Pères Blancs France Tassy

Tassy, 1er mai 2008, journée des jubilaires


assis : Arthur Sublet, Jean Longin, Denis Poupon
debout: Jean Chaptal, André Sapède

- Le Frère Denis POUPON célèbre ses 75 ans de serment missionnaire.
- Les Pères Jean LONGIN, André SAPÈDE et Arthur SUBLET célèbrent leurs 60 ans de serment missionnaire.

L'eucharistie a été présidée par le P. André Sapède et l'homélie faite par le P. Jean Longin: Il conclut son homélie ainsi: "Jour de jubilé, jour de serment pour Pères et Frères, jour d'action de grâce , d'émerveillement, où nous pourrons reprendre fréquemment, en attendant la grande rencontre, le verset de l'hymne du matin en seconde semaine de la liturgie des heures: émerveillés ensemble, émerveillés de toi Père, nous n'avons pour seule offrande que l'accueil de ton amour"

Jean Chaptal debout et Denis poupon

Les jubilaires ont exprimé le désir de célébrer cette fête dans la communauté en toute simplicité. Les membres de l'Équipe Provinciale étant en réunion à Bruxelles, le P. Jean Chaptal les représentait.

Une lettre du P. Louis Vernhet a été lue à la fin de la célébration, disant “l'union de la Province dans la joie et la prière en ce jour d'action de grâce”.

Fr; Denis Poupon à gauche

Notons que le Frère Denis Poupon, né le 1er novembre 1908, aura 100 ans cette année
Voir son témoignage dans Voix d'Afrique en décembre 2003


Jean-Claude Paillard, Responsable de Tassy

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Homélie du P. Jean Longin en ce jour

Aujourd'hui nous fêtons l'ascension de notre Seigneur Jésus-Christ. Ses disciples le virent s'élever et disparaître à leurs yeux dans une nuée. Ce mouvement vertical du Christ se double d'un déplacement horizontal qui est celui de l'envoi des disciples jusqu'aux extrémités de la terre :l'ascension et l'envoi des témoins dans toutes les nations pour faire des disciples sont liés dans la Ire lecture et l'évangile.

Comme le disait un prêtre,* c'est la fête du tout en haut et du jusqu'au bout : une fête mystique et missionnaire à la fois.* En célébrant en ce jour de l'ascension, le 75ème ou 60ème anniversaire de l'entrée de confrères dans la société missionnaire des Pères Blancs n'est-ce pas alors se situer simplement dans l'esprit de cette fête ? n'est-ce pas l'occasion de rendre grâce à Dieu pour cet appel à la vie missionnaire qui vers les années 1950 s'entendait d'un départ dans un pays ou l'on ne connaissait pas le Christ, avec l'intention d'y rester toute sa vie. Dans ce but, cette homélie veut dépasser le petit groupe de 4 confrères de cette maison, pour s'associer non seulement aux jubilaires de cette année mais également à tous ceux qui ont servi en Afrique dans notre société pendant de nombreuses années.

Rendre grâce, c'est reconnaître, dans l'émerveillement, les dons reçus tout au cours de la vie et, aujourd'hui spécialement, depuis le début de la vie missionnaire. Tout d'abord, rendons grâce pour la fidélité de DIEU. Il a fait alliance avec nous au jour de notre baptême. Il l'a resserrée et s'est engagé à notre égard au jour de notre serment. Il nous a soutenus dans notre mission en exerçant sa miséricorde. Notre engagement n'est que second. Il n'y a pas de fidélité humaine sans la fidélité de DIEU qui la fonde radicalement et qui doit être la première dimension de notre action de grâce. Chacun des membres de notre société, Pères et Frères peut énumérer dans le détail toutes les marques d'amour personnelles dont il a été le bénéficiaire, c'est son secret. Cependant il est possible de mettre en relief les motifs d'action de grâce pour ce qui est la base de toute activité missionnaire, de notre activité à chacun.

D'abord rendons grâce pour notre vocation missionnaire. Saint Ignace de Loyola dans ses exercices spirituels nous fait prier sur l'Incarnation dans un contexte qui nous rappelle cette fête de l'ascension ou le Christ continue de nous regarder. Il nous demande d'imaginer la Trinité au plus haut des cieux et depuis ce belvédère de voir l'immensité du monde, ou vivent des peuples si nombreux et si divers et ou le mal l'emporte souvent sur le bien. Devant un tel spectacle, les trois personnes divines décident de sauver le monde et le Fils accepte de s'incarner. Notre mission a vraiment sa source en DIEU : elle naît dans le coeur de DIEU ou les trois personnes divines sont engagées, désireuses de déverser leur amour sur le monde par des serviteurs, même s'ils sont forcément limités dans leur capacité d'aimer et dans leur action Ce fut notre cas.

