Texte Pris sur le site Zénit


Message de François
Pour la 105ème Journée mondiale du MIGRANT et du REFUGIE

29 septembre 2019.

« « Mettre les derniers à la première place »

Cultiver la « compassion », « passer tout de suite à l’action pour soulager, soigner et sauver », c’est l’encouragement du pape François pour la 105e Journée mondiale du Migrant et du Réfugié (JMMR), qui sera célébrée le 29 septembre 2019. « Il s’agit de mettre les derniers à la première place » car la vraie devise du chrétien est “d’abord les derniers !” et non pas « moi d’abord et les autres après ».

« Il ne s’agit pas seulement de migrants », s’intitule le message du pape, qui souligne que dans un monde « chaque jour plus élitiste et cruel envers les exclus », la cause des migrants concerne « nous tous », le « présent et… l’avenir de la famille humaine ».

Dans ce message publié ce 27 mai 2019, le pape met en garde contre le « déclin moral qui nous guette si l’on continue à concéder du terrain à la culture du rejet » et invite « à retrouver certaines dimensions essentielles de notre existence chrétienne et de notre humanité ». En prenant soin des migrants, « nous grandissons tous », affirme-t-il.

« Le problème n’est pas tant d’avoir des doutes et des craintes », estime encore le pape : « Le problème, c’est quand ceux-ci conditionnent notre façon de penser et d’agir au point de nous rendre intolérants, fermés, et peut-être même… racistes. »

« Il ne s’agit pas seulement de migrants : il s’agit de n’exclure personne », poursuit-il en dénonçant l’exploitation des ressources naturelles et humaines « au profit de quelques marchés privilégiés » et le commerce des armes : « Ceux qui en font les frais, ce sont toujours les petits, les pauvres, les plus vulnérables, qu’on empêche de s’asseoir à table et à qui on laisse les “ miettes ” du banquet. »

Il exhorte donc à se « libérer des exclusions, de l’indifférence et de la culture du déchet » et à « faire de la place à la tendresse ».

AK

Message du pape François

Texte intégral


Chers frères et sœurs,

La foi nous assure que le Royaume de Dieu est déjà présent sur la terre de façon mystérieuse (cf. CONC. ŒCUM. VAT. II, Const. Gaudium et spes, n. 39) ; cependant, de nos jours encore, nous devons constater avec douleur qu’il rencontre des obstacles et se heurte à des forces contraires. De violents conflits et de véritables guerres ne cessent de déchirer l’humanité ; les injustices et les discriminations se succèdent ; on peine à surmonter les déséquilibres économiques et sociaux, à l’échelle locale ou mondiale. Et ce sont surtout les plus pauvres et les plus défavorisés qui font les frais de tout ceci.

Les sociétés économiquement les plus avancées ont tendance à développer en leur sein un individualisme accentué qui, uni à une mentalité utilitariste et multiplié par le réseau médiatique, produit la “ mondialisation de l’indifférence ”. Dans ce contexte, les migrants, les réfugiés, les personnes déplacées et les victimes de la traite des personnes sont devenus l’emblème de l’exclusion car, au-delà des malaises que comporte en soi leur condition, on fait peser sur eux un jugement négatif qui les considère comme cause des maux de la société. L’attitude à leur égard constitue une sonnette d’alarme qui nous avertit du déclin moral qui nous guette si l’on continue à concéder du terrain à la culture du rejet. De fait, sur cette voie, tout sujet qui ne rentre pas dans les canons du bien-être physique, psychique et social court le risque de la marginalisation et de l’exclusion.

C’est pourquoi la présence des migrants et des réfugiés – comme, en général, des personnes vulnérables – représente aujourd’hui une invitation à retrouver certaines dimensions essentielles de notre existence chrétienne et de notre humanité, qui risquent de s’assoupir dans un style de vie rempli de confort. C’est en cela que l’expression « il ne s’agit pas seulement de migrants » signifie qu’en nous intéressant à eux, nous nous intéressons aussi à nous et à tous ; en prenant soin d’eux, nous grandissons tous ; en les écoutant, nous laissons aussi parler cette part de nous que nous gardons peut-être cachée parce qu’aujourd’hui elle n’est pas bien vue.

