Missionnaires d'Afrique
Pères Blancs France Mours

Célébration des jubilaires à Mours, le 30 juin 2013

Suivre le Seigneur

Michel Girard 25 ans de serment

C hers confrères, je voudrais vous dire que je me sens tout petit devant vous tous, moi le jeuneau qui jubile aujourd’hui avec vous pour mes 25 ans de serment. Et pourtant je suis très heureux de les fêter en votre présence. Tous vous avez une longue histoire derrière vous et vous vivez encore aujourd’hui des moments forts liés à la vie missionnaire qui a été la vôtre. Alors je voudrais dans un premier temps rendre grâce au Seigneur avec vous en cette année où certains d’entre nous fêtent 75 ans, 65 ans, 60 ans, 50 ans, et 25 ans. Oui, merci au Seigneur pour toutes ces années vécues avec lui pour l’annonce de la Bonne Nouvelle du Royaume au service de nos frères et sœurs africains en Afrique et ailleurs et pour la plupart aujourd’hui en France.

Tous, un jour, nous avons entendu l’appel du Seigneur à le suivre pour un service bien particulier. Tous, nous avons répondu à son appel, tous, nous avons une histoire personnelle de notre vocation missionnaire. Si nous avions eu du temps, cela aurait été formidable d’entendre l’histoire de chacun d’entre nous, car chacun a sa propre histoire et elle est unique.

Cet appel du Seigneur ne cesse de rejoindre les hommes au cœur de leur vie, comme ceux de l’Ancien Testament et bien d’autres ont été appelés derrière leur troupeau. Élisée était en train de labourer son champ. Il a brûlé son attelage et ses bœufs pour suivre Élie et devenir prophète du Seigneur. Sa nouvelle mission sera désormais d’appeler son peuple à la fidélité de la foi.


Je repense à la vie professionnelle qui était la mienne, au moment où je gagnais très bien ma vie, j’avais 27 ans. Le Seigneur est venu m’appeler au moment où je ne l’attendais pas, mais aussi parce que ce jour-là mon cœur était ouvert et disponible à l’accueil du message qu’il voulait me donner en la personne de Frère Roger à Taizé. Choisir de renoncer à d’autres projets pour répondre à l’appel du Seigneur, tel a été le défi certainement de chacun d’entre nous. Un défi qui est toujours d’actualité.

Cet appel et la réponse au Seigneur n’ont pu se réaliser que dans une réponse amoureuse, dans la fidélité et en toute liberté. Cette construction intérieure et personnelle ne s’est pas faite en un seul jour. Les années de formation qui ont été les nôtres, que ce soit à Bonnelles, Kerlois, Maison-Carrée, Carthage, Thibard, le Canada, Vals, Strasbourg, Totteridge, Lille, Fribourg, Toulouse, Totteridge, etc. ont été des lieux qui nous ont permis de nous laisser, peu à peu, façonner, modeler, mais surtout de faire l’expérience de la rencontre personnelle, je dirai d’entrer dans l’intimité de la vie du Christ, afin que fort de ces bases solides nous puissions partir sur les chemins difficiles de la mission. Saint Paul nous rappelle que c’est dans la fidélité au Christ que nous trouvons la vraie liberté pour le suivre.

Encore aujourd’hui, il nous invite à rejeter les tendances égoïstes de la chair et à nous mettre « par amour, au service les uns des autres », en mettant en pratique le seul commandement qui conduit à la perfection : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » S’il n’y a pas cette attitude intérieure en chacun de nous, alors nous risquons de nous détruire et de détruire la communauté dans laquelle nous sommes. Nous ne devons pas juger d’après ce que tout le monde pense mais d’après et avec le regard du Christ.

En nous laissant conduire par l’Esprit Saint, nous serons libérés de nos passions et de l’esclavage du péché. Dieu sait si avec l’âge les tentations sont grandes et pernicieuses. Mais c’est à ce prix que nous pourrons répondre encore aujourd’hui généreusement à l’appel du Christ selon nos propres aptitudes physiques et capacités psychiques et morales à être au service des autres, à rendre service aux autres et peut-être à un certain moment à accepter d’être dépendants des autres.

Suivre le Christ, être fidèle à lui pour témoigner de son amour en s’acceptant tel que nous sommes, nécessite de marcher dans ses pas. L’évangile qui nous est proposé ce dimanche nous présente trois visages différents de Jésus mais complémentaires et qui viennent nous rejoindre : Jésus décide, avec courage, de prendre la route de Jérusalem. Il renonce à toute violence. Et enfin, il propose des exigences à la foule de ceux qui le suivent...

Enfin, je voudrais simplement rappeler que si nous avons duré aussi longtemps dans notre vie missionnaire, c’est parce que nous avons mis toutes ces années sous le regard du Seigneur. Il n’y a pas de secret. Nous avons mis nos pas dans les siens et nous nous sommes laissé conduire par lui. Nous avons surtout pris du temps pour le rencontrer chaque jour dans la prière personnelle, la prière communautaire, la lecture spirituelle, etc. Tout n’a pas été rose tous les jours et ne l’est certainement pas encore aujourd’hui. La fidélité et l’Amour dans la foi au Christ sont et seront toujours notre force pour aller jusqu’au bout.

En ce jour de fête et d’action de grâce, nous te prions, Seigneur. Continue en chacun de nous l’œuvre de libération et de fidélité qui font que nous te suivrons là où tu nous appelleras encore. Garde-nous de nous enfoncer dans les fausses sécurités qui nous entourent. Continue de nous guider sur les chemins de l’annonce de la Bonne Nouvelle là où nous sommes dans nos diverses communautés, là où tu nous enverras. Amen

Michel Girard
25 ans de Serment