Voix d'Afrique N° 82

EDITORIAL

Reste avec nous !

Cest le cri du cœur des deux jeunes disciples rentrant à Emmaüs. Ils désirent garder près d’eux cet étranger qui les a rejoints sur le chemin.

En effet, il s’est intéressé à eux et les a écoutés. « Et nous qui espérions qu’il délivrerait Israël … et voilà que tout est fini ! »
L’étranger compatit, il encourage, il explique les Ecritures : « Ne fallait-il pas que le Christ souffrît pour entrer dans sa gloire ? » Comme tout semble clair et simple avec lui.

« Reste avec nous ! Sois notre invité ! » Il reste. Ils se mettent à table. On lui fait honneur. Lui, l’étranger, prend le pain, le partage et le leur donne. Leurs yeux s’ouvrent : « C’est le Seigneur ! » Mais, déjà, il n’est plus là. Pâques, c’est le miracle du Christ Vivant, toujours présent au milieu des siens : « Voici que je suis avec vous, tous les jours, jusqu’à la fin du monde. » Et il nous invite, nous simples chrétiens ou missionnaires, à être présents, à notre tour, dans la vie de nos frères.

Compatir, ne pas juger le désarroi de ceux qui souffrent : en Afrique, la pauvreté empêche beaucoup de gens d’avoir des soins valables. Ils sont obligés de fréquenter les « pharmacies par terre ». En prison, des hommes, des femmes sont là qui ne se résument pas à leurs actes délictueux. Les immigrés clandestins, eux aussi, nous interpellent. Même s’ils sont sans papiers, ils ont droit à être respectés et traités comme des personnes dignes.

Et il y a tant et tant de cas où nous pouvons être celui ou celle qui accompagne, pour un bout de chemin, des gens désemparés, désespérés, qui n’attendent qu’un peu de compréhension. Ecouter ne coûte rien, et un sourire peut faire tant de bien !


Pierre Meynet,
M.Afr


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de Pablo Neruda
Prix Nobel de littérature 1971

Il meurt lentement
Celui qui ne voyage pas,
Qui ne lit pas,
Qui n’écoute pas de musique
Qui ne sait pas trouver
Grâce à ses yeux.
Il meurt lentement
Celui qui détruit son amour-propre,
Celui qui ne se laisse jamais aider.

Il meurt lentement
Celui qui devient esclave de l’habitude
Refaisant tous les jours les mêmes chemins,
Celui qui ne change jamais de repère,
Ne se risque jamais à changer de couleur,
De vêtements,
Qui ne parle jamais à un inconnu.

Il meurt lentement
Celui qui évite la passion
Et son tourbillon d’émotions,
Celles qui redonnent
De la lumière dans les yeux,
Et réparent les cœurs blessés.

Il meurt lentement
Celui qui ne change pas de cap,
Lorsqu’il est malheureux
Au travail, en amour
Ou qui ne prend pas de risques
Pour réaliser ses rêves
Celui qui, pas une fois dans sa vie,
N’a fui les conseils censés.

Risque-toi aujourd’hui !
Vis maintenant !
Agis tout de suite !
Ne te laisse pas mourir lentement !
Ne te prive pas d’être heureux !

 

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