Voix d'Afrique N° 53
Femmes d'Afrique

La Femme, la Justice et la Paix





" La main qui pousse le berceau dirige le monde " dit le proverbe.

C'est dire la part essentielle de la femme dans la société : le débat est déjà ancien en Europe ; il est encore nouveau dans beaucoup de pays en voie de développement. En Afrique, développement signifie : justice, paix, libération.
Le rôle de la femme a été longtemps ignoré, comme si la croissance d'un pays était une affaire d'hommes. De plus en plus, cependant, il y a une prise de conscience : l'ONU propose ce thème de réflexion et d'action, le gouvernement congolais provoque des discussions sur ce sujet, la presse s'en fait écho : la paix dans la société et dans le monde est le fruit de la justice ; la justice est la vertu qui règle les relations entre membres de la société, donc essentiellement, entre hommes et femmes.

Au Congo RDC (ex-Zaïre) , le géant de l'Afrique, le statut de la femme dans la société est d'actualité : la femme est victime d'injustice dans la vie quotidienne ; le Ministère des Affaires sociales et de la Famille a animé études et débats sur ce grave problème. Déjà dans les années 1970 un code de la famille avait été mis au point, mais il semble encore inefficace face aux anciennes coutumes et au "machisme " rampant.

75% de concubines.

Soixante quinze pour cent des Congolaises ne sont pas légalement mariées : leur statut est celui de concubine, entretenues ou répudiées selon l'humeur de l'homme. Traditionnellement, le mariage était régi par des coutumes : avec le développement industriel, la croissance de la population, l'urbanisation accélérée et les révolutions qui ont marqué l'histoire du Congo depuis son indépendance, ces coutumes ont été abandonnées sans qu'aucune autre structure ne vienne les remplacer.

Prise de conscience

La situation semble désespérée, mais sur place on ne baisse pas les bras : une enquête a eu lieu dans toutes les régions, qui a permis de mettre le doigt sur les blessures : violences verbales, coups et blessures, prostitution, pratiques coutumières dégradantes, non-paiement de la dot et donc ignorance de la situation d'épouse légitime, avortement forcé, autoritarisme, harcèlement sexuel, viol, sous-paiement de la main-d'oeuvre féminine...L'énumération n'est pas exhaustive ! De nombreux témoignages viennent illustrer ces délits.

Et l'Eglise ?centre de promotion féminine au Burkina FasoAu village, les femmes sont toujours à l'ouvrage

On peut lui faire de nombreux griefs, mais certainement pas celui d'avoir ignoré cette sagesse. Les missionnaires ont compris très tôt l'importance de l'éducation de la femme pour le développement de la société. Les femmes missionnaires ont été aussi nombreuses que les hommes, si ce n'est plus ; les congrégations religieuses africaines ont été et sont toujours florissantes, et se sont dévouées très tôt à l'éducation des filles. Dans la plupart des " missions " l'école des filles fait partie du paysage.
Où se trouve, dès lors, le fruit de cet effort missionnaire ?
Sans doute, la prise de conscience de l'urgence du problème est un des résultats de l'éducation. Le cri de souffrance des Congolaises, et de nombreuses Africaines avec elles, est un signe d'espérance : il témoigne du refus de la situation actuelle, de l'espérance vive pour une vraie Justice, de l'énergie à se battre pour la Paix. Le développement économique est vain s'il ne contribue pas à rétablir l'harmonie dans la société, dans le couple et la famille.
Il s'agit là d'un authentique effort d'évangélisation, qui a pour but de sauver la personne humaine dans sa totalité et de la rendre plus libre d'aimer.

D'après le rapport de Tshimbambe Lubowa
Congo RDC, avril 2001
ANB-BIA mai 2001
(Voir leur site)
ou encore des articles sur la femme africaine sur le site Soeurs Blanches