Témoignages

SUPÉRIEUR DÉLÉGUÉ DU SECTEUR FRANCE

Guy Vuillemin se présente
.............................aux confrères de France


De la naissance à l’adolescence
Je suis né à Strasbourg le 6 juillet 1947, de parents migrants du monde rural de la Haute-Saône. J’ai été baptisé dans l’église paroissiale de leur village natal, Vaux-le-Moncelot, le 14 septembre 1947. Mon père était ouvrier de l’entreprise « L’Oxygène Liquide ». Il surveillait le processus de liquéfaction de l’oxygène et ensuite de fabrication de l’acétylène liquide. Je suis le seul garçon d’une fratrie de 5 enfants. Mes parents nous ont appris à vivre dans la droiture et à savoir se contenter de ce que l’on a. Les fins de mois étaient souvent difficiles. Ils m’ont encouragé à poursuivre mes études, même si cela nécessitait pour eux des sacrifices. Mon père ambitionnait pour moi le meilleur autrement, dans l’armée. Mais il n’a jamais mis d’obstacle à mon choix et l’a finalement soutenu quand il a eu compris qu’il était sérieux.

Avec les scouts de France, lecture de poèmes de Senghor en 1965La formation scoute a cultivé en moi le sens du service, de la responsabilité et de l’ouverture aux autres. Comme enfant de choeur et grand clerc dans notre paroisse de Strasbourg, j’ai pris goût à la célébration liturgique et cela m’a permis de découvrir la place de la prière. Élève du lycée Kléber, à Strasbourg, de la 11e à la terminale philo, certains de mes professeurs m’ont ouvert à la culture, à la lecture, à l’importance de l’étude et de la réflexion personnelle. Tout cela a fait naître en moi un désir, un attrait, un appel à orienter ma vie à la suite du Christ, dont, d’une manière ou d’une autre, beaucoup me parlaient, et qui commençait à devenir Quelqu’un pour moi.

Guidé par notre curé, j’ai été mis en relation avec le responsable diocésain de la pastorale des vocations. C’est à ce prêtre que je dois la découverte décisive. Au cours d’une récollection qu’il animait pour des jeunes de 11-12 ans, pour les éveiller à l’appel de Dieu, et pour lesquels il m’avait demandé d’être moniteur, j’avais alors moi-même 16 ans. Pendant une célébration,
a été lu très lentement ce texte de la 1re lettre de St Jean : « Bien-aimés, aimons- nous les uns les autres, puisque l’amour est de Dieu et que quiconque aime est né de Dieu. Celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu, car Dieu est Amour. » et la suite de ce chapitre (1 Jn 4, 7-21). Ce texte s’est comme imprimé en moi et a fait naître la conviction que, si Dieu est Amour, cela vaut la peine de vivre pour Lui et de le faire connaître, si possible, à ceux qui n’ont pas encore connaissance de ce trésor.
J’ai pensé alors m’orienter vers le clergé diocésain de Besançon, et non pas de Strasbourg par refus d’être fonctionnaire de l’État, puis vers la Mission de France. Mais bien vite mon intérêt pour l’Afrique à commencé à naître par un engagement dans le soutien d’Action contre la Faim.

Les années d’études chez les Pères Blancs
Mon curé m’a alors orienté vers les Pères Blancs de l’Allée de la Robertsau. Ainsi donc, après mon baccalauréat, en 1966, je suis parti pour Kerlois pour les deux ans de philosophie. En 1968-1969, c’est à Gap que j’ai effectué l’année spirituelle. Puis vinrent, de 1969 à 1971, les deux années de coopération au Mali, dans le collège de Mandiakuy, du diocèse de San. Ces
deux années ont été décisives : elles m’ont permis de passer de l’Afrique rêvée à l’Afrique concrète et de découvrir le travail missionnaire sur le terrain, en équipes, avec ses joies, ses peines, ses difficultés, son étendue, ses possibilités et ses obstacles. Paradoxalement, dans cette région du Mali où le nombre de chrétiens est important, j’ai pris conscience de l’importance de
la rencontre avec la majorité musulmane.

Serment à StrasbourgPuis, de 1971 à 1974, j’ai achevé le cycle de la formation initiale à Ottawa, au Canada. Le 22 juin 1974, de manière assez exceptionnelle, j’ai prononcé mon Serment Missionnaire dans ma paroisse de Strasbourg et ai été ordonné diacre avec de jeunes abbés du diocèse, avant de partir à Rome, de 1974 à 1976, pour deux années d’études à l’IPEA. J’ai été ordonné prêtre le 29 juin 1975 dans la cathédrale de Strasbourg. À cette époque, à l’IPEA, l’accent était mis sur l’étude de la langue arabe. Et, même si les cours d’islamologie étaient très sérieux, nous n’avions pas vraiment de formation pastorale ni de préparation théologique et spirituelle pour motiver la rencontre.

Première Mission à Ségou, au Mali
En 1976, j’ai été nommé au Mali. Dans un premier temps, je me suis mis à l’école des Bambaras. L’étude deleur langue m’a appris qu’avant de vouloir témoigner de Jésus-Christ, il convient d’apprendre à connaître d’abord ceux avec lesquels nous voulons vivre. Pour cela, il est nécessaire d’apprendre, en plus et bien au-delà de la langue, les coutumes, la culture, les règles de savoir-vivre, de percevoir les croyances et ce qui donne sens à leur vie, d’estimer leur manière d’être homme et croyant, d’être capable de s’émerveiller de leurs richesses et de s’efforcer de devenir autant que possible presque l’un d’eux.

