2 Articles d’archive

Origine lointaine et histoire d’une statue

Notre Dame d’Afrique nous est chère, à nous Pères Blancs et Sœurs Blanches, à plus d’un titre. Le sujet de cet article intéressera certainement les membres des deux Sociétés missionnaires fondées par le cardinal Lavigerie, placées depuis leur origine sous la protection de Marie Immaculée, Reine de l’Afrique. C’est grâce aux recherches assidues du Père Cazaunau, un ancien de la paroisse de N.D. d’Afrique, au sujet des origines de la statue, et aux informations du Père Cougoulat, membre de la communauté actuelle de ce poste, concernant les diverses “prises d’habit” de la Vierge, que cet article a pu voir le jour. Qu’ils en soient, ici, remerciés.

Né à Chaumont en 1698, décédé à Paris en 1762, Edme Bouchardon fut un de ces statuaires de l’école française qui Edme Bouchardonconservèrent pendant le XVIIIe siècle le grand style des artistes du siècle de Louis XIV.

Pensionnaire de l’Académie de St-Luc à Rome en 1722, il y exécuta plusieurs œuvres, entres autres les bustes de Clément XII et des cardinaux de Polignac et de Rohan. Rappelé à Paris par Louis XV en 1732, nommé sculpteur du roi, il fut chargé de multiples travaux pour Grosbois, Versailles et autres parcs, places et résidences. Ses ouvrages capitaux étaient nombreux, mais le marteau des révolutionnaires ne les a pas tous respectés : les Droits de l’Homme existaient bien sur le papier, mais non dans la pratique… De nos jours, on peut encore contempler son admirable fontaine des Quatre Saisons de la rue de Grenelle à Paris. Voltaire lui a donné une place de choix dans son Temple du Goût (1733).

A St-Sulpice, il exécuta plusieurs sculptures : le Christ, la Vierge et huit apôtres. Ce qui nous intéresse ici, c’est cette statue de Marie, ladite Vierge de Bouchardon. Que penser de celle-ci ?
Nous ne pouvons plus, hélas, en juger que par une estampe gravée par Sornique vers 1744. Elle a pour titre :”La Sainte Vierge, exécutée en argent, d’après le modèle d’Ed. Bouchardon, sculpteur du Roy…, par G. Chevallier.” Dans le Bulletin paroissial de St-Sulpice, du 25 août 1912, nous lisons :”Cette gravure nous donne l’idée la plus favorable de l’œuvre de Bouchardon (…) Elle a été reproduite (…) bien souvent et popularisée à l’infini par la Médaille miraculeuse…” (René Laurentin, Vie authentique de Catherine Labouré (1981).

Une centaine d’années plus tard, la carrière du “Prince des diplomates” ou du “Diable boiteux”, le Prince de Talleyrand-Périgord, évêque défroqué, que le Dictionnaire des Girouettes plaçait en tête de ceux qui avait su tourner avec le vent depuis la Révolution française de 1789, était au bout de son rouleau. Mgr de Quelen, archevêque de Paris, ne cessait de prier pour la conversion de Talleyrand. Ce dernier, au fond, ne nourrissait aucune haine contre l’Eglise : ordonné prêtre sans vocation, la Révolution lui avait permis de trouver une position sociale conforme à ses ambitions.

Mgr de Quelen avait promis à N.D. de la Délivrande (Calvados) – son pèlerinage de prédilection – d’offrir à ce couvent une statue de la Vierge, s’il obtenait cette conversion. Sa prière fut exaucée. L’instrument de cette réconciliation, M. l’abbé Dupanloup, Supérieur du Séminaire de St-Nicolas du Chardonnet (Le jeune Lavigerie y entrera en 1841), raconte à M. Michel, son ami et proviseur de l’Ecole Normale de Paris, “toutes les diverses circonstances de ses rapports avec M. Talleyrand et de la mort édifiante de ce grand personnage.”

