Voix d'Afrique N°98.

Nelson Mandela

Rolihlahla Mandela naît le 18 juillet 1918 à Mvezo, au Transkei (actuel Cap-Oriental). Issu d’une famille royale de l’ethnie Xhosa qui règne sur une partie du Transkei, il est le premier de sa famille à fréquenter une école où il reçoit le prénom de Nelson. Son père meurt de la tuberculose alors qu’il n’a que 9 ans.

Diplômé, il rejoint l’université de Fort Hare, seule université acceptant les Noirs pour des études en droit. Il y rencontre Oliver Tambo qui devient son ami. Il y découvre le nationalisme afrikaner. Pas convaincu par le marxisme, il adhère à la doctrine de non-violence prônée par Gandhi. La résistance non-violente devient ainsi une inspiration de premier ordre pour Nelson Mandela mais aussi pour plusieurs générations d’activistes anti-apartheid qui y voient une méthode pour lutter contre l’oppression et le colonialisme.

Pour échapper à un mariage arrangé, Mandela s’enfuit à Johannesburg, où il est employé dans un cabinet d’avocat. Tout en travaillant, il obtient sa licence par correspondance, puis poursuit ses études de droit à l’université du Witwatersrand.

En 1944, Nelson Mandela rejoint le Congrès National Africain (ANC) afin de lutter contre la domination politique de la minorité blanche et la ségrégation raciale menée par celle-ci... Cette même année, il épouse Evelyn Ntoko Mase. Devenu avocat, il participe à la lutte non violente contre les lois de l’apartheid, mises en place par le gouvernement du Parti national à partir de 1948.

En 1957, Nelson Mandela divorce et épouse, en 1958, Winnie Madikizela-Mandela. Après le massacre de Sharpeville (21 mars 1960) qui fait 69 morts et 180 blessés, la stratégie non violente de l’ANC est abandonnée par Mandela, qui fonde en 1961 la branche militaire prônant l’action armée. Elle favorise le sabotage, qui « n’entraîne aucune perte en vie humaine et ménage les meilleures chances aux relations interraciales », avant de s’engager dans « la guérilla, le terrorisme et la révolution ouverte. »

Le 12 juillet 1963, il est arrêté par la police sud-africaine sur indication de la CIA. D’abord condamné à une peine de 5 ans de prisons puis, inculpé pour sabotages et trahison, il est condamné à la prison à vie lors du procès de Rivonia et purge sa peine à Robben Island pendant 18 ans au large de la ville du Cap, sous le numéro de matricule 46664.
Le 6 décembre 1971, l’Assemblée générale des Nations unies en séance plénière déclare l’apartheid crime contre l’humanité.

Le 16 juin 1976 éclatent les émeutes de Soweto, nouvelle étape dans la contestation et la répression. L’année suivante, en septembre 1977, Steve Biko, fondateur du Mouvement de Conscience noire, meurt torturé en prison par la police. En octobre, le Conseil de sécurité des Nations unies avec la résolution 417 « condamne vigoureusement le régime raciste sud-africain » et demande la libération de « toutes les personnes emprisonnées au titre de lois arbitraires sur la sûreté de l’État […] et pour leur opposition à l’apartheid ».

Mandela est transféré, en mars 1982, à la prison de Pollsmoor, dans la banlieue du Cap, où, en février 1985, le président Botha offre à Nelson Mandela la liberté conditionnelle en échange d’un renoncement à la lutte armée. Mandela rejette l’offre.

Au cours des quatre années suivantes, une série de rencontres pose les bases pour de futures négociations, mais aucun progrès réel n’est réalisé. Il est en partie libéré le 7 décembre 1988 et mis en résidence surveillée. Cette même année, en juin, a lieu le concert hommage des 70 ans de Nelson Mandela à Wembley, regardé par six cents millions de téléspectateurs dans soixante-sept pays, qui expose au niveau mondial la captivité de Mandela et l’oppression de l’apartheid.

