Voix d'Afrique N° 106

EDITORIAL



Veilleurs d’aurore

De la ville, on me crie : - Veilleur, où en est la nuit ? Qu‘en est-il de la nuit, veilleur ? Le veilleur dit : Le matin vient. »

Dans la nuit de Pâques, les saintes femmes ont dû écouter bien des fois cet appel. « Quand la nuit va-t-elle finir que nous puissions aller au tombeau ? Et puis, qui nous roulera la pierre ? » Elles attendent sans trop le savoir l’aube de la délivrance, de la révélation de la Vie. Elles attendent que leur Bien Aimé transforme l’échec du Calvaire en victoire.

Qui n’a jamais fait l’expérience de l’attente ? Attente d’un service, attente d’un bien, attente d’une personne qui nous man-que ? C’est un moment d’épreuve pour la patience, un moment où le temps semble s’étirer.

Notre époque est bouleversée : les mentalités changent rapidement, les points de repère semblent faire défaut, on ne sait plus qui ou quoi suivre, l’avenir, l’emploi, la sécurité de la vie, le logement sont incertains ; nous avons le sentiment que l’humain reste si fragile, si convoité et anéanti par d’autres, il n’y a guère de place pour ceux qui se retournent au passage d’autrui. Il y a peu de place pour un amour vrai.

Notre société cherche plutôt l’assurance, la sécurité. Place aux battants, à ceux qui sont sûrs d’eux-mêmes, à ceux qui s’imposent, à ceux qui dépassent les autres, qui, s’il le faut, font tomber d’autres, ou les utilisent à leur propre profit. Place aux
gagnants ! Et malheur à ceux qui n’ont pas trouvé leur place dans la société, à ceux que l’on refoule aux frontières, aux sans-logis, aux sans travail, à ceux qui sont à la rue,…

Mais alors comment être veilleur ? C’est faire attention, c’est ouvrir tous nos sens, toute notre intelligence, tout notre esprit, tout notre être. Il s’agit de porter un regard sur le moindre mouvement. Être veilleur c’est être veilleur dans nos sociétés et de nos sociétés. C’est arriver à découvrir autour de nous toute parcelle d’espérance !

Il faut se souvenir des paroles du Petit Prince, amoureux de sa rose : « Les yeux sont aveugles...
Il faut chercher avec le cœur... On ne voit bien
qu’avec le cœur... L’essentiel est invisible pour les yeux... »



Pierre Meynet avait écrit cet éditorial avant sa mort

Merci Pierre

Le Père Pierre Meynet était le directeur et rédacteur en chef de votre Revue « Voix d’Afrique » de 1993 à 1997 et plus récemment de 2008 jusqu’au 14 décembre 2014, jour où il est décédé subitement à l’hôpital St Joseph de Paris. Il était dans sa soixante-treizième année. Il avait déjà commencé ce numéro dont l’ éditorial ci-dessus.

Aux pages 22 et 23 de ce numéro vous trouverez le récit sa vie Missionnaire écrite par notre confrère Charles Sarti. Nous rendons grâce à Dieu pour son dévouement tout au long de sa vie missionnaire.

Merci Pierre. Restons en union de prières pour son repos et pour sa famille et ses amis.
Merci Pierre au nom de tous les confères



Père Patrick Bataille
Responsable du Secteur France


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Photo au milieu de la revue .

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Photo : Recto ..............................Verso

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Une photo, une prière...

Au Matin de Pâques
Dieu s’est levé pour rouler les pierres
qui retiennent ceux qui ont faim de vivre ;
pour ouvrir les portes
qui enferment ceux qui ont soif de justice,
pour rendre l’espoir à toute l’humanité
et tracer devant nous le chemin
qui mène à la vie.

Matin de Pâques, où Dieu relève l’humanité
des ténèbres qui écrasent les élans
de l’espoir,
des maladies qui ébranlent l’envie de vivre,
de la peur de l’autre qu’attise la haine,
du regard qui brise la confiance et la dignité,
des idées arrêtées
qui divisent familles et
nations.

Matin où Dieu relève l’humanité
et lui permet de regarder son avenir en face.
Matin de Pâques où je me lève
pour me dresser contre ce qui opprime
et proclamer la liberté ;
pour m’élever contre le désespoir
et partager l’espérance ;
pour protester contre le non-sens
et communiquer l’amour
qui relève et donne la vie ;
pour annoncer la joie d’être ressuscité
et le bonheur de vivre debout.


Charles Singler.

 

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