Voix d'Afrique N°101.

 

Guinée-Bissau
Amilcar Cabral

Amilcar Cabral naît le 12 septembre 1924, à Bafatá, dans l’est de la Guinée-Bissau, de parents cap-verdiens. À l’époque, l’archipel du Cap-Vert et la Guinée Bissau sont sous domination portugaise. Il suit des études d’ingénieur agronome, à l’université de Lisbonne. Là, il côtoie des militants de la libération des colonies africaines de l’empire colonial portugais. Certains de ces militants deviendront des meneurs de la lutte indépendantiste en Afrique lusophone, occidentale et australe, tels Mario de Andrade, Agostinho Neto, Viriato da Cruz (qui deviendra le Premier secrétaire du MPLA) tous les trois en Angola, Eduardo Mondlane (en) (fondateur du Frelimo, Mozambique), Marcelino dos Santos et Vasco Cabral.
Nommé directeur du Centre expérimental agricole de Bissau, il acquiert une connaissance précieuse du pays et de sa structure socio-économique.

Alors, il s’intéresse au panafricanisme dans le sillage de N’Khrumah et se passionne pour la poésie de Senghor et son concept de négritude. Les autorités coloniales commencent à le trouver gênant et il est contraint de s’exiler en Angola, où il prend contact avec le mouvement nationaliste angolais. En 1956, Cabral fonde à Bissau le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), d’idéologie marxiste. Il tente alors de négocier avec les autorités métropolitaines de plus en plus isolées. Les empires français et britanniques sont désormais en grande partie démantelés et l’ONU devient une tribune puissante pour les mouvements de libérations des dernières colonies.

Ces négociations échouent et, en 1963, le PAIGC engage la lutte armée contre les forces d’occupation. Cabral anime avec sang-froid cette guérilla qui débute dans le sud du pays, avec des bases arrières en Guinée-Conakry (il obtient le soutien militaire des soviétiques). L’armée coloniale (près de 20 000 soldats mobilisés) se trouve très vite débordée. Sous l’impulsion de Cabral, la guérilla prend un essor rapide et, en 1973, le PAIGC contrôle la majeure partie du pays. En 1972, Cabral remporte un grand succès puisqu’il parvient à organiser l’élection d’une Assemblée nationale. Cette même année, le Conseil de Sécurité de l’ONU somme le Portugal de mettre un terme à cette guerre coloniale d’un autre âge. Mais les événements se précipitent : Cabral se fait tuer le 20 janvier 1973, près de sa résidence à Conakry, par des membres de son parti, avec la connivence des services secrets portugais.

Malgré la disparition de son charismatique leader, le PAIGC conserve son unité et réalise l’objectif pour lequel il a été créé. Le 10 septembre, le Portugal reconnaît l’indépendance de la Guinée ainsi que celle du Cap-Vert. L‘ONU la reconnaît à son tour le 24 septembre 1973. Par les accords d’Alger, la Guinée-Bissau accède ainsi à l’indépendance sans drame majeur. Le président du jeune État n’est autre que le frère d’Amilcar, Luis Cabral. La Guinée-Bissau connaît pour quelques années la stabilité.

Tout au long de la lutte, Cabral tenta de maintenir soudée son organisation, en s’appuyant sur les milieux populaires. Meneur d’homme très souple préférant la persuasion aux purges, il ne parvint cependant pas à apaiser totalement les tensions entre combattants guinéens et cadres cap-verdiens. L’œuvre de Cabral n’en reste pas moins conséquente. Sa réflexion sur le rapport entre libération nationale et culture est plus que jamais d’actualité. Contrairement à la tendance dominante à l’époque d’importer mécaniquement les théories marxistes, Cabral a fait une relecture des catégories sociopolitiques du marxisme à la lumière des “réalités africaines”. Surtout, aux yeux de très nombreux Guinéens, Cabral fait figure de héros national.

D’après des sources diverses
Voix d’Afrique



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