Voix d'Afrique N° 100

EDITORIAL



Espérant contre toute espérance il crut...

Tous, nous avons besoin de petits espoirs pour vivre : une promotion pour arrondir nos fins de mois, un CDI plutôt qu’un CDD. Ces petits espoirs font notre pain quotidien et nous ne devons pas les mépriser. Mais notre horizon ne peut se limiter à eux. Par contre, certains espoirs démesurés peuvent apporter le désespoir lorsqu’ils ne sont pas réalisés.

Tel n’est pas le cas d’Abraham : « Espérant contre toute espérance, il crut », et il vit se réaliser la promesse à la naissance d’Isaac. La source de son espérance, c’est sa foi en un Dieu fidèle à ses promesses, un Dieu qui s’engage et nous engage pour le très long terme...

L’espérance n’est pas illusion. La foi, source d’espérance, n’est en rien un narcotique, elle est plutôt un café corsé qui nous réveille. Dans la situation où Dieu le place, Abraham ne peut plus avoir d’illusion. Il sait bien qu’à cent ans il ne peut plus rien pour avoir un fils.

L’espérance n’est pas non plus inaction. La foi est le contraire du « ça va s’arranger ». Non l’humanité, ça ne va pas s’arranger tout seul. Et Abraham, bien des fois, a pris des initiatives pour sortir des problèmes.
Certes, il est un moment où Abraham semble acculé au désespoir pour croire : quand il doit “rendre” Isaac son fils unique à Dieu qui le lui réclame. Pourtant, même à ce moment-là, sa foi n’est pas désespérée : « Nous reviendrons » (Gn 22:5) dit-il à ses serviteurs en s’éloignant avec Isaac vers le lieu du sacrifice... nous reviendrons.

Espérer contre toute espérance, c’est manifester une foi au dessus de l’ordinaire, avoir une confiance en Dieu assez développée et inébranlable, comme des petits enfants qui ne doutent jamais des paroles de leur Père. Notre foi doit être ‘aveugle’ n’ayant aucun alliage avec le doute, la peur, la crainte et l’angoisse.

La promesse de Dieu nous la savons : « Je suis venu pour que vous ayez la vie et la vie en abondance ». Mais souvent nous doutons ! La vraie plaie, c’est le doute, le soupçon sur Dieu et son dessein.

Les ‘Abraham’ sont nombreux dans le monde : ces Africains qui bravent tous les dangers pour rejoindre l’Europe, nos aînés dans les maisons de retraite qui ne peuvent plus rien, les chrétiens ou les missionnaires en milieu musulman où l’on ne peut être que présence d’amitié.

Même notre revue qui fête son ‘numéro cent’ doit croire en l’avenir !

Dans ce monde de plus en plus difficile, que cette rentrée ne diminue pas votre espérance.


Pierre Meynet
M. Afr.


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Masai

Photo au milieu de la revue

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Entends ma voix,
Seigneur

Entends ma voix, Seigneur,
car c’est celle des victimes de toutes
les guerres et de toutes les violences
entre les individus et les peuples...

Entends ma voix, Seigneur,
car c’est celle de tous les enfants
qui souffrent et qui souffriront
tant que les gens mettront leur confiance
dans les armes et la guerre...

Entends ma voix, Seigneur,
quand je te prie d’insuffler
dans le cœur de tous les humains
la sagesse de la paix,
la force de la justice
et la joie de l’amitié...

Entends ma voix, Seigneur,
car je te parle pour les multitudes qui,
dans tous les pays et en tous les temps,
ne veulent pas la guerre
et sont prêtes à parcourir la route de la paix...

Entends ma voix, Seigneur,
et donne-nous la force
de savoir répondre toujours à la haine par l’amour,
à l’injustice par un total engagement pour la justice,
à la misère par le partage...

Entends ma voix, ô Dieu,
et accorde au monde ta paix éternelle.
Amen.

Jean-Paul II

 

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