Après six mois passés à Falajè, j’ai été nommé au diocèse de Ségou, à Niono, une paroisse de l’Office du Niger. C’est une vaste zone aménagée pour la culture du riz, où sont installés des gens venus de tous les coins du Mali, et même du Burkina Faso, majoritairement musulmans, dont le bambara est la langue commune, mais pas toujours maternelle. Grâce à un
confrère et à un catéchiste, j’ai découvert que la mission c’est créer des liens, établir un climat d’amitié, en sortant du cercle étroit de la petite communauté chrétienne pour rendre visite à tous et accueillir tous, même les plus éloignés, et rendre service.

A Béléko, au Mali avec Joseph Bevand en 1988Puis, en 1985, j’ai été nommé à Béléko, toujours dans le diocèse de Ségou. C’est un arrondissement situé dans la zone cotonnière. La région est moins islamisée et reste marquée par la religion traditionnelle bambara. En interrogeant les catéchumènes sur les raisons qui les poussaient à devenir chrétiens, assez souvent, leur réponse était : « J’ai vu vivre des chrétiens et j’ai envie d’être avec eux, comme eux. »

Durant pratiquement tout ce temps de mon deuxième séjour au Mali, dès 1979, j’ai assuré le secrétariat de la commission pour la rencontre des musulmans, et donc participé aux réunions et sessions pastorales de la commission régionale de la CERAO.

Animation missionnaire à Strasbourg et Toulouse
Animation missionnaire à Belfort en 1990En 1988, j’ai été nommé en France pour l’animation missionnaire et vocationnelle, à Strasbourg, pour deux ans, et à Toulouse, pour deux autres années. Ce séjour en France m’a permis de vivre avec son Église. J’ai participé au chapitre de 1992 comme délégué de la Province de France.

Retour au Mali à Gao
En 1993, après l’Assemblée Postcapitulaire, je suis reparti au Mali, dans le diocèse de Mopti, dans la paroisse de Gao. Géographiquement, elle couvre une étendue plus vaste que la France, mais la plus grande partie est désertique. La population locale, partie sédentaire, partie nomade, est entièrement musulmane. Dans quelques centres : Gao, Tombouctou, Kidal, Diré…, vivent des petites communautés chrétiennes, composées de fonctionnaires, d’enseignants, de militaires, gendarmes
ou policiers, d’agents de santé, avec leurs familles ou célibataires, nommés dans le Nord par leur administration respective. Ces communautés varient beaucoup, d’une année à l’autre, selon les nominations. Ce sont des Maliens du Sud, étrangers par la langue, les coutumes, la religion, pour les populations locales. Certains de ces chrétiens, par leur conscience professionnelle, par leur esprit de service, par leur ouverture et leurs réseaux de relations et aussi par leur souci de cultiver leur foi et de se retrouver avec les autres chrétiens pour prier, se font respecter comme chrétiens et se comportent en témoins de l’Évangile
autant, sinon plus, que nous et plus par leur vie que par leurs paroles.

Les années au PISAI, à Rome puis Nairobi
En 1998, j’ai été nommé au PISAI pour prendre en charge l’année dite pastorale qui y était offerte déjà depuis environ dix ans à des agents pastoraux soucieux d’approfondir leur connaissance de l’islam et des musulmans, de réfléchir sur les motivations du dialogue avec eux, de réfléchir sur la place de l’islam dans le dessein de salut de Dieu et d’échanger sur le
vivre-ensemble chrétiens et musulmans avec les difficultés pastorales qu’il pose.

Avec les étudiants du Pisai en 1999En 2000, les décisions prises par le Conseil Général et le Conseil Plénier de Nairobi de ne plus proposer ce programme à Rome et de le délocaliser à Nairobi, pour les anglophones, ont fait qu’en 2001, j’ai été nommé à Nairobi pour l’introduire dans le programme de « Tangaza College » et le proposer aux évêques et supérieurs majeurs, pour leurs prêtres ou religieuses et religieux, ou des laïcs, des pays de l’Afrique de l’Est et du Sud. Je n’ai rejoint Nairobi qu’à la fin de mai 2002, car j’ai demandé de perfectionner ma connaissance de l’anglais et j’ai attendu assez longtemps mon permis d’entrée pour résider et travailler. En fait la proposition de ce programme n’a pas eu de succès. Mais, comme le programme était découpé en différents cours à option proposés aux étudiants en théologie, option missiologie, j’ai pu donner certaines parties du programme, et aussi animer des sessions pour les étudiants en philosophie d’Arusha, et nos novices de Kahangala, puis de Kasama, mais aussi des sessions aux religieuses du Kenya et aux volontaires laïcs kenyans de la mission, et aussi un séminaire au théologat des Jésuites de Nairobi.

A Gao en 1998

Assistant en France
C’est alors, début octobre 2004, comme j’allais commencer une session d’une semaine à Arusha, que notre Supérieur Général m’a téléphoné pour me demander d’être assistant du Provincial.

Guy Vuillemin

 

Texte et photos tiré du Lien 249