« Courage, c’est moi, n’ayez pas peur ! » (Mt 14, 27). Il ne s’agit pas seulement de migrants : il s’agit aussi de nos peurs. Les méchancetés et les laideurs de notre temps accroissent « notre crainte des “ autres ”, les inconnus, les marginalisés, les étrangers […]. Cela se constate particulièrement aujourd’hui, face à l’arrivée de migrants et de réfugiés qui frappent à notre porte à la recherche de protection, de sécurité et d’un avenir meilleur. La crainte est légitime, notamment parce qu’il manque une préparation à cette rencontre » (Homélie, Sacrofano, 15 février 2019). Le problème n’est pas tant d’avoir des doutes et des craintes. Le problème, c’est quand ceux-ci conditionnent notre façon de penser et d’agir au point de nous rendre intolérants, fermés, et peut-être même – sans nous en rendre compte – racistes. Ainsi la peur nous prive du désir et de la capacité de rencontrer l’autre, la personne qui est différente de moi ; elle me prive d’une occasion de rencontre avec le Seigneur (cf. Homélie de la Messe pour la Journée mondiale du Migrant et du Réfugié, 14 janvier 2018).

« Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense aurez-vous ? Les publicains eux-mêmes n’en font-ils pas autant ? » (Mt 5, 46). Il ne s’agit pas seulement de migrants : il s’agit de charité. Grâce aux œuvres de charité, nous démontrons notre foi (cf. Jc 2, 18). Or, la charité la plus élevée est celle qui s’exerce envers ceux qui ne sont pas en mesure de rendre la pareille, ni même peut-être de remercier. « Ce qui est en jeu, c’est le visage que nous voulons nous donner comme société et la valeur de toute vie. […] Le progrès de nos peuples […] dépend surtout de la capacité de se laisser remuer et toucher par celui qui frappe à la porte et qui, avec son regard, discrédite et prive d’autorité toutes les fausses idoles qui hypothèquent la vie et la réduisent en esclavage ; idoles qui promettent un bonheur illusoire et éphémère, construit aux marges de la réalité et de la souffrance des autres » (Discours à la Caritas Diocésaine de Rabat, 30 mars 2019).

« Mais un Samaritain, qui était en voyage, arriva près de lui, le vit et fut pris de pitié » (Lc 10, 33). Il ne s’agit pas seulement de migrants : il s’agit de notre humanité. Ce qui pousse ce Samaritain – un étranger par rapport aux juifs – à s’arrêter, c’est la compassion : un sentiment qui ne s’explique pas seulement au niveau rationnel. La compassion fait vibrer les cordes les plus sensibles de notre humanité, provoquant un élan irrépressible à nous “ faire le prochain” de ceux que nous voyons en difficulté. Comme Jésus lui-même nous l’enseigne (cf. Mt 9, 35-36 ; 14, 13-14 ; 15, 32-37), avoir de la compassion signifie reconnaître la souffrance de l’autre et passer tout de suite à l’action pour soulager, soigner et sauver. Avoir de la compassion signifie faire de la place à la tendresse, que la société contemporaine nous demande si souvent, au contraire, de réprimer.

« S’ouvrir aux autres n’appauvrit pas mais enrichit, car cela aide à être plus humain ; à se reconnaître partie active d’un ensemble plus grand et à interpréter la vie comme un don pour les autres ; à voir comme but, non pas ses propres intérêts mais le bien de l’humanité » (Discours à la mosquée “ Heydar Aliyev ” de Bakou, Azerbaïdjan, 2 octobre 2016).

