Voix d'Afrique N°94.




« Tiens ! Tu es parti en Afrique pour tes vacances ! Je vois le djembé que tu as rapporté. Il est joli. As-tu aussi appris à en jouer ? » « Non, pas encore, mais j’y pense ! »
La mode du djembé est assez récente. Mais qu’est-ce qu’un djembé ?

Le djembé est un instrument de percussion composé d’un fût de bois en forme de calice sur lequel est montée une peau de chèvre à l’aide d’un système de tension. On le joue à mains nues. Sa forme évasée rappelle celle du mortier à piler le grain. On en joue en accompagnement des fêtes (baptêmes, circoncisions, fiançailles, mariages, funérailles, assemblées, fêtes de masques, fêtes agricoles). Il y a des rythmes particuliers pour chaque occasion et pour chaque ethnie. Le djembé ne s’entend que très rarement seul. Sa taille est variable : 50 à 60 cm de hauteur, 30 à 40 cm de diamètre.

D’où vient le djembe

Il est couramment admis qu’il est né, au 13e siècle, dans l’Empire Mandingue, qui s’étendait de la Guinée à l’est du Mali et au nord de la Côte d’Ivoire, en passant par le Burkina Faso. Mais même les grands djembefolas (joueurs de djembé), ne savent pas précisément quand le djembé est né.

Dans les années 1950, le djembé commence à s’exporter hors d’Afrique, grâce au Guinéen Fodéba Keïta et aux ballets africains dont Sekou Touré, président de la Guinée, avait fait la vitrine de son régime.

Mais c‘est dans les années 80 que le djembé conquiert le monde, grâce aux grands djembefolas issus des ballets nationaux (Mamady Keïta, le plus connu d’entre eux, mais aussi Amadou Kiénou, Famoudou Konaté, François Dembélé, Adama Dramé...) qui jouent régulièrement et ont fondé des centres d’apprentissage, en Europe, aux États-Unis et au Japon.

L’évolution du djembé

A ses débuts, le djembé était monté avec de petits bouts de bois fichés directement dans le fût. On attachait la peau à 5 ou 6 endroits et on la tendait à plusieurs tout en enfonçant les cales. Ce montage était très fragile et la tension, relativement faible. Il fallait très régulièrement mettre le djembé à côté du feu pour le retendre. Aujourd’hui, ce montage a presque disparu.

Vers 1977, on commence à monter le djembé tel qu’on le connait avec 3 cercles en fer et des cordes. Cette évolution a profondément changé la façon de jouer car la tension est beaucoup plus importante et le son est devenu plus aigu. Dans les années 1990, on rencontre une autre évolution avec les djembés industriels (type REMO), fabriqués en matière synthétique.


A l’origine, le djembé n’était joué que par les hommes. Il n’y a ni raison sacrée ni matchisme dans tout cela. Les femmes elles-mêmes avaient décidé de ne pas jouer, car ce sont elles qui dansent, qui chantent, qui cuisinent, lors des fêtes traditionnelles. Il était donc normal que les hommes participent en jouant le djembé. Cette tradition a perduré. Cependant, de plus en plus de femmes jouent le djembé dans le monde comme Anne Yolaine Diarra, du groupe Sokan.

Les parties du djembé

Dans un djembé, on distingue le fût, la peau et les cordes. Le fût du djembé est taillé dans une unique pièce de bois. L’intérieur du fût est creux et permet le passage de l’air depuis la zone de frappe vers le bas du djembé. La caisse de résonance (partie haute) est plus ou moins “ventrue”. La forme de ce volume conditionne le son du djembé. Plus la cuve est volumineuse, plus le son est grave. Le pied est légèrement évasé vers le bas. C’est lui qui permet l’évacuation de l’air. Sa longueur va permettre de faire varier la projection du son. Le bois du fût peut varier. Les essences principales sont le teck (couleur jaune), le lingué (ou linké : couleur orange), le guéni (plus sombre et veiné), le diala, le dugura, le bois rouge (ou sow), l’acajou.

Les djembés sont généralement montés avec une peau de chèvre. Rasée, elle est tendue sur le sommet du fût au moyen de cordes reliées à trois cercles métalliques, un autour de la gorge du fût et les deux autres associés à la peau. Les cordes sont souvent de la drisse préétirée de 2 à 3 mm de diamètre. Cette corde est très résistante et se détend très peu. Ainsi on obtient une tension constante de la peau du djembé.