Que s'est-il passé ? pourquoi nous et pas d'autres dans ce groupe d'amis que nous formions? serait-ce parce que nous étions les plus doués au plan technique ou intellectuel ? évidemment non, car Antoine et Gérard nous dépassaient en ce domaine. Serait-ce la générosité ? non plus parce Mathieu et Pierre consacraient beaucoup de temps à visiter les malades. Serait-ce la piété ? non car Nicolas et Albert participaient régulièrement deux ou trois fois à l'eucharistie chaque semaine. Alors pourquoi ? Explicitons un peu ce qui s'es passé en nous. Il y a eu un attrait pour la vie missionnaire, avec des périodes d'hésitation et d'obscurité, mais un attrait qui revenait régulièrement. Les motivations se clarifiaient, on consultait un prêtre, on choisissait cette vie non pour y briller, mais pour servir le Christ et l'église. Nous touchons la zone la plus saisissable, mais en arrière plan c'était l'action invisible et réelle du Saint Esprit qui nous éclairait de sa lumière et de ses inspirations. Le Saint Esprit nous a fait voir que nos aptitudes, nos attraits correspondaient aux besoins de la mission. Et surtout c'est le plus important, le plus décisif : il nous a fait découvrir librement des raisons ou des aptitudes à devenir missionnaires, des signes de vocation. Signes de plus en plus nets et signes certifiés par l'église, lors du serment que nous avons prononcé et dont nous fêtons l'anniversaire. Action de grâce dans l'humilité, car entre nous et ceux qui n'ont pas été appelés il n'y a que l'épaisseur d'un aiguillage divin.

Après les années de formation dans les scholasticats commença l'apostolat direct dans les pays d'envoi. Pour les uns, ce fut la joie de se consacrer à la naissance ou au progrès d'une communauté chrétienne avec les catéchistes qui ont été les principaux artisans de l'évangélisation, et avec déjà de jeunes prêtres et religieux (ses) autochtones. Pour d'autres, en milieu musulman,dans un contexte plus difficile, ce fut la joie du dialogue suscitant dans le respect, un affinement réciproque des consciences, et un accord sur des thèmes religieux comme la majesté de DIEU, sa miséricorde et l'état de créatures confiantes seulement en son amour. Et partout l'aide au développement sous des formes variées, évitant déjà l'assistanat pour que les gens soient les acteurs de leur propre libération. En ces années précédant le concile une constatation presque unanime. Laquelle ? celle de voir la joie, la simplicité de ces peuples vivant du strict nécessaire véhiculant nombre de valeurs que .nous étions loin de soupçonner . Partant en mission avec la certitude de donner, succède celle du recevoir. Nous ne pouvons que dire notre grande joie pour avoir vécu cette dialectique du donné et du recevoir.


Le concile de Vatican II nous apporta un éclairage nouveau. D'abord cette grande affirmation : le Saint Esprit nous précède c'est-à-dire qu'il travaille au coeur de toute personne pour lui permettre de chercher DIEU et de le trouver par des voies qui nous échappent. La révélation et la grâce ne sont pas la propriété exclusive de l'église catholique, pas plus que d'autres religions qui ne sont que signes et instruments du royaume de DIEU. Appel à contempler la présence de DIEU dans le coeur et dans la vie de ceux auxquels nous sommes envoyés né de notre propre accueil de l'évangile et qui consiste à inviter toute personne à se laisser saisir par le mystère du Christ, et accueillir la bonne nouvelle d'être aimé par un DIEU Père.
Action de grâce également pour cette autre insistance du concile : l'inculturation et non l'adaptation. Initiée avant le concile, celui-ci invite les nouvelles églises à la prendre au sérieux en puisant dans les richesses culturelles des peuples évangélisés pour investir l'évangile. Selon Mgr Monsengwo *elle exprime une plus grande radicalité. Elle dit une conversion plus profonde et plus réelle, ou l'être culturel de l'africain et les décisions prises dans son milieu sont imprégnés par l'évangile.*


Il convient de rendre grâce pour ce changement, cet approfondissement du regard apporté par le concile, suivi d'autres documents romains comme Redemptoris Missio, soulignant l'importance du dialogue et annonce, la connaissance et leur approfondissement mise à notre portée par les divers responsables de la société qui organisèrent nombre de sessions. Et comment oublier celle de trois mois à Jérusalem, pour une conversion plus profonde du coeur en vue d'un engagement plus réel en réponse à l'amour de Dieu, et en vue d'un service plus poussé pour la justice et la paix dans l'esprit des béatitudes.

Avec la fin du séjour en Afrique, en raison de l'âge ou de la santé vint le temps de l'entrée en maison de retraite. Rendons grâce à DIEU car nous sommes favorisés par rapport à de nombreuses personnes du même âge. Bien sûr revient le souvenir de la vie active vécue dans telle région d'Afrique que nous aimons bien nommée à nouveau. Toutefois dans le silence, la prière, les rencontres fraternelles, les petits services dans la communauté, nous pouvons progresser dans la connaissance et l'amour de DIEU. Au lieu de fermer notre coeur avec en priorité le souci de *faire*c'est l'ouvrir à Dieu pour recevoir plus d'être, pour devenir davantage fils de ce Père aimant.

Jour de jubilé, de serment pour Pères et frères, jour d'action de grâce, d'émerveillement ou nous pourrons reprendre fréquemment, en attendant la grande rencontre, le verset de l'hymne du matin en seconde semaine de la liturgie des heures *émerveillés ensemble, émerveillés de toi Père, nous n'avons pour seul offrande que l'accueil de ton amour.* N'est-ce pas cet amour qui nous a conduit et qui continuera de le faire ? il n'est pas interdit de le penser. !!!

Jubilaires 2008 à Mours, à Bry