En février 1990 au cours d’un discours devant le parlement, De Klerk, qui a succédé à Botha, annonce la libération de Nelson Mandela. En même temps, il annonce la levée de l’interdiction de l’ANC et de plusieurs autres organisations anti-apartheid. Le jour de sa libération, Nelson Mandela fait un discours depuis le balcon de l’hôtel de ville. Il annonce à la foule : « Je suis là devant vous non pas comme un prophète mais comme un humble serviteur du peuple. » Le 26 février 1990, il demande à ses partisans : « Jetez dans la mer vos fusils, vos couteaux et vos machettes », afin de pacifier les relations entre l’ANC et le gouvernement, mais aussi la rivalité entre l’ANC et l’Inkhata zoulou qui a fait de nombreuses victimes. Les négociations vont durer de mai 1990 à mars 1994. Le 30 juin 1991, le parlement sud-africain vote la suppression des dernières lois piliers de l’apartheid encore en vigueur (loi sur la classification raciale et loi sur l’habitat séparé.)

Les efforts de Nelson Mandela et du président Frederik De Klerk sont reconnus mondialement quand ils reçoivent conjointement le prix Nobel de la paix en 1993 en hommage à « leur travail pour l’élimination pacifique du régime de l’apartheid et pour l’établissement des fondations d’une Afrique du Sud nouvelle et démocratique ».

Les premières élections nationales non raciales du pays sont fixées au 27 avril 1994, correspondant à l’expiration normale du mandat présidentiel de De Klerk. Avant les élections, Nelson Mandela doit réussir à éviter un éclatement du pays et une guerre civile en négociant d’une part avec le mouvement Afrikaner extrémiste et aussi avec le roi des Zoulous qui veut créer son propre État zoulou au Natal. À la suite des premières élections générales multiraciales du 27 avril 1994 remportées largement par l’ANC, Nelson Mandela est élu président de la République de l’Afrique du Sud. Il préside le premier gouvernement non racial du pays. Dans son discours d’investiture, Mandela célèbre la fin de l’apartheid et le retour de l’Afrique du Sud dans la communauté internationale, appelant de ses vœux une nouvelle « nation arc-en-ciel en paix avec elle-même et avec le monde ».

À partir de 1996, Mandela laisse à Thabo Mbeki la gestion quotidienne du pays et quitte en décembre 1997 la présidence de l’ANC, ce qui permet une passation des pouvoirs en douceur et contribue à la stabilité politique du pays. Conformément aux négociations de la période de transition, une commission « vérité et réconciliation », présidée par l’archevêque anglican et prix Nobel de la Paix Desmond Tutu, est créée pour recevoir le récit des exactions et des crimes commis sous l’apartheid par le gouvernement, les forces de sécurité, mais également par les mouvements de libération comme l’ANC. Pour Desmond Tutu, « sans pardon, il n’y a pas d’avenir, mais sans confessions, il ne peut y avoir de pardon ». Si des policiers, soldats, mais aussi des activistes anti-apartheid ou des citoyens ordinaires confessent des crimes, peu de responsables de haut niveau viennent devant la commission.

Dès le début de sa présidence, Nelson Mandela est sollicité pour arbitrer plusieurs conflits africains, bien qu’il souhaite tenir son pays à l’écart des conflits régionaux. Il accepte cependant d’être le médiateur de plusieurs négociations de paix, notamment dans l’Afrique des grands lacs (au Zaïre et au Rwanda) et aussi en Angola mais les résultats de ses interventions sont mitigés.

Comme il s’y était engagé lors de son élection, Nelson Mandela, qui était le plus vieux président, élu à l’âge de 77 ans, n’est pas candidat à un second mandat en 1999. Il se met en retrait de la vie politique, laissant la présidence de la République à Thabo Mbeki après la victoire de l’ANC aux élections générales.

À l’âge de 85 ans, en juin 2004, Mandela annonce qu’il se retire de la vie publique : sa santé décline et il veut passer plus de temps avec sa famille. À mesure que les années passent, Nelson Mandela prend de moins en moins position sur les problèmes internationaux et nationaux.

Le quatre-vingt-dixième anniversaire de Nelson Mandela, le 18 juillet 2008, est célébré dans tout le pays avec un concert hommage à Hyde Park dans le cadre de la série de concerts 46664, dont le nom vient du numéro de prisonnier de Mandela.
Nelson Mandela bénéficie d’une popularité immense en Afrique du Sud et dans le monde entier.

D’après des sources diverses
Voix d’Afrique


.............. Suite