Voix d'Afrique N° 111

EDITORIAL



Voix d’Afrique: l’essentiel !

C’est en 1990 que j’ai commencé à travailler à Voix d’Afrique. À cette époque le journal se construisait par collage des articles et des photos. Il fallait œuvrer comme un tailleur en mesurant les bouts d’articles et en réduisant ou agrandissant les photos en noir et blanc. Nos outils : des ciseaux, une règle, de la colle. Aujourd’hui le travail a bien évolué : textes et images, se construisent sur ordinateur. « Tu n’as pas de mérite » me dit ma brave marraine. Oui peut-être, mais la technique ne fait pas tout ; il faut toujours chercher à captiver son auditoire et, par là, continuer l’œuvre missionnaire des Pères Blancs.

N’est-ce pas une gageure que l’audace de vous envoyer notre revue Voix d’Afrique depuis toutes ces années ? Vous êtes, j’imagine, inondés d’images et d’informations. La vie trépidante de notre monde moderne mange votre temps. Ces modestes feuilles risquent de disparaître au milieu des prospectus commerciaux qui remplissent régulièrement votre boîte à lettres.

Et pourtant, nous, Missionnaires d’Afrique, nous avons besoin de dire ce que nous vivons. Un peu comme l’amoureux qui supporte difficilement que l’on ignore sa bien-aimée. Un Père bien âgé rentrait en congé. Il était déjà venu des dizaines de fois. Or, voici que dans une réunion diocésaine, on lui demanda ce qu’il vivait. J‘entends encore sa réflexion : « Cela fait longtemps que j’aurais aimé parler des gens avec qui je vis et que tout le monde ignore. C’est la première fois qu’on me le demande. C’est quelque chose pour moi, vous savez… ». Évêque, prêtres, religieuses et laïcs présents se regardèrent, étonnés et gênés, et pourtant ils aimaient “leurs” missionnaires. Vous ne pouvez vous imaginer la joie qu’éprouve le missionnaire quand quelqu’un s’intéresse au pays d’Afrique d’où il vient. C’est toute sa vie : là se trouvent ses amis, sa famille d’adoption. Avec eux, il partage la vie souvent difficile, presque toujours enthousiasmante et il a besoin d’en parler pour les faire aimer.

Voix d’Afrique a cette ambition : faire aimer l’Afrique. On ne peut l’aimer si on ne la connaît pas. La revue est ouverte à des Voix venant de ce continent, voix des Africains et des Missionnaires. Non pas curiosité légitime d’ethnologue ou de sociologue, mais accueil du Royaume de Dieu qui se construit. Avec ceux qui sont sur le terrain, avec ceux aussi qui en ont été éloignés par l’âge, la santé ou un service en Province et dont le cœur bat pour l’Afrique « jusqu’à la mort » comme disait notre Fondateur, Lavigerie.

Voix d’Afrique est, en quelque sorte, une lettre de famille où l’on partage peines, espérances et joies. Un lieu de rencontres et d’engagement au service de l’Afrique. Tout lecteur est membre actif. Il découvre, prie, partage. Chacun à la place que Dieu lui a donnée sur cette terre, chacun est invité à être Missionnaire d’Afrique à sa façon.

Lecteurs qui recevez cette revue, au nom des 1 263 Pères et Frères Missionnaires d’Afrique, je me permets de vous dire : Nous avons besoin de vous, nous comptons sur vous, n’hésitez pas à nous écrire. C’est important pour nous. C’est important pour l’Afrique. C’est important pour l’Église. Important, que dis-je ? C’est même essentiel !


P. Jean-Yves Chevalier, M Afr
Redacteur en chef de Voix d'Afrique


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Prière de l'arbre


"Homme, écoute bien ... !


Je suis la flamme de ton foyer
qui chauffe le repas ...

Je suis le lit de tes sommeils,

Je suis la charpente de ta maison ...

Je suis la table pour ton pain,
le bois de ta barque ...

Je suis le manche de ta houe ...

Je suis la porte de ta maison ...

Je suis le bois de ton berceau
et celui de ton cercueil

Je suis le matériau de tes sculptures

Je suis la parure de ton univers

Ecoute ma prière, mon ami,
ne me détruis pas" !

Amen !

 

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