Mgr de Quelen commanda donc une statue sur le modèle de la “Vierge de Bouchardon”. “Cette statue, de 3 à 4 pieds de haut, est en bronze (…) Sur le devant (…) se trouve l’inscription Virgo Fidelis.” Elle fut inaugurée le 8 septembre 1838 à la Délivrande. Elle s’y trouve encore de nos jours.

De retour à l’archevêché, Mgr de Quelen ordonna une deuxième statue semblable qu’il fit ériger dans la cour d’entrée du couvent des Dames du Sacré-Cœur, rue de Varenne à Paris, en reconnaissance de l’hospitalité qu’il y avait reçue lors de son expulsion de l’archevêché en 1830. C’est là qu’il mourut le 31 décembre 1839. (Cette deuxième statue ne se trouve plus à Paris. Au moment des Décrets d’expulsion contre les Congrégations religieuses, elle fut transportée à Jette, un faubourg de Bruxelles, où elle se trouve encore aujourd’hui).

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Un mois plus tard, le 5 février 1840, Mgr Dupuch, depuis 1838 premier évêque d’Alger (Le 8 août 1838 est en fait la date du rétablissement de ce siège qui avait été fondé au IIe siècle, sous le nom d’Icosium), se rendait en France pour trouver des prêtres et des ressources pour son jeune diocèse. Sur son programme, la visite des maisons des Dames du Sacré-Coeur de France et de Belgique. Ancien aumônier des Dames du Sacré-Coeur de Bordeaux, il connaissait leur générosité. Le 12 Mars, il était à Lyon où il présida une assemblée générale et extraordinaire des Enfants de Marie du Sacré-Coeur de la Ferrandière (En juillet 1907, les Dames du Sacré-Cœur furent expulsées et prirent le chemin de l’exil. La propriété fut divisée en lots. En 1937, les Pères Blancs purent acheter le lot qui comprenait la chapelle et en firent leur procure (Villeurbanne)..

Mgr Dupuch célébra la messe et “nous donna sur les missions d’Algérie les détails les plus intéressants (…) La Congrégation lui fit la promesse d’une statue de la sainte Vierge (…) et Monseigneur fut chargé de la commander
lui-même à Paris où il se rend.”

Arrivé dans la capitale, au milieu d’occupations nombreuses, Mgr Dupuch fait une visite aux Dames du Sacré-Cœur de la rue de Varenne. Il y voit la statue de la Virgo Fidelis – la deuxième copie de la Vierge de Bouchardon – celle que Mgr de Quélen avait offerte aux religieuses de ce couvent un an plus tôt. Aussitôt il est conquis. Une copie en est faite rapidement, grâce au moule qui existait encore, et, le 5 mai, à Lyon, elle lui est offerte par les Enfants de Marie de la Ferrandière : C’est la statue qu’on appellera plus tard Notre-Dame d’Afrique. (En 1856, Mgr Pavy constituait une commission pour trouver les ressources nécessaires à la construction de la chapelle provisoire, et pour arrêter le vocable sous lequel on désignerait la statue et le pèlerinage à la vénération publique. Plusieurs noms furent avancés. Finalement c’est celui de Notre Dame d’Afrique qui fut accepté à l’unanimité.)

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La suite est bien connue. La statue fut d’abord placée sur la terrasse de l’évêché, puis, en 1843, prêtée aux Trappistes de Staouéli qui l’installèrent au-dessus de la porte de leur monastère avec cette inscription : “Ils m’ont choisie pour gardienne”.

En 1846, Mgr Pavy, originaire du diocèse de Lyon, succédait à Mgr Dupuch. Le nouvel évêque ignorait alors tout de l’odyssée de la “Virgo Fidelis”. Une lettre du 21 mars 1855 vint l’en instruire. Les Dames du Sacré-Cœur de Lyon, ayant appris que l’évêque d’Alger se proposait d’élever un sanctuaire à Marie, lui dirent combien elles seraient heureuses d’y voir honorée la Vierge offerte à son prédécesseur.