« Gardez-vous de mépriser aucun de ces petits : car, je vous le dis, leurs anges aux cieux voient constamment la face de mon père qui est aux cieux » (Mt 18, 10). Il ne s’agit pas seulement de migrants : il s’agit de n’exclure personne. Le monde actuel est chaque jour plus élitiste et cruel envers les exclus. Les pays en voie de développement continuent d’être appauvris de leurs meilleures ressources naturelles et humaines au profit de quelques marchés privilégiés. Les guerres ne concernent que quelques régions du monde, mais les armes pour les faire sont produites et vendues dans d’autres régions qui, ensuite, ne veulent pas se charger des réfugiés produits par ces conflits. Ceux qui en font les frais, ce sont toujours les petits, les pauvres, les plus vulnérables, qu’on empêche de s’asseoir à table et à qui on laisse les “ miettes ” du banquet (cf. Lc 16, 19-21).

« L’Église “ en sortie ” […] sait prendre l’initiative sans crainte, aller à la rencontre, chercher ceux qui sont loin et arriver aux croisées des chemins pour inviter les exclus » (Exhort. ap. Evangelii gaudium, n. 24). Le développement qui exclut rend les riches plus riches et les pauvres plus pauvres. Le développement véritable est celui qui se propose d’inclure tous les hommes et toutes les femmes du monde, en favorisant leur croissance intégrale, et qui se préoccupe aussi des générations futures.

« Celui qui voudra devenir grand parmi vous, sera votre serviteur, et celui qui voudra être le premier parmi vous, sera l’esclave de tous » (Mc 10, 43-44). Il ne s’agit pas seulement de migrants : il s’agit de mettre les derniers à la première place. Jésus-Christ nous demande de ne pas céder à la logique du monde, qui justifie la prévarication sur les autres pour mon avantage personnel ou celui de mon groupe : moi d’abord et les autres après ! Or la vraie devise du chrétien, c’est “d’abord les derniers ! ”. « Un esprit individualiste est un terrain fertile pour la maturation de cette attitude d’indifférence envers le prochain, qui porte à le traiter comme simple objet d’achat et de vente, qui pousse à se désintéresser de l’humanité des autres et finit par rendre les personnes craintives et cyniques. Ces sentiments ne sont-ils pas ceux que nous éprouvons souvent devant les pauvres, les marginaux, les derniers de la société ? Et combien de derniers avons-nous dans nos sociétés ! Parmi ceux-ci, je pense surtout aux migrants, avec leur poids de difficultés et de souffrances qu’ils affrontent chaque jour dans la recherche, parfois désespérée, d’un lieu où vivre en paix et avec dignité » (Discours au Corps diplomatique, 11 janvier 2016). Dans la logique de l’Évangile, les derniers viennent en premier et nous devons nous mettre à leur service.

« Je suis venu pour qu’ils aient la vie et qu’ils l’aient en abondance » (Jn 10, 10). Il ne s’agit pas seulement de migrants : il s’agit de toute la personne, de toutes les personnes. Dans cette affirmation de Jésus, nous trouvons le cœur de sa mission : faire en sorte que tous reçoivent le don de la vie en plénitude, selon la volonté du Père. Dans toute activité politique, dans tout programme, dans toute action pastorale, nous devons toujours mettre au centre la personne, sous ses multiples dimensions, y compris sa dimension spirituelle. Cela vaut pour toutes les personnes, auxquelles doit être reconnue l’égalité fondamentale. Par conséquent, « le développement ne se réduit pas à la simple croissance économique. Pour être authentique, il doit être intégral, c’est-à-dire promouvoir tout homme et tout l’homme » (SAINT PAUL VI, Enc. Populorum progressio, n. 14).

« Ainsi donc vous n’êtes plus des étrangers ni des hôtes ; vous êtes concitoyens des saints, vous êtes de la maison de Dieu » (Ep 2, 19). Il ne s’agit pas seulement de migrants : il s’agit de construire la cité de Dieu et de l’homme. À notre époque, appelée aussi l’ère des migrations, nombreuses sont les personnes innocentes qui tombent en victimes dans le “ grand piège ” du développement technologique et de la consommation sans limites (cf. Enc. Laudato si’, n. 34).