Le son du djembé

De nombreux sons peuvent être obtenus sur un djembé suivant le niveau du joueur. On retiendra 3 sons essentiels : la basse, qui s’obtient en frappant de la main le centre de la peau ; la tonique et le claqué qui s’obtiennent en frappant de la main le bord du djembé sans que la paume ne touche la peau. L’inclinaison de la main et des doigts permettra de distinguer la tonique du claqué.

Mais la note d’un djembé est fonction d’autres éléments : la peau utilisée et sa tension, la forme du fût. Plus la peau est fine, plus on obtient un son vibrant, plus harmonieux. Par contre, elle sera moins solide. Plus la peau est épaisse, plus le son sera sec, moins vibrant. Enfin, la forme du fût : à tension de peau égale, la note d’un djembé variera en fonction de la forme du fût. Plus le diamètre de la caisse est important, plus la note sera basse et ronde. A l’inverse, moins il est important, plus la note sera aigüe et sèche.

Acheter un djembé

Choisir son djembé est une opération longue qu’il ne faut pas rater. L’achat d’un djembé représente un certain investissement qui doit être mûrement réfléchi. Beaucoup de personne ont tendance à vouloir acheter un djembé dès le début de leur apprentissage. Le prix d’un djembé varie avec sa taille, le bois utilisé pour le fût et aussi sa qualité de finition. Un bon djembé vaut entre 200 et 250 euros. Il faut éviter d’acheter des djembés sur les marchés, car bien souvent les peaux sont « fatiguées», le bois est taillé approximativement et n’a pas toujours bien séché. Les cordes ne sont souvent pas assez tendues et de mauvaise qualité.

En Afrique, le prix d’un djembé varie d’un pays à l’autre. Là où il est produit (Sénégal, Guinée, Côte d’Ivoire et Mali), un djembé adulte (entre 56 et 65 cm de hauteur, et 30 et 40 cm de diamètre), s’achète entre 15 000 F. CFA (23   ) et 50 000 F. CFA (75   ). Mais pour un très bon djembé, il faut compter environ 30 000 F. CFA (45   ).

Il y a les “VRAIS” djembés ou djembés traditionnels, formés d’un fût en bois et d’une peau de chèvre. Le djembé de chaque pays a ses particularités. Le fût du djembé sénégalais est de couleur claire (bois de teck), un pied souvent sculpté avec des motifs ou des dessins, un cordage blanc avec des tâches noires. Malheureusement, de nombreux djembés sénégalais sont d’une qualité assez médiocre.

Le djembé malien est généralement moins haut (55 cm), sa forme générale est souvent plus “ronde” avec une cuve assez large, la drisse est noire ou rouge. Le fût est souvent de couleur plus rouge (diala). La qualité de finition des djembés maliens est souvent très bonne. Le djembé guinéen est l’un des plus sobres pour le montage et la sculpture du pied. Le djembé burkinabé a souvent une stature imposante. Il est fait pour jouer assis. Haut de 65 cm, il a souvent un diamètre plus conséquent. Son bois est sombre. Le djembé ghanéen a un fût de couleur jaune clair ( bois de l’arbre à pain).

Les Djembés “Industriels” ou Djembés “Synthétiques” sont composés d’un fût et/ou une peau de matériaux non traditionnels. Les fûts sont souvent en fibre de verre très légers et très fins mais également très résistants. La peau est également dans une matière synthétique. Les plus connus sont les djembés REMO Ils sont totalement insensibles à l’humidité.

Le problème de la déforestation lié à la production artisanale

Pour fabriquer le djembé, il faut du bois. Et pour que l’instrument soit de bonne qualité, il faut un bois « bien formé », c’est à dire tiré d’un arbre arrivé à maturité. C’est pourquoi les forgerons vont sélectionner les plus beaux arbres pour faire des instruments de qualité. Bien sûr, cela fait mal au cœur de voir un arbre tomber. Mais la question ne se pose pas dans les mêmes termes lorsqu’on partage le quotidien des gens qui vivent de ce travail.

En effet, que proposer aux sculpteurs, ébénistes, menuisiers, charbonniers, agriculteurs, ouvriers, tous ceux qui vivent de l’exploitation forestière, si nous arrêtons d’acheter ces produits pour préserver les forêts ? Or, si les importateurs réalisent de juteuses affaires, les fabricants, par contre, tirent très souvent le diable par la queue.

Voix d’Afrique
d’après des sources divers


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