Voix d'Afrique N°88.

Jeunes


MISSIONNAIRES D’AFRIQUE
AUX PHILIPPINES


« Missionnaire d’Afrique » aux Philippines (Cebu) ? Cela questionne et laisse souvent perplexe ceux que nous rencontrons. Quel est donc le lien entre l’Afrique et les Philippines ? Pourquoi donc des Missionnaires d’Afrique en Asie ?


Formateurs et étudiants en 2010Missionnaire d’Afrique en Asie ! Peut-être pour répondre à l’appel du prophète Isaïe qui nous invite à élargir l’espace de notre tente, de nos demeures, pour accueillir davantage de monde. « Elargis l’espace de ta tente, déploie sans lésiner les toiles qui t’abritent … car à droite et à gauche tu vas déborder » (Is 54, 2-3).

Les premiers Missionnaires d’Afrique sont arrivées aux Philippines dans les années 90. Nos supérieurs de l’époque voulaient s’intégrer dans le mouvement missionnaire universel en aidant les Églises Asiatiques à s’ouvrir aux Églises Africaines1. C’est ainsi que deux implantations ont vu le jour : une en Inde (Bangalore) et une autre aux Philippines (Cebu).

Pendant des années, la mission était vue comme un envoi de Missionnaires des pays du Nord vers le Sud. Même si l’on parle de plus en plus d’un envoi dans le sens Sud – Nord, il ne faut pas négliger les échanges Sud – Sud. L’envoi de missionnaires Asiatiques en Afrique est source d’enrichissement mutuel et d’ouverture pour ces deux continents.


Une grand part
de notre activité concerne l’animation vocationnelle.

Seul pays d’Asie à majorité chrétienne, (80% de la population est catholique), les Philippines ont hérité des Espagnols leur foi chrétienne qui a débuté avec l’arrivée de F. Magellan en 1521. La pratique religieuse est très fervente ; messes et processions ne manquent pas. Par exemple, une pratique probablement unique au monde est la « Messa di Gallio » (messe au chant du coq). Durant les neufs jours qui précèdent Noël, une messe est célébrée vers 4 h 30 du matin et se termine au lever du jour.

Les églises sont bondées, et il n’est pas rare de se retrouver après pour un copieux petit déjeuner. Lors de la fête du Sto. Niño (enfant Jésus), début janvier à Cebu (2ème ville du pays), c’est tout le centre de la ville qui est envahi par une procession de 4-5 heures. Même s’il reste des régions reculées où un travail de première évangélisation est encore d’actualité, les villes sont bien desservies par un clergé relativement nombreux. Aujourd’hui, un des grands défis de l’Église porte sur les questions de justice (répartition des terres agricoles, corruption, extrême pauvreté…).

Animation vocationnelle

Des étudiants décontractés...Une grand part de notre activité concerne l’animation vocationnelle. Deux confrères, dont un Philippin, s’y consacrent à plein temps. Tous les ans, chaque diocèse organise un mois d’animation vocationnelle. C’est un moment idéal pour nos confrères qui visitent les écoles et les paroisses. L’Afrique est malheureusement méconnue. Pour beaucoup, l’Afrique n’est constituée que d’un seul pays ! L’étonnement est grand lorsque nous leur disons que la taille de l’Afrique équivaut à 100 fois celle des Philippines. L’Afrique est souvent perçue comme un continent de guerres et de violences, mais trop rarement comme un lieu riche de culture et de fraternité. Combien de parents inquiets n’ont-ils pas demandé à leurs enfants qui désirent nous rejoindre, de chercher un autre institut !

Formation

et enthousiastes !La formation des candidats qui désirent devenir prêtres ou frères, représente l’autre volet de nos activités. Nous sommes deux confrères pour les accompagner. Les candidats vivent trois années en communauté avec nous avant de continuer le reste de leur formation en Afrique. Ces trois premières années constituent les fondations de leur formation avec une partie intellectuelle (philosophie), mais aussi toute une partie qui porte sur la croissance humaine et spirituelle. C’est un temps pour leur communiquer le goût de la prière, un temps pour apprendre à se tourner davantage vers les autres. La vie en communauté est une excellente « école » pour les aider dans ces domaines.

Ils sont mis en contact avec les réalités du pays en passant un mois dans des régions isolées, sans eau courante ni électricité, ou dans la ville moderne de Cebu, en étant en contact avec des situations de pauvreté extrême. C’est à travers toutes ces expériences que se forme peu à peu le futur Missionnaire d’Afrique.

P. Emmanuel LengaigneEn définitive, c’est un très bel apostolat qui nous a été confié : donner la possibilité à des jeunes d’Asie de servir Dieu sous le ciel de l’Afrique.

L’Asie représente aujourd’hui 60% de la population mondiale. L’Inde et la Chine sont des puissances économiques considérables. Si nous ne voulons pas que les relations entre ces deux continents se limitent à l’économie, voire l’exploitation de l’un par l’autre, nous, Missionnaires d’Afrique, avons aussi à jouer notre petite part.

« Élargis l’espace de ta tente » nous dit Isaïe. Un appel qui continue à résonner dans nos oreilles lorsque nous rencontrons dans les séminaires de Cebu des jeunes venus du Vietnam, d’Indonésie ou de Chine, se préparant au sacerdoce.

Emmanuel Lengaigne
M.Afr.

1. Depuis 1984, les Missionnaires d’Afrique se sont ouvert à l’Amérique Latine (Mexique et Brésil).

Voir aussi sur le même sujet : photos de notre maison sur plusieurs années

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