Missionnaires d'Afrique

France

Didier Michon, Lebombo Parish, Afrique du Sud, 50 ans de serment


Danse Zoulou, pays de mission de Didier Michon

Tu veux entrer chez les Pères Blancs ? ` Tu ne vas pas y rester longtemps… C’est ainsi que mon curé m’encouragea, alors que je lui faisais part de mon entrée prochaine à Kerlois : C’était il y a 58 ans… Depuis longtemps je désirais me consacrer au Seigneur, mais de nombreuses visites de Pères Blancs pendant mes études secondaires à Riom avaient fait naître en moi le désir de me consacrer aux missions d’Afrique .

C’est ainsi qu’en 1953, j’arrivais à Kerlois pour commencer ma formation chez les missionnaires d’Afrique. Après le Noviciat à Maison Carrée, les 27 mois de service militaire en Tunisie ont été pour moi une période intéressante, car j’ai pu me mêler et échanger avec des jeunes de mon âge qui avaient perdu a foi.
À la fin de mon armée, un message des responsables me dit que j’étais pressenti pour continuer mes études de théologie au Canada qui était à cette époque bilingue : Français - Anglais : En 62 je reçus ma première nomination pour la Rhodésie du Nord devenue plus tard Zambie.

Après un cours de langue pour m’initier au Nyanja, langue parlée dans le diocèse de Chipata, j’ai travaillé successivement dans les paroisses de Chikowa, Chipata, Vubwi et Msipazi. J’ai eu la joie de travailler avec des hommes remarquables qui m’ont beaucoup aidé. tel ce catéchiste me disant un jour après une longue journée de travail : « Je suis fatigué, mais j’aurai tout mon ciel pour me reposer. » Ma nomination au Vubwi avec des prêtres diocésains Zambiens, m’a fait découvrir une autre façon de travailler et m’a initié à l’inculturation de mon travail pastoral.

Les douze années qui ont suivi m’ont permis de m’investir beaucoup plus et d’encourager les communautés à adapter le travail pastoral à la culture du pays. Je n’oublierai jamais les chorales de Msipazi qui ont su adapter la liturgie à la culture du pays, ni les longues réunions de responsables où nous discutions de l’adaptation des coutumes à l’évangile, essayant de répondre aux questions : Que ferait Jésus pour nos coutumes ? Que nous demanderait-il de garder, d’adapter ou de changer ?


Afrique du Sud : danse dans une crèche à Syabuswa

En 82, un message des responsables me fit savoir que je serais bientôt nommé à la Province pour l’animation missionnaire. C’est ainsi que je me suis retrouvé à Toulouse dans une équipe charmante. Mes nombreux contacts avec les jeunes, en particulier au cours des trois routes missionnaires (Allemagne, Belgique et Italie) et à travers le MEJ, m’ont fait découvrir des jeunes remarquables que je n’oublierai pas. En 1984, coup de téléphone de Bob Gay, alors Supérieur Général, me demandant si j’acceptais ma nomination comme assistant provincial à Paris. Comment pouvais-je refuser, moi qui avais toujours accepté les nominations successives au cours de ma vie missionnaire ?

C’est ainsi que je me retrouvai rue Verlomme en 1984 pour 6 ans. Je n’oublierai pas les visites des quelque vingt communautés de la Province, les rencontres avec tous ces confrères dont les vies étaient pour moi autant d’histoires saintes. J’ai aussi apprécié tous les contacts avec les différents instituts missionnaires qui essayaient de garder dans l’église de France son souffle missionnaire. La mort de Dominique Mallet, notre Provincial, après 15 mois de lutte contre le cancer, m’ont aussi beaucoup marqué. C’est aussi pendant mon séjour en France que j’ai eu de nombreux contacts avec des groupes charismatiques : je m’intéressais, en effet, beaucoup à tout ce qui est vivant dans l’Église. Au bout de 6 ans à Paris, alors que je me préparais à repartir en Zambie, nouveau coup de téléphone me demandant si j’acceptais une nomination pour l’Afrique de Sud…

C’est ainsi qu’en fin septembre 1990, j’arrivai à Johannesbourg juste après la libration de Nelson Mandela. Dès le lendemain nous partions à 4 pour une nouvelle fondation à Lebombo, dans l’est du pays, près de la frontière du Mozambique, où nous n’avions ni maison, ni église. Ce projet avait été accepté par les Pères Blancs, car cette région abritait environ 300 000 habitants, dont 50 000 réfugiés de Mozambique. Je suis parti tout d’abord dans le Natal pour apprendre le Zulu. Je suis resté 10 ans à Lebombo. Pendant cette période nous avons vécu avec tout le pays les premières élections libres, le 27 avril 1994, puis l’intronisation de Nelson Mandela comme premier président élu au suffrage universel, le 10 avril 1994. Nous avons aussi suivi avec grand intérêt la commission ‘Vérité et Réconciliation’ présidée par Desmond Tutu, et dont le but était de guérir les blessures du passé et réconcilier les Sud Africains après 42 années d’Apartheid. C’est pendant cette période que nous avons lancé un comité diocésain sur l’inculturation pour voir comment marier culture et foi.

Après 10 années à Lebombo je suis parti pour Siyabuswa, au Nord ouest de Pretoria, pour travailler parmi les Ndebele où les gens parlent Ndebele -Pedi, une langue Sotho fort différente du Zulu. M’intéressant toujours à la culture locale, je me suis mis à étudier les coutumes Ndebele, en particulier celles liées à l’initiation des garçons.

En 2002 un triple pontage me fit réaliser que je n’étais plus si jeune que ça et m’obligea à réduire mes activités… En 2008, les Pères Blancs ayant décidé de remettre la paroisse de Siyabuswa entre les mains du diocèse, le premier juillet, je quitte Siyabuswa pour repartir à Lebombo, où je suis actuellement, tandis que Jan de Groef qui travaillait avec moi, partit pour notre communauté de formations de jeunes au kwazulu Natal où il ne resta que peu de temps, car il fut nommé évêque de Bethléem, en décembre 2008.

Après environ 50 années de vie missionnaire, si ma santé me le permet, je pense repartir pour un dernier séjour, avant mon retour définitif en France.

Didier Michon