Aussi se mettent-elles en voyage vers un “ paradis ” qui trahit inexorablement leurs attentes. Leur présence, parfois dérangeante, contribue à dissiper les mythes d’un progrès réservé à quelques-uns, mais bâti sur l’exploitation de la multitude. « Il s’agit alors de voir, nous d’abord et d’aider ensuite les autres à voir dans le migrant et dans le réfugié non pas seulement un problème à affronter, mais un frère et une sœur à accueillir, à respecter et à aimer, une occasion que la Providence nous offre pour contribuer à la construction d’une société plus juste, une démocratie plus accomplie, un pays plus solidaire, un monde plus fraternel et une communauté chrétienne plus ouverte, selon l’Évangile » (Message pour la Journée mondiale du Migrant et du Réfugié 2014).

Chers frères et sœurs, la réponse au défi posé par les migrations contemporaines peut se résumer en quatre verbes : accueillir, protéger, promouvoir et intégrer. Mais ces verbes ne valent pas seulement pour les migrants et pour les réfugiés. Ils expriment la mission de l’Église envers tous les habitants des périphéries existentielles, qui doivent être accueillis, protégés, promus et intégrés. Si nous mettons ces verbes en pratique, nous contribuons à construire la cité de Dieu et de l’homme, nous encourageons le développement humain intégral de toutes les personnes et nous aidons aussi la communauté mondiale à s’approcher des objectifs du développement durable qu’elle s’est donnés et qu’il sera difficile d’atteindre autrement.

Donc, ce n’est pas seulement la cause des migrants qui est en jeu, ce n’est pas seulement d’eux qu’il s’agit, mais de nous tous, du présent et de l’avenir de la famille humaine. Les migrants, et spécialement ceux qui sont plus vulnérables, nous aident à lire les “ signes des temps ”. À travers eux, le Seigneur nous appelle à une conversion, à nous libérer des exclusions, de l’indifférence et de la culture du déchet. À travers eux, le Seigneur nous invite à nous réapproprier notre vie chrétienne dans son entier et à contribuer, chacun selon sa vocation, à l’édification d’un monde qui corresponde toujours davantage au projet de Dieu.

C’est le vœu que j’accompagne de ma prière en invoquant, par l’intercession de la Vierge Marie, Notre-Dame de la Route, d’abondantes bénédictions sur tous les migrants et les réfugiés du monde entier et sur ceux qui se font leurs compagnons de voyage.

Du Vatican, le 27 mai 2019

FRANÇOIS

 

 


site Zenit

 

MESSAGE OF HIS HOLINESS FRANCIS
FOR THE 105th WORLD DAY OF MIGRANTS AND REFUGEES

29 september 2019

“It is not just about migrants”

The following is the text of the Message of the Holy Father Francis for the World Day of Migrants and Refugees 2019, to be held this coming September 29, on the theme: “It is not just about migrants”:

Message of the Holy Father

It is not just about migrants

Dear Brothers and Sisters,

Faith assures us that in a mysterious way the Kingdom of God is already present here on earth (cf. Gaudium et Spes, 39). Yet in our own time, we are saddened to see the obstacles and opposition it encounters. Violent conflicts and all-out wars continue to tear humanity apart; injustices and discrimination follow one upon the other; economic and social imbalances on a local or global scale prove difficult to overcome. And above all, it is the poorest of the poor and the most disadvantaged who pay the price.

The most economically advanced societies are witnessing a growing trend towards extreme individualism which, combined with a utilitarian mentality and reinforced by the media, is producing a “globalization of indifference”. In this scenario, migrants, refugees, displaced persons and victims of trafficking have become emblems of exclusion. In addition to the hardships that their condition entails, they are often looked down upon and considered the source of all society’s ills. That attitude is an alarm bell warning of the moral decline we will face if we continue to give ground to the throw-away culture. In fact, if it continues, anyone who does not fall within the accepted norms of physical, mental and social well-being is at risk of marginalization and exclusion.

