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Texte Pris sur le site AGENCE Fides

Carême 2017 : message du Pape François

Carême: « La Parole est un don, l’autre est un don »,
message du pape (Texte complet)


Un temps pour se convertir et changer de vie

Le message du pape François pour le Carême 2017 intitulé « La Parole est un don. L’autre est un don », a été publié ce 7 février. Le pape y médite sur la parabole du riche et de Lazare, mettant en garde contre l’attachement à l’argent et encourageant à « une conversion sincère ».

« Le pauvre devant la porte du riche ne représente pas un obstacle gênant mais un appel à nous convertir et à changer de vie », écrit-il. Le pape recommande notamment de lire la Parole de Dieu qui est « une force vivante, capable de susciter la conversion dans le cœur des hommes et d’orienter à nouveau la personne vers Dieu ».

Le temps du Carême commencera le 1er mars, Mercredi des Cendres, jusqu’au Dimanche de Pâques, 16 avril.

Message du pape François

La Parole est un don. L’autre est un don.

Chers Frères et Sœurs,

Le Carême est un nouveau commencement, un chemin qui conduit à une destination sûre: la Pâques de la Résurrection, la victoire du Christ sur la mort. Et ce temps nous adresse toujours un appel pressant à la conversion: le chrétien est appelé à revenir à Dieu «de tout son cœur» (Jl 2,12) pour ne pas se contenter d’une vie médiocre, mais grandir dans l’amitié avec le Seigneur. Jésus est l’ami fidèle qui ne nous abandonne jamais, car même lorsque nous péchons, il attend patiemment notre retour à Lui et, par cette attente, il manifeste sa volonté de pardon (cf. Homélie du 8 janvier 2016).

Le Carême est le moment favorable pour intensifier la vie de l’esprit grâce aux moyens sacrés que l’Eglisenous offre: le jeûne, la prière et l’aumône. A la base de tout il y a la Parole de Dieu, que nous sommes invités à écouter et à méditer avec davantage d’assiduité en cette période. Je voudrais ici m’arrêter en particulier sur la parabole de l’homme riche et du pauvre Lazare (cf. Lc 16,19-31). Laissons-nous inspirer par ce récit si important qui, en nous exhortant à une conversion sincère, nous offre la clé pour comprendre comment agir afin d’atteindre le vrai bonheur et la vie éternelle.

L’autre est un don

La parabole commence avec la présentation des deux personnages principaux; cependant le pauvre y est décrit de façon plus détaillée: il se trouve dans une situation désespérée et n’a pas la force de se relever, il gît devant la porte du riche et mange les miettes qui tombent de sa table, son corps est couvert de plaies que les chiens viennent lécher (cf. vv. 20-21). C’est donc un tableau sombre, et l’homme est avili et humilié.

La scène apparaît encore plus dramatique si l’on considère que le pauvre s’appelle Lazare: un nom chargé de promesses, qui signifie littéralement«Dieu vient en aide». Ainsi ce personnage ne reste pas anonyme mais il possède des traits bien précis; il se présente comme un individu avec son histoire personnelle. Bien qu’il soit comme invisible aux yeux du riche, il nous apparaît connu et presque familier, il devient un visage; et, comme tel, un don, une richesse inestimable, un être voulu, aimé, dont Dieu se souvient, même si sa condition concrète est celle d’un déchet humain (cf. Homélie du 8 janvier 2016).

Lazare nous apprend que l’autre est un don. La relation juste envers les personnes consiste à reconnaître avec gratitude leur valeur. Ainsi le pauvre devant la porte du riche ne représente pas un obstacle gênant mais un appel à nous convertir et à changer de vie. La première invitation que nous adresse cette parabole est celle d’ouvrir la porte de notre cœur à l’autre car toute personne est un don, autant notre voisin que le pauvre que nous ne connaissons pas. Le Carême est un temps propice pour ouvrir la porte à ceux qui sont dans le besoin et reconnaître en eux le visage du Christ. Chacun de nous en croise sur son propre chemin. Toute vie qui vient à notre rencontre est un don et mérite accueil, respect, amour. La Parole de Dieu nous aide à ouvrir les yeux pour accueillir la vie et l’aimer, surtout lorsqu’elle est faible. Mais pour pouvoir le faire il est nécessaire de prendre au sérieux également ce que nous révèle l’Évangile au sujet de l’homme riche.