Renseignements pris, Mgr Pavy se rendit aussitôt à la Trappe pour y réclamer la statue. Les Pères répondirent à l’évêque que la statue lui appartenait en effet, mais qu’ils ne feraient pas à leur Mère l’injure de la descendre eux-mêmes de la place où ils l’avaient mise. Mgr Pavy se chargea donc de l’opération et dès le lendemain la statue partait pour Notre Dame du Ravin (Petite chapelle fondée par les deux Demoiselles de N.D. de Fourvières, Agarithe et Anna, qui avaient consacré leur vie au diocèse d’Alger).

Mgr LavigerieLe 20 septembre 1857, la “Virgo Fidelis”, désormais Notre Dame d’Afrique, était installée dans la chapelle provisoire, à côté de ce qui sera la Basilique de Notre Dame d’Afrique, dont les travaux commencèrent le 2 février 1858.

Le 14 novembre 1866, Mgr Pavy mourait. Son successeur, Mgr Lavigerie, paracheva la construction de l’église, qui fut consacrée par lui le 2 juillet 1872. Le 4 mai de l’année suivante, il installait la statue de Notre Dame d’Afrique dans le nouveau sanctuaire.

Quelques années plus tard, Mgr Lavigerie demanda à Pie IX la faveur du couronnement pour la statue de Notre Dame d’Afrique. Le 30 avril 1876, après la lecture des deux Brefs Pontificaux, un diadème précieux était posé sur la tête de la Vierge. A partir de ce jour, l’église de Notre-Dame d’Afrique devenait Basilique.

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Le 8 août 1885, une dame de Blida offre de faire confectionner à ses frais une robe pour la sainte Vierge. Les Pères acceptent avec reconnaissance et prient.- la bienfaitrice de s’adresser aux Carmélites pour l’accomplissement de son pieux dessein. C’est le diaire de Notre Dame d’Afrique qui nous en informe. Ce même diaire, à la date du 19 décembre, rapporte qu’une “souscription, pour l’achat d’une robe à la sainte Vierge, est ouverte…” Sans doute pour compléter le don de la première bienfaitrice. Toujours est-il que le diaire déclare le 29 avril 1886 que “le nombre des ex-voto déposés à la sacristie de Notre Dame d’Afrique, a été de 22 pendant le mois d’avril, sans compter la riche robe de la Vierge, brodée par les Carmélites de la cité Bugeaud, et due aux souscriptions de nombreux fidèles.” D’après une photo, en noir et blanc, publiée en 1914 cette robe était très claire, parsemée de motifs brodés, hexagonaux, semblables à des flocons de neige, de la taille environ de la paume d’une grande main. Au centre, à la hauteur de la poitrine, un cœur, brodé lui aussi.

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ex-voto et première robe

En 1925, Sœur Marie Claver (Odette Grandin de l’Eprevier), s.b., nièce de Mère Marie Claver, confectionna une nouvelle robe. On ne parle pas explicitement de manteau. (Dirigée du Cardinal Lavigerie. Elle devient Assistante des Sœurs Blanches et mourut à Mpala (Zaïre) en 1905. L’importante correspondance entre elle et le Cardinal est très intéressante pour celui qui désire mieux cerner la spiritualité de notre Fondateur.)

 

En 1950, Sœur Emmeran (Yvonne Menjou-Marcat), des Franciscaines Missionnaires de Marie, brodait une nouvelle robe et un manteau. Elle introduisit dans l’épaisseur des roses d’or les noms des Sœurs de sa communauté. C’est le jour de la fête de Notre Dame d’Afrique (30 avril), que la statue fut revêtue de son nouveau costume. L’étoffe, les fils d’or, etc. furent payés par souscription auprès de la Ligue Féminine d’Action Catholique.
(Diaire de Notre Dame d’Afrique, à la date du 30 avril 1950. – On peut admirer, en noir et blanc, une photo de ce nouveau costume dans Grands Lacs, n°176, nov. 1954, p.5, ainsi qu’une très belle photo de la basilique avec, à ses côtés, ladite chapelle provisoire. – En 1956, M. Deckers fait un portrait à l’huile de la statue, à la demande du Père Cazaunau, qui l’offrit à Mgr Durrieu pour la chapelle de la maison généralice. Des images et des cartes postales, toujours en cours, ont été tirées de ce tableau.)

