Missionnaires d'Afrique
France

Jacques de L’Eprevier, 60 ans de sacerdoce

C'est en lisant la vie du Père de Foucault que m'est venue la conviction que mon avenir était de suivre ses traces. J'étais alors en classe de troisième ou de seconde. J’avais la quasi-certitude que mon avenir était de devenir missionnaire en Afrique. Les générations passées des membres de ma famille avaient eu des liens avec le Cardinal Lavigerie. C'est pourquoi, naturellement, mes désirs se sont portés sur la Société des Missionnaires d'Afrique.

Ce n'est qu'après avoir terminé mes études secondaires et fait pendant trois ans une expérience militaire, que je me suis présenté au séminaire de Kerlois (Morbihan) pour commencer à recevoir une formation de futur missionnaire d'Afrique. De la Bretagne ma formation m'a conduit à Maison Carrée, près d'Alger, au noviciat pour approfondissement de ma vie spirituelle. J'ai ensuite quitté l'Algérie pour trois ans d’études en théologie, à 's Heerenberg (au Pays-Bas) et ; après mon serment missionnaire, le 22 juillet 1953, à Monteviot en Écosse. Ces deux derniers scolasticats étaient anglophones et laissaient présager une mission en Afrique anglophone. La formation reçue était sérieuse. Mais le style était avant concile Vatican II ; cependant le fait que ces communautés aient été internationales était une vraie source d'enrichissement. De ces années je retiens avec gratitude les figures du Père Jean Baptise Blin et du Père Théo Moorman qui tous deux affichaient une passion pour l'héritage du Cardinal Lavigerie et faisaient tout pour encourager en nous une charité apostolique. Je prononçais mon serment missionnaire au Supérieur Général et aux constitutions de la Société le 22 juillet 1953. Je devais recevoir l'ordination au ministère presbytéral le 10 juin 1954.

Dès avant mon ordination on m'avait fait comprendre que je serais probablement nommé à la Préfecture Apostolique du Nyassa Nord, qui devait devenir, en 1961, le diocèse de Mzuzu. J'y arrivai en octobre 1954. J'y fus accueilli à la descente d'avion, une simple piste herbue. par Monseigneur Marcel Saint Denis. Je devais rester à missionner dans ce diocèse sans interruption pendant cinquante et un ans.

Expert en chiTumbuka
Envoyé immédiatement à Vus, au bord du lac, dans une mission qui venait d'être fondée je me suis mis immédiatement à l'étude de la langue majoritairement utilisée dans la région Nord du Malawi. L'étude de ce dialecte bantu, dit chiTumbuka, m'a occupé toute ma vie missionnaire. Je devais être appelé rapidement à aider les jeunes missionnaires à s'initier à cette langue afin qu’ils communiquent efficacement avec toute la population. Nous avons dû avec un groupe de missionnaires nous occuper rapidement de traduire tous les textes liturgiques.

Une deuxième priorité fut, pour moi, d'être capable de catéchiser et tout particulièrement les adultes chrétiens et catéchumènes, toujours nombreux. Mon but : les amener à une foi plus profonde, plus éclairée, avec plus d’emprise sur leur vie quotidienne, avec une option concernant la paix dans la communauté, la justice et le respect de la création. Toujours sur ces mêmes thèmes, je devais diriger pendant huit ans l'école diocésaine des catéchistes.

Quand je n'étais pas pris par l'enseignement j’aimais visiter les communautés. J'ai été nommé dans des missions entourées d'une douzaine de succursales principales ainsi que d'une soixantaine de centres de prière, chacun avec sa petite chapelle provisoire. À chaque occasion je pouvais rencontrer les responsables, catéchiser catéchumènes et chrétiens, visiter les malades et préparer la célébration du dimanche. Ce fut toujours l'occasion de contacts intéressants et de palabres enrichissants.

Vers la fin de mon séjour, j’ai beaucoup aidé les Sœurs du Saint Rosaire, congrégation diocésaine : animation de retraites, aumônerie et enseignement au noviciat à plein-temps. J'ai été heureux d'aider à la formation de ces sœurs si actives dans les hôpitaux, les écoles et la pastorale.

L’adieu au Malawi
Ma santé montrant des signes de faiblesse, le jour est arrivé où l'on m'a suggéré de penser à un retour définitif en France. C'est donc un an après avoir célébré le cinquantième anniversaire de mon ordination sacerdotale que j'ai dû quitter le diocèse de Mzuzu et tous mes amis. Cela voulait dire quitter ce pays, son lac de 500 kilomètres de long, étonnamment magnifique, ses collines verdoyantes et ses plateaux aux champs de maïs florissant et surtout sa population si accueillante au point qu'on a pu nommer la Malawi « Le Cœur de l'Afrique chaleureuse ».
En disant « Adieu » je rendais grâce au Seigneur pour l'avoir vu à l'œuvre à l'avènement de son Royaume.

Jacques de L’Eprevier

Voir aussi dans Voix d'Afrique :

Jacques de l’Eprevier : Ambassadeur du Christ