Le péché nous rend aveugles

La parabole met cruellement en évidence les contradictions où se trouve le riche (cf. v. 19). Ce personnage, contrairement au pauvre Lazare, ne possède pas de nom, il est seulement qualifié de “riche”. Son opulence se manifeste dans son habillement qui est exagérément luxueux. La pourpre en effet était très précieuse, plus que l’argent ou l’or, c’est pourquoi elle était réservée aux divinités (cf. Jr 10,9) et aux rois (cf. Jg 8,26). La toile de lin fin contribuait à donner à l’allure un caractère quasi sacré. Bref la richesse de cet homme est excessive d’autant plus qu’elle est exhibée tous les jours, de façon habituelle: «Il faisait chaque jour brillante chère» (v.19). On aperçoit en lui, de manière dramatique, la corruption du péché qui se manifeste en trois moments successifs: l’amour de l’argent, la vanité et l’orgueil (cf. Homélie du 20 septembre 2013).

Selon l’apôtre Paul,«la racine de tous les maux c’est l’amour de l’argent» (1 Tm 6,10). Il est la cause principale de la corruption et la source de jalousies, litiges et soupçons. L’argent peut réussir à nous dominer et devenir ainsi une idole tyrannique (cf. Exhort. ap. Evangelii Gaudium, n. 55). Au lieu d’être un instrument à notre service pour réaliser le bien et exercer la solidarité envers les autres, l’argent peut nous rendre esclaves, ainsi que le monde entier, d’une logique égoïste qui ne laisse aucune place à l’amour et fait obstacle à la paix.

La parabole nous montre ensuite que la cupidité rend le riche vaniteux. Sa personnalité se réalise dans les apparences, dans le fait de montrer aux autres ce que lui peut se permettre. Mais l’apparence masque le vide intérieur. Sa vie reste prisonnière de l’extériorité, de la dimension la plus superficielle et éphémère de l’existence (cf. ibid., n. 62).

Le niveau le plus bas de cette déchéance morale est l’orgueil. L’homme riche s’habille comme un roi, il singe l’allure d’un dieu, oubliant d’être simplement un mortel. Pour l’homme corrompu par l’amour des richesses, il n’existe que le propre moi et c’est la raison pour laquelle les personnes qui l’entourent ne sont pas l’objet de son regard. Le fruit de l’attachement à l’argent est donc une sorte de cécité: le riche ne voit pas le pauvre qui est affamé, couvert de plaies et prostré dans son humiliation.

En regardant ce personnage, on comprend pourquoi l’Évangile est aussi ferme dans sa condamnation de l’amour de l’argent:«Nul ne peut servir deux maîtres: ou bien il haïra l’un et aimera l’autre, ou bien il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’Argent» (Mt 6,24).

La Parole est un don

L’évangile du riche et du pauvre Lazare nous aide à bien nous préparer à Pâques qui s’approche. La liturgie du Mercredi des Cendres nous invite à vivre une expérience semblable à celle que fait le riche d’une façon extrêmement dramatique. Le prêtre, en imposant les cendres sur la tête, répète ces paroles: «Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière». Le riche et le pauvre, en effet, meurent tous les deux et la partie la plus longue du récit de la parabole se passe dans l’au-delà. Les deux personnages découvrent subitement que «nous n’avons rien apporté dans ce monde, et nous n’en pourrons rien emporter» (1 Tm 6,7).

Notre regard aussi se tourne vers l’au-delà, où le riche dialogue avec Abraham qu’il appelle «Père» (Lc 16, 24; 27) montrant qu’il fait partie du peuple de Dieu. Ce détail rend sa vie encore plus contradictoire car, jusqu’à présent, rien n’avait été dit sur sa relation à Dieu. En effet dans sa vie, il n’y avait pas de place pour Dieu, puisqu’il était lui-même son propre dieu.

Ce n’est que dans les tourments de l’au-delà que le riche reconnaît Lazare et il voudrait bien que le pauvre allège ses souffrances avec un peu d’eau. Les gestes demandés à Lazare sont semblables à ceux que le riche aurait pu accomplir et qu’il n’a jamais réalisés. Abraham néanmoins lui explique que «tu as reçu tes biens pendant ta vie et Lazare pareillement ses maux; maintenant ici il est consolé et toi tu es tourmenté» (v.25). L’au-delà rétablit une certaine équité et les maux de la vie sont compensés par le bien.

La parabole acquiert une dimension plus large et délivre ainsi un message pour tous les chrétiens. En effet le riche, qui a des frères encore en vie, demande à Abraham d’envoyer Lazare les avertir; mais Abraham répond:«ils ont Moïse et les Prophètes; qu’ils les écoutent» (v. 29). Et devant l’objection formulée par le riche, il ajoute: «Du moment qu’ils n’écoutent pas Moïse et les Prophètes, même si quelqu’un ressuscite d’entre les morts, ils ne seront pas convaincus» (v.31).

Ainsi se manifeste le vrai problème du riche: la racine de ses maux réside dans le fait de ne pas écouter la Parole de Dieu; ceci l’a amené à ne plus aimer Dieu et donc à mépriser le prochain. La Parole de Dieu est une force vivante, capable de susciter la conversion dans le cœur des hommes et d’orienter à nouveau la personne vers Dieu. Fermer son cœur au don de Dieu qui nous parle a pour conséquence la fermeture de notre cœur au don du frère.

Chers frères et sœurs, le Carême est un temps favorable pour nous renouveler dans la rencontre avec le Christ vivant dans sa Parole, dans ses Sacrements et dans le prochain. Le Seigneur qui – au cours des quarante jours passés dans le désert a vaincu les pièges du Tentateur – nous montre le chemin à suivre. Que l’Esprit Saint nous aide à accomplir un vrai chemin de conversion pour redécouvrir le don de la Parole de Dieu, être purifiés du péché qui nous aveugle et servir le Christ présent dans nos frères dans le besoin. J’encourage tous les fidèles à manifester ce renouvellement spirituel en participant également aux campagnes de Carême promues par de nombreux organismes ecclésiaux visant à faire grandir la culture de la rencontre au sein de l’unique famille humaine. Prions les uns pour les autres afin que participant à la victoire du Christ nous sachions ouvrir nos portes aux faibles et aux pauvres. Ainsi nous pourrons vivre et témoigner en plénitude de la joie pascale.

Du Vatican, le 18 octobre 2016,

Fête de Saint Luc, évangéliste

FRANÇOIS



 




AGENCY Zenit

MESSAGE OF HIS HOLINESS POPE FRANCIS

FOR LENT 2017

‘May the Holy Spirit lead us on a true journey of conversion, so that we can rediscover the gift of God’s word, be purified of the sin that blinds us, and serve Christ, [Who is] present in our brothers and sisters in need.’


‘The Word is a gift. Other persons are a gift’ is the title of Pope Francis’ message for Lent 2017 (1 March to 15 April).

Taking as a starting point the parable of the rich man and Lazarus from the Gospel of St. Luke (Lk 16: 19-31), the Holy Father divides his message into three sections:
•“The Other Person Is a Gift”
•“Sin Blinds Us”
•“The Word Is a Gift”
The document, signed on 18 October, feast of St. Luke the Evangelist, concludes with the Pope’s prayer: ‘May the Holy Spirit lead us on a true journey of conversion.’ (D.C.L.)

Below is the Vatican-provided full text of the Pope’s Message:

***

‘The Word is a gift. Other persons are a gift’

Dear Brothers and Sisters,

Lent is a new beginning, a path leading to the certain goal of Easter, Christ’s victory over death. This season urgently calls us to conversion. Christians are asked to return to God “with all their hearts” (Joel 2:12), to refuse to settle for mediocrity and to grow in friendship with the Lord. Jesus is the faithful friend who never abandons us. Even when we sin, he patiently awaits our return; by that patient expectation, he shows us his readiness to forgive (cf. Homily, 8 January 2016).

Lent is a favorable season for deepening our spiritual life through the means of sanctification offered us by the Church: fasting, prayer and almsgiving. At the basis of everything is the word of God, which during this season we are invited to hear and ponder more deeply. I would now like to consider the parable of the rich man and Lazarus (cf. Lk 16:19-31). Let us find inspiration in this meaningful story, for it provides a key to understanding what we need to do in order to attain true happiness and eternal life. It exhorts us to sincere conversion.

1. The other person is a gift

The parable begins by presenting its two main characters. The poor man is described in greater detail: he is wretched and lacks the strength even to stand. Lying before the door of the rich man, he fed on the crumbs falling from his table. His body is full of sores and dogs come to lick his wounds (cf. vv. 20-21). The picture is one of great misery; it portrays a man disgraced and pitiful.

The scene is even more dramatic if we consider that the poor man is called Lazarus: a name full of promise, which literally means “God helps”. This character is not anonymous. His features are clearly delineated and he appears as an individual with his own story. While practically invisible to the rich man, we see and know him as someone familiar. He becomes a face, and as such, a gift, a priceless treasure, a human being whom God loves and cares for, despite his concrete condition as an outcast (cf. Homily, 8 January 2016).

Lazarus teaches us that other persons are a gift. A right relationship with people consists in gratefully recognizing their value. Even the poor person at the door of the rich is not a nuisance, but a summons to conversion and to change. The parable first invites us to open the doors of our heart to others because each person is a gift, whether it be our neighbor or an anonymous pauper. Lent is a favorable season for opening the doors to all those in need and recognizing in them the face of Christ. Each of us meets people like this every day. Each life that we encounter is a gift deserving acceptance, respect and love. The word of God helps us to open our eyes to welcome and love life, especially when it is weak and vulnerable. But in order to do this, we have to take seriously what the Gospel tells us about the rich man.

2. Sin blinds us

The parable is unsparing in its description of the contradictions associated with the rich man (cf. v. 19). Unlike poor Lazarus, he does not have a name; he is simply called “a rich man”. His opulence was seen in his extravagant and expensive robes. Purple cloth was even more precious than silver and gold, and was thus reserved to divinities (cf. Jer 10:9) and kings (cf. Jg 8:26), while fine linen gave one an almost sacred character. The man was clearly ostentatious about his wealth, and in the habit of displaying it daily: “He feasted sumptuously every day” (v. 19). In him we can catch a dramatic glimpse of the corruption of sin, which progresses in three successive stages: love of money, vanity and pride (cf. Homily, 20 September 2013).

The Apostle Paul tells us that “the love of money is the root of all evils” (1 Tim 6:10). It is the main cause of corruption and a source of envy, strife and suspicion. Money can come to dominate us, even to the point of becoming a tyrannical idol (cf. Evangelii Gaudium, 55). Instead of being an instrument at our service for doing good and showing solidarity towards others, money can chain us and the entire world to a selfish logic that leaves no room for love and hinders peace.

The parable then shows that the rich man’s greed makes him vain. His personality finds expression in appearances, in showing others what he can do. But his appearance masks an interior emptiness. His life is a prisoner to outward appearances, to the most superficial and fleeting aspects of existence (cf. ibid., 62).

The lowest rung of this moral degradation is pride. The rich man dresses like a king and acts like a god, forgetting that he is merely mortal. For those corrupted by love of riches, nothing exists beyond their own ego. Those around them do not come into their line of sight. The result of attachment to money is a sort of blindness. The rich man does not see the poor man who is starving, hurting, lying at his door.

Looking at this character, we can understand why the Gospel so bluntly condemns the love of money: “No one can be the slave of two masters: he will either hate the first and love the second, or be attached to the first and despise the second. You cannot be the slave both of God and of money” (Mt 6:24).

3. The Word is a gift

The Gospel of the rich man and Lazarus helps us to make a good preparation for the approach of Easter. The liturgy of Ash Wednesday invites us to an experience quite similar to that of the rich man. When the priest imposes the ashes on our heads, he repeats the words: “Remember that you are dust, and to dust you shall return”. As it turned out, the rich man and the poor man both died, and the greater part of the parable takes place in the afterlife. The two characters suddenly discover that “we brought nothing into the world, and we can take nothing out of it” (1 Tim 6:7).

We too see what happens in the afterlife. There the rich man speaks at length with Abraham, whom he calls “father” (Lk 16:24.27), as a sign that he belongs to God’s people. This detail makes his life appear all the more contradictory, for until this moment there had been no mention of his relation to God. In fact, there was no place for God in his life. His only god was himself.

The rich man recognizes Lazarus only amid the torments of the afterlife. He wants the poor man to alleviate his suffering with a drop of water. What he asks of Lazarus is similar to what he could have done but never did. Abraham tells him: “During your life you had your fill of good things, just as Lazarus had his fill of bad. Now he is being comforted here while you are in agony” (v. 25). In the afterlife, a kind of fairness is restored and life’s evils are balanced by good.

The parable goes on to offer a message for all Christians. The rich man asks Abraham to send Lazarus to warn his brothers, who are still alive. But Abraham answers: “They have Moses and the prophets, let them listen to them” (v. 29). Countering the rich man’s objections, he adds: “If they will not listen either to Moses or to the prophets, they will not be convinced even if someone should rise from the dead” (v. 31).

The rich man’s real problem thus comes to the fore. At the root of all his ills was the failure to heed God’s word. As a result, he no longer loved God and grew to despise his neighbor. The word of God is alive and powerful, capable of converting hearts and leading them back to God. When we close our heart to the gift of God’s word, we end up closing our heart to the gift of our brothers and sisters.

Dear friends, Lent is the favorable season for renewing our encounter with Christ, living in his word, in the sacraments and in our neighbor. The Lord, who overcame the deceptions of the Tempter during the forty days in the desert, shows us the path we must take. May the Holy Spirit lead us on a true journey of conversion, so that we can rediscover the gift of God’s word, be purified of the sin that blinds us, and serve Christ present in our brothers and sisters in need. I encourage all the faithful to express this spiritual renewal also by sharing in the Lenten Campaigns promoted by many Church organizations in different parts of the world, and thus to favor the culture of encounter in our one human family. Let us pray for one another so that, by sharing in the victory of Christ, we may open our doors to the weak and poor. Then we will be able to experience and share to the full the joy of Easter.

From the Vatican, 18 October 2016,
Feast of Saint Luke the Evangelist

FRANCIS