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Le Tableau à la Maison Généralice à Rome

Nouvelle “prise d’habit” le 7 décembre 1985, en présence du cardinal Duval, réalisée par le Frère Roméo Lamoureux qui fêtait les 50 ans de son premier serment, et ne se doutait pas alors qu’un accident banal, six mois plus tard, devait l’amener à achever au Ciel, auprès de Marie, ces années d’extraordinaire dévouement. (PETIT ECHO, 1987/2, pp. 133-140.)

Les tissus avaient été offerts par des bienfaiteurs, dont la cousine d’un Père Blanc, dont je dois taire le nom. Grâce au don très généreux d’un anonyme, le travail put être confié à un maître brodeur tlemcennien.

Je termine en citant Sœur Germaine Marie (Marguerite Laporte), des Sœurs Blanches :”La broderie fut exécutée selon la technique traditionnelle du “Medjdoub”, également pratiquée en France sous le nom de “guipé” (…) Les motifs, depuis les plus importants jusqu’aux tiges les plus fines, sont découpés dans un cuir léger par le maître brodeur qui les dispose et les colle sur le velours avant de les livrer aux brodeuses. Celles-ci les recouvrent de fils d’or qui ne traversent pas le tissu, mais que, de l’envers, un fil de lin vient tirer et fixer d’un bord à l’autre du cuir. D’où le nom de “Medjdoub” qui vient du verbe arabe “tirer”. Plusieurs Sœurs Blanches ont collaboré à la préparation, au suivi et au montage de ce travail qui a duré trois mois. Ainsi ornée du beau travail d’un artisan du pays, la Vierge bénit le peuple qui la vénère, du haut de son podium de céramiques dues, elles aussi, à un artiste algérien.”

La bénédiction de Notre Dame d’Afrique, nous en sommes persuadés, s’étend également à toute l’Afrique et à toutes celles et à tous ceux qui, bien qu’appartenant à une multitude de communautés, forment pourtant, tous ensemble, une seule et grande famille, remplissent la fonction qui leur est assignée et apportent leur part à l’œuvre commune en faveur de l’Afrique.

René Xavier LAMEY Archiviste des Pères Blancs (+1993)

Note : Le baldaquin au-dessus de la statue a été supprimé lorsqu’il était sur le point de s’écrouler, mangé par la rouille, les vers et l’humidité. Il était en plâtre, en bois et avec une légère fixation en fer. Il a été enlevé en 2007 avant qu’une catastrophe n’entraîne dans sa chute la statue de Notre-Dame d’Afrique. La décision fut prise avec l’architecte, l’archevêque et les confrères de ND. d’AfriqueA. Depuis, il s’avère que l’inscription « Notre-Dame d’Afrique, priez pour nous et pour les musulmans » est lisible de partout. Le baldaquin cachait un grande partie.

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Statue de nos jours après la restauration de la Basilique


Avant avec le baldaquin

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2ème Article de Jacques Casier MAfr

La statue qui a servi de modèle pour celle de N-D d’Afrique se trouve en Belgique. Elle est actuellement à Jette (Bruxelles) au couvent des Religieuses du Sacré-Coeur, Avenue du Sacré-Coeur n°8; elle se trouve dans le jardin de l’institut.

Virgo Fidelis

Cette statue se trouvait à Paris, rue de Varenne dans le parc de l’institut des Dames du Sacré-Coeur de Sainte Sophie Barat.

