Achoura


Le 10 du mois musulman de Muharram, la communauté musulmane fête l'Achoura.

Cette fête semble trouver son origine dans la Fête juive du Pardon, qu'on célébrait le 10ème jour du Tichri: dix se disant 'achra. A cette fête, le Grand Prêtre offrait un sacrifice d'expiation pour la remise des péchés, pendant que le peuple lui-même faisait le Sabbat et jeûnait.

Au départ, le prophète Mohammed adopta ces 24 heures de jeûne pour sa communauté et les rendit obligatoires. Mais, plus tard, lorsque s'organisa la première communauté musulmane et que le jeûne du Ramadan fut institué comme signe distinctif, l'obligation d'observer l'achoura fut supprimée. Elle devint un jeûne volontaire de 24 heures, d'un coucher du soleil à l'autre.

Les traditions populaires, basées sur les Hadiths du prophète, lui ont trouvé une nouvelle signification qu'elle avait perdue.
Certaines traditions considèrent l'Achura comme l'anniversaire du jour où Adam rencontra Eve pour la première fois après l'expulsion du Paradis d'autres comme le jour où Noé quitta l'Arche.

Le rite lui-même varie de lieux en lieux, mais beaucoup continuent à observer un jeûne ce jour-là.

A la Mecque, la Kaaba, habituellement fermée, est ouverte le jour de l'Achoura et les visiteurs peuvent entrer.

En Iran, l'Achoura est commémorée par le Tazieh, un genre théâtral qui rejoue le massacre de l'imam Hussein.


Tazieh au Takieh Dolat à côté du Palais du Golestan de Téhéran à la fin du XIXe siècle.

En Afrique du Nord, l'habitude n'a pas gardé tellement le jeûne mais l'aumône aux pauvres, ('achoura étant interprété par certains comme le 10ème de son revenu), la visite des cimetières et le soin des tombes de la famille.

En Tunisie, l'Achoura commémore aussi le martyre des petits-fils du prophète, Hassan et Hussein, morts assassinés en 61 de l’Hégire, le 10 Muharram, d'après une tradition. C’est un jour où l’on se souvient des morts : il est de coutume d’aller rendre visite aux défunts et d’allumer des bougies autour de la tombe du saint patron du cimetière.
Dans certains endroits, la veille au soir, les enfants font de grands feux (le feu, signe de purification) par-dessus lesquels ils sautent en chantant. Dans la région de Gabès, ils font la visite des maisons avec un petit roseau, appelé achoura, que les adultes remplissent de bonbons et de monnaie.


Au Maroc l'Achoura est perçue, depuis des siècles, comme la fête de l'enfance, de la famille et des traditions.
Cette manifestation revêt une signification spirituelle et sociale indéniable. C'est aussi un jour de partage et de charité. Elle rappelle l'obligation de faire l'aumône, de s'acquitter d'une contribution matérielle, la Zakat, destinée à assister les plus démunis.
Habillés de neuf, les enfants reçoivent des cadeaux, des trompettes, des tambours, des pétards et d'autres jouets.
Le lendemain de l'Achoura, c'est "Zem-Zem" (allusion au puits du même nom à La Mecque. Son eau est traditionnellement purificatrice). Les enfants y disposent d'une totale liberté pour asperger voisins, amis et passants. Garçons et filles, dont l'âge n'excède pas 12 ans, trottent dans les rues à la recherche d'une proie ou d'un point d'eau pour s'approvisionner.

L'Achoura, qui n'est pas mentionnée dans le Coran, est considérée comme une fête mineure par les Sunnites.

Parmi les Chiites, l'Achoura a pris un sens totalement différent. C'est l'anniversaire du jour où en 680, Hussein, le petit fils de Mohammed, de la famille de Ali et de Fatima, ayant quitté Médine pour Kouffa dans l'espoir d'être reconnu comme chef de la communauté musulmane, fut massacré par les Umayyades ainsi que 72 de ses compagnons à Kerbela, en Iraq.

Carte Sunnites Chiites

Cet événement est considéré par les Chiites comme le symbole le plus significatif de leur relation avec le reste de la communauté musulmane. Hussein est considéré comme le chef choisi par Dieu mais assassiné par les hommes auxquels il avait été envoyé. A ce jour anniversaire, certains s'expriment dans des cris, des lamentations, des flagellations… et dans des processions d'un intense émotion.