For this reason, the presence of migrants and refugees – and of vulnerable people in general – is an invitation to recover some of those essential dimensions of our Christian existence and our humanity that risk being overlooked in a prosperous society. That is why it is not just about migrants. When we show concern for them, we also show concern for ourselves, for everyone; in taking care of them, we all grow; in listening to them, we also give voice to a part of ourselves that we may keep hidden because it is not well regarded nowadays.

“Take courage, it is I, do not be afraid!” (Mt 14:27). It is not just about migrants: it is also about our fears. The signs of meanness we see around us heighten “our fear of ‘the other’, the unknown, the marginalized, the foreigner… We see this today in particular, faced with the arrival of migrants and refugees knocking on our door in search of protection, security, and a better future. To some extent, the fear is legitimate, also because the preparation for this encounter is lacking” (Homily in Sacrofano, 15 February 2019). But the problem is not that we have doubts and fears. The problem is when they condition our way of thinking and acting to the point of making us intolerant, closed and perhaps even – without realizing it – racist. In this way, fear deprives us of the desire and the ability to encounter the other, the person different from myself; it deprives me of an opportunity to encounter the Lord (cf. Homily at Mass for the World Day of Migrants and Refugees, 14 January 2018).

“For if you love those who love you, what recompense will you have? Do not the tax collectors do the same?” (Mt 5:46). It is not just about migrants: it is about charity. Through works of charity, we demonstrate our faith (cf. Jas 2:18). And the highest form of charity is that shown to those unable to reciprocate and perhaps even to thank us in return. “It is also about the face we want to give to our society and about the value of each human life… The progress of our peoples… depends above all on our openness to being touched and moved by those who knock at our door. Their faces shatter and debunk all those false idols that can take over and enslave our lives; idols that promise illusory and momentary happiness blind to the lives and sufferings of others” (Address at the Diocesan Caritas of Rabat, 30 March 2019).

“But a Samaritan traveler who came upon him was moved with compassion at the sight” (Lk 10:33). It is not just about migrants: it is about our humanity. Compassion motivated that Samaritan – for the Jews, a foreigner – not to pass by. Compassion is a feeling that cannot be explained on a purely rational level. Compassion strikes the most sensitive chords of our humanity, releasing a vibrant urge to “be a neighbor” to all those whom we see in difficulty. As Jesus himself teaches us (cf. Mt9:35-36; 14:13-14; 15:32-37), being compassionate means recognizing the suffering of the other and taking immediate action to soothe, heal and save. To be compassionate means to make room for that tenderness which today’s society so often asks us to repress. “Opening ourselves to others does not lead to impoverishment, but rather enrichment, because it enables us to be more human: to recognize ourselves as participants in a greater collectivity and to understand our life as a gift for others; to see as the goal, not our own interests, but rather the good of humanity” (Address at the Heydar Aliyev Mosque in Baku, 2 October 2016).

“See that you do not despise one of these little ones, for I say to you that their angels in heaven always look upon the face of my heavenly Father” (Mt 18:10). It is not just about migrants: it is a question of seeing that no one is excluded. Today’s world is increasingly becoming more elitist and cruel towards the excluded. Developing countries continue to be drained of their best natural and human resources for the benefit of a few privileged markets. Wars only affect some regions of the world, yet weapons of war are produced and sold in other regions which are then unwilling to take in the refugees produced by these conflicts. Those who pay the price are always the little ones, the poor, the most vulnerable, who are prevented from sitting at the table and are left with the “crumbs” of the banquet (cf. Lk 16:19-21). “The Church which ‘goes forth’… can move forward, boldly take the initiative, go out to others, seek those who have fallen away, stand at the crossroads and welcome the outcast” (Evangelii Gaudium, 24). A development that excludes makes the rich richer and the poor poorer. A real development, on the other hand, seeks to include all the world’s men and women, to promote their integral growth, and to show concern for coming generations.