Emile Combes, président du Conseil des Ministres de 1902 à 1905,q ui mena une politique anticléricale en France édicta des lois contre l’Eglise et contre les congrégations religieuses. Les Dames du Sacré- Coeur furent expropriées. Mais quand presque tout leur fut enlevé elles préservèrent la statue de la sainte Vierge “Virgo Fidelis” et l’ amenèrent à Jette (Bruxelles) ,où le site a été reconstitué dans le jardin en 1904-05.

Nous possédons une_lettre de 1958 (photocopie) qui nous décrit l’état des lieux à Paris tel qu’on l’a trouvé en 1927:

“Monsieur G. de Grandmaison, désirant remédier à l’état de forêt vierge où se trouve notre ancien jardin (de la rue de Varenne),le conservateur a fait procéder méthodiquement. Or,on vient d’arriver au rond- point central où se trouvait encore un tronçon à demi brisé de notre colonne de la Vierge Fidèle (transportée à Jette).Quand on a creusé pour l’enlever, on a trouvé un bassin en pierre parfaitement conservé (nous savions, en effet qu’en 1835,1a D. Mère de Gramont a fait combler ce bassin de Le Nôtre, élever le monticule et placer la statue), et dans ce bassin était placé un coffret en plomb bien soudé. En l’ouvrant on y a trouvé un parchemin dont l’encre est si jaunie que l’ écrit est difficile à lire, mais on distingue très bien les noms Barat, de Gramont, de Quélen , des médailles dont une grande médaille Miraculeuse (1832) et une monnaie de Louis Philippe”

Cette statue de bronze porte sur son socle l’inscription “Virgo Fidelis”.L’ensemble se trouve à Jette aussi placé sur une haute colonne. Le pied de la colonne porte sur trois côtés une plaque de marbre avec une inscription latine explicitant le qualificatif:Fidelis

Face Fidelis in Laudando
Magnificat anima mea Dominum
Et exsultavit spiritus meus
In Deo salutari meo
Fidèle dans la louange
A gauche Fidelis in quaerendo
Fili quid fecisti nobis sic
Ecce Pater tuus et Ego
Dolentes quaerebamus Te
Fidèle dans la recherche
A droite Fidelis in compatiendo
Stabat juxta crucem Jesu
Matris Eius
Et soror matris Eius Maria Cleophae
Et Maria Magdalenae
Fidèle dans la compassion

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Historique
La statue de la “Vierge Fidèle” de Jette est elle-même l’aboutissement de toute une histoire.
Le plus ancien modèle est une statue faite par Edme Bouchardon (16981762), un des statuaires de l’école française qui conservèrent pendant le XVIIIe siècle le grand style des artistes du siècle de Louis XIV.A St Sulpice il exécuta plusieurs statues dont cette statue de Marie, ladite “Vierge de Bouchardon”.

Nous ne pouvons plus en juger que sur estampe gravée par Sornique vers 1744.Elle a pour titre: “La Sainte Vierge exécutée en argent, d’ après le modèle d’Edme Bouchardon, sculpteur du Roy, par G. Chevalier.”
Cette Vierge de Bouchardon a été reproduite bien souvent et popularisée à l’infini par la Médaille Miraculeuse de Ste Catherine Labouré.

La Vierge au sourire de Ste Thérèse de l’Enfant Jésus est aussi une reproduction de la Vierge de Bouchardon.

Mgr de Quélen, archevêque de Paris, avait promis d’offrir à N.D. de La Délivrande (Calvados), son pèlerinage de prédilection, une statue de la Vierge, s’il obtenait la conversion de Talleyrand. Sa prière fut exaucée. Il commanda donc une statue sur le modèle de la “Vierge de Bouchardon” en 1838.Cette statue d’environ 1,20m de haut était de bronze. Sur le devant du socle se trouve l’inscription”Virgo Fidelis”.Elle fut inaugurée le 8 septembre 1838 à La Délivrande et elle s’y trouve encore.

