NOTICES BIOGRAPHIQUES
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Père François NONNON
...François
Nonnon est né au Havre le 25 Septembre 1924. Son père Albert,
de nationalité belge, blessé de guerre, avait été
soigné au Havre, et avait épousé Marie Thérèse
Dorival. Ils eurent 6 enfants : 4 garçons et deux filles. François
était l'avant dernier.
Son père prit la nationalité française, c'est ainsi que
François, né belge, est devenu français, mais il est
resté très attaché à la branche des Nonnon en
Belgique.
A la mort de son grand-père Dorival, son père
prit la succession à la tête de l'entreprise familiale. La famille
vivait dans l'aisance.
François a reçu une bonne éducation religieuse. Il fréquentait
beaucoup le couvent des dominicains, servait la messe. Le jour de sa première
communion, il a déclaré à sa mère qu'il désirait
être prêtre, ce qui réjouit beaucoup sa mère. Il
semble que François était un peu le petit chouchou de sa mère
Ce qu'il y a de certain, c'est que François est resté
toujours très attaché à sa mère.
En 1937, les affaires familiales étant en difficulté,
la famille a dû vendre la maison et déménager à
Marseille. La santé de François n'était pas bonne, et
il a dû aller six mois en préventorium à Megève.
Ses études ont donc été perturbées et il a dû
redoubler des classes.
Voulant être Père Blanc, il est entré en
octobre 1941 au petit séminaire de Saint Laurent d'Olt. Voici l'appréciation
portée par son supérieur : " ses qualités se cachent
sous une apparence de froideur et de réserve. "
En 1945, François entre à Kerlois en philo universitaire. En
1948, il fait son noviciat à Maison-Carrée. " Il est un
peu taciturne et fermé
mais il reste un bon confrère et
il a très bon cur. " Tel est le jugement du père
maitre. À la fin du noviciat, il est nommé au Canada pour y
faire sa théologie, mais le visa lui a été refusé
par le Canada, à cause de son passage au préventorium. Alors
il passe l'année à Tournus, où un confrère lui
fait faire un peu de théologie : cela lui sera compté comme
une demie année.
De 1950 à 1953, théologie à Carthage et
Thibar. Le 30 juin 1953 il est ordonné prêtre à Thibar,
et nommé au Vicariat apostolique du Lac Albert au Congo belge. Dans
ce Vicariat il n'y avait que des pères ou frères parlant le
flamand, mais le chapitre général de 1947 avait décidé
d'internationaliser. C'est ainsi que le Père Autet et François
furent les premiers français nommés après le chapitre.
Nommé tout d'abord à Kilomines, François
apprend le kiswahili. Il est heureux. Mais en 1956 le régional signale
" Santé faible, se nourrit presque exclusivement de pain, fromage
et confiture ",. En 1959 il est nommé à Laybo beaucoup
plus au nord : il doit apprendre le lingala.
En 1961, il revient en congé. Il se fait soigner le foie
à Vichy, et fait sa grande retraite à la villa Cavalletti. C'est
alors qu'il est nommé à l'animation missionnaire à Marseille
où il restera à peine deux ans.
En décembre 1963 le voilà de nouveau au diocèse
de Bunia à Kilo. Il y a vécu la période difficile de
la rébellion en 1964. Il y a connu quelques jours de prison, quelques
coups de crosse
C'est à ce moment-là que neuf de nos confrères
ont été assassinés à Bunia et Aba. François
avec tous les confrères, enfin libérés par les mercenaires,
est évacué sur Kinshasa et la France. Pendant quelques mois,
il fera un peu d'animation dans la région de Marseille.
De retour au Congo en juillet 1965, il est nommé à
Gety, puis à Badiya, à Kilo, et à Nyakasanza. Dans ce
poste, il avait la responsabilité de la succursale de Kasenyi et des
villages du bord du lac Albert. Partout, François s'est dévoué.
