de la bibliothèque.

De 1974 à 1987 : grand séminaire de Bujumbura au Burundi. Ce furent dit-il, ses meilleures années. Mais en 1987 il fut comme la plupart des pères " autorisé à quitter définitivement le Burundi ".
Après une année d'études à l'Institut Catholique de Lyon, il est nommé à Lille puis à Fribourg en Suisse pour accompagner nos candidats du premier cycle. Ce fut la fin de quarante années d'enseignement et accompagnement d'étudiants.

Un regret dit-il : ne pas m'être mis à une langue africaine ; on me disait toujours : "Tu n'as pas le temps maintenant, tu feras cela plus tard... ".

Ce fut alors le début d'une nouvelle étape de sa vie. En 1998, il est nommé à Jérusalem (Photo) pour s'occuper de la revue " Proche Orient chrétien ". Il en devint le secrétaire, ce qui implique l'administration des abonnements et ce qui tourne autour, la mise en forme du français des textes proposés, et aussi la présentation de quelques livres sur les réalités des Eglises Orientales. Il était en même temps recteur de la basilique Sainte Anne. Pendant trois ans également il fut responsable délégué de la section " Éthiopie Proche Orient (EPO) ". " Cela m'éduqua à l'écoute et à l'observation, et à admirer le travail accompli en Éthiopie par nos premiers confrères là-bas. Le Saint Père, sur l'invitation de l'évêque d'Adigrat, nous avait demandé d'aider l'Église locale de rite éthiopien à se développer en particulier par la prise en main du grand séminaire, en nous inspirant de ce que nous faisions à Jérusalem quand le séminaire grec melkite était là. "

Le 10 août 2009, Roger fait une chute terrible dans l'escalier de la basilique. Voici ce qu'il en dit : " quatre mois en divers hôpitaux de Jérusalem et de Paris. Avec fracture de l'arcade sourcilière gauche, impressionnant hématome derrière et au-dessus de l'œil droit, cécité de l'œil gauche. Conséquence inattendue mais impressionnante pour moi, j'ai repris conscience après plusieurs mois de coma, dans un hôpital israélien, au milieu d'un groupe d'infirmiers, infirmières et aide-soignants.

Ils étaient là, autour d'une troupe de malades, dont moi, israéliens, musulmans, et chrétiens dont quelques sœurs, révélateurs à mes yeux éblouis de ce que peut être l'amour de l'homme pénétré de l'amour de Dieu. J'étais rempli d'amour de Dieu et plein de reconnaissance pour lui de m'avoir amené à faire cette expérience. Cela s'est poursuivi quelque temps après au cours d'une autre visite où l'un d'entre eux a commencé à m'interpeller en chantant mon nom : " Roger Corazon " ce que j'ai interprété comme voulant dire " Roger de mon cœur " ; cela s'est ensuite renouvelé chaque fois que ce groupe arrivait dans la salle ; depuis la porte on entendait chanter cette même exclamation aimante, libre, et respectueuse, toujours aussi expressive de la Présence de Notre Père. "

Les séquelles de cette chute et de ce long coma sont profondes. Roger est nommé à la maison de retraite de Billère fin 2009 : il marche difficilement et ses pensées sont un peu confuses. Cependant, un de ses amis de Jérusalem a eu la bonté de venir le chercher, l'accompagner à Jérusalem huit jours et le ramener à Billère : ce fut une grande joie pour Roger. Son état ne fit que se dégrader rapidement. Il ne put plus se déplacer, puis parler, communiquer...et finalement ce fut plusieurs années dans un semi coma. Pas un mot de plainte de sa part. Le personnel de la maison l'a soigné avec beaucoup de bonté, de délicatesse.

Il est décédé le 11 octobre 2019. Les obsèques ont eu lieu dans notre chapelle. Vingt membres de sa famille se sont joints à la communauté, ce qui prouve la place que Roger tenait parmi les siens. Un de ses neveux, curé à Malestroit dans le Morbihan, présidait la messe.
" Même si en nous l'homme extérieur va vers sa ruine, l'homme intérieur se renouvelle de jour en jour " 2 Cor 4,16

Roger nous laisse le souvenir d'un confrère avec lequel il fait bon vivre, et d'un modèle de missionnaire Père Blanc. Monseigneur Claude Rault a donné son témoignage : " J'ai eu le bonheur de faire communauté avec Roger en 95-97 à Fribourg, où il enseignait la Bible à l'année spirituelle. Je l'ai apprécié pour son amour de l'Afrique, et son humour aussi en communauté. Roger avait aussi un bon discernement et sa bonne humeur faisait du bien.

Merci Roger pour Tout ce que tu as fait, toujours discrètement. Merci pour avoir été ce confrère dont nous garderons un excellent souvenir.

Bertrand Gayet



PROFILES

Father Roger Merceron

1930 - - 2019

Roger was born on February 13th, 1930 in Vendée, in St Pierre-le Chemin. He was the eldest of 11 children. His parents, farmers, ran a modest farm where there was no shortage of work, but, writes Roger, joy was the rule in this numerous siblings. Roger had always remained very attached to his family. He was himself loved by all, and the many brothers and sisters, nephews and little nephews who came to his funeral, prove the place he held in the family.

