Voix d'Afrique N°106.


Mon Dieu, que tu as rajeuni !


En lisant les journaux, il m’arrive de jeter un coup d’œil rapide sur les colonnes des décès pour voir s’il y a quelqu’un que je connais. Je peux ainsi repérer des confrères de collège décédés. Quelquefois, certaines photos semblent avoir été prises il y a très longtemps. Je vérifie alors l’âge de la personne défunte et ça me confirme que la dite photo ne correspond pas à son âge : elle paraît beaucoup trop jeune pour ses 80, 90 ans et plus. Nos vieilles photos peuvent nous rajeunir... aux yeux des autres, mais nous savons que ce n’est pas la réalité. Le temps a fait son œuvre. Bien sûr, nous vieillissons tous avec le temps: c’est lui, le grand coupable. Les années passent de plus en plus vite, nous semble-t-il.

Nous sommes en plein temps de carême, et ça rappelle bien des souvenirs aux moins jeunes d’entre nous. Jadis, le Mercredi des cendres, on nous exhortait, pour les quarante prochains jours, à la prière, à l’aumône, au jeûne, aux sacrifices. Nous devions chercher à acquérir l’esprit de pénitence. Vieux souvenirs qui ont vieilli comme les photos jaunies de nos grands-parents. Pourtant, avec le second regard de notre foi, ce temps du carême s’est bien rajeuni depuis. Il est même revenu, je crois, à la vraie jeunesse qu’il a toujours eue, la jeunesse du cœur. Ah ! Si nous pouvions dire à Pâques : jeunesse de notre âme qui, elle, heureusement ne semble pas vieillir : elle est plutôt “partie pour la gloire”, pour durer éternellement.


Depuis 2000 ans, Jésus nous rappelle qu’il n’est pas bon d’accumuler des rides spirituelles. L’idéal qu’il nous propose, c’est de tellement rajeunir intérieurement qu’on puisse “retourner en enfance”. Plus on est adulte physiquement, plus il désire qu’on retrouve un cœur d’enfant. “Laissez venir à moi les petits enfants”. (Marc 10, 13-16). Il bénit son Père de révéler son plan d’amour aux petits et aux humbles (Mt 11, 25-27). L’apôtre Pierre nous redit la même chose : “Soyez semblables à des enfants nouveau-nés.” (1 Pierre 2, 2)

Voilà ce que notre carême actuel devrait avoir d’essentiel pour rester jeunes spirituellement : Approchez-vous de Lui... avec un cœur d’enfant. Le rajeunissement spirituel ne dépend-t-il pas avant tout de cette rencontre très personnelle avec Jésus-Christ ? Comment puis-je reconnaître le Christ souffrant dans les pauvres et les démunis si je ne le connais pas d’abord ?
Un carême rajeuni, ça voudrait donc dire un temps précieux pour mieux connaître et rencontrer Jésus-Christ ; un temps de “formation continue” qui devient tout bonnement un temps de conversion continue. Parfois, un bon photographe peut nous rajeunir... un peu, mais il y a quand même des limites. Jésus, lui, peut le faire sans limite... pour l’éternité.

Lionel Dion, M.Afr.
Montréal, Canada



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