De retour à l’archevêché en 1839,Mgr de Quélen ordonna une deuxième statue semblable qu’il fit ériger dans la cour d’entrée du couvent des Dames du Sacré-Coeur, rue de Varenne à Paris, en reconnaissance de l’hospitalité qu’il avait reçue lors de son expulsion de l’archevêché en 1830.C’est là qu’il est mort le 31 décembre 1839.

Notre-Dame d’Afrique
Mgr Dupuch, depuis 1838 premier évêque d’Alger, se rendait en France le 12 mars 1840 pour une visite de quête dans les maisons des Soeurs du Sacré-Coeur. Le 12 mars il s’arrêta à Lyon à Ferrandière et présida une assemblée générale et extraordinaire des Enfants de Marie de l’institut du Sacré-Coeur. La Congrégation lui promit une statue de son choix. Lors d’une visite aux Dames du Sacré-Coeur de la rue de Varenne à Paris il fut immédiatement conquis par la “Virgo Fidelis” de Bouchardon qu’il vit dans le jardin. Une copie fut faite rapidement, grâce au moule qui existait encore. Le 5 mai 1840 à Lyon les Enfants de Marie de la Ferrandière la lui offrirent (x).

(x) En juillet 1907 les Dames du Sacré-Coeur de Lyon furent expulsées et prirent la route de l’exil. La propriété fut divisée en lots. En 1937 les Pères Blancs purent acheter le lot qui comprenait la chapelle et en firent leur procure (Villeurbanne).

La statue est en bronze de sorte que le visage et les mains paraissent noirs quand la statue est habillée; ainsi on parle parfois d’ une vierge noire.

On appellera cette statue en 1856 Notre-Dame d’Afrique, quand Mgr Pavy à Alger aura demandé l’avis d’une commission. Plusieurs noms avaient été avancés, mais finalement on adopta celui de N.D. d’Afrique à l’ unanimité.

A Alger la statue fut d’abord placée à l’évêché, puis en 1843, prêtée aux Trappistes de Staouéli qui l’installèrent au-dessus de la porte de leur monastère.

En 1846, Mgr Pavy, originaire du diocèse de Lyon, succédait à Mgr Dupuch. Les Dames du Sacré-Coeur de Lyon lui firent savoir par une lettre du 21 mars 1855 qu’elles aimeraient bien voir leur statue honorée dans le sanctuaire que l’évêque voulait faire ériger pour la Sainte Vierge. Mgr Pavy, qui ignorait toute l’histoire de la statue,la redemanda à Staouéli en 1856 et la “Vierge Fidèle” désormais nommée N.D. d’Afrique fut placée à la chapelle St Joseph à la vallée des Conseils.

Le 20 septembre 1857 elle fut érigée dans la chapelle provisoire, à côté de ce qui sera la Basilique de N.D. d’Afrique dont les travaux commencèrent le 2 février 1858.

Le 14 novembre 1866 Mgr Pavy mourait. Son successeur, Mgr Lavigerie paracheva la construction de l’église qui fut consacrée par lui le 2 juillet 1872.

Au printemps de 1873 ,les Pères Blancs prirent possession de l’église considérée comme le berceau de la Société. Aujourd’hui ce sont encore des confrères qui y assurent le ministère.

L’installation de la statue de N.D d’ Afrique se fit le 4 mai 1873 lors de la célébration du Concile d’Alger. Des mains fortes portèrent la statue dans le long cortège d’ouverture qui monta la colline et le plateau de la Bouzareah au chant de l’ Ave Maris stella.


Assemblée Conciliaire avec l’Archevêque Lavigerie au centre

Quelques années plus tard, Mgr Lavigerie demanda à Pie IX la faveur du couronnement pour la statue de N.D. d’Afrique. Le 30 avril 1876 un diadème précieux fut posé sur la tête de la Vierge. A partir de ce jour, l’église de N.D d’Afrique devenait Basilique.

Généalogie de N.D. d’Afrique

Jacques Casier M.Afr (+1998)

Autre article sur Notre-Dame d’Afrique à Alger. (Statue et Basilique)

© Photos Photothèque de la Maison Généralice à Rome