Voix d'Afrique N°83

REGARD

QUATRE FÊTES, UN JUBILÉ


Les symboles apportés lors de la célébration à Bagamoyo


Le 21 avril 1878, jour de Pâques, les Pères Livinhac, Lourdel, Girault, Barbot et le Frère Amans quittent Marseille pour rejoindre la côte est de l’Afrique. Pas-sant par Suez et Aden, ils arrivent à Zanzibar le 30 mai.

Quelques jours plus tard, ils abordent le continent, à Bagamoyo, situé à 60 km au nord de Dar-es-Salam. C’est le début d’un long voyage qui les mènera jusqu’aux Grands-Lacs.
Les chrétiens de Tanza-nie et les Missionnaires d’Afrique ont voulu célé-brer, en 2008, le jubilé des 130 ans de cette venue des premiers missionnaires.

Bagamoyo
Ils sont là, en ce jeudi 15 mai 2008, 35 Sœurs et Pères, venus de Nairobi, et arrivés à Dar-es-Salam après vingt heures de bus. Le samedi 17, dès six heures du matin, ils partent avec d’autres groupes vers Bagamoyo. Trois chorales les accompagnent. Le soleil brille, la journée sera belle.

La première visite est pour le cimetière où ont été enterrés, à partir de 1868, les Pères du St Esprit et les Sœurs. Ce sont eux qui, dans les années 1878, ont accueilli les Pères, puis les Sœurs des premières caravanes. En l’honneur de tous ces premiers missionnaires, une stèle est bénie par le Père Gérard Chabanon, Supérieur Général.

Puis on explique ce qu’a été la première caravane. Une fois arrivée à Tabora, elle s’est divisée en deux, une partie allant vers l’ouest par le lac Tanganika pour atteindre le Congo, l’autre, partant vers le nord, par le lac Victoria, pour l’Uganda. La plupart du temps, ces missionnaires ont été bien accueillis par la population locale et ont reçu des chefs des laissez-passer pour aller plus loin.

Au cours de la messe, présidée par le Cardinal Polycarp Pengo, le Père Gérard Chabanon, dans l’homélie, insiste sur les efforts à fournir pour l’œcuménisme, la justice et la paix sur le continent, en souvenir des premiers missionnaires et en collaboration, aujourd’hui, avec l’Église locale.

Après un bon repas au Centre spirituel et la photo souvenir, il est proposé une mise en scène sur la plage : l’arrivée des premiers missionnaires, Sœurs, Frères et Pères, sur la rive de Bagamoyo. Un petit voilier amène 2 Sœurs Blanches, dans leurs longs et lourds habits avec le scapulaire et le voile, et 3 Pères Blancs, en gandourah et rosaire. Un des Pères, comme touchant la «Terre Sainte», embrasse la plage, remerciant Dieu pour le bon voyage qu’ils ont fait.

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On revit l’arrivée des premiers missionnaires !

Remplis de joie, tous partent, en procession, à l’église pour rendre grâce à Dieu par le chant du Magnificat

Enfin, dernière évocation : le départ vers la rivière Ruvu, chemin emprunté par nos prédécesseurs pour se rendre dans l’intérieur du pays.
Le dimanche 18 Mai, fête de la Sainte Trinité, on se répartit dans les paroisses de la ville. Au cours de la messe et dans des rencontres dans les salles paroissiales, on donne des témoignages de la vocation missionnaire. Tout se termine à 14 heures.
Merci à vous tous, le comité de la Caravane de Bagamoyo, les chorales et les paroissiens qui ont accueilli ; merci aussi à nos Évêques.
Que Dieu vous bénisse !

Lorsque la caravane atteint Malya Bagamoyo (24 décembre 1878 – 14 juillet 2008)
Partis de Bagamoyo, les Pères se dirigent vers Tabora, 850 km parcourus dans les pires difficultés. De là, les Pères Livinhac, Lourdel, Girault, Barbot et le Frère Amans prennent la route vers le nord, en direction de l’Uganda. Tout près du lac Victoria, ils arrivent à Malya, dans la région du Sukuma. Les gens de Malya offrent aux missionnaires un endroit pour passer la nuit. On est le 24 décembre 1878, c’est Noël. Les Pères célèbrent leur première messe.

Le 14 juillet 2008, Monseigneur Mayala, archevêque de Mwanza, accueille tous ceux qu’il a invités pour célébrer les 130 ans de cet évènement.

A la fin de la messe, le curé et les chrétiens de Malya offrent une statue de Notre Dame d’Afrique aux Missionnaires d’Afrique. Les paroissiens expliquent le pourquoi d’un tel don : lorsqu’ils sont arrivés, les premiers Pères ont demandé aux gens le nom du lieu. Ils ont répondu « Malya ». Mais les Pères ont compris « Maria ». Était-ce à cause de leur dévotion à Marie, ou du fait que les Wasukuma utilisent indifféremment le « l » et le « r » ? Quelle que soit la raison, les paroissiens ont rappelé ainsi, avec joie, ce pre-mier malentendu linguistique.

A l’invitation du Vicaire Général de l’archidiocèse, les chrétiens, en grand nombre, sont allés serrer la main des Sœurs Missionnaires de Notre Dame d’Afrique et des Pères. Ainsi, ils montraient leur reconnaissance pour la Bonne Nouvelle apportée sur la terre de Sukuma. Malgré la chaleur du soleil, les salutations ont duré longtemps !

Kageye (30 décembre 1878 – 17 juillet 2008)
Poursuivant leur chemin, les Pères arrivent à Kageye le 30 dé-cembre 1878. Kageye, de nos jours, est un peu plus qu’un pai-sible village rural, sans commerce ni industrie. Mais en 1878, Kageye était le port le plus impor-tant sur la côte sud du lac Victoria.