A deeply Christian family, Roger had a uncle priest and a aunt religious. It was at around the age of 11 that he thought of becoming a priest. One day, at the end of the
catechism, the priest asked him: "Roger, wouldn't you like to become a priest?" His answer was clear and brief: Yes. He never questioned that answer.

He therefore followed the path of diocesan seminaries where he made very good friends. One day, he learned that the brother of one of his good friends had been killed in Monte Cassino; he was in philosophy with the White Fathers; Roger thought: that, someone must replace him! Why not me? Why not me? The decision was made: he will be White Father. Before being authorized by the diocese to leave the seminary, he had to do one year of service as a supervisor and teacher at the college.

This is how he arrived at the novitiate of Maison-Carrée in 1952. There, he enjoyed community life and was very happy. He wrote: "However, the little I remember of it, is the day the Novice Master told me in front of the whole community that I was like a duck under whose feathers water did not penetrate".

After one year in Carthage and one year in Thibar, he was ordained a priest in Carthage on April 10th, 1955 by Bishop Montaigne, former Apostolic curate of Beijing. Then there were years of study in Rome: one year at the Gregorian University for the degree in dogmatic theology and two magnificent years, he says, at the Jesuit Fathers' Biblical Institute for the degree in biblical sciences.

In 1958, he was appointed to the novitiate in Gap: he taught the Gospels. 1964: Major seminary of Murhesa in Congo. He was alone to teach dogmatics and the Bible in all years. He was also in charge of the library.

From 1974 to 1987: major seminary in Bujumbura, Burundi. These were his best years, he said. But in 1987 he was like most fathers "allowed to leave Burundi permanently".

After a year of study at the Institut Catholique de Lyon, he was appointed to Lille and then to Fribourg in Switzerland to support our undergraduate candidates. It was the end of forty years of teaching and accompanying students. "One regret, he said, was that I hadn't gotten into an African language; I was always told: "You don't have time now, you'll do that later...".

In 1998, saw the beginning of a new phase in his life. He was appointed to Jerusalem to take care of the magazine "Proche Orient chrétien". He became its secretary, which involved the administration of subscriptions and everything around them, the formatting of the proposed texts in French, and also reviews of some books on the realities of the Eastern Churches. At the same time, he was rector of St. Anne's Basilica. For three years he was also deputy head of the Ethiopia Near East (EPO) section. "It taught me to listen and observe, and to admire the work done in Ethiopia by our first confreres there. The Holy Father, at the invitation of the Bishop of Adigrat, had asked the Missionaries of Africa to help the local Ethiopian rite Church to develop itself, in particular by taking charge of the major seminary, drawing inspiration from what we were doing in Jerusalem when the Greek Melkite seminary was there. "

On August 10th, 2009, Roger made a terrible fall down the stairs of the basilica. Here is what he says: "Four months in various hospitals in Jerusalem and Paris. With fracture of the left brow bone, impressive hematoma behind and above the right eye, blindness in the left eye. As an unexpected but impressive consequence for me, I regained consciousness after several months in a coma, in an Israeli hospital, among a group of nurses and caregivers." "They were there, a group of sick people, including me, Israelis, Muslims, and Christians, including some sisters, revealing to me, dazzled by what can be the love of a man penetrated by the love of God.
I was filled with God's love and gratitude for leading me to this experience. This continued some time later during another visit when one of them began to call out to me by singing my name: "Roger Corazon" which I interpreted as meaning "Roger of my heart"; it was then renewed each time this group arrived in the room; from the door we heard this same loving, free, and respectful exclamation, always
as expressive of the Presence of Our Father."

The after-effects of this fall and long coma were profound. Roger was appointed to the retirement home in Billère at the end of 2009: he has difficulty walking and his
thoughts are a little confused. However, one of his friends from Jerusalem was kind enough to pick him up, accompany him to Jerusalem for eight days and bring him back to Billère: it was a great joy for Roger. His condition only deteriorated rapidly. He could no longer move, then talk, communicate... and finally it was several years in a semi coma. Not a word of complaint from him. The staff of the house cared for him with great kindness and delicacy.

He died on the 11th October 2019. The funeral was held in our chapel. Twenty members of his family joined the community, which proves Roger's place among his family. One of his nephews, a priest in Malestroit in Morbihan, presided at Mass. "Even if in us the outer man goes towards his ruin, the inner man renews himself day by day" 2 Cor 4:16

Roger leaves us with the memory of a confrere with whom it is good to live, and a model of a White Father missionary. Bishop Claude Rault gave his testimony: "I had the joy of forming a community with Roger in 1995-1997 in Fribourg, where he taught the Bible during the spiritual year. I appreciated him for his love of Africa, and his humour also in community. Roger also had good judgment and his good humour did a lot of good around him.

Thank you Roger for everything you've done, always discreetly. Thank you for being this colleague of whom we will keep an excellent memory.

Bertrand Gayet