“Whoever wishes to be great among you will be your servant; whoever wishes to be first among you will be the slave of all” (Mk10:43-44). It is not just about migrants: it is about putting the last in first place. Jesus Christ asks us not to yield to the logic of the world, which justifies injustice to others for my own gain or that of my group. “Me first, and then the others!” Instead, the true motto of the Christian is, “The last shall be first!” “An individualistic spirit is fertile soil for the growth of that kind of indifference towards our neighbors which leads to viewing them in purely economic terms, to a lack of concern for their humanity, and ultimately to feelings of fear and cynicism. Are these not the attitudes we often adopt towards the poor, the marginalized and the ‘least’ of society? And how many of these ‘least’ do we have in our societies! Among them, I think primarily of migrants, with their burden of hardship and suffering, as they seek daily, often in desperation, a place to live in peace and dignity” (Address to the Diplomatic Corps, 11 January 2016). In the logic of the Gospel, the last come first, and we must put ourselves at their service.

“I came so that they might have life and have it more abundantly” (Jn 10:10). It is not just about migrants: it is about the whole person, about all people. In Jesus’ words, we encounter the very heart of his mission: to see that all receive the gift of life in its fullness, according to the will of the Father. In every political activity, in every program, in every pastoral action, we must always put the person at the center, in his or her many aspects, including the spiritual dimension. And this applies to all people, whose fundamental equality must be recognized. Consequently, “development cannot be restricted to economic growth alone. To be authentic, it must be well-rounded; it must foster the development of each man and of the whole man” (SAINT PAUL VI, Populorum Progressio, 14).

“So then you are no longer strangers and sojourners, but you are fellow citizens with the holy ones and members of the household of God” (Eph 2:19). It is not just about migrants: it is about building the city of God and man. In our time, which can also be called the era of migration, many innocent people fall victim to the “great deception” of limitless technological and consumerist development (cf. Laudato Si’, 34). As a result, they undertake a journey towards a “paradise” that inevitably betrays their expectations. Their presence, at times uncomfortable, helps to debunk the myth of a progress that benefits a few while built on the exploitation of many. “We ourselves need to see, and then to enable others to see, that migrants and refugees do not only represent a problem to be solved but are brothers and sisters to be welcomed, respected and loved. They are an occasion that Providence gives us to help build a more just society, a more perfect democracy, a more united country, a more fraternal world and a more open and evangelical Christian community” (Message for the 2014 World Day of Migrants and Refugees).

Dear brothers and sisters, our response to the challenges posed by contemporary migration can be summed up in four verbs: welcome, protect, promote and integrate. Yet these verbs do not apply only to migrants and refugees. They describe the Church’s mission to all those living in the existential peripheries, who need to be welcomed, protected, promoted and integrated. If we put those four verbs into practice, we will help build the city of God and man. We will promote the integral human development of all people. We will also help the world community to come closer to the goals of sustainable development that it has set for itself and that, lacking such an approach, will prove difficult to achieve.

In a word, it is not only the cause of migrants that is at stake; it is not just about them, but about all of us, and about the present and future of the human family. Migrants, especially those who are most vulnerable, help us to read the “signs of the times”. Through them, the Lord is calling us to conversion, to be set free from exclusivity, indifference, and the throw-away culture. Through them, the Lord invites us to embrace fully our Christian life and to contribute, each according to his or her proper vocation, to the building up of a world that is more and more in accord with God’s plan.

In expressing this prayerful hope, and through the intercession of the Virgin Mary, Our Lady of the Way, I invoke God’s abundant blessings upon all the world’s migrants and refugees and upon all those who accompany them on their journey.

From the Vatican, 27 May 2019

FRANCIS