Il a partout porté une attention spéciale à la formation
des servants de messe. Il a toujours aimé avoir un secteur dont il
aurait la responsabilité : il était assez personnel. On le laissait
donc faire, et il s'est partout montré un bon pasteur : il était
foncièrement bon, et il était très aimé de ses
paroissiens. Un signe de l'estime que lui portait la population : plusieurs
ont voulu faire baptiser leur enfant avec le nom de Nonnon
Beaucoup
lui sont restés attachés, et ont gardé contact.
En 1994, avec l'accord du régional et du provincial de
France, il rentre en congé et fait des démarches auprès
du diocèse de Marseille pour obtenir un ministère. Il est finalement
nommé à La Treille, dans la banlieue de Marseille. Il n'était
pas curé et dépendait du curé de la paroisse. Et il lui
fut difficile d'accompagner la communauté chrétienne de la Treille
sous la responsabilité du responsable de secteur.
De fait, François est resté dix ans à la
Treille, faisant un excellent travail et très aimé de ses paroissiens
qui lui sont restés très attachés. François aimait
recevoir la visite de ses confrères, et tout spécialement de
ceux du Lac Albert. Il se faisait un plaisir de leur faire visiter Marseille,
Notre Dame de la Garde, les calanques. Il a beaucoup aimé Marseille
et ces dix ans passés à la Treille, mais son cur était
toujours au Congo.
Mais le temps était venu de penser à la retraite,
et finalement François a accepté d'aller à Billère
en Aout 2005. Il a acheté une nouvelle voiture, une Citroën Kango
pour aider les confrères. De fait, au début il a accompagné
beaucoup de confrères à des consultations médicales,
ou pour faire une promenade, ou un pèlerinage à Lourdes
et même à St Bertrand de Comminges
Il aimait beaucoup conduire,
et chaque année il n'hésitait pas à aller jusqu'en Belgique
pour voir sa famille belge et les confrères de l'lturi. Il aimait rendre
service ; c'est ainsi que chaque dimanche il conduisait un confrère
dans la banlieue de Pau pour qu'il puisse faire de l'apostolat. Il assistait
à la messe du confrère et le ramenait.
Lui-même aimait faire du ministère, célébrer
la messe chez les surs ou dans une maison de convalescence où
il était aumônier.
Il a eu la joie de faire avec un confrère le pèlerinage "
sur les pas de Saint Paul ", et aussi de retourner au Congo pour le centenaire
de l'évangélisation à Bunia.
Puis vint le temps des ennuis de santé : cancer de la
vessie, des intestins, multiples opérations. et beaucoup de souffrances.
Le père Gayet, qui a vécu 73 ans avec François,
depuis Kerlois, au Congo, et à Billère, a dit dans son homélie
de la messe d'enterrement, que c'était le renard du petit prince d'Antoine
de Saint- Exupéry qui avait le mieux compris comment approcher François
: il faut se laisser apprivoiser ou l'apprivoiser...y aller doucement. Ne
pas se laisser décourager par un premier rapport qui peut sembler de
la froideur. Alors on découvre dans le cur de François
un trésor de bonté, de sensibilité, de désir de
faire plaisir. François s'était entouré de la photo de
tous ses confrères défunts et il priait pour eux.
François avait eu des relations privilégiées
avec sa mère : c'est elle qui lui avait donné toute cette affection
dont son cur avait besoin. Tout naturellement François avait
reçu du Seigneur Marie comme mère. Il avait une grande dévotion
pour Marie tant sous le vocable de Notre-Dame d'Afrique que de Notre-Dame
de la Garde. Sur son lit de malade, c'était sa seule prière
: le chapelet, le rosaire.
François avait conscience que son attitude pouvait heurter
les gens, il en souffrait lui-même. Il aurait voulu demander pardon
à chacun. Il a demandé à un confrère de préparer
une photo de lui, et d'y inscrire : " je remercie tous ceux qui m'ont
aidé " et " Je demande pardon à tous ceux que j'ai
pu blesser par mon attitude ". Vous afficherez cette photo après
ma mort.
Après une longue et douloureuse maladie, et de grandes souffrances offertes pour le salut de l'Afrique, François s'est éteint doucement le 25 juillet 2019.
Bertrand Gayet