Voix d'Afrique N° 84

EDITORIAL

Tu as du prix à mes yeux

Un jour, l’Abbé Pierre apprend qu’un de ses compagnons d’Emmaüs veut se suicider. Quand il lui demande pourquoi il veut mou-rir, l’autre lui répond : « Parce que personne n’a besoin de moi ! » Et l’Abbé Pierre de lui dire : « Si, moi, j’ai besoin de toi ! »
Cela est vrai : Il est agréable de savoir que l’on est important pour quelqu’un. Mais beaucoup n’arrivent même pas à s’aimer eux-mêmes, ou du moins à s’accepter tels qu’ils sont. Ils trouvent leur physique ingrat, ils voient en eux tel défaut, ou telle faiblesse psychique.

Et dans ce monde qui ne propose trop souvent la consommation, la performance et la réussite sociale comme uniques objectifs, nous restons profondément insatisfaits.

Et pourtant la parole de Dieu au prophète Isaïe retentit encore à nos oreilles : « Tu as du prix à mes yeux, et moi je t’aime. » (Is. 43, 4) L’expérience de l’amour de Dieu pour nous, que nous faisons un jour, ne change pas notre histoire, mais elle nous change parce qu’elle nous révèle que Dieu nous aime, tels que nous sommes, pas tels que nous aurions aimé être, pas tels que la société aurait souhaité que nous soyons, mais tels que nous sommes aujourd’hui, avec nos fragilités, nos blessures, nos peurs, nos qualités et nos défauts.

Parce que, un jour, nous avons fait cette expérience, nous sommes prêts à nous engager pour les autres. Nous voulons entrer dans ce chantier où Dieu nous embauche, lui qui convoque, qui appelle, qui met en route. Dieu n’a pas voulu nous installer dans un monde fini, parce qu’il souhaite que chacun y mette de ce qu’il est, de ce qu’il a. La société veut faire de nous des consommateurs ; Dieu, lui, voudrait que nous soyons créateurs avec lui. Il nous invite à retrousser nos manches pour être, à notre tour, inventeurs de solidarité, artisans de paix, apôtres de l’amour…

Cette solidarité, on la trouve, dans ce numéro, quand on nous parle des « fleurs d’Afrique » que d’aucun ont appelées les « fleurs de la honte », parce qu’elles sont produites dans la souffrance des ouvriers. Il y a aussi le désarroi de tous ces « blessés » des conflits du Soudan, ou des ravages du VIH-Sida. Et encore l’invitation qui nous sera faite de vivre ensemble le souci de toutes les Églises, surtout celles qui sont les plus démunies, du-rant la Semaine Missionnaire Mondiale, du mois d’octobre.

“ Tu fais de nous, Seigneur, des guetteurs de l’aurore ! Apprends-nous à rester vigilants.”


Pierre Meynet,
M. Afr


*********************************************

Je veux continuer !

Je veux continuer à croire,
même si d’autres perdent espoir.

Je veux continuer à aimer,
même si d’autres sèment la haine.

Je veux continuer à construire,
même si d’autres détruisent.

Je veux continuer à parler de paix
même au milieu de la guerre.

Je veux continuer à éclairer
malgré ceux qui s’opposent à la lumière.

Je veux continuer à semer
même si d’autres piétinent la récolte.

Je veux continuer à crier
là où d’autres se taisent.

Je dessinerai mille sourires
sur des visages en larmes.

Et j’apporterai de la tendresse
là où je trouverai la souffrance.

Je serai source de joie
là où la tristesse cherche à s’établir.

J’aiderai à avancer
celui qui s’est décidé à abandonner.

Et je relèverai les bras
de celui qui a cédé.

Car, au milieu de la désolation,
il y a toujours un enfant qui nous regarde
en espérant, en attendant.

Car après la tempête, la place est au soleil.

Parce qu’au milieu du désert, la vie revivra.

Parce qu’il y aura toujours un oiseau qui chante au matin,

Un enfant qui sourit quelque part
et un papillon qui nous réjouit de sa beauté.

 

suite