Texte de Raphaël Deillon P.B.

Voir aussi
Hégire

Ramadan
La lune, le calendrier et les fêtes Musulmanes

* L'ISLAM et ses COURANTS (du groupe rencontre Belgique)
* Au sujet du Le FOULARD islamique (du groupe rencontre Belgique)
Fête du Sacrifice : Aïd al Adha ou Aïd el Kébir

Fin du Ramadan Fête de l'Aïd El Fitr

 


ASHURA

On the 10th of the Muslim month of Muharram, the Muslim community celebrates Ashura.

This commemoration seems to have its origin in the Jewish Day of Forgiveness, (Yom Kippur) celebrated on the 10th Tishri - 'ten' being pronounced 'ashara'. During this day, the High Priest offered sacrifice in expiation for the forgiveness of sins, while the people held Sabbath and fasted.

At the beginning, the Prophet Muhammad adopted these 24 hours of fasting for his community and made them obligatory. However, later, when the first Muslim community became organised and the Ramadan fast was instituted as a distinctive feature, the obligation to observe Ashura was abolished. It became a voluntary 24-hour fast, from sunset to sunset.

In popular tradition, based on the Hadith of Prophet, it gained a fresh significance that it had lost. Some traditions considered Ashura as the anniversary of the day when Adam met Eve for the first time after the expulsion from Paradise, others as the day Noah left the Ark.

The rite itself varies from place to place, but many continue to observe a fast on this day.

In Mecca, the normally closed Kaaba is open on Ashura and visitors may enter.

In Iran, Ashura is commemorated by the Ta'zieh, one of the oldest and most authentic traditions of theatre in Iran. It is based on agonizing life stories and fables of the Prophet Muhammad. Essentially, they are the events and atrocities that confronted Imam Hussein and his companions in the Kerbala desert.


Ta'zieh at Takieh Dolat beside the Teheran Golestan Palace at the end of the 19th century.

In North Africa, local custom does not keep the fasting as much as giving alms to the poor, (ashura interpreted as a tenth of one's income), visiting cemeteries and tidying family graves.

In Tunisia, Ashura also commemorates Hassan and Hussein, the grandsons of the Prophet, murdered on the 10th Muharram, in 61 of the Hegira, according to tradition. It is the day to commemorate the dead. It is customary to visit the deceased and light candles around the grave of the patron saint of the cemetery.
In certain places the evening before, the children build a bonfire (fire is a sign of purification) - over which they leap while chanting. In the region of Gabès. they go round the houses with a little reed basket, called an 'ashura', which adults fill with sweets and money.

For centuries in Morocco, the Ashura has been seen as a feast of childhood and family traditions. This event takes on a distinct spiritual and social significance. It is also a day of sharing and giving charity. It recalls the obligation of giving alms, of making a contribution in kind to pay Zakat, intended to help the most deprived. Dressed in new clothes, the children receive presents of trumpets, drums, squibs and other toys. The day after Ashura is 'Zem-Zem' - (a reference to the well of the same name at Mecca. Its water is traditionally purifying.) Children enjoy full freedom to douse neighbours, friends and passers-by. Boys and girls, under the age of 12, roam the streets looking for victims or for a tap to stock up.

Ashura, not mentioned in the Qur'an, is considered a minor commemoration by the Sunni.

Among the Shiites, Ashura has taken on a completely different meaning. It is the anniversary of the day in 680 (61 AH) when Hussein, the grandson of Muhammad, of the family of Ali and Fatima, having left Medina for Kouffa in the hope of being acknowledged as head of the Muslim community, was massacred by the Umayyad at Kerbala, in Iraq, as were all 72 of his companions.

Carte Sunnites Chiites

Shiites consider this event as the most significant symbol of their relationship to the rest of the Muslim community. Hussein is considered the head chosen by God, but murdered by the men to whom he had been sent. On this anniversary, some express themselves in weeping, lamentations, flagellations, and in processions of intense feeling.

 

Text translated by Donald MacLeod from the french text of Raphaël Deillon M.Afr.

see also:
Hegira
Ramadan
* The Moon, the Calendar of Muslim Feasts.

* ISLAM and its MOVEMENTS
*
Holy Day of the Sacrifice: Aïd al Adha or Aïd el Kébir Best Wishes to all our Muslim friends