Voix d'Afrique N° 112

EDITORIAL



Les enjeux d’un Chapitre !

Des voies nouvelles étaient à inventer pour vivre et incarner les charismes des Missionnaires d’Afrique. Vivre la Mission avec les dons de Dieu : titre donné par le Père Adrien Sawadogo dans son article (p. 4) qui nous invite tous à entrer dans la dynamique du Chapitre Général, le 28e pour notre Société. la Mission était effectivement le thème choisi pour les travaux de ce Chapitre.

Un Chapitre Général est un moment important pour tout institut. Chez les Missionnaires d’Afrique il a trois tâches. La première est d’évaluer le travail fait par le Supérieur général et ses assistants au cours de leurs six dernières années de service. La deuxième est de désigner par vote un nouveau Supérieur général et son Conseil. La troisième, enfin, est d’être l’instance représentative de tout l’Institut qui donne des directives et des orientations pour les six prochaines années à venir.

La vie des Missionnaires doit retrouver la fraîcheur évangélique pour qu’elle soit bonne nouvelle pour le monde d’aujourd’hui. Ce monde change, bouge. Ainsi les jeunes en formation approchent actuellement les 500 candidats ; tous ces jeunes sont essentiellement originaires de l’Afrique. Notre vie doit donc s’adapter tout en restant la mémoire vive de l’Évangile. Ces jeunes ont besoin de trouver des fraternités où ils puissent découvrir un lieu d’écoute, de partage et d’engagement. Des lieux-sources qui disent un peu plus quelque chose de Dieu.

En préparation à ce Chapitre il y eut tout un travail de réflexion mené à tous les niveaux par les communautés Pères Blancs. On appelle ces réunions dans notre jargon les “Précapitulaires”. C’est sur cette richesse engrangée que ce Chapitre s’est basé pour définir des choix de mission pour demain. Ce Chapitre fut donc un temps de discernement pour les choix décisifs pour l’avenir.

Des voies nouvelles sont à inventer pour vivre et incarner le charisme insufflé par le cardinal Charles Lavigerie, notre fondateur. Conscients que la complémentarité de nos vocations peut enrichir et dynamiser le charisme, nous continuons à oser risquer la Mission.

Je relèverai notre enjeu pour l’internationalité. Nous sommes depuis toujours un Institut international et nous en tirons les conséquences. L’inculturation du charisme se réalise dans chaque pays où les Pères Blancs sont en mission. L’inter- culturalité dans nos communautés peut et doit être un signe dans un monde où l’accueil de l’autre, de la différence est si épineux.

Les communautés attendent maintenant les instructions du rapport écrit de ce Chapitre. Puis elles se réuniront de nouveau à tous les niveaux. On appelle ces réunions dans notre jargon les “Postcapitulaires” . Il s’agira de réfléchir comment répercuter l’esprit du Chapitre aux situations concrètes des pays où nous vivons.

Que l’Esprit nous aide à renouveler nos cœurs pour être signe, bonne nouvelle pour un monde nouveau en quête de sens.


P. Jean-Yves Chevalier, M Afr
Redacteur en chef de Voix d'Afrique


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Prière avant de mourir
(Le caveau des Missionnaires d’Afrique à Montrouge)

Quand on aime et qu’on se sait aimé,on peut
se permettre toutes sortes de doux reproches :
à ces derniers alors de glisser dans le cœur
comme bonbons au miel…

Me voici Seigneur, grâce à toi, au soir de ma vie, et je voudrais te prier une dernière fois avec mes mots d’homme avant de te rencontrer. Ma prière sera d’ailleurs brève car la tête du médecin ne me dit rien qui vaille :

Tout d’abord, je ne te dis pas Merci pour deux raisons : la première est que, à mon humble avis, tu n’en as pas besoin. Que peut t’apporter un « Merci » venant de moi ? Que peut-il ajouter à ta perfection ? « Tu n’as pas besoin de notre louange… », dit le Psaume. Alors, ce n’est pas au mo-ment de paraître devant Toi que je vais ajouter à ma liste de péchés personnels déjà bien longue celui de la suffisance…

Et puis la deuxième est que, il faut bien l’avouer, tu m’as parfois un peu déçu : je pensais tellement mourir comme un Saint que je me demande si tu m’as toujours aidé comme je te le demandais. Et ne viens pas, en ces derniers instants sur terre, me répéter que tout est encore de ma faute. De toute façon je peux me permettre de te le dire puisque si la prière ne peut rien ajouter à ce que tu es, un petit reproche non plus ne peut te faire le moin-dre mal.

Permets-moi seulement, pour accompagner les derniers soubresauts de mon cœur, une petite mais ardente supplique :
« Donne-moi de sourire jusqu’à la dernière seconde… »
Allez ! À tout à l’heure !...

Père Clément Forestier, M. Afr.

 

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