Cinq ans plus tard, le 4 janvier 1883, à cause de la persécution par le roi Mutesa en Uganda, les Pères sont revenus à Kageye. Malgré le bon accueil fait par l’Arabe Bin Sif, les Pères ne pensent pas qu’il soit facile de commencer une mission dans un endroit dominé par les musulmans. Aussi vont-ils décider de s’installer à Bukumbi.

L’anniversaire des 125 ans de ce deuxième passage des mission-naires et de leur installation à Bukumbi a été célébré le 17 juil-let 2008. Monseigneur Anthony Mayala, archevêque de Mwanza, accompagné du clergé diocésain, des Pères Blancs et Sœurs Blanches, et de beaucoup de laïcs, est venu célébrer à Kageye. Notre confrère, le P. Winfried Huber, actuellement curé de Kageye, nous a accueillis. Ce fut une fête impressionnante par son organisation et l’afflux des gens.

Au cours de la messe, on a rappelé que la foi est le fruit de tous ces sacrifices faits par nos devanciers. Une invitation a aussi été adressée aux jeunes et à leurs familles pour qu’ils soient généreux en se donnant à l’Église, à leur tour.

Après la messe, on donne des cadeaux aux Pères et aux Sœurs, et aussi des centaines de poignées de main, à commencer par celles de l’archevêque, comme signe de gratitude.

14 août 2008 Kigongo
Le rocher de “l’alliance”A l’arrivée, de loin, on peut voir le gros rocher avec la croix. Au pied de celle-ci, la place est préparée pour la célébration de la messe. Face au lac Victoria, on peut comprendre l’amour fidèle de Dieu.

C’est un endroit historique : là, il y a 125 ans, les Pères ont été accueillis par le chef qui est devenu chrétien, par la suite. A l’époque, les gens ne voulaient pas que les missionnaires s’installent. Mais le chef a pris l’initiative de les accueillir, disant que ce sont des hommes aussi. Cela a marqué le début du christianisme dans la terre du Sukuma. Le chef a pris les missionnaires comme ses enfants. Encore maintenant, il y a beaucoup de liens entre les missionnaires et le chef.

Le chef dans sa tenue d’apparatLe chef actuel a raconté l’histoire de l’alliance de sang scellée entre son arrière-grand père et les Missionnaires d’Afrique, venus rester dans cette terre et dans sa famille.
Au cours de la messe, l’archevêque de Mwanza, Anthony Mayala, a rappelé la parole de Jean Paul II : « Les premiers missionnaires sont venus partager leur foi avec beaucoup de zèle. » Cette foi que nous avons reçue, nous devons apprendre à l’exprimer et devenir missionnaires.

La solennité du moment était renforcée par le son du gros tambour, utilisé uniquement aux grandes occasions, et, aussi, le chef, habillé de sa peau de léopard.
Puis le chef et le provincial des Missionnaires d’Afrique, Donald Anderson, rappelant le passé, ont fait une nouvelle alliance. Cette fois, ce n’est pas avec le sang, mais avec des gâteaux : un en forme de cœur, l’autre en forme d’église et de Bible ouverte. Ils les ont coupés ensemble et les ont partagés avec la population comme symbole de notre responsabilité partagée pour la transmission de la Bonne Nouvelle.

15 août 2008 Bukumbi paroisse de Notre Dame de l’Assomption
Les premiers missionnaires avaient l’habitude de consacrer les missions à la protection de la Vierge Marie. Le 15 août est ainsi la fête paroissiale de Bukumbi, et, cette année, on fêtait les 125 ans de son existence. Les Pères Blancs ont la responsabilité de cette paroisse depuis sa fondation, mais la taille de la paroisse, qui, au départ, incluait des territoires au Rwanda et au Burundi, a considérablement diminué.

La préparation de la fête a duré près de six mois : visite d’une ‘croix jubilaire’ dans toutes les familles chrétiennes ; efforts pour le baptême des enfants et la régularisation de mariage des jeunes couples ; journée de pèlerinage pour les jeunes ( plus de 700 ont participé). Enfin, le 9 août, près de 600 enfants, venus des 13 paroisses du diocèse de Mwanza, ont participé à de joyeuses célébrations à Bukumbi. Le point d’orgue de toutes ces activités a eu lieu lors du 15 août.

Les invités, arrivés à Bukumbi dès 8 heures du matin, sont nombreux. On pense qu’il y avait au moins 2000 personnes à la messe. Celle-ci, célébrée en plein air, fut présidée par l’évêque de Musoma, (un diocèse voisin), Mgr Michael Nsonganzila, lui-même enfant de la paroisse de Bukumbi !

Ce sont les tambours traditionnels de la chefferie qui ont ouvert la journée, et la messe a été une belle occasion de renouveler l’esprit missionnaire des paroissiens de Bukumbi. « Jubilé de Bukumbi! commencement de la foi ». Puis-que c’est ici qu’a commencé l’aventure chrétienne dans cette partie d’Afrique, il est bon de rappeler la responsabilité dans laquelle chaque chrétien est engagé. L’Église, assemblée de Dieu, est encore en chantier et les défis ne manquent pas. Puissions-nous être animés du zèle apostolique qui a marqué tant de missionnaires de la première génération.

Après la messe, c’est le temps des divertissements. Une troupe de danseurs traditionnels ont entrepris une danse mémorable accompagnée d’un immense boa qui a captivé l’attention de l’assemblée.

Nous espérons que toutes ces célébrations auront permis de renouveler le souffle missionnaire de tout le diocèse de Mwanza, ainsi que celui de tous les nombreux invités venus de l’extérieur.

D’après les textes
des participants


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