Missionnaires d'Afrique


Vie du FRERE JAN-FRANS ASAERT,
FRERE RUMOLDUS.
(1906-1968)
CO-FONDATEUR DE LA PAROISSE DE JOMBA
CONGO


frère Rumoldus J.Frans (Asaert) Le frère Rumoldus est né à Anvers le 16 juillet 1906, dans une excellente famille d'ouvriers aisés, où régnait une union particulièrement cordiale entre les parents et les six enfants. Dès son jeune âge, Jean fut assidu au patronage. Après l'école primaire, il suivit un an à l'école des arts et métiers, tenue par les Aumôniers du Travail, et , pendant deux ans, une école du soir de la ville pour la mécanique.

A l'âge de 19 ans, Jan entra au postulat à Gits (Belgique). C'était un fort gaillard de grande taille (les confrères l'appelleront " lange Jan " Jean le long). Puis il se rendit à Maison-Carrée pour son noviciat; il reçut l'habit le 29 octobre 1925 et prit le nom de Rumoldus. A la fin de son noviciat il fut nommé à Thibar. En 1930, il put partir pour les missions d'Afrique Centrale. Au mois d'octobre, il arriva à Katana (Kivu, Congo) où il commença son apprentissage. Une fois initié aux divers travaux, il partit en 1932 pour le Nord du Vicariat, où il passera presque la totalité de ses vingt-sept ans de vie missionnaire.

Père Alfons Van HoofLe Père Alfons Van Hoof avait été chargé de la fondation de la mission de Jomba. Le frère Rumoldus l'y rejoignit. Il y monta la briqueterie et construisit les premières classes et la maison de résidence des missionnaires. Sans avoir une vraie spécialité (encore qu'il eût un faible pour la mécanique), il était adroit en tout. C'était un très bon constructeur, qui achevait bien son travail. Il estimait n'avoir pas perdu son temps quand il avait cuit et placé 150.000 briques par an.

En novembre 1936, Frère Rumoldus passa à la mission de Rugari (Lulenga) où il fit tourner à plein rendement la menuiserie centrale du Vicariat durant le congé du Frère Daniel. De retour à Jomba 1940Jomba, en 1937, il construisit la première église et commença la construction de la maison des Sœurs. Au milieu de ses travaux le frère demeurait animé d'un grand zèle ; il s'intéressait à la population, aimait aller visiter les gens dans les villages et causer avec eux. Les dimanches il allait rencontrer les ouvriers chez eux. Il profitait de ses promenades pour repérer les arbres dont il allait ensuite discuter l'achat avec les chefs. Par souci d'apostolat il s'occupait des jeunes gens, organisant pour eux des rencontres sportives. Lui-même n'était pas un grand sportif, bien qu'il fût excellent nageur. Mais le sport l'intéressait, et il suivit assidument les reportages hebdomadaires des matchs de football de Belgique.


Au mois d'août 1941, Frère Rumoldus retourna à Rugari, permutant avec le frère Daniel. Là il entreprit le grand nivelage et la construction de la mission tout en s'occupant de la menuiserie centrale de la région. Il fallait chercher des planches dans la forêt, la terre à briques à Kibumba, la chaux à Rumangabo : le camion ne chômait pas. Il n'était pas sans faiblesse, mais le Frère veillait et le tenait toujours prêt à partir. La mécanique n'avait pas de secret pour lui et il reparait avec habileté les autos, les camions, machines, etc. C'était un homme de métier, expérimenté, qui exigeait une application sérieuse de ses ouvriers. De caractère autoritaire, il supportait assez difficilement la contradiction. Rançon de sa compétence professionnelle et d'une grande sensibilité.

Après l'achèvement des travaux à Rugari, le frère fut envoyé, un peu à l'improviste, à la lointaine mission de Kamituga en mai 1950. Ce sera la seule année qu'il passera en dehors du diocèse de Goma. Le changement fut dur pour lui; le Frère se sentit mal à l'aise. Il revint un jour demander à Mgr de repartir vers le Nord où il connaissait mieux les gens et la langue. En juillet 1950 il fut nommé à Goma où il eut à s'occuper de la construction de la nouvelle mission. En mai 1952, le Frère Rumoldus est de retour à Jomba pour construire l'école d'apprentissage pédagogique, devenue plus tard l'école normale. Au mois d'août 1954, à Bobandana, il entreprend son dernier grand chantier : l'école normale. Habitué aux gens de Jomba et de Rugari, la mentalité des gens du lac lui était difficile à comprendre. Vers cette époque une crise aiguë d'appendicite l'obligea à se faire opéré. De plus ses jambes le faisaient souffrir de plus en plus, et il ne se sentait plus capable de vivre la mission telle qu'il l'avait toujours connue et aimée. Sentant ses forces diminuer, et surtout mal à l'aise devant le climat politique qui se détériorait il demanda de pouvoir retourner en Belgique en 1957.

Frère Rumoldus s'installa à la procure d'Anvers et pendant les dix dernières années de sa vie il sera l'homme polyvalent de la procure, qui s'occupait des affaires de la maison, les grandes et petites, et qui était heureux lorsque tout tournait rond. Pendant quelques années on lui confia l'économat de la maison, mais en 1965 il fallut le lui enlever parce que la tenue des comptes le fatiguait beaucoup. Il resta alors le portier accueillant, le sacristain, le téléphoniste et le commissionnaire de la maison…bref, de quoi occuper largement la journée de quelqu'un qui veut être accueillant et qui veut rendre de précieux petits services. Dans la maison les confrères l'appelaient " Vader " (père), parce qu'il se préoccupait de tous et de tout. Frère Rumoldus aimait la vie de communauté; on le voyait toujours de bonne humeur et jovial. Il ne quittait la procure qu'une fois par an : alors il partait à Lourdes! Car il avait une grande dévotion à la Sainte Vierge et aimer s'occuper de malades et de malheureux.

Le 10 novembre 1968, un dimanche soir; il fut renversé par une auto. Il souffrait beaucoup, mais il était optimiste : sa constitution physique lui permettrait bien de surmonter l'épreuve. Le 3 décembre, fête de St François Xavier, le Frère était tout rayonnant; il semblait s'être remis du choc. Le lendemain matin, en moins de cinq minutes il était mort.

Les funérailles dans l'église St André furent une vraie fête. La grande église était pleine de gens que Jan avait vraiment " rencontrés " au cours de son séjour de onze ans à Anvers et qui constituaient ce jour- là une communauté priante. Les dernières années de sa vie avaient marqué une véritable croissance spirituelle. Auparavant il se contentait seulement d'ouvrir la porte et de ranger les affaires. Mais peu à peu par souci spirituel, il cherchait à faire du bien aux gens avec lesquels il entrait contact. Jan connaissait leurs problèmes; il était devenu vraiment le guide spirituel pour beaucoup de personnes. Les gens du quartier lui étaient devenus familiers.

Ainsi naquit en lui, insensiblement, le désir de devenir prêtre. Son dernier pèlerinage à Lourdes a été la plus grande grâce de sa vie. Il en est revenu tout changé. Un contact vraiment spirituel avec quelques âmes, l'avait marqué. Il avait appris une nouvelle méthode de prière, à base de méditations en commun de l'Évangile. D'ailleurs au cours des dernières années, il avait suivi assidument des leçons d'Écriture Sainte. A son retour de Lourdes il allait plus que jamais visiter ses amis : les malades, les handicapés, les vieux. Dans ce but, il s'était procuré un petit vélo moteur, qui lui a servi deux fois.

Le Frère Rumoldus a emporté dans la tombe son dernier et son plus beau rêve : celui d'être prêtre au milieu des gens simples.

Source : Petit Echo N. 600 Juillet-Août 1969



Par Père Innocent Maganya, M